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[Dans nos archives] Mais d’où sort Moussa Diabaté, le tube du moment en NBA ?

NBA - En janvier 2019, nous vous présentions le parcours de Moussa Diabaté, désormais devenu la sensation du moment en NBA. Apprenez à mieux connaître l'intérieur des Hornets grâce à nos archives.
[Dans nos archives] Mais d’où sort Moussa Diabaté, le tube du moment en NBA ?

Moussa Diabaté lors de l’EuroBasket U16, en 2018

Crédit photo : FIBA

Mise à jour : En janvier 2019, nous vous présentions un illustre inconnu en France, du nom de Moussa Diabaté. À l’époque âgé de 16 ans, lycéen au sein de la prep school de DME, il commençait à faire parler aux États-Unis et nous en avions profité pour retracer son parcours. Instructif à l’heure où il vient d’enchaîner deux double-double consécutifs en NBA, sous les couleurs des Charlotte Hornets.

Article d’origine :
Moussa Diabaté, l’exil du prodige

Il est l’un des principaux prospects de sa classe d’âge aux Etats-Unis, celle qui doit entrer à l’Université dans deux ans, en 2021. Moussa Diabaté fait partie des multiples « Top 10 » nationaux, un lycéen classé « five stars » (cinq étoiles), la note maximale, ce qui est très rare dans l’histoire du basketball français. Car Moussa Diabaté a grandi en France, à Paris, et y a découvert le basketball. Tout est allé très vite pour lui dans le monde de la balle orange.

« J’ai commencé dans un petit club, à 12 ans. J’aimais bien courir, j’étais plus grand que tout le monde. Un de mes potes me disaient de faire du basket mais je ne venais jamais. Mes amis étaient tous dans un club pourtant. Finalement, je me suis lancé, au Sporting Club Maccabi de Paris dans le 11e arrondissement, un petit club départemental. J’ai fait quelques mois puis je suis parti à l’USD Charonne basket et c’est là que j’ai commencé à vraiment aimé le basket. Mon entraîneur s’appelait Philippe (Pronier), il a été la meilleure découverte que j’ai faite. Je ne savais pas jouer au basket, tous les autres joueurs étaient au-dessus de moi. »

Pour combler son retard, Moussa Diabaté s’est mis à jouer toujours plus longtemps, en dehors des entraînements et des matchs. Son profil longiligne et délié a bien sûr vite attiré les éducateurs franciliens. « J’ai intégré la sélection de Paris, on a fait des tournois puis on a gagné notre championnat régional », les fameux Tournoi Inter Zones dit « TIC ». Dans le cadre d’un partenariat entre Charonne et Charenton, il a commencé à s’entraîner avec le célèbre club formateur en cours de saison U13, sa deuxième année de compétition. Avant de rejoindre l’institution du Val de Marne à l’été 2015 pour jouer en U15 Région et U15 ELITE. « La première année c’était difficile, un tout autre niveau. Jouer en U15 ELITE, je n’étais pas vraiment prêt », avoue-t-il sans difficulté. Directeur technique du club en charge des U15 ELITE à ce moment-là, Xavier Avisse se souvient de ses difficiltés, « logiques pour un U14 », mais surtout qu’il avait affaire là à une perle rare. « Il était grand et délié. Surtout, il était travailleur. Il avait trois poumons, une VMA au-dessus de la normale. Il était souple, combattif… Bref tout pour faire quelque chose. » C’est en fin de saison 2015/16, en U14, qu’il a eu le déclic. « J’ai commencé à être dans le cinq », se rappelle simplement Moussa. « A la Lions Cup (un tournoi international organisé par Charenton) en fin d’année, lors du tout dernier match contre sélection de Pologne, il a crevé l’écran, se remémore Xavier Avisse. Le jeune se lâche avec « une tentative de smash, un énorme contre contre la planche. » La saison suivante s’annonce comme celle de la confirmation pour Moussa dont la capacité de travail était alors jugé « énorme, dans la l’intensité, la concentration, la longueur ». A la reprise, « il est injouable » assure Xavier Avisse, qui a là deux immenses prospects dans son effectif avec Moussa et Daniel Batcho. Sauf que…

Refusé au Pôle Espoirs à cause de ses notes

Si les cadres d’Île-de-France ont tenté de le faire entrer au Pôle Espoirs régional au vu de son profil, le CREPS l’a refusé a confirmé Loïc Calvez, Responsable Adjoint du Pôle Espoir Basket d’Île-de-France. Une vraie frustration pour Moussa Diabaté qui a grandi dans un environnement familial compliqué, sans connaissances dans le monde du basketball. Si bien qu’une personne a pris cette place dans son entourage.

