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Madiop N’Diaye débarque à Joeuf-Homécourt

Par Emmanuel Humbert,

C’est un beau bébé de 24 ans et 2,07 m que le Jœuf-Homécourt Basket va accueillir dans sa raquette. La mission de Madiop N’Diaye, ancien pivot de La Ravoire (N2), ne sera pas très difficile : faire oublier le très discret passage sous le maillot vert du pivot bulgare Yuliy Arabadzhiyski. A priori, c’est largement dans les cordes d’un garçon qui a participé, à tout juste 20 ans, à deux matchs de Pro B à 15 points et une demi-douzaine de rebonds. Avant d’enchaîner avec une année à 8,2 points et 6,4 rebonds en NM1.

Le président jovicien Marc Fourie ne cachait d’ailleurs pas sa satisfaction malgré un dernier exercice moins étincelant. C’est au Saltigué Basket Club de Rufisque, ville sénégalaise de près de 500 000 habitants à une trentaine de kilomètres de Dakar, que Madiop N’Diaye a découvert le basket. Au bord de l’Atlantique, c’est plus souvent sur les playgrounds extérieurs que dans la salle du club pensionnaire de la D1 sénégalaise que le jeune N’Diaye s’entraîne.

« On y était tôt le matin [en raison des températures] avec tout un groupe d’amis. Et un jour derrière les barrières, il y avait un groupe d’Espagnols qui étaient là avec un recruteur sénégalais. Ils m’ont proposé de venir dans un club en Espagne ».

A 15 ans tout juste, cette proposition fait tourner la tête du jeune joueur qui court annoncer la bonne nouvelle à la maison.

« Quand j’en ai parlé à mon grand-père, sa réponse a été directe  »Non ». Il ne voulait vraiment pas. Il me trouvait trop jeune, un peu trop foufou. Je débordais d’énergie. Il pensait que je ne pourrais pas vivre tout seul loin de la famille et du pays ».

Seul en Espagne à l’âge de 15 ans

A force d’insistance et de détermination, et alors qu’il n’a même pas encore 16 ans, Madiop N’Diaye finit par convaincre son grand-père et file en 4e division espagnole, à l’Olivar Saragosse, un club partenaire du CAI Saragosse.

« En Espagne, il y a beaucoup de jeunes joueurs sénégalais qui se retrouvent dans des clubs de développement des grands clubs de Liga ACB ou de LEB Oro. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi les clubs français ne s’intéressent pas plus aux jeunes basketteurs sénégalais : on parle tous français ! »

Là, à l’automne 2011, le Sénégalais découvre les exigences du basket professionnel à l’espagnole.

« Je jouais avec l’équipe 2 en EBA (quatrième division) et je m’entraînais avec les deux équipes : la réserve et l’équipe 1 ».

Au point de figurer même dans l’effectif (pléthorique) de l’équipe de Liga ACB au cours de la saison 2013-2014. « Mais je ne suis pas rentré en jeu en ACB », souligne Madiop avec franchise. Son contrat d’apprenti terminé, et sans perspective immédiate de contrat professionnel, il quitte l’Espagne et rentre à Rufisque. C’est à la même période que son grand-père décède. Et on sent bien l’émotion qui étreint Madiop quand il évoque le sujet… « C’était dur », avoue-t-il.

Au milieu du gris qui envahit sa vie, une lueur apparaît : l’agent sénégalais qui l’a mis en relation avec Saragosse ne l’a pas oublié. Et le met en contact avec un Français « qui m’a proposé de venir en France, à Aix-Maurienne » où Madiop apprend que le président du club est un habitué de la recherche de prospects au Sénégal et dans les pays limitrophes. Le profil du joueur plaît à Sébastien Bozon, en charge des Espoirs. Arrivé pour jouer avec la N3, Madiop N’Diaye s’entraîne aussi avec l’équipe de Pro B alors dirigée par François Sence.

Matchs  »références » en ProB

Fin de saison et descente en NM1. Il y fait son trou petit à petit par la suite:

« Mais derrière Steffon [Bradford] et Patrick [Clerence], les titulaires, c’était dur de se faire une place ».

