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[Rétro] Jérôme Schmitt, la surprise du siècle

Et dire que cette formidable aventure aurait pu ne jamais avoir lieu à cause d’une banale histoire de papiers d’identité. Nous sommes alors en juin 2005, le jeune Jérôme Schmitt (23 ans, 2,05 m) sort d’une première vraie saison correcte en Pro A avec un petit club du championnat, la JL Bourg, et est déjà tout étonné d’être sélectionné pour la tournée de l’équipe de France A’  aux États-Unis après un stage réussi à Nanterre. Mais 48 heures avant de traverser l’Atlantique, l’intendant vérifie son passeport et lui annonce la mauvaise nouvelle : celui-ci n’est pas bon, pas biométrique. « Le staff des A’ m’avait mis la pression, ils m’ont dit que c’était moi ou un autre mais qu’il fallait se décider vite. » Alors Jérôme Schmitt sort sa botte secrète et appelle celui qui fut l’homme à tout faire de la JL Bourg : Jean-Luc Tissot. Le lendemain, il saute dans le premier train pour Bourg-en-Bresse, signe quelques documents officiels à la préfecture de l’Ain et repart à Paris avec son précieux sésame en poche. « Je ne sais pas trop qui a œuvré : Jean-Luc, le club, le maire… Mais vous imaginez, j’ai pu avoir un nouveau passeport en 24 heures ! Et au final, ça change tout le cours de l’histoire. »

Du judo au banc de la JL Bourg

Et quelle histoire ce fut ! Celle d’un pivot rookie remplaçant en Pro A, sans aucun passé international, sélectionné pour l’EuroBasket 2005 et artisan du premier podium continental du basket français depuis 1959 ! Et outre le passeport, il y aurait eu plein de raisons pour que Jérôme Schmitt n’inscrive pas son nom dans la grande histoire des Bleus. Au commencement d’abord puisque l’Alsacien de naissance a démarré par sérieusement pratiquer le judo, jusqu’en sport-études. « Je faisais juste du basket à côté pour faire comme mes frères que je voyais jouer », raconte-t-il. « Devenir basketteur n’était pas un rêve de gamin, je n’avais aucune ambition d’en faire mon métier. » Ce n’est que lorsque la SIG l’appelle pour effectuer un essai à l’âge de 15 ans que la machine se met en route : l’ex-ceinture marron intègrera le centre de formation, sera élu MVP du championnat Espoirs 2001, parviendra en finale du Trophée du Futur 2002 puis signera son premier contrat professionnel avec Strasbourg. Sans pour autant avoir réussi à y percer chez les pros. À l’orée de la saison 2003/04, il sera obligé de s’exiler à Brest, en Pro B, afin de véritablement faire décoller sa carrière.

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La photo historique… avec un invité surprise
(photo : Bellenger/IS/FFBB)

De son côté, l’équipe de France était loin de posséder le même réservoir de talents qu’actuellement au poste 5 et venait de mener sa campagne de qualifications pour l’EuroBasket 2005 avec Claude Marquis, Sacha Giffa, Thierry Rupert, Vincent Masingue ou Cyril Julian pour tenir la raquette. « Le contexte n’était pas le même qu’aujourd’hui », détaille Claude Bergeaud, le sélectionneur de l’époque (2004/07). « Nous avions essuyé certains refus de joueurs NBA qui n’avaient pas de contrat garanti pour la saison suivante, il y a eu l’opération au cœur de Ronny Turiaf, peu d’intérieurs évoluant en Europe. De fait, il fallait regarder en Pro A les gens qui pourraient correspondre à une complémentarité d’équipe nationale. » Et justement, parmi les connaisseurs de l’élite française, un nom avait agité la fin de saison : celui de Jérôme Schmitt.

