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ITW Saša Obradović : « Je suis venu pour construire quelque chose »

Il fait partie de ceux qui veulent vivre le match, à fond. De ceux qui n’ont jamais voulu s’éloigner du monde de la balle orange. Un simple coup d’œil sur le banc de touche lors d’un match de l’AS Monaco suffit pour découvrir ce coach si exigeant qu’est Saša Obradović. Ses soufflantes lors des temps-morts, ses allers-retours le long du terrain (et parfois sur, obligeant les arbitres à le rappeler régulièrement à l’ordre), ou encore ses consignes qui résonnent dans la Salle Gaston Médecin définissent aujourd’hui l’entraîneur serbe.

Mais derrière ce visage de façade se cache un véritable amoureux du basket. Un coach qui a appris tout au long de sa carrière de joueur pour devenir le meilleur possible, perfectionnisme oblige. Après dix-sept années passées sur les parquets, trois médailles d’or aux championnats d’Europe, un titre de champion du monde et une médaille d’argent aux Jeux Olympiques d’Atlanta (1996) avec la Yougoslavie, le longiligne meneur/arrière ne prend pas de repos. Le basket passe avant tout.

Sa fin de carrière à Cologne lui sert de tremplin avant de se tourner vers le coaching. « Les six dernières années de ma carrière de joueur, je notais tout ce que je faisais à l’entraînement. Je collectais des idées de tactiques et de systèmes. » Le Serbe est déjà un forcené de travail. Quelques hésitations plus tard quant à sa place au sein du coaching staff, il décide de devenir « the guy », comme il le dit si bien. Quand on a contrôlé le jeu de son équipe sur le terrain pendant dix-sept ans, difficile de ne pas continuer à diriger. Saša Obradović veut que les choses soient faites à sa manière.

L’Allemagne, sa deuxième maison

À Cologne, il remporte le championnat dès sa deuxième saison, le seul titre remporté par le club jusqu’à présent. À ses côtés, il peut compter sur son bras droit et adjoint : Draško Prodanović. « Il m’a énormément aidé et appris lors de ma première saison pour gagner le championnat. Je lui suis vraiment reconnaissant. » Le technicien bosnien n’est pas le coach le plus réputé sur le continent, mais Saša Obradović veut tirer profit de chacune de ses rencontres.

Sans surprise, les offres se multiplient après l’expérience allemande. Le Serbe se laisse tenter par les championnats de l’est. Mais ni l’Ukraine (Kiev et Donestk), ni la Pologne (Turów) ne lui permettent de remplir sa vitrine à trophée. Comme une nécessité, il décide de retourner en Allemagne, son championnat préféré. « Le championnat allemand est le plus physique et j’apprécie ça », glisse-t-il. Avec l’ALBA Berlin, il devient un éternel outsider. Si les coupes nationales s’accumulent (2013, 2014 et 2016), il butte toujours sur le Bayern ou Bamberg en playoffs. « Le titre n’est pas toujours réalisable même si je veux le remporter à chaque fois. Avec Berlin, c’était très difficile avec le Bayern et Bamberg qui avaient trois fois notre budget. La situation était identique avec le Lokomotiv Kuban. »

Krasnodar, justement, le fait rentrer dans une autre catégorie à l’échelle européenne dès 2016. Une finale d’EuroCup 2017 et un titre de meilleur entraîneur de la compétition plus tard, Saša Obradović devient une référence. Mais la terrible loi du marché le rattrape. La direction du club russe décide de s’en séparer en novembre 2018. « Aujourd’hui, c’est très dur de rester en poste longtemps. C’est la règle du jeu », constate-t-il avec un brin d’amertume. Alors quand les dirigeants de l’AS Monaco, qu’il connaît très bien, lui ont proposé les rênes de l’équipe, il n’a pas hésité une seule seconde. « Sans être arrogant, je ne suis pas ici pour faire de petites choses, mon ambition est toujours la plus haute. Je ne suis pas venu ici pour la fin de saison, je suis venu pour construire quelque chose. »

En l’espace de trois mois, force est de constater que la construction a plutôt bien avancé. Depuis son arrivée fin février, le club du Rocher n’a perdu qu’à deux reprises, toujours face à l’ASVEL, en Coupe de France (87-101) et en championnat (91-92). Sinon, le bilan est exceptionnel avec quinze succès, dont deux en Playoffs face à Limoges (2-0 en quarts de finale). La méthode Obradović est aujourd’hui redoutée de tous.