« Pendant l’été, j’ai rencontré un ami de chez mon père qui m’a dit qu’il partait aux Etats-Unis. Il m’a poussé à y aller. Moi, je cherchais à progresser pour la saison U15. On a fait une vidéo pour les écoles américaines. Directement, j’ai reçu des offres pour y aller. Au début (pendant l’été) j’ai refusé mais il a réussi à me convaincre (courant septembre). Je suis un peu parti sur un coup de tête… Il y avait toujours un soucis avec mes notes, donc j’ai décidé d’aller aux Etats-Unis après le premier match U15 avec Charenton. »

Cette connaissance, c’est Mohamed. Gardien de gymnase pour la ville de Paris et ancien basketteur bien connu sur les playgrounds parisiens et dans les divisions régionales, il l’a lancé dans ce projet, lui qui possède un savoir-faire pour permettre à de jeunes prospects français vivre leur « rêve américain ». Par le passé, il a également envoyé aux Etats-Unis Sylvain Francisco, aujourd’hui meneur du Paris Basketball (Pro B), le Congolais Karim Ezzedine, intérieur de New Mexico en NCAA, et Andre Toure, jeune international russe ayant grandi à Paris désormais joueur d’Howard en NCAA.

« J’ai 39 ans, je suis de la génération playground,  »Dream Team », explique-t-il. J’ai souvent voyagé aux Etats-Unis à partir des années 2000, pour visiter des amis, faire des camps, pour les vacances. Ces différentes expériences m’ont familiarisé avec le système américain, cela m’a permis d’aider des joueurs dans les démarches pour partir aux Etats-Unis. J’ai connu Moussa par l’intérmédiaire d’un jeune que j’entraînais et que j’ai fait partir en Floride aussi. »

Sur les traces de Ben Simmons et Haukur Palsson

Mais partir aux Etats-Unis à 14 ans alors que la rentrée scolaire vient de s’effectuer n’est pas chose aisée. « Les lycées ne voulaient plus me prendre pendant 2 mois, raconte Moussa. Sauf une grande école, Montverde, dans le programme Middle School. C’était le dernier délai avant qu’ils ne puissent plus m’accepter. » Si bien que la veille de se rendre avec la sélection d’Île-de-France au Camp Inter Zones (CIZ) 2016 à Temple-sur-Lot, avant la Toussaint, ses coachs ont appris qu’il ne viendrait pas. Et pour cause, il venait de s’envoler pour les Etats-Unis, afin d’intégrer le célèbre programme de Montverde où sont notamment passés les stars des Sixers de Philadelphie (NBA) Joel Embiid, Ben Simmons, la future vedette canadienne R.J. Barrett (Duke, NCAA) ou encore… Haukur Palsson, l’ailier shooteur de Nanterre (Jeep ELITE).

Xavier Avisse se souvient de ce départ précipité. Il l’avait bien senti venir, alerté par ses collègues coachs, et a tenté de convaincre la mère de le laisser en France « jusqu’au bac » afin de réaliser un parcours scolaire minimum en cas d’échec sportif outre-Atlantique. Il a tenté, sans y parvenir, de rencontrer Mohamed. Il a également passé une matinée avec Moussa et sa mère pour rencontrer des recruteurs américains, qui ne sont pas présentés selon ses dires. Mais finalement, après un match U15 contre le Paris-Levallois, Moussa Diabaté a quitté le club, sans donner de nouvelles directes. « Je n’arrivais plus à avoir la mère. Une personne de la famille m’a simplement appelé d’Allemagne pour dire de ne pas m’inquiéter, sans donner de précisions. Trois mois plus tard, on a trouvé une vidéo de Moussa sur Youtube », se souvient Xavier Avisse. « Au moins on savait qu’il était en vie ».

Une intégration forcée pour une adaptation réussie

Car Moussa Diabaté n’a pas disparu et a bien suivi son objectif : intégrer un programme mêlant le basketball aux études secondaires. Même si les débuts n’ont pas été évidents, bien entendu.

