ITW Jerry Boutsiele : « Si je peux aller en EuroLeague la saison prochaine, je sauterais sur l’occasion »
Il est le meilleur rebondeur de Jeep ELITE (7,9 prises par match) et septième à l’évaluation moyenne (16,4), seulement précédé par Isaïa Cordinier (17,3) parmi les joueurs français. Jerry Boutsiele (2,07 m, 28 ans) réalise de loin sa meilleure saison. 10 ans seulement après ses débuts dans le basketball, il a fait ses débuts en équipe de France récemment et pourrait réaliser son objectif dès la saison prochaine : à savoir évoluer en EuroLeague. Mais avant cela, il y a le présent. Et le présent, c’est la préparation de la réception de l’Elan Béarnais pour le clasico de la Jeep ELITE. Deux jours avant le match (entretien réalisé ce jeudi), il s’est confié.
« Jerry, ce samedi, c’est le clasico. Comment est votre équipe ?
On sait que c’est un match particulier, c’est sûr, mais on le prépare comme tous les autres matches : on va le jouer à fond. Déjà la semaine dernière, on commençait à scouter leur jeu. Du coup on se prépare bien et on travaille dur pour le match de samedi.
Vous avez eu 10 jours pour bien vous entraîner depuis la réception de l’Hapoel Jérusalem, de quoi poursuivre l’intégration de Speedy Smith et Romeo Travis. C’est idéal non ?
C’est toujours mieux d’avoir une dizaine de jours. Le calendrier nous facilite les choses. Je crois que Speedy et Romeo sont déjà très, très bien intégrés dans l’équipe. C’est sûr qu’on ne se connait pas encore à 100%. Romeo, ça va être son quatrième match avec nous. Speedy est arrivé il y a un mois. Ils sont déjà en période d’intégration mais on sait déjà jouer ensemble. Il faut juste qu’on se connaisse de plus en plus mais les jours qu’on a eus facilitent beaucoup les choses.
D’ailleurs que vous apporte Romeo Travis, le dernier arrivé dans l’équipe (début janvier) ?
Il nous apporte son expérience du jeu. Il est dans le circuit depuis très longtemps, il sait comment gagner. Il a été MVP des finales (en 2018) avec Le Mans. C’est peut-être la voix qui porte qui nous manquait dans les vestiaires, que ce soit dans les bons moments comme dans les mauvais. Pour l’instant, il le fait le très bien.
« Mehdy Mary fait en sorte d’exploiter là où je suis bon »
Et avec vous, qui avez des atouts similaires dans les post-ups ou le mid-range, il vous conseille ?
Oui bien sûr. On a quelques similitudes dans le jeu, dans le mid-range (jeu à mi-distance), et c’est sûr qu’il me donne pas mal de conseils. Sur certains mouvements côté droit / côté gauche, il me dit comment il faut tirer, comment être le plus efficace possible. J’ai juste à écouter. Un joueur de 36 ans qui te parle et qui a pas mal d’expérience, il faut l’écouter tout simplement.
Après votre sortie ratée au Mans, la dernière victoire en BCL face à l’Hapoel Jérusalem vous a permis de travailler avec plus de sérénité et de confiance, non ?
Au Mans, ce n’était pas le meilleur match que j’ai fait de la saison. Même si le match contre Jérusalem était sans enjeu, il fallait quand même montrer un autre visage. Il fallait montrer que c’était un accident de parcours. Il faut être le plus régulier possible. C’est sûr que ça donne de la confiance avant le clasico qui est un match hyper important. J’espère faire le même genre de match samedi soir.
Avec une élimination au premier tour de la BCL – dans un groupe certes relevé – et un bilan tout juste équilibré en Jeep ELITE (4 victoires et 4 défaites), on peut dire que votre première partie de saison est mitigée. Cette rencontre contre l’Elan Béarnais peut-être un match bascule non ?
Si on gagne samedi ça confirmera une bonne dynamique et ça rendra notre bilan un peu plus positif. Après il y a l’enjeu qui va avec, toute l’histoire qu’il y a derrière ce match-là, on va vraiment le jouer à fond. Je suis confiant pour la victoire de samedi.