Il surprend même dès le mois d’octobre lors d’un match face à Caen où, dans les prolongations, les deux titulaires sont rappelés sur la banc. Dans le temps additionnel,

« je me dis que c’est ma chance : je courre partout, j’attrape tous les ballons qui passe… Je suis peut être un peu brouillon mais je marque les 4 points qui font gagner le match ».

La porte s’entre-ouvre. Mais c’est lors de la saison suivante, en 2016-2017, qu’il attire l’œil des scouts. Sébastien Bozon, son entraîneur des premiers mois en France, est désormais le head coach. Et lui laisse du temps de jeu lors des 2e et 3e journées de Leader’s Cup. Bonne idée : face à Fos-sur-Mer, le jeune pivot affiche une épatante évaluation de 23 avec 15 points et 7 rebonds. Rebelote face aux favoris annoncés de Bourg-en-Bresse avec à nouveau 15 pions et 5 rebonds pour 16 d’évaluation. Mieux : lors d’un match important en déplacement à Saint-Quentin, également candidat au maintien, N’Diaye est désigné comme MVP de la rencontre. Sébastien Bozon s’en souvient comme si c’était hier :

« Il ne marque que 6 points peut-être, mais il les marque aux meilleurs moments pour nous permettre de remporter le match ».

Sans oublier 2 contres et 4 rebonds… Dans les oreilles du jeune homme de 21 ans, certains soufflent des noms ronflants : ASVEL, NCAA… Sébastien Bozon remercié à cinq matchs de la fin de saison, lors de l’été suivant Madiop se laisse tenter par l’aventure américaine. Quatre Universités lui font les yeux doux et des propositions concrètes mais il déchante vite : les GM se rendent compte qu’il a signé un contrat professionnel en France ! Conséquence :  »brulé » une saison. Une année sur le banc, à porter les serviettes l’attend.

« Personne ne m’avait dit ça. Je ne savais pas… ».

La déception est immense. Toujours sous contrat avec Aix-Maurienne, il retourne sur les bords du lac du Bourget à la fin de l’été. Mais le nouveau coach, Fabien Romeyer, a construit son équipe sans l’attendre. Une année de prêt au GET Vosges lui est proposé. Sous la conduite de Laurent Mathis, à Epinal, ses stats gonflent : 8,2 points et 6,4 rebonds de moyenne. A Feurs, la saison suivante, les statistiques sont toujours ronflantes : 10,3 points et 5,8 rebonds.

A Jœuf-Homécourt « pour les play-off »

Et puis arrive cette dernière saison à La Ravoire, en N2, avec un peu plus de 8 points de moyenne. « J’ai vécu une saison très difficile, c’était dur. J’étais souvent trappé ». Et sans doute pas encore suffisament de métier, de vice serait-on tenté d’écrire, pour répondre à ce traitement de faveur. Alors l’arrivé au JHB, dans une raquette annoncée impressionnante, Madiop N’Diaye est enthousiaste.

« Je n’ai jamais joué avec lui mais je connais Aurélien Salmon de réputation. C’est un grand joueur. Je vais apprendre à ses côtés. Les deux autres intérieurs, Tommy Ghezala m’en a parlé : il m’a dit qu’ils ne lâchaient rien, qu’ils se battent, mouillent le maillot ».

Une appréciaition qui visiblement lui donne le sourire :

« Ca me plaît beaucoup cet état d’esprit. Je déteste les gens qui ne se battent pas. Tommy m’a dit qu’à Jœuf-Homécourt j’allais me régaler : que le public est chaud. J’espère surtout que l’on va accrocher les play-off. J’y crois. Le recrutement est bon : j’ai vu aussi qu’il y avait un joueur qui avait joué comme moi en Espagne, en EBA ».

Avec derrière la tête l’idée de se relancer, de retrouver ses standards de Feurs et d’Epinal dans un environnement où sa complémentarité avec Aurélien Salmon, Jérémy Pietrowski et Nicolas Wachowiak devrait donner des sueurs aux joueurs adverses. Les premières réponses devraient arriver dès le mois prochain avec un programme de matchs amicaux solides face à Souffel (ProB), au Get Vosges (N1), au WOSB (leader de la poule D de N2) ou au champion du Luxembourg Esch-sur-Alzette. 

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