« Je venais d’entrer au 3e. Je ne parlais pas anglais donc ça a été compliqué… Je ne comprenais vraiment pas l’anglais, c’était très dur. C’était vraiment difficile de jouer au basket. J’ai du vraiment étudier par moi même. Côté basket, c’était vraiment difficile. C’était vraiment plus rapide. Je n’arrivais pas à suivre au début. »

Mais qualifié « d’autonome et très travailleur », Moussa s’en est sorti loin des siens, dans un environnement qui ne laisse que peu de place au doute et ne fait pas de cadeau. Et, un an plus tard, il s’était déjà fait un nom nationalement. Car le jeune homme s’est adapté au basket très intense pratiqué sur place. Son été passé en AAU lui ont permis de se faire remarquer et d’intégrer une plus petite école, à taille humaine.

« Plusieurs écoles (lycées ou prep-school) m’ont sollicité quand j’ai joué sur le circuit Adidas en AAU. J’ai eu le déclic et j’ai reçu beaucoup d’offres. C’est là que j’ai fait mon nom. Notre coach avait coaché Ben Simmons, Devin Booker, je jouais avec Nassir Little (ailier de North Carolina). »

Une vraie envie de briller en équipe de France

Après son année de « 8th grade » (4e) à Montverde, il a confiré en « freshman » (première année de lycée, qui correspond à la 3e français) ) Florida Prep, profitant de « plus de libertés » dans une plus petite école. Et les offres de bourses universitaires ont commencé à affluer : Miami, Memphis, Georgia Tech, Virginia Tech, UNLV, Tulane, Oklahoma, Creighton, Auburn… En avril 2018, il a été revu en France, pour un stage avec l’équipe de France U16 puis le tournoi de Bellegarde, dans l’Ain. Durant l’été, il a d’ailleurs priviligié les Bleus à un été complet passé en AAU.

« Je trouve que c’était vraiment cool, j’ai appris beaucoup de choses pendant cet été. C’était une petite vengeance pour moi. Je suis une personne en dehors du système français, j’ai connu un sentiment de rejet en étant refusé par le CREPS parce que je n’avais pas ci ou cela. Que l’équipe de France vienne m’inviter, j’étais vraiment content. Les joueurs étaient bons, sympas. Il fallait que je m’adapte au jeu français, qui est plus posé. Le jeu américain est lui basé sur la rapidité, la contre-attaque. »

Très positif dans son discours, il dit avoir beaucoup appris au cours de cette première expérience internationale.

« C’était une longue préparation, difficile. J’aimais bien le coaching de Bernard Faure. Il m’a donné beaucoup de responsabilités. Savoir qu’il avait gagné le Championnat d’Europe, de voir ce qu’il avait accompli, ça m’a aidé à croire en lui. Je suis vraiment content d’être venu en équipe de France. En venant, dans ma tête, je voulais montrer à tout le monde ce que je pouvais faire. J’ai pu me comparer par rapport aux meilleurs joueurs européens de mon âge. J’ai pu voir mes adversaires. »

Malheureusement, après un bon tournoi, les U16 français sont tombés contre la Croatie en demi-finale avant de s’écrouler dans la petite finale face à la Turquie. En 26 minutes, Diabaté a tourné à 11,1 points à 42,9% de réussite aux tirs, 10,3 rebonds et 0,6 contre en 26 minutes sur le championnat d’Europe.

« La Croatie avait des joueurs plus expérimentés, un cinq majeur qui avait joué en U18. Ils étaient plus en avance, ils se connaissaient déjà. Nous, on avait une équipe plutôt jeune. Notre job était pas mal, alors qu’on a perdu en préparation. »

A titre individuel, il aurait pu faire mieux selon lui.

« (Sur les premiers matchs) Je shootais peu (loin du cercle), donc les équipes rentraient dans la raquette ensuite. Sur la demi-finale contre la Croatie, ils ont montré ma faiblesse. Ils l’ont exposé. Ça a été ma faute. Si j’avais été confiant et que j’avais pris ses tirs plus tôt dans le tournoi, on aurait eu plus d’espace. Je ne suis pas très gros (costaud), les Turcs me dominaient physiquement, il fallait que je mette dedans à l’extérieur. »

Un profil à la Giannis Antetokounmpo, le modèle du basketteur ultime actuel

Une bonne leçon pour lui qui joue poste 3 pour la première fois de son parcours cette saison avec la prep school de DME, un nouveau programme privé réputé en Floride. Motivé à l’idée de progresser et jouer en équipe de France, il espère intégrer le groupe France U18 – au moins pour les stages – avec un an d’avance pour l’Euro 2018, en compagnie de la déjà fameuse « génération 2001 ». « S’ils m’invitent, je vais venir, j’ai envie d’avoir le niveau U18, rencontrer de nouveaux joueurs », avoue-t-il, sans prétention mais enthousiaste quant à cette idée.

