[Il y a 20 ans, la JL Bourg célébrait son arrivée en Pro A] Que sont devenus les héros de la montée ?
Saison 1991/92 : la JL Bourg, fraîchement reléguée en Nationale 4, se retrouve contrainte de ferrailler avec des clubs tels que Curgy, Domène, Chenôve, Bourgoin-Jallieu ou encore Pont-Trambouze dans les bas-fonds de la cinquième division. Huit ans et quatre montées plus tard, elle deviendra la première équipe de Pro A à faire tomber l’ASVEL après 16 journées de championnat. Entre-temps, une formidable épopée, une montée en puissance progressive, l’histoire assez unique d’une bande de copains qui a su se frayer un chemin jusqu’au monde professionnel.
Ce groupe s’est articulé autour de Jean-Luc Tissot et Jérôme Monnet : les deux locaux furent les premiers à intégrer l’effectif bressan en Nationale 3, lors de l’été 1992 pour le meneur ambarrois et l’année suivante pour l’intérieur burgien. Ils seront rejoints en 1994, à l’occasion de l’accession en Nationale 2, par Xavier Boivin et Fabrice Serrano tandis que Mohamed Sy et Sébastien Lafargue débarqueront une fois le club bien arrimé en Pro B, respectivement en 1997 et 1998. D’autres joueurs laisseront leur empreinte dans cette ascension inexorable vers les sommets : on citera notamment l’Américain Eric Nordmann, membre officieux du Hall of Fame de la JL, ou Crawford Palmer, futur médaillé olympique qui découvrit la LNB en 1996/97 avec Bourg-en-Bresse. « Il faut rendre hommage à celui qui est pour moi le meilleur formateur français de tous les temps, Pierre Murtin », lance Alain Thinet à propos de son prédécesseur sur le banc de la JL, qui officia en binôme de 1991 à 1995 avec Christian Diot, le père d’Antoine, puis seul aux manettes pendant deux saisons supplémentaires. « Pierre fut à la base de cette réussite en posant les premiers jalons. Je suis admiratif de tout ce qu’il a réalisé à l’époque. »
Tarot, tennis et soirées EuroLeague…
Arrivé en 1997 dans la préfecture de l’Ain en provenance de Châlons-en-Champagne, Alain Thinet s’était vu assigner l’objectif d’atteindre l’élite en trois ans. Après deux campagnes prometteuses terminées à la quatrième place, le technicien ligérien sera à la tête d’un chef d’œuvre en 1999/00. « Je m’en souviens comme si c’était hier, c’est passé à une vitesse », soupire-t-il d’entrée, en apprenant que cela fait (déjà !) 20 ans. Renforcée par deux Américains parfaitement intégrés (Trazel Silvers et Eric Franson), l’équipe burgienne forme un groupe incroyablement uni. Alain Thinet sourit en évoquant des soirées collectives un soir par semaine devant les matchs d’EuroLeague chez l’un ou chez l’autre, de ses matchs de tennis le mercredi après-midi avec Fabrice Serrano ou des longues parties de tarot dans le bus en déplacement. « Même les Américains s’y sont mis, on était obligé de faire deux tables ! ». Un état d’esprit unique selon le doyen des entraîneurs de LNB : « Par la suite, je n’ai jamais retrouvé un groupe comme cela. J’avais l’impression d’entraîner des copains. Oui, j’étais le coach, mais les joueurs étaient mes potes. »
Avec 27 victoires en 34 rencontres, l’équipe qui a permis à la Jeu
d’accéder à la Pro A pour la première fois de son histoire (photo : JL Bourg)
Des qualités humaines qui ont ensuite joué un rôle fondamental dans la réussite sportive. « On n’avait pas le plus gros budget, on n’avait pas la meilleure équipe mais c’est sûr qu’on avait le meilleur groupe. C’est ce qui nous a permis de renverser des montagnes. » Et l’âme particulière de la rue Charles-Robin aussi un peu, sûrement… Dans son hangar, la JL Bourg reste invaincue toute la saison. « Il fallait venir y jouer hein », rigole Alain Thinet. « La proximité des spectateurs, l’ambiance, c’était fabuleux.. On partait avec 10 points d’avance d’entrée de jeu grâce à ça. Il y avait une confiance impressionnante dans cette salle, c’était grandiose. » Sur la route, les coéquipiers du capitaine Jean-Luc Tissot réalisent également un joli 8/8 chez les équipes les moins bien classées du championnat et s’offrent deux victoires bonus : une à Beauvais et une au Havre, futur vainqueur des playoffs d’accession.