Recruté par la JL Bourg après une « super saison humaine » à Brest, le natif d’Ohnenheim avait vécu une grande partie de sa première année burgienne en tant que remplaçant du meilleur contreur de Pro A, Ken Johnson. Une longue période d’adaptation (6,3 points et 3,2 rebonds après 28 journées), qui n’a pas altéré les espoirs que fondaient l’entraîneur Frédéric Sarre en son nouveau protégé. « C’était un jeune joueur en plein développement, relativement performant avec Brest. Il avait une activité assez forte sur le terrain, avec un peu de jeu posté, un petit tir fiable à 4-5 mètres, de la dureté et un engagement assez sympa. Il avait le profil d’un poste 5/4 moderne et tout cela laissait penser qu’il était totalement en mesure d’évoluer en Pro A. Il y a toujours un moment d’adaptation par rapport à un niveau supérieur, à un nouveau club ou nouveau coach. Le gros avantage, c’est que Jérôme était travailleur et avait une force de caractère assez importante qui lui permettait, même dans les moments un peu difficile, de ne jamais renoncer. » Et surtout de saisir sa chance, une rengaine lors de cette fabuleuse année 2005. À l’entame du sprint final, après une sortie anonyme à Villeurbanne (9 minutes lors de la 28e journée, son deuxième plus faible total de la saison), Jérôme Schmitt se voit confier plus de responsabilités. Le déclic survient le 16 avril contre… Strasbourg : 25 minutes de jeu, pour son match référence dans l’élite (14 points à 7/10 et 6 rebonds). Sa fin de saison est d’un tout autre niveau (12,3 points à 65% et 6,1 rebonds pour 15 d’évaluation sur les huit derniers matchs, dont les playoffs). « Je me souviens que j’ai eu beaucoup de temps de jeu sur les derniers matchs et c’est ce qui a tout enclenché pour moi. J’étais toujours frustré de ne jamais trop jouer et je savais que j’arriverais à performer si j’avais des minutes. Or, l’opportunité s’est présentée. »

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La JL Bourg version 2004/05, 11e de Pro A avec 15 victoires en 34 matchs
(photo : JL Bourg)

Sa dynamique n’échappe pas à l’œil avisé de Claude Bergeaud, adepte de la politique de l’homme en forme. Également à la tête de l’équipe de France A’, l’Ariégeois l’emmène donc d’abord avec les réservistes, un grand rassemblement de 22 joueurs de Pro A censé délivrer trois tickets pour la campagne de préparation des Bleus. Où Jérôme Schmitt ne s’attire pas d’emblée les faveurs des pronostics.  « Je me souviens très bien qu’après deux ou trois jours d’entraînement, Claude Bergeaud me dit : « Faut que tu te réveilles là ! » Ça m’a un mis un coup. » Salvateur puisque le Bressan fera partie des 14 joueurs emmenés aux États-Unis, à Dallas, Columbus et Flint. Une succession de camps et de matchs amicaux où il ne cesse d’être surpris de sa présence, lui qui s’impose pourtant comme l’un des leaders de cette équipe (10,9 points et 4,8 rebonds en 9 rencontres). « J’étais déjà content d’être avec les A’ », sourit-il a posteriori. « J’étais pessimiste sur mes chances donc je me mettais moins de pression. Il faut savoir que c’est l’été où je devais me fiancer avec ma femme. Tout le temps au téléphone, je lui disais de ne pas s’inquiéter car je serai prochainement de retour à la maison. Tous les quinze jours, je lui disais que c’était bientôt fini ! On a d’abord repoussé les fiançailles puis c’est mon frère qui a fini par me remplacer symboliquement car j’étais parti en équipe de France. »

L’étonnement de Tony Parker :
« Jérôme Schmitt, je ne sais même pas d’où il vient »

