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ITW Crawford Palmer : « La finale olympique de Sydney ne représentait que du bonus pour nous »

Sa gouaille, son appétence pour les batailles acharnées dans la raquette et son américain aiguisé ont marqué l’histoire de l’équipe de France à la croisée du deuxième et troisième millénaire. Crawford Palmer (2,08 m, 47 sélections) n’avait pas l’âme d’un esthète. Cette catégorie était plutôt réservée à ancien coéquipier, Antoine Rigaudeau. Le natif d’Ithaca, dans l’Etat de New York, a pourtant posé son empreinte en Bleu. Au sens propre comme au sens figuré. Surnommé le « Boulanger », il est devenu le premier Américain naturalisé à remporter une médaille olympique avec la sélection tricolore. Lui, l’ancien de l’université de Duke (de 1989 à 1991), sacré champion NCAA en 1991, a effectué la grande majorité de sa carrière professionnelle en France (Fos-sur-Mer, Bourg-en-Bresse, Villeurbanne, Strasbourg et Bandol). Au milieu de sa carrière, les Olympiades restent une consécration pour ce petit-fils d’un basketteur convoqué pour effectuer les essais de la sélection américaine avant les JO de 1924, à Paris. Aujourd’hui, il se souvient encore parfaitement du parcours des Bleus. Et surtout, de cette finale perdue (85-75) face à son pays natal.

Dimanche, l’équipe de France affronte les Etats-Unis au premier tour des Jeux olympiques. Il y a vingt et un, vous écriviez l’histoire en affrontant les Etats-Unis en finale des JO de Sydney. On a la sensation que ce match recèle une forme de mythologie. Quelle réflexion cela vous amène ?

Les Américains possédaient un gros effectif. (Alonzo) Mourning, (Tim) Hardaway, Steve Smith, que du beau monde. A un moment donné, on les a fait douter. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Ils ne sont plus aussi intouchables qu’à cette époque. Ils ont des préparations très différentes des équipes européennes et sud-américaines. L’écart s’est resserré entre les nations.

Quelle impression visuelle vous faisiez cette équipe composée de joueurs d’expérience, comme Tim Hardaway ou Alonzo Mourning et des jeunes loups tels que Kevin Garnett et Ray Allen ? 

Dans le match de poules, le dunk de Vince Carter a fait le tour du monde. C’était anecdotique par rapport au match. Tout le monde oublie que ce n’était qu’un match de poules. Je connaissais très bien Vin Baker et  »Zo » Mourning. Avec Baker, on avait le même entraîneur individuel. Alonzo, je l’ai croisé en université, sur les camps de basket, au Sénat et à la Chambre des représentants. C’était marrant de les retrouver sur un parquet aux JO. On était très excités à l’idée de jouer les USA. L’argent était déjà dans la poche. Cette finale ne représentait que du bonus pour nous. 

Avez-vous eu l’occasion de reparler de cette finale avec Mourning et Baker ? 

Non, je suis basé en France depuis quelques années. Avec les autres internationaux français, on l’a évoqué il y a une semaine à Paris (ils ont été honorés à Bercy, lors de la double confrontation de France – Espagne du 10 juillet). Mais j’en parle plus avec des fans, la famille ou lorsque des images tournent à la télévision. Après, c’est toujours drôle d’en reparler entre vieilles gloires. Ce sont des très bons souvenirs. 

En tant qu’Américain de naissance, quelle sensation cela vous a procuré ?

C’était marrant. J’étais parti en Europe depuis 1993. Cela faisait dix ans que j’avais disparu des radars américains. Les personnes de ma famille avec lesquelles j’avais perdu un peu contact étaient très intéressées. Elles se sont réunies avec ma grand-mère pour regarder le match. Cela m’a remis dans la lumière. Mais c’était surtout une grande fierté. Mon grand-père maternel avait fait les essais de la sélection américaine en 1924, à Paris, il me semble. Il n’a pas fait la compétition car les matchs se déroulaient le dimanche. Il était très croyant. C’était un peu similaire au film « Chariots of Fire« , avec des athlètes pieux qui se consacrent à leur religion. Ma mamie était fière de moi. Moi, je me sentais surtout fier de représenter la France, et j’ai pu chanter l’hymne américain. 