« Comme si on avait gagné la Coupe d’Europe »
Les Bressans décrocheront leur billet pour la Pro A le 18 avril 2000 : en déplacement chez leur dauphin Vichy lors de l’avant-dernière journée du championnat, ils savent qu’ils doivent simplement préserver le panier-average (victoire 67-57 à l’aller) pour s’adjuger le titre de champion de France. Sur les rives de l’Allier, le bateau tangue fortement (43-60 à la 31e minute) mais la Jeunesse Laïque ne s’inclinera finalement que de sept points, 68-75. La défaite la plus joyeuse de toute son histoire, le début d’immenses célébrations à Bourg-en-Bresse. « On avait fait une fête imprévue dans la salle en rentrant en pleine nuit », glisse le meilleur coach de la saison 1991/92. « L’après-match quatre jours plus tard contre Nantes avait aussi été sympa. C’était la première fois que Bourg atteignait le plus haut niveau, c’était la réussite d’un groupe de joueurs, d’un club mais aussi de la ville entière. Je me souviens du défilé dans les rues, c’est comme si on avait gagné la Coupe d’Europe. On a tous des frissons en reparlant de cette époque-là. » Une ère qui a durablement marqué l’esprit des gens à Bourg-en-Bresse, à un tel niveau qui suscite encore de la mélancolie chez certains suiveurs, et ce malgré la réussite nouvelle du club, en passe de s’installer parmi les places fortes du basket français, au point même d’influer fortement sur les décisions de la LNB… « J’ai un couple qui est venu voir un match à Saint-Chamond en début d’année », s’étonnerait presque Alain Thinet. « Ils m’ont avoué qu’ils avaient la nostalgie de la rue Charles-Robin, de l’épopée qu’on a connu. Ça fait extrêmement plaisir de sentir cette reconnaissance 20 ans après. »
Que sont-ils devenus ?
- #4 Sébastien Lafargue (27 ans à l’époque ; 15,5 points à 51%, 2,3 rebonds et 2,1 passes décisives pour 12,4 d’évaluation en 26 matchs)
L’œil d’Alain Thinet : « On avait été ensemble à Châlons-en-Champagne et je voulais retravailler avec lui. C’était un joueur élégant, beau à voir jouer, un poste 2/3 shooteur, gros scoreur, très intéressant à ce niveau. Un fort caractère par contre, il fallait réussir à le gérer. Pas grand monde pensait qu’il saurait s’intégrer dans ce groupe familial qu’était la JL mais il a mis son ego de côté et je pense qu’il a apprécié ces années-là. En plus, c’était un très bon joueur de tarot, ce qui ne gâchait rien (il rit). »
Ce qu’il est devenu : Retiré des parquets en 2005 après une ultime saison à Nantes, le Landais est parti s’installer à Bordeaux où il a trouvé sa voie dans le domaine des assurances. Après quatre ans chez AXA et six chez la mutuelle Ociane, l’ancien ailier de Pau-Orthez (champion de France 1992 et double champion de France Espoirs) officie en tant que conseiller patrimonial pour la Matmut depuis 2017. Et il n’a pas abandonné le basket pour autant puisqu’il continue de donner la leçon aux petits jeunes en départementale sous les couleurs des JSA Bordeaux.