Car Moussa Diabaté est ambitieux mais pas pour ce n’est pas pour autant qu’il se projette trop vite. Qualifié de « très franc, dans le bon sens du terme » lors de ses années à Charenton par Xavier Avisse, il semble ne pas avoir changé malgré ce parcours réussi et les projections à son sujet. Quand on lui demande si son objectif est de jouer en NBA, lui dit ne pas en être encore là. « Pour l’instant, je veux juste être le meilleur possible. » Tout en reconnaissant avoir « envie de jouer contre les meilleurs. » Quant au fait qu’il soit considéré parmi les 10 plus gros potentiels de la « class 2021 » aux Etats-Unis parmi 150 000 joueurs environ (sur la génération), il préfère ne pas y penser.

« Au début c’est gratifiant, mais je suis encore loin d’être arrivé. Il y a tellement de joueurs qui ont été meilleurs que moi mais qui n’ont pas réussi… Je préfère dire que ce n’est rien. Je ne prends pas ça comme source de pouvoir. »

Surtout que le jeune homme n’est pas un assidu des réseaux sociaux où son nom est régulièrement mentionné. Il possède bien un compte Instagram et un compte Twitter, mais ceux-ci sont gérés par Mohamed, son mentor et coach individuel – via la structure . « Ça prend trop de temps, je préfère le passer à faire quelque chose. »

Avec DME, il voyage à travers les Etats-Unis, participe à des tournois nationaux de prestige et s’entraîne, encore et encore. Sa croissance terminée ou presque (il a été mesuré à 2,08 m en décembre), il a désormais trois séances de musculation par semaine pour « prendre de la masse » et deux entraînements quotidiens, à 6h du matin puis après les cours, à 15h30.

Un garçon très positif, sur et en dehors du terrain

Capable de défendre sur tous les postes ou presque, très fort au rebond, il doit s’améliorer sur le tir et la conduite du ballon pour se rapprocher du profil d’un Giannis Antetokounmpo (le poste 4/3 des Milwaukee Bucks, 4/3). S’il progresse vite, il tentera de se « reclassifier » et intégrer la « class 2020 » pour jouer en NCAA dès la saison 2020/21. Mais il n’est pas pressé. « Je me pose la question. Ca dépendra de mon niveau. Si je vois que je suis trop dominant avec les 2021, je pense que je vais reclassifier. Sinon non, je continuerai comme ça. »

Quant à son départ décrié aux Etats-Unis qui a nuit à sa réputation en France, avec en plus des rumeurs de transactions financières – démenties par son clan – devenues classiques dans les processus de rerutement étasuniens, cela ne semble l’affecter en rien, ou lui faire changer de chemin. Xavier Avisse a de nouveau pu échanger avec lui par message, sans qu’il n’ait décelé de changement chez son ancien joueur qu’il trouvait « très positif » à l’époque, avec un état d’esprit « irréprochable ». « Il est repassé à l’entraînement des U13 de Charonne, a revu le Philippe », se réjouit-il même s’il reste prudent quant à son avenir. « Je n’ai aucune animosité. Si eux pensent que le mieux c’est de passer par les Etats-Unis, pas de problème. S’il ne se blesse pas, ça peut fonctionner. Maintenant, il parle anglais. C’est tant mieux. Mais le parcours est encore long. C’est toujours dans l’adversité que l’on verra. »

Jusqu’ici, Moussa Diabaté a passé les étapes unes à unes, des deux côtés de l’Atlantique, malgré les nombreux obstacles. Si son entourage est moins conventionnel que celui des gros prospects français, souvent liés à des familles de basketteurs de haut-niveau, qu’il est sorti du cadre fédéral avant d’y revenir quelque peu via l’équipe de France, il s’en sort avec une adaptation remarquable jusqu’ici et toujours cet esprit positif remarqué par tous ceux qui l’ont croisé. Tant que le jeune homme appliquera son discours rafraîchissant, qu’il continuera à travailler, il aura tout pour réussir. A cœur vaillant, rien d’impossible.

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