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ITW Ludovic Beyhurst, reculer pour mieux sauter : « À un moment donné, on a envie de jouer »

Après deux années inégales à Limoges, malheureusement en pente décroissante, de ses premiers pas étourdissants lors de l’hiver 2020 jusqu’à son statut de joueur surnuméraire dans l’effectif actuel, Ludovic Beyhurst (1,72 m, 23 ans) a pris la décision de quitter le CSP pour partir s’étalonner à l’étage inférieur.

Déjà tout proche de découvrir la Pro B en 2019 à l’occasion d’un prêt avorté à Souffelweyersheim, l’enfant de Geispolsheim le fera sous les couleurs du SLUC Nancy, un cador de la division, taillé pour monter. Là-bas, en relais de Mathis Keita à la mène, il devrait bénéficier d’un vrai rôle, tout ce qu’il n’avait plus à Limoges, où son profil atypique de petit meneur hargneux ne convenait pas aux désideratas du coach italien.

Toujours irréprochable dans l’attitude et l’investissement au Cercle Saint-Pierre, Ludovic Beyhurst s’est rapidement imposé comme une force défensive en Betclic ÉLITE. Son envie débordante et son intensité ont fait dérailler plus d’un meneur adverse. Mais le bât blessait en attaque, où l’Alsacien n’a pas su franchir un palier, une stagnation particulièrement cruelle dans ses statistiques (de 6,8 points à 49% en 2019/20 à 1,6 point à 21% cette saison). Peu libéré, de son propre aveu, sous la houlette du technicien transalpin, l’ancien meneur de la SIG Strasbourg parviendra peut-être à desserrer le frein à main en Pro B. Désireux d’enfiler le costume de meneur gestionnaire, il a disputé ses neuf premières minutes presque au pied levé mardi à Lille (2 rebonds et 2 passes décisives). Il découvrira son nouveau public ce samedi face à Antibes, meilleure défense du championnat. Un vrai bon premier défi pour prendre la mesure de l’antichambre.

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La première entrée de Ludovic Beyhurst en Pro B
(photo : Antoine Bodelet)

Ludovic, tu sors de ton premier match avec le SLUC Nancy à Lille (entretien réalisé mercredi, ndlr). Comment est-ce que cela s’est passé ?

Collectivement, plutôt bien avec une bonne réaction en deuxième mi-temps, notamment défensivement. On revient avec la victoire, contre une équipe qui restait sur trois succès de suite. Donc c’est cool ! Individuellement, j’aurais pu faire un peu mieux, j’ai eu des bons passages et certains un peu moins bon. Il va falloir un peu de temps pour s’adapter, je n’avais fait qu’un entraînement et demi.

C’est sûrement un peu juste pour évaluer les spécificités de la Pro B, un championnat que tu ne connais pas, mais qu’en as-tu pensé ? Est-ce conforme à ce à quoi tu t’attendais ?

C’est un jeu complètement différent. Ce n’est que mon premier match donc je ne peux pas en tirer de vraies leçons, mais j’ai l’impression que ça joue avec plus de liberté, plus de vitesse aussi. Sur ce match-là, il y avait plus de jeu de transition et de contre-attaques que ce que j’ai pu connaître en Betclic ÉLITE. Mais c’est ce que l’on m’avait dit aussi, on m’avait expliqué que c’était un peu moins organisé et plus basé sur des libertés individuelles supérieures en Pro B.

Mais toi, est-ce un jeu qui peut te convenir ?

Ben oui, le coach m’a aussi fait venir par rapport à ça, pour amener plus de jeu et de paniers faciles. Je pense que cela peut un peu plus me convenir.

« On en vit des choses quand on est à Limoges »

Si l’on revient un peu en arrière, comment s’est déroulé ce transfert en pleine saison entre Limoges et Nancy ?