Avec la JL, Lafargue a ensuite tourné à 13 points de moyenne pendant deux saisons de suite en Pro A
(photo : Vincent Janiaud)
- #5 Jérôme Monnet (24 ans ; 14,2 points à 56%, 6,2 rebonds et 2,1 passes décisives pour 17 d’évaluation en 33 matchs)
L’œil d’Alain Thinet : « C’était le plus jeune de la bande. Il avait un talent fou, c’était l’un des premiers joueurs de 2,05 m à shooter à trois points avec une fiabilité exceptionnelle. J’ai encore le souvenir d’une série de 237 lancers-francs de suite un jeudi midi (Jérôme Monnet avance plutôt le chiffre de 152 mais nous ne sommes pas là détruire la légende, ndlr)… Une fois que la machine était partie, c’était incroyable. Il avait un bras magnifique. C’était un joueur très complet, qui avait certes peu de qualités athlétiques mais qui était capable de rendre les autres meilleurs, de lire les défenses. Un très bon poste 4 qui a fait une belle carrière par la suite. »
Ce qu’il est devenu : Après avoir garni son palmarès du côté de la JDA Dijon (Semaine des As 2004 puis Coupe de France 2006) avant de finir sa carrière à Évreux (2006/09), l’enfant du cru est retourné vivre dans les environs de Bourg-en-Bresse. Le finaliste de l’EuroCup Challenge 2004 est devenu paysagiste au sein de l’entreprise Bresse Paysage, à Viriat. Lui aussi continue de tâter occasionnellement la balle orange avec la section loisirs de la JL.
Jérôme Monnet mis à l’honneur par son département natal après le sacre de la JL
(visuel département de l’Ain / photo de JJ Pauget)
- #7 Xavier Boivin (27 ans ; 7,3 points à 49%, 2,1 rebonds et 1,8 passe décisive pour 7,8 d’évaluation en 27 matchs).
L’œil d’Alain Thinet : « Le cerveau. Avec son air de ne pas à y toucher, c’était un joueur avec un QI basket au dessus de la moyenne, qui faisait tout bien. Il n’avait pas les meilleures qualités athlétiques du monde mais c’était un joueur extrêmement précieux, capable à tout moment de mettre un trois points, de se créer un drive… Il était capable de bonifier toutes les situations, ce qui n’est pas donné à tout le monde. J’avais piqué un système de jeu un peu spécial à Pierre Murtin et Xavier était le seul joueur avec qui j’arrivais à le jouer. Il avait un sens inné du timing. C’était vraiment un joueur intelligent sur le terrain, et même en dehors puisqu’il a maintenant de hautes responsabilités dans sa vie professionnelle. Un grand Monsieur. »
Ce qu’il est devenu : Après avoir quitté le monde professionnel en 2001 à l’issue de la première saison de la JL Bourg en Pro A, le champion de France Espoirs 1991 (avec l’ASVEL) a valorisé son diplôme d’ingénieur INSA en intégrant directement l’entreprise Clextral, qui conçoit et fabrique des lignes de production, basées sur la technologie d’extrusion, pour de nombreuses industries (alimentation humaine et animale, papeterie, terreau végétal, …). Également diplômé de l’EM Lyon, il a passé deux ans au Danemark en tant que responsable de la filiale scandinave de Clextral avant de revenir à Firminy (Loire) en 2014 pour endosser le costume de directeur technique. « Mon métier néessite d’être à l’écoute des marchés, des clients, des partenaires scientifique, des collaborateurs et il implique ainsi de nombreux déplacements dans le monde entier », nous-a-t-il expliqué. Parallèlement, après l’avoir mis en paranthèses pendant cinq ans, il continue le basket à l’ES Saint-Jean-de-Touslas.
Xavier Boivin à droite, en compagnie d’Alain Thinet et Pierre Murtin, en 2014
(photo : JJ Pauget)
- #8 Trazel Silvers (27 ans ; 16,1 points à 48%, 4,3 rebonds et 2,5 passes décisives pour 15,5 d’évaluation en 33 matchs).