L’équipe de France, la vraie cette fois. « Je me souviens parfaitement du moment où Claude Bergeaud m’a annoncé qu’il voulait que je rejoigne le stage », explique-t-il. « Dans l’avion du retour des États-Unis, il nous faisait venir un par un à côté de lui et moi, il me dit de prendre quelques jours de repos avant de venir avec eux. » Déjà un superbe accomplissement pour un joueur venu au basket sur le tard, dont la seule expérience avec les Bleus était une semaine passée à Biarritz en tant que sparring-partner pour un stage de précampagne en 2001 avec six autres joueurs (Laurent Bernard, Éric Micoud, Cyril Julian…..), tout cela parce que Christophe Vitoux était à la fois l’entraîneur de la SIG et l’adjoint d’Alain Weisz en sélection. On ne s’improvise pas joueur international d’un claquement de doigt alors Frédéric Sarre s’est attelé à préparer son poulain avant qu’il ne prenne la direction de L’Alpe d’Huez. « Avec le staff technique de la JL, on lui avait fait quelques séances afin qu’il soit prêt pour le début de la campagne », se remémore le champion de France 2003. « Je lui avais dit : « Écoute, tu es appelé pour le stage, je ne sais pas ce que ça va donner mais étant donné que tu n’auras pas le plus gros CV du groupe, il faudra que tu démontres tout de suite que tu es apte à apporter quelque chose à cette équipe. Je ne pense pas qu’on va t’attendre sur du scoring ou de la prise de responsabilité. Mais on va t’attendre sur l’engagement, il faut que tu sois prêt à tenir ce rôle-là dans l’équipe nationale afin d’avoir une chance d’intégrer les 12 ». »

Alors, par un beau jour d’août 2005, Jérôme Schmitt a débarqué plein d’allant dans la station de ski iséroise. Il était évidemment considéré comme l’invité surprise du groupe de 18, celui que personne ne connaissait parmi le grand public. Et pas que… « Je me souviens d’une interview de Tony Parker qui dit : « Ils ont trouvé un nouveau joueur Jérôme Schmitt, je ne sais même pas d’où il vient » », rigole-t-il. C’est la plongée dans un nouveau monde, celui des très grands, où le Haut-Rhinois ne se sent pas forcément à sa place au début, où il se demande juste s’il aura le niveau. « Ce stage à l’Alpe d’Huez, c’était une vraie découverte. Tous les joueurs font ça depuis qu’ils sont gamins mais pas moi. Ils m’ont bien accueilli et j’ai de très bons souvenirs de ces premiers jours. On restait longtemps à table le soir et on se racontait nos vies. Je me rappelle particulièrement d’une conversation où tout le monde parlait de sa voiture : vous imaginez bien ce qu’ils pouvaient conduire alors que moi, je roulais en Clio à Bourg-en-Bresse. » Le cousin de Lauriane Dolt pense alors vivre des moments rares, privilégiés. Il veut avant tout emmagasiner un maximum de souvenirs et d’expérience de sa formidable saga estivale afin de revenir grandi à la JL Bourg pour le début de la présaison. « Je suis réaliste, je ne me fais pas d’illusions », avoue-t-il à L’Équipe le 11 août. Un manque d’ambition ? Peut-être un peu. « J’ai débarqué sans prétention, un peu comme un sparring-partner », raconte-t-il quatorze ans après. « Mais le staff m’a vite fait comprendre qu’il fallait que je change d’état d’esprit car je n’étais pas là que pour ça, qu’il fallait que je m’investisse à fond. Dans un article, Claude Bergeaud avait dit « Il faut qu’il arrête de regarder là où il est et qu’il s’y mette ». Ça m’avait remis en question. »

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Les 12 A’ aux USA : Darrigand, Brun, Schmitt, Bardet, Dubiez, Zianveni, Koffi, Soliman, Essart, D’Almeida, Diarra, Schmitt. Seuls les deux derniers seront invités à L’Alpe d’Huez
(photo : FIBA)