Ça s’est fait assez rapidement. J’étais en manque de temps de jeu, je ne jouais quasiment plus avec Limoges. Du côté de Nancy, le coach voulait étoffer son effectif, en vue de l’objectif montée, car Mathis Keita était seul à la mène. Il lui fallait un profil vraiment différent de celui de Mathis. Pour le coup, je pense que l’on peut être très complémentaires. Ça s’est fait très simplement. Après le report du match Limoges – Pau, je suis parti directement et je suis arrivé samedi soir. On a vite fait la visite médicale et tous les papiers à 18h30 afin que je puisse être qualifié. J’ai vu les infrastructures, on a fait un entraînement et directement le trajet vers Lille. J’ai été rapidement mis dans le bain mais ce n’est pas plus mal. C’était un peu fatigant mais je suis très content au final.

Par l’intermédiaire du nouveau coach, Massimo Cancellieri, plus adepte d’un profil de meneur grand et physique, Limoges ne comptait plus sur toi et t’avait entrouvert la porte à un départ depuis plusieurs mois… Il était devenu temps de t’en aller ?

Pour moi, il n’était pas question de partir cet été. Je ne voulais pas m’en aller comme ça. Mais à un moment, en tant que jeune joueur, on a envie de jouer donc si une opportunité me permettait d’avoir plus de temps de jeu, j’allais la saisir. Et là, c’était le cas avec Nancy, un très bon club, structuré, avec un vrai projet de montée. Je trouve cela très intéressant pour moi. Et pour Limoges, ils sont sûrement contents aussi que ça se soit terminé, c’est peut-être bénéfique pour eux

C’est la fin d’une aventure de deux ans avec le CSP au final. Forcément du type de celles qui marquent une carrière ?

Ah oui, complètement ! On en vit des choses quand on est à Limoges (il rit). Il y a toujours un évènement, toujours quelque chose qui se passe. C’est vrai que j’ai eu un attachement particulier avec les supporters dès le début. J’ai été très bien accueilli et ça s’est super bien passé dès mon arrivée. C’est clair que c’était vraiment particulier. Même s’il y a eu des passages vraiment difficiles, des hauts et des bas, j’en garderai des super souvenirs. Limoges restera très marquant pour moi, ce sont deux ans qui me serviront pour la suite.

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Ici en octobre 2020, Ludo Beyhurst a disputé 61 matchs toutes compétitions confondues avec le CSP
(photo : Lilian Bordron)

Au moment de ton arrivée, en prêt depuis Strasbourg, tu avais étonné tout le monde et séduit Beaublanc par ton énergie et ta hargne. C’était la période dorée ?

C’est vrai. Vis-à-vis du public limougeaud, mon tempérarement et mon jeu collaient parfaitement à leur mentalité. On m’avait dit qu’à partir du moment où les joueurs se donnent à fond, Beaublanc adore. Là, même après mon départ, je reçois encore énormément de messages de supporters qui ont aimé mes caractéristiques. Cette période-là était très marquante pour moi : j’avais aussi vécu des moments difficiles à Strasbourg et trouver ce nouvel élan au CSP, c’était génial.

Mais la saison dernière, tu n’as pas réellement su confirmer les promesses de ton arrivée. Quelles en étaient les raisons ? La concurrence, un style différent, un manque de confiance, un scouting plus poussé des équipes adverses ?

Je pense que c’est un petit peu un tout. Il y a l’arrivée de Phil Scrubb qui change notre jeu, notre fonctionnement. Avant, il y avait simplement un meneur et moi. Là, il y avait un meneur plus Phil, qui prenait beaucoup de ballons car il était très efficace et très fort. Forcément, ça rajoute un joueur. Il y a aussi une période de deux mois où je ne joue pas : je me blesse et j’attrape le Covid juste après mon premier entraînement de reprise. Ce n’était pas négligeable, je n’ai pas pu reprendre confiance. Et puis, vu qu’on était dans une spirale un peu plus négative au niveau des résultats… Aussi, s’ils avaient pu être surpris au cours de mes six premiers mois à Limoges, les adversaires m’attendaient un peu plus et me connaissaient peut-être mieux. Donc vraiment, je pense que c’est un tout. Il n’y a pas une raison particulière que je peux donner. Je pense que ça m’a coûté après : le coach qui est venu après (Massimo Cancellieri) a dû regarder cette saison-là et pour lui, je n’étais pas dans les plans quoi.