L’œil d’Alain Thinet : « C’était l’électron libre. Un personnage qui n’a pas toujours connu la réussite au long de sa carrière mais qui a bien fonctionné à Bourg-en-Bresse. Je pense qu’il lui fallait un contexte favorable comme ça, une grande famille, pour qu’il s’épanouisse. Il a démarré difficilement la saison puis est devenu performant. Ça a été une bonne pioche, un bon rapport qualité-prix comme on dit. »
Ce qu’il est devenu : Naturalisé français au terme d’une carrière qui l’aura vu passer par tous les échelons, de la NM2 (Escaudœuvres et Valence-Condom) à la Pro A (Montpellier et Reims), le champion de France NM1 1999 (avec Saint-Quentin) et double champion de France Pro B (également sacré en 2003 avec le RCB) vit dorénavant à San Antonio. Sur Facebook, il indique travailler au service des réclamations de la banque Wells Fargo.
Rarement a-t-on vu des débuts aussi tonitruants en Pro A que ceux de Silvers : 30 points et 12 rebonds avec Montpellier contre Le Mans le 23/12/2000. Mais il n’a disputé que trois rencontre avec la Paillade
(photo : JJ Pauget)
- #9 Jean-Luc Tissot (27 ans ; 6,9 points à 43%, 2,7 rebonds et 4,7 passes décisives pour 10 d’évaluation en 12 matchs).
L’œil d’Alain Thinet : « C’était un patron. Même quand il était jeune, c’était un leader à la fois dans son comportement et dans son jeu. Il était mature dans sa tête assez rapidement. C’était un gagneur, quelqu’un qui en voulait toujours plus. Malheureusement, les années qu’on a passé ensemble ont été entachées par les blessures puisqu’il s’est rompu les ligaments croisés à deux reprises. Je pense que ça a gâché une partie de sa carrière, on aurait pu le voir plus haut. »
Ce qu’il est devenu : « Jean-Luc, ça veut dire JL. Il représente le club à lui tout seul ». Si Alain Thinet en rigole, ce n’est pas faux pour autant. Le natif d’Ambérieu-en-Bugey a été joueur de la Nationale 3 jusqu’à la Pro A, propulsé président à 30 ans quand il a fallu sauver le club de la disparition avant d’être successivement directeur sportif, directeur du centre de formation, assistant-coach ou entraineur à tous les niveaux (Pro A, NM2, NM3, Espoirs). Il avait même pris part à l’agrandissement de la salle Amédée-Mercier lors de l’été 1997 en participant à la construction d’une nouvelle tribune de 660 places ! Élu meilleur entraîneur du championnat Espoirs la saison dernière, l’ancien meneur de la CRO Lyon a choisi de prendre du recul, lassé de certains rapports humains à la JL et de la montée de l’individualisme au détriment d’un vrai projet collectif. Au moment de tirer sa révérence en mai 2019, il indiquait au micro de Radio Scoop vouloir effectuer un break afin de prendre du temps pour lui et sa famille, notamment sa fille Zélie (partie au centre de formation de Lattes-Montpellier et qui s’est rompu les ligaments croisés en cours de saison), avant d’éventuellement envisager un retour dans le basket à moyen-terme.
Jean-Luc Tissot lors du match de la montée à Vichy face à Jean de Dieu Mageot
(photo : JL Bourg)
- #11 Fabrice Serrano (28 ans ; 4,8 points à 40%, 5 passes décisives et 1,5 interception pour 9,3 d’évaluation en 32 matchs).