A titre individuel, vous être largement responsabilisé et recherché par votre équipe et vous assumez pleinement ce choix du staff avec plus de 15 points, près de 8 rebonds et 6 fautes provoquées par match. Qu’est-ce que vous pensez de votre saison jusqu’à date ?
Oui sur le plan individuel je suis assez satisfait. Après on peut toujours faire mieux. Je n’ai pas toujours été assez impactant. J’ai quelques regrets de ce côté là. Après c’est sur que le match depuis le début de la saison me met dans les meilleures dispositions pour être vraiment performant sur le terrain, avec mes coéquipiers qui me mettent dans des situations très faciles et moi j’ai juste à finir… Donc oui sur le plan individuel ça se passe bien. Il faut continuer à travailler pour être encore plus performant jusqu’à la fin de la saison.
Qu’est ce qui a évolué dans votre état d’esprit et/ou dans votre préparation d’avant-saison pour que vous soyez beaucoup plus impactant que par le passé ?
Dans le basket, Mehdy a fait en sorte d’exploiter là où je suis bon, tout simplement. Que ce soit dans le poste bas, dans le mid-range. Il fait des systèmes pour que je sois le plus performant possible. Après au niveau du physique, c’est la préparation, c’est vraiment s’affuter, perdre du poids pour être plus mobile. Aujourd’hui les postes 5 doivent savoir défendre sur des « stretch 4 » (des postes 4 qui s’écartent). Le travail de mobilité doit me permettre d’être performant dans ce basket moderne. Cela vient du travail physique que j’ai fait durant deux mois dudant l’été dernier.
Jerry Boutsiele enfonce Vitalis Chikoko dans un match entre les Metropolitans 92 et le Limoges CSP en Jeep ELITE (photo : Lilian Bordron)
Les équipes se sont d’ailleurs rapidement adaptées en venant régulièrement vous « trapper » (venir à deux) poste bas. C’est un signe de reconnaissance. Mam’ Jaiteh, qui connaît pareil sort en Turquie, disait que cela représentait un vrai challenge. Comment le vivez-vous et comme vous adaptez-vous ?
C’est sur que si une équipe s’adapte à votre jeu, quelque part ça veut dire que vous êtes dangereux pour elle. Il faut s’adapter à son tour. Si je joue moins de post-up parce que je suis trappé, ce n’est pas un problème. Je vais faire en sorte que mes coéquipiers me trouvent dans d’autres situations, comme en prenant position en plein milieu de la raquette pour éviter les aides, ou après avec mon tir à mi-distance qui permet de m’écarter un peu… Il y a toujours des façons de marquer des points, sur rebond offensif, transition… Je ne vais pas forcer. Si je ne peux pas jouer poste bas, je vais transférer (la balle) et on va trouver une autre solution tout simplement.
Quels sont les motifs de progrès vous ? Les lancers francs ? Encore passer un cap sur le tir à mi-distance voire à 3-points ? Mieux finir main droite ?
C’est à peu près tout ça. C’est sur qu’il faut que je sois beaucoup plus efficace aux lancers francs (il tourne à 63,1% de réussite en Jeep ELITE cette saison) pour punir les défenses, faire en sorte que quand ils fassent faute sur moi ça soit négatif pour leur équipe. Après on peut toujours être plus efficace sur ma main gauche comme sur ma main droite et travailler le tir à 3-points. A court terme j’aimerais pouvoir mettre un ou deux tirs à 3-points. Si je vois que je suis adroit à mi-distance, pourquoi pas reculer d’un mètre et pouvoir sanctionner (la défense) aussi à 3-points.
On voit en effet que vous avez une vraie zone de confort à 5-6 mètres du cercle. Finalement vous n’êtes pas si loin de pouvoir être efficace à 3-points.
Dès fois, quand je me vois en vidéo, sur les short rolls au lieu d’être au elbow (coude de la raquette), j’ai un pied à cheval sur la ligne à 3-points. Si je recule de quelques centimètres, cela aurait pu être un 3-points. C’est quelque chose que je travail à l’entraînement. J’espère que d’ici la fin de saison, j’arriverais en mettre un ou deux par match.
Vous travaillez beaucoup individuellement avec Yacine Aoudi, l’entraîneur individuel de l’équipe ?