Ce n’était pas du sur-régime sur tes six premiers mois à Limoges ?

Peut-être. Franchement, peut-être, je n’ai pas une seule explication à donner. Pour moi, c’est vraiment un ensemble de choses.

« Cette saison, je n’ai pas réussi à me libérer »

Cette saison, en te regardant jouer, de l’extérieur, on a pu avoir l’impression que tu étais tétanisé par Massimo Cancellieri ?

Tétanisé, je ne pense pas que ce soit le mot. Mais je crois que je n’ai pas réussi à me libérer quand je jouais. C’était plus un problème mental qu’autre chose. J’ai fait beaucoup d’erreurs et je n’ai pas utilisé le peu de laps de temps que j’avais à bon escient. C’était un cercle vicieux ensuite. Je n’étais pas libéré tout simplement. C’était compliqué… 

En dehors de ton cas, Limoges fait partie des belles surprises de la saison… Le collectif du CSP impressionne. Pourquoi cette équipe est-elle aussi spéciale ?

En effet. En terme de cohésion, c’est vraiment un groupe très soudé. On peut le voir défensivement, où il y a eu un gros boulot de fait. Tactiquement, le coach est vraiment très bon sur le scouting des équipes adverses et je pense qu’il arrive à tirer le meilleur de chacun par rapport à ça. Personne ne nous attendait à ce niveau mais je pense qu’on a su faire la différence défensivement. Et au scoring, on a Nico (Lang) qui reste très présent, Demonte (Harper) qui est monté très fort en puissance. Mais avant tout, défensivement, on a un groupe très solide au niveau athlétique et du point de vue scouting aussi. Pour moi, ce sont les clés du succès de cette saison.

Et un petit phénomène contre qui tu t’entraînais quotidiennement, C.J. Massinburg…

Très fort joueur, oui… Il est très complet. Au début, il n’avait peut-être pas cette régularité aux tirs mais il a travaillé avec Yacine (Aouadi), le coach individuel. C’est quelqu’un de très physique, qui a une force de pénétration assez importante. Il peut se décaler sur certains appuis, très fort sur le mid-range. Non vraiment, il est super complet. Il peut prendre énormément de rebonds. C’est un joueur polyvalent qui est vraiment impressionnant.

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Sur 640 minutes possibles cette saison, Beyhurst en a passé seulement 87 sur le parquet
(photo : GPJ)

Si le collectif limougeaud est costaud, celui de Nancy n’est pas si mal non plus. Quelles sont tes premières impressions ?

Du coup, j’avais un peu regardé leurs derniers matchs. L’effectif est maintenant très complet, avec Stéphane Gombauld comme joueur dominant. Dans la raquette, il peut très bien finir avec ses longs segments. Au rebond, ça peut être très impressionnant également. Il y a aussi des shooteurs comme Antony Labanca ou Lucas Ugolin. Avec Mathis Keita qui fait parfaitement tourner la boutique. De ce que j’ai vu, c’est un groupe qui se passe bien la balle. Il y a certes de très bons joueurs mais un vrai fonds de jeu collectif.

Justement, tu évoquais Stéphane Gombauld. Vous vous êtes un peu côtoyés à l’INSEP…

En effet. J’ai beaucoup parlé avec lui avant de signer. Je connaissais un peu le phénomène. Quand on était à l’INSEP, il marchait sur la N1. C’est un joueur qui aime bien recevoir le ballon au cœur de raquette, sur les short-range ou les mid-ranges. Il aime bien poser deux – trois dribbles avant de finir, de différentes manières. Par rapport aux autres joueurs de son gabarit, sa mobilité le rend dominant.

À l’époque, il était considéré comme le plus gros potentiel de la génération 1997 avant de marquer le pas. Es-tu surpris par la dimension qu’il est en train de prendre ?