L’œil d’Alain Thinet : « Tout le monde dit que c’est mon fils, déjà à cause des cheveux (il rit). Avec son épouse, nous sommes restés très proches. Il est venu manger à la maison encore très récemment, il vient dormir dès qu’il intervient sur des colloques à Andrézieux-Bouthéon. Sur le terrain, c’était mon chien de garde, un défenseur féroce, redouté par tout le monde. Même Tony Parker s’en rappelle ! Enfin peut-être pas évidemment mais on avait battu Paris à deux reprises la saison où il jouait beaucoup avec le PBR. C’était aussi un très bon organisateur, il ne perdait pas un ballon. Il manquait juste un peu de création en attaque, c’est dommage car il avait toutes les qualités pour le faire mais il était tellement dans le collectif et le partage qu’il oubliait de jouer un peu /pour lui. Il formait une doublette vraiment complémentaire avec Jean-Luc : l’un était scoreur, l’autre était le maître de la défense. »
Ce qu’il est devenu : Le seul, avec l’adjoint Gérald Simon, qui est resté salarié à la JL Bourg ! Préparateur physique de l’équipe professionnelle depuis 2014, il est également devenu directeur du centre de formation et coach de l’équipe Espoirs cette saison suite au départ de Jean-Luc Tissot. Ses jeunes ont terminé le championnat à la deuxième place, derrière les intouchables Choletais, dans la droite lignée de la réputation que le technicien s’était taillé il y a dix ans avec l’ASVEL, remportant le Trophée du Futur à deux reprises (2009 et 2010) et la distinction de meilleur entraîneur Espoirs en 2010. Son parcours l’a également mené jusqu’en Tunisie en tant que préparateur physique et assistant de la sélection tunisienne, avec qui il a remporté une médaille de bronze à l’AfroBasket 2015, puis de l’ES Rades.
Fabrice Serrano a renoué avec le coaching en lieu et place de Jean-Luc Tissot chez les Espoirs
(photo : Christelle Gouttefarde)
- #13 Mohamed Sy (27 ans ; 5,5 points à 49%, 3,8 rebonds et 0,8 contre pour 6,5 d’évaluation en 33 matchs).
L’œil d’Alain Thinet : « Quelqu’un de très attachant et l’un des joueurs dont je suis le plus fier. Il fut ma première recrue à Bourg-en-Bresse et beaucoup de gens m’ont regardé avec de drôles de yeux. Il sortait de Nationale 2 (de Cambrai, ndlr), un peu de nulle part, d’une saison un peu bizarre. Mais j’avais flashé sur lui lors de matchs amicaux et j’avais demandé à ce que l’on signe. Mais je crois que j’ai eu le nez creux puisqu’il m’a rendu la confiance que je lui avais accordé. À Bourg-en-Bresse puis par la suite, il a fait une carrière très intéressante. Je pense qu’il n’aurait pas eu le même plan de carrière s’il n’était pas venu à la JL. Il a trouvé un équilibre incroyable à Bourg puis il a progressé d’année en année pour finir par devenir un joueur intéressant de Pro A donc chapeau à lui. Idem sur sa reconversion, qui est une très belle réussite, même s’il me pique mes joueurs avec Fos (il rit). »
Ce qu’il est devenu : Après une honnête carrière en Pro A ensuite majoritairement menée sous les couleurs de Reims, le Marseillais aura poussé le plaisir jusqu’à ses 36 ans en officiant pendant deux saisons en Pro B avec Châlons-en-Champagne avant de venir boucler la boucle en NM1 chez lui, du côté de Fos-sur-Mer. Éphémère président du Syndicat National des Basketteurs, diplômé du CDES de Limoges, cela fait désormais onze ans qu’il a endossé le costume de manager sportif des BYers, jouant un rôle prépondérant dans la montée en puissance du club fosséen. Issu de la Castellane, l’une des cités les plus sensibles et défavorisées des quartiers Nord de Marseille, il est devenu une figure identifiée du sport départemental, œuvrant dans de multiples projets sociaux en faveur des jeunes, notamment par le biais de son association « Tous Ensemble 13 ».
Alain Thinet et Momo Sy se croisent encore souvent sur les parquets de Pro B
(photo : Mohamed Sy)
- #15 Eric Franson (27 ans ; 13,5 points à 61%, 7,5 rebonds et 1,8 passe décisive pour 16,7 d’évaluation en 33 matchs).