Bien sûr. Je fais du tir en mouvement, du tir en mouvement à 3-points, du pick and roll, pick and pop, beaucoup de post-up…
Le rêve du Fenerbahçe
Quelle est la prochaine étape pour vous ? Vous avez l’envie de jouer en EuroLeague à l’avenir. Quel est votre plan de carrière pour y arriver ? Trouver un rôle important dans une équipe d’EuroCup ? Essayer de voir si vous pouvez déjà atteindre ce niveau ?
Dans ma carrière, je ne me suis jamais précipité jusque là je pense. Je n’ai jamais brûlé les étapes. S’il faut que je passe par une bonne équipe d’EuroCup, prétendante au titre pour pouvoir jouer en EuroLeague un jour… Oui pourquoi pas ?! Après comme j’ai toujours dit, je veux jouer en EuroLeague et si ça peut se faire dès l’année prochaine, eh bien je sauterai sur l’occasion sans soucis !
Vous êtes un gros consommateur d’EuroLeague ?
Oui, je regarde 3-4 matches par semaine. Si je veux jouer à ce niveau-là, j’ai plutôt intérêt à savoir contre qui je peux potentiellement jouer un jour et comment les équipes d’EuroLeague jouent avec les intérieurs. C’est que je regarde.
Vous avez des joueurs qui attirent particulièrement votre attention ?
Il n’y a pas beaucoup d’équipes d’EuroLeague qui jouent beaucoup poste-bas. Dans l’activité et l’intensité, j’aime beaucoup Bryant Dunston de l’Anadolu Efes Istanbul. J’aime bien aussi Nikola Milutinov du CSKA Moscou dans sa capacité à être agressif au rebond offensif. C’est une machine ce mec. C’est quelques références. Après, la plupart des postes 5 sont vraiment de qualité à ce niveau-là. On ne se demande plus s’ils sont de qualité ou pas, on le sait très bien.
Cet attrait pour l’EuroLeague, ça vous est venu sur le tas ? En vous rapprochant de ce niveau, vous vous êtes intéressé à cette compétition ou cela fait déjà longtemps que vous en regardez ?
Lors de ma première année à Limoges, quand j’ai commencé à goûter à la Coupe d’Europe, jouer en EuroCup… Même en Pro A, je jouais contre (Vincent) Poirier, Mathias (Lessort) qui sont allés en EuroLeague. A partir de ce moment là je me suis dit « pourquoi pas moi ?! » Si je me donne les moyens, pourquoi je ne pourrais pas y arriver. C’est devenu un objectif. Quand on voit des joueurs du championnat français qui sont partis, comme Louis Labeyrie… ça donne envie d’y goûter !
Et vous préféreriez le faire en découvrant un autre championnat, un autre type de basket à l’étranger, ou cela pourrait très bien être aussi bien avec une formation de Jeep ELITE ?
Bien sûr que j’aimerais aller à l’étranger, dans les meilleurs championnats européens, par exemple l’Espagne. Je pense que ça plairait à n’importe qui de jouer toutes les semaines contre une équipe d’EuroLeague voire d’EuroCup minimum. Donc oui l’Espagne ce serait l’un des championnats où j’aimerais jouer. Mais l’équipe en EuroLeague où j’aimerais vraiment jouer, c’est le Fenerbahçe Istanbul. Je ne pourrais jamais donner de raisons particulières. Mais quand (Zeljko) Obradovic coachait… Franchement c’est un club qui m’attire vraiment !
Votre expérience internationale, nouvelle depuis novembre 2020, vous aide pour vous exprimer dans un autre contexte, en retrouvant notamment de l’impact en sortie de banc ?
Bien sûr ! C’est concentration maximale ! Il faut montrer le plus de qualité possible sur toute la semaine. Après ce rôle de rotation ne me dérange pas. J’ai déjà commencé sur le banc les matches sans aucun soucis. De toute façon en équipe nationale on n’a pas le temps pour les égos. On est tous au service de l’équipe, du collectif pour pouvoir gagner des matches. Toute l’expérience que j’engrange en équipe de France et que je vais encore engranger en février, ce n’est que du bonus pour la suite de ma carrière. Je la prends avec plaisir !
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