Laurent Legname, pourquoi Bourg ? « J’avais besoin d’un nouveau challenge pour continuer de progresser »
« Une convergence de courbes. » C’est ainsi que Julien Desbottes a justifié l’union entre la JL Bourg et Laurent Legname pour les trois prochaines années. Il est vrai que les deux suivent une dynamique ascendante, chacun de leur côté. Il n’y a qu’à se référer aux premières fois où leurs chemins se croisaient depuis le changement du costume du Varois : c’était dans la confidentialité de la Pro B et Hyères-Toulon n’avait pas su créer l’exploit en quart de finale des playoffs en 2014 contre la Jeu (0-2).
Depuis, Laurent Legname a pris la bonne habitude de fréquemment battre la JL Bourg, puisque la JDA Dijon ne s’est plus inclinée face au club de l’Ain depuis deux ans, mais le technicien hyérois a tout de même considéré que changer d’écurie serait une avancée avant dans son parcours de coach. Après des premiers pas dans le métier avec les Espoirs de Hyères-Toulon en 2011/12, puis une saison passée aux côtés de Jean-Aimé Toupane, l’ancien shooteur s’est imposé comme l’un des entraîneurs en vogue du basket français. C’est simple, une seule saison ne fut pas à la hauteur des attentes : 2016/17, avec une médiocre treizième place. Autrement, Laurent Legname a enchaîné les prouesses : une miraculeuse deuxième place de Pro B en 2015 (derrière l’ogre monégasque) alors que le HTV disposait du 16e budget, deux saisons d’affilée sur le podium de la Jeep ÉLITE, le gain de la Leaders Cup 2020, une médaille de bronze en Ligue des Champions…
« Le meilleur choix à ce stade de ma carrière »
Toutefois, malgré l’habitude qui a été prise de voir Dijon en haut de l’affiche, la deuxième place actuelle de la JDA tient encore du miracle et le plafond de la JL Bourg semble plus élevé. Dans la Bresse, Laurent Legname pourra disposer de plus de moyens plus élevés et se reposer sur des structures plus performantes. Soit la dernière étape intermédiaire idéale pour lui qui n’a jamais caché son ambition d’officier au plus haut niveau, c’est à dire en EuroLeague et/ou en équipe de France. Avant de rêver à cela, il s’est expliqué sur son choix jeudi soir en conférence de presse.
« J’avais besoin d’un nouveau challenge, d’un défi excitant qui me permettrait de continuer de progresser. Après six années passées à la JDA Dijon, qui voulait me garder, c’est un cheminement personnel qui fait que j’avais besoin de grandir encore dans un autre environnement. Il fallait que je trouve un club correspondant à ces ambitions-là. Concernant la JL Bourg, j’ai l’image d’un club professionnel mais familial, qui a su grandir étape par étape, jusqu’à son installation à Ékinox. Je me rappelle de la petite salle Amédée-Mercier, à l’époque des Serrano – Tissot – Boivin – Monnet, c’était très dur de venir y gagner. Je vois que la JL progresse énormément au niveau des structures : il y a un très bel outil de travail, le club est peut-être juste derrière l’ASVEL au niveau des structures. Et sportivement, cela se met en place depuis l’accession en Jeep ÉLITE, l’équipe joue bien, ils sont qualifiés en EuroCup. Il y a un taux de remplissage de 98% dans la salle, plus de 300 partenaires fidèles… Malgré les autres offres que j’avais, notamment à l’étranger, il m’a semblé que c’était le meilleur choix à ce stade de ma carrière, pour continuer à grandir et tenter d’aller encore plus haut. J’avais besoin de ce challenge pour continuer de progressser et, pourquoi pas, essayer de placer la JL au sommet du basket français dans le futur. »
Legname, ici face à Sébastien Lafargue en 2000, lors des fameux matchs disputés dans le hangar d’Amédée-Mercier
(photo : J.J. Pauget)
Des ambitions élevées qui ont fait sourire le président Desbottes. Alors que la JL Bourg sort du meilleur cycle de son histoire sous le mandat de Savo Vucevic, elle aspire évidemment à continuer d’accroître son niveau de performances à l’avenir.
« Ce n’est pas facile de trouver un nouveau coach avec les ambitions que nous avons mais c’est chose faite. Nous sommes très fiers d’avoir pu attirer un coach du talent de Laurent. Nous avons la chance d’être dans une courbe ascendante et notre responsabilité est de garder cette vague. Le challenge est maintenant de continuer à faire mieux et de viser plus haut, c’est-à-dire une place régulière en playoffs et un quart de finale d’EuroCup. »
Mauvais timing ?
Le contre-exemple… Frédéric Sarre
Enfin, alors qu’il reste plus de la moitié du championnat à disputer et deux trophées à décerner (la JL Bourg est éliminée en Coupe de France), le timing de l’annonce a fait parler, certains ne manquant pas de s’étonner de voir des accords conclus si tôt entre deux parties qui seront concurrentes pour le titre de champion de France dans quelques mois. Laurent Legname a tenu à défendre la temporalité de cette officialisation et a évidemment évacué tout soupçon concernant sa probité.
« Il vaut mieux que ce soit annoncé maintenant plutôt que plus tard, je pense que le timing est plutôt bon pour ne pas alimenter les rumeurs que ce soit clair des deux côtés et que l’on puisse justement chacun préparer les trois prochains mois. Je suis tellement compétiteur et tellement droit que je serai à fond avec la JDA jusqu’au 30 juin. Si on doit battre Bourg à Ékinox le 3 juin pour rester sur le podium, je serais à 100%, il n’y a aucun problème. Il y a une honnêteté à avoir. Nous sommes assez grands et assez professionnels pour mener à bien cette transaction et se reconcentrer sur la fin de la saison chacun de notre côté. Personnellement, cela ne me pose pas de problème. Si je ne finis pas sur un titre, je ne pense pas que l’on me reprochera mes six années à la JDA mais je vais quand même tout faire pour terminer sur un trophée. Bourg – Dijon en finale du championnat ? Ce serait un beau clin d’œil. »
Si ce timing est assez fréquent dans le rugby ou dans le basket féminin, il l’est certes beaucoup moins en Jeep ÉLITE. Mais la meilleure preuve que cela n’altèrera pas la fin de la saison se trouve peut-être dans l’histoire récente de la Jeep ÉLITE : en mars 2012, Frédéric Sarre avait annoncé qu’il quitterait Limoges quelques mois plus tard afin de remplacer Fabrice Courcier sur le banc de la JL. Quelques semaines plus tard, le CSP décrochait sa montée en Pro A sur le parquet de… Bourg-en-Bresse, privant ainsi le club burgien de playoffs et d’une accession éventuelle qui aurait pu permettre au Limougeaud d’origine de coacher dans l’élite la saison suivante.
À voir :
Gabriel Pantel-Jouve répond à vos questions concernant la signature de Laurent Legname à Bourg-en-Bresse
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