Pour être honnête, je ne le suis pas vraiment. Je l’ai vraiment vu marcher sur la Nationale 1. Après, oui, il y a un gap avec le monde pro. Je pense qu’il a pris en maturité. Il reproduit ce qu’il faisait en N1 mais avec plus de maturité, plus d’intelligence. Comme il l’a dit dans son interview, son passage en Serbie lui a fait beaucoup de bien. Ses qualités sont restées les mêmes, mais encore plus fortes. Du coup, c’est pour ça que ça ne me surprend pas.

« Je veux reprendre du plaisir à jouer au basket, tout simplement »

Sais-tu déjà quel sera ton rôle ? Offrir une rotation supplémentaire à Mathis Keita à la mène, et garder ce fameux côté energizer ?

Voilà, c’est ça. Le coach voulait absolument amener des joueurs plus rapides dans l’équipe en vue d’imposer plus de jeu de transition et de la pression défensive. Mais honnêtement, je n’ai fait que deux entraînements pour l’instant donc je ne sais pas exactement ce que je vais faire. À part quelques plays, on n’a pas trop eu le temps de discuter. Mais oui, c’est vraiment cette idée d’arriver en energizer, apporter du jeu rapide à l’équipe et être intense en défense. De ce que les gars m’ont dit, défensivement, ils ont pu connaitre quelques trous auparavant et c’est ce qui a fait la différence dans les matchs qu’ils ont perdu. C’est vraiment là où je vais pouvoir montrer ce que je peux faire.

Qu’attends-tu de ces six mois à titre individuel ?

Je veux reprendre du plaisir à jouer au basket, tout simplement. Et jouer quoi. Après, ce qui m’intéresse dans cette expérience, c’est de prendre part à des matchs qui comptent. Si on ne décroche pas la première place, jouer les playoffs pourrait être une très bonne expérience. Je n’ai joué que très peu de rencontres de playoffs dans ma carrière, deux ou trois avec Strasbourg (trois, ndlr), donc cela fait assez peu de matchs couperets au final. Dans ma jeune carrière, ce serait important de pouvoir vivre ça.

Dans quels domaines aimerais-tu progresser pour devenir un vrai joueur pro à part entière ?

J’ai ce côté d’energizer mais j’aimerais aussi être un peu plus en contrôle, notamment sur la gestion des attaques. C’est là-dessus où je vais essayer de me concentrer pour cette deuxième partie de saison, là-dessus où j’ai envie d’aller.

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Avec le SLUC, actuel troisième de Pro B, Beyhurst vise la montée en Betclic ÉLITE
(photo : Antoine Bodelet)

Le SLUC Nancy détonne un peu en Pro B. Sens-tu un club obsédé par l’idée de remonter et retrouver son rang ?

Obsédé, je ne sais pas mais l’objectif est clair en tout cas. On ne m’a pas menti en me disant que le club se satisferait d’une troisième place par exemple. Non, le but est vraiment de monter. J’ai découvert les infrstructures il y a quelques jours. Rien qu’en voyant la salle, on se dit que ce club est fait pour la Betclic ÉLITE. Je discutais avec Enzo (Goudou-Sinha) d’ailleurs récemment qui me disait exactement la même chose. Il y a une très grosse attente par rapport à ça.

Pour toi qui suivais le basket français quand tu étais jeune, c’est un nom qui doit signifier quelque chose à tes yeux ? À cette époque, le SLUC était sur le toit du championnat…

Oui mais moi, j’étais à fond derrière la SIG ! Mais en effet, quand j’étais jeune, Nancy, c’était l’EuroLeague. C’étaient les John Linehan, Randal Falker, Tremmell Darden, Ricardo Greer… Je me rappelle aussi de l’époque Tariq Kirksay. Quand j’ai grandi, le SLUC était vraiment une place forte du basket français.

Justement, toi, l’Alsacien, ça va en Lorraine ?

(il rit) Oui, il n’y a pas de souci, ça va. On m’a quand même un peu parlé des derbys de l’Est. Mais dans notre métier, les rivalités, à part les Pau – Limoges qui sont un peu particuliers… Il n’y a pas d’ambiguïté. Après, on n’a pas manqué de me chambrer par rapport à l’Alsace – Lorraine. Mais c’était gentil.

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