L’œil d’Alain Thinet : « Je le connaissais car il avait joué au Havre auparavant. C’était un peu le joueur sur lequel personne n’aurait vraiment misé mais il a été extrêmement important dans la montée. Il faisait le sale boulot. Ce n’était pas un joueur aérien mais il était très difficile à bouger au sol, avec des petits moves qui lui permettaient de scorer. Il avait une technique très fiable. Ce n’était pas le plus beau à voir jouer mais on avait des joueurs possédant un cerveau, c’est ce qui a fait la différence. Le collectif marchait tout seul, les joueurs partagaient le ballon, il n’y avait pas qu’un seul scoreur et Franson était à l’image de tout cela. Un grand Monsieur aussi, on a un peu perdu contact maintenant mais nous sommes allés chez lui dans l’Utah plusieurs fois après la montée. »
Ce qu’il est devenu : Lors des célébrations du titre, l’intérieur mormon avait déclaré qu’il pouvait prendre sa retraite dès maintenant, indiquant qu’un travail l’attendait déjà de l’autre côté de l’Atlantique. Finalement, l’ex-Havais avait accepté de repartir pour une saison de plus en Pro B, sous les couleurs de Reims. Mais depuis, il a effectivement rejoint l’entreprise familiale, créée par son père, où il officie en tant qu’ingénieur civil. Ses liens avec la balle orange ne sont pas rompus pour autant : il joue toujours trois fois par semaine avec d’autres anciens pros et observe sa fille, Taylor, porter comme lui en NCAA le n°42 des Aggies d’Utah State dont il vient d’être introduit au Hall of Fame. Et près de 19 ans après avoir quitté notre pays, il est toujours capable de parler Français, langue qu’il a appris en quelques mois à peine lorsqu’il jouait en Belgique.
Eric Franson, à droite de Rémy Conderanne, devant l’hôtel de ville de Bourg-en-Bresse
(photo : Vincent Janiaud)
- Le coach : Alain Thinet (46 ans)
Son regard sur son évolution : « Il y a beaucoup de similitudes, même si j’ai 20 ans de plus (il rit). À Saint-Chamond, j’ai retrouvé un peu l’état d’esprit qu’il y avait à Bourg-en-Bresse. Nous sommes un peu dans la même lignée, Saint-Chamond n’avait jamais atteint ce niveau de compétition. Quand vous êtes coach, vous sentez la fierté du club d’avoir réussi ce pari avec un petit budget. Personnellement, j’aime bien ce genre d’histoire, ça me ressemble et je prends du plasir à accompagner ces groupes-là. Je suis un affectif, il faut que je trouve l’adhésion : je ne peux pas travailler dans le conflit alors je fais attention à choisir des joueurs avec qui le courant passe. Les Rinna, Guichard, Hoyaux, ça fait pas mal d’années que nous travaillons ensemble et cela se rapproche de ce que j’ai connu à Bourg. À la différence que je ne peux pas être copain avec eux, car j’ai 20 ans de plus. Mais il n’est pas rare que j’aille boire une bière avec mon capitaine Jonathan Hoyaux par exemple. À Bourg, j’avais Gérald Simon comme adjoint, qui est encore en poste maintenant à la JL. Nous sommes restés en contact depuis cette époque, nous avons même retravaillé ensemble pendant une saison en Pro A à Besançon. »
- Les jeunes : Rémy Sanchez et Rémy Conderanne
Avec respectivement 10 et 6 matchs disputés, Rémy Sanchez (19 ans) et Rémy Conderanne (20 ans) font officiellement partie de l’effectif champion de France Pro B 2000. Alain Thinet se remémore « deux jeunes sympas comme tout, très bien intégrés à l’équipe, avec un très bon état d’esprit, qui ont fait leurs petites carrières derrière. » Cousin de Jérôme Sanchez, le capitaine du BBD, le premier cité a joué pendant de longues années avec Prissé-Mâcon entre la NM1 et la NM2 et vit toujours en Saône-et-Loire où il est le responsable national nutrition artificielle et perfusion pour un prestataire de santé à domcil. Frère de l’ex-arbitre, Fabien Conderanne, le deuxième a connu les meilleures années de son parcours de basketteur à Boulazac, qu’il a contribué à faire monter de la Nationale 2 à la Pro B, entre 2002 et 2006. Il entraîne désormais le Real Chalossais en NM3, avec qui il a atteint la finale de la Coupe des Landes l’année dernière, et s’occupe de la section basket d’un collège à Arzacq-Arraziguet (Pyrénées Atlantiques).