La rigueur, une base nécessaire

Sans surprise, l’entraîneur monégasque se définit comme un coach très pointilleux. « Je suis persuadé qu’une bonne équipe doit être disciplinée sur et en dehors du terrain. Les joueurs doivent être prêts et envieux de s’améliorer. J’entraîne comme mes ex-coachs m’ont entraîné. » Ses ex-coachs ? Vladislav Lučić (Etoile Rouge de Belgrade), Božidar Maljković (Limoges) ou encore Svetislav Pešić (Alba Berlin). L’école yougoslave a rythmé sa carrière de joueur et Saša Obradović perpétue la tradition. Les joueurs monégasques peuvent en attester.

Yakuba Ouattara et Paul Lacombe ont tout de suite vu le changement. Les deux joueurs français s’accordent à dire que les séances sont devenues bien plus physiques et rigoureuses, certes, mais soulignent aussi la capacité d’adaptation de l’entraîneur serbe. Alors que Sašo Filipovski, son prédécesseur, « est mort avec ses principes de jeu » pour Paul Lacombe, Saša Obradović s’est adapté au collectif qu’il a hérité.

Sur la première partie de saison, la Roca Team manquait de rythme et de folie pour faire tourner le match. Le jeu était brouillon en attaque et les oublis défensifs récurrents. Avec l’arrivée de Dee Bost au poste de meneur, Saša Obradović a transformé l’équipe en une véritable machine à marquer. « Nous ne sommes pas qu’une équipe défensive même si je me concentre sur cet aspect du jeu », assure-t-il. « Parfois, j’aime laisser plus de liberté en attaque, mais d’autres fois je n’aime vraiment pas (rires). Mon message est clair : il faut faire ce que tu es capable de faire. Tu ne peux pas tout faire, concentre-toi sur tes qualités, le shoot, le pick-and-roll, etc. »

Un statut de favori à assumer

Sa philosophie semble avoir été acceptée par tous les joueurs. Aucun ne rechigne à mettre une intensité maximale en défense ou à répéter les systèmes jusqu’à ce qu’ils soient parfaits à l’entraînement. On ose la comparaison, il y a quand même un peu de Spurs basketball dans cette nouvelle équipe monégasque. Il faut dire que Saša Obradović s’en inspire depuis sa participation à la Summer League l’été dernier avec la franchise texane. « Je pense que pour n’importe quelle personne qui aime le basket, les Spurs sont un exemple de collectif. C’est une équipe avec un grand esprit d’équipe. » L’état d’esprit justement, c’est ce qui fait la force de la Roca Team en cette fin d’année. La rotation compte dix joueurs, personne ne joue plus de trente minutes et le scoring est très bien réparti.

Mais cela suffira-t-il pour sortir la JDA ou remporter le titre plus tard ? Saša Obradović arrivera-t-il à faire abstraction de ces désillusions d’hier avec Berlin et Kuban-Krasnodar ? Peu importe si la Roca Team marche en ce moment sur l’eau, le championnat français est aussi exigeant que le coach serbe. Il faut toujours se remettre en question.

Saša Obradović l’assure, « il faut savoir être respectueux envers tous les adversaires. On doit être extrêmement bien préparés à chaque match des deux côtés du terrain. » Préparé, il faudra l’être pour affronter Dijon dès samedi.

En revanche, quand on lui parle de pression, le technicien serbe balaye rapidement la question. « La première chose à faire quand on prend une équipe en cours de saison, c’est gagner, gagner et gagner. » Les paroles semblent bel et bien se transformer en actes. Dijon, Nanterre et l’ASVEL sont prévenus.

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