La finale est un moment marquant. Mais votre parcours pour arriver jusque-là est admirable. Vous terminez quatrième de votre poule. En quarts de finale, la France créée l’exploit face au Canada du jeune Steve Nash. Puis, vous dominez les Australiens, à domicile, lors des demi-finales.

Il ne faut pas oublier les matchs de préparation avant le début de la compétition. On se fait désosser par les Italiens et les Serbes. On était en difficulté. Après, on démarre correctement face à la Nouvelle-Zélande. Face à la Lituanie, on perd de quasiment 20 points (81-63). Et on termine bien contre la Chine. Ce qui nous permet d’affronter le Canada, une équipe avec laquelle on n’avait pas d’histoire, alors que les Serbes nous avaient massacré une semaine avant. Fred (Weis) réalise un gros match face au Canada. Il avait évacué le dunk de Vince Carter. Contre l’Australie, en demi-finale, c’est le genre de match où tout se passe merveilleusement bien. Ils étaient sous pression devant leur public. Cela passe crème. Les moments dans les vestiaires après le match restent l’un de mes meilleurs souvenirs en carrière. Jouer les « Ricains », c’était faramineux. On nous avait bien briefé sur l’historique entre les deux équipes, notamment 1984. Je savais que ce serait dur de rester concentré avec les loustiques qu’on avait dans l’équipe. L’objectif, c’était déjà d’être digne. Et puis on avait un surplus de motivation en raison de l’absence de Yann Bonato. Il sortait d’une magnifique saison à Limoges. En plus, il avait réalisé une belle compétition. 

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  Crawford Palmer sous le maillot Bleu (photo : Bellenger/IS/FFBB)

Aujourd’hui, vaincre les Etats-Unis ne relève plus de l’utopie. On l’a constaté avec la victoire des Bleus en quart de finale de la coupe du Monde 2019 ou encore plus récemment avec le match des U19 en finale du Mondial. Considérez-vous que la génération des Evan Fournier, Rudy Gobert et consorts est la prolongation de la vôtre, avec des ambitions encore plus affirmées ? 

Les motivations étaient très différentes. Pour nous, la NBA représentait un horizon lointain. Rudy (Gobert), Evan (Fournier) et même Tony (Parker) cotoient ces joueurs tous les jours. Il les joue les yeux dans les yeux. Les temps ont changé. Les meilleurs joueurs de NBA sont internationaux. Là, c’est (Giannis) Antetokounmpo, il y a (Luka) Doncic. Les compétitions ont une autre saveur. Toutes les sélections possèdent des joueurs NBA. 

Les Etats-Unis ont réalisé une préparation contrastée. Deux défaites face à l’Australie et au Nigéria et deux victoires contre l’Argentine et l’Espagne. Peuvent-ils concéder un revers ? 

Il y a d’autres équipes quasiment aussi fortes que les Etats-Unis. Les équipes européennes sont bien rôdées. Le Nigéria, l’Argentine et l’Australie seront aussi fortes. Ce sera une compétition très relevée. La France a de sérieux atouts, même si la préparation a été tronquée par les blessures et les absences de certains joueurs NBA. L’Espagne, avec les Gasol, Hernangomez, Ricky (Rubio), Fernandez, Llull… C’est une sacrée équipe. Les Bleus font partie du haut du panier mondial. J’adore regarder Evan (Fournier), Nico (Batum). Rudy Gobert est un monstre. Nando De Colo est un phénomène européen, qui aurait largement sa place en NBA s’il en avait envie. Frank Nkilitina a montré en contexte FIBA qu’il pouvait être dominant. Le staff est compétent. Il y a tout pour que l’équipe de France ramène quelque chose de très beau. 

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