- Les pigistes : Oladipo Ayinla, Carlos Braña et Eric Nordmann
Sébastien Lafargue blessé en début de saison, la JL Bourg s’était retrouvée forcée de faire appel à Oladipo Ayinla dès le début du mois d’octobre. Anglo-Nigérian de 35 ans, il avait laissé un bon souvenir (10,3 points à 45%, 3,7 rebonds et 2 passes décisives en 7 rencontres), Alain Thinet décrivant un « ailier avec un bon tir extérieur, qui amenait une dimension athlétique intéressante pour un extérieur. » Nous ne sommes pas parvenus à retrouver sa trace.
En revanche, l’Espagnol Carlos Braña travaille en tant que directeur exécutif du tour-opérateur Mas Europa à Madrid. Il avait été recruté le temps de dix rencontres, afin de permettre à Jean-Luc Tissot de soigner son tendon rotulien. « Il a fait le job, ce n’était pas la meilleure saison de sa carrière (3,5 points à 47% et 2,4 passes décisives en 12 minutes, ndlr), il n’a pas été dominant mais il est rentré assez facilement dans le moule », apprécie Alain Thinet. « C’était important d’avoir un deuxième meneur derrière Fabrice Serrano. »
Enfin, s’il est maintenant devenu restaurateur dans le Michigan, le dernier pigiste n’était pas n’importe qui à Bourg-en-Bresse : Eric Nordmann (35 ans), leader incontesté de l’équipe entre 1994 et 1997, champion de France Nationale 2 en 1995 avec la JL et qui avait tellement cartonné lors de sa première saison en Pro B (19,2 points à 57%, 7,7 rebonds et 2,2 passes décisives) qu’il avait été débauché par Besançon pour deux saisons en Pro A (la première conclue à 9,4 points de moyenne). Sauf qu’en revenant remplacer Sébastien Lafargue pour les trois derniers matchs de la saison, l’ancien intérieur de Nice et Tarare n’était plus que l’ombre du joueur qu’il fut. Mais pour ne pas donner l’impression d’être diminuée dans le sprint final par l’absence de son meilleur marqueur, Bourg avait tenté un « coup de bluff » admet Alain Thinet. « Il n’était pas en état de jouer mais pas grand monde ne le savait. Il sortait d’une hernie inguinale, ne s’était pas entraîné depuis une éternité… L’impact de sa venue était plus psychologique qu’autre chose, presque pour impressionner les adversaires. Il n’aurait peut-être pas dû accepter mais il avait envie de venir pour participer à la fête, c’était la cerise sur le gâteau. On a pris ce risque car c’était le chouchou du public. » Effectivement, son impact sera anecdotique (2,7 points à 20% et 1,3 rebond en 7 minutes) mais son retour reste encore dans toutes les mémoires. Lors du dernier match face à Nantes, le 22 avril 2000, il n’était pas censé jouer, incapable de courir à cause de genoux inaptes à la pratique du sport professionnel. Mais le public le réclama à deux minutes du buzzer final, il s’exécuta et ajusta, à trois points, le dernier panier d’une saison historique, soulevant une ovation monstre de la salle Amédée-Mercier. « L’apothéose » en frissonne encore Alain Thinet, vingt printemps plus tard.
Visuel JL Bourg
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