Jérôme Schmitt comprend réellement qu’il a une carte à jouer après sa première sélection le 16 août. Un match insignifiant – disputé sans hymnes nationales devant 500 spectateurs contre la Belgique à L’Alpe d’Huez – que tout le monde a oublié, même lui. « Ce n’est pas ce qui m’a le plus marqué », en convient-il. Pourtant, après s’être vu remettre son premier maillot par Jean Galle, le rookie tient tête (5 points à 2/4 et 9 rebonds en 18 minutes) au futur double champion NBA, Didier Mbenga, pendant que Claude Marquis se rate (2 points à 1/6 en 13 minutes). Après la rencontre, le sélectionneur Claude Bergeaud annonce publiquement que les deux hommes sont désormais en concurrence frontale pour un billet à l’EuroBasket, ce qui était encore totalement inenvisageable quelques semaines auparavant. « Je voulais voir Jérôme et Claude face à une forte opposition à l’intérieur. Et Jérôme m’a séduit. Il est là où il faut, il met deux tirs à l’écart du cercle, il prend 9 rebonds. Voilà qui me fait poser des questions, sachant que ces deux joueurs sont en concurrence pour un poste. Aujourd’hui, après ce match, ils ont pour moi 50% chacun de chances de jouer l’Euro. »

Marquis ou Schmitt :
Deux hommes pour une seule place

Jérôme Schmitt ou Claude Marquis pour Belgrade, ce sera l’un des feuilletons de cet été là en Bleu. Passé tout proche d’être élu MVP Français de Pro A, précieux lors des qualifications en 2004 avec notamment une pointe à 17 points en Slovénie, le Guyanais aurait dû être le pivot de référence pour la campagne serbe. L’ancien Brestois en avait d’ailleurs pleinement conscience. « Ne pas faire l’EuroBasket avait été un échec pour lui alors que ça aurait été plus évident pour moi. S’il avait été sélectionné, j’aurais été moins énervé sportivement qu’il n’a pu l’être. » Simplement, l’intérieur de Cholet Basket n’a jamais trouvé son rythme au cours de la préparation, peut-être un peu tendu par l’émergence de cette concurrence inattendue. « Cela s’est durci lorsque j’ai compris dans la presse et le discours du coach que j’étais en concurrence avec Claude Marquis et qu’il y avait une possibilité d’aller à l’Euro », confirme Jérôme Schmitt. « C’est resté très cordial entre nous mais forcément, quand tu lis dans les médias que c’est l’un ou l’autre, tu sens la concurrence et la tension. C’était un joueur plus confirmé que moi, un autre statut, mais je suis pugnace. Je me battais aux entraînements, aux matchs. Et peut-être que je correspondais plus au rôle qui nous était dévolu. L’équipe avait besoin d’un 11e ou 12e homme qui donnait tout lors de ses 5 minutes sur le terrain. »

En réalité, ce 50/50 penche très rapidement en faveur de Jérôme Schmitt au fil des matchs amicaux. Pendant que Claude Marquis s’enlise dans le doute (2 points et 1,7 rebond en 10 minutes), tout le monde ne cesse d’avoir de bons mots pour l’Alsacien : « La révélation, c’est lui. Tout ce qu’il fait, il le fait bien  » (Claude Bergeaud ; L’Équipe) ; « Il m’a étonné. Je connaissais sa combativité, il a ajouté un culot en attaque et de la justesse dans le jeu » (Vincent Masingue ; Le Progrès) ; « Franchement, il m’impressionne. Avant qu’il arrive, je ne le connaissais même pas de nom, je ne savais pas à quoi il ressemblait. Il n’a jamais joué avec nous, ne connait personne, même pas les adversaires, et il fait son taf » (Tony Parker ; Ouest France). Si l’équipe de France enchaîne les prestations inquiétantes à l’étranger (deux défaites contre l’Espagne à Alicante, un zéro pointé lors du tournoi d’Istanbul avec trois revers face à la Turquie, la Russie et la Serbie), l’intérieur burgien représente l’éclaircie de cette fin d’été (4,8 points et 4,3 rebonds pour 7,2 d’évaluation). « En fait, avec de tels coéquipiers, ton niveau de jeu s’élève naturellement », relativise-t-il. « Je sentais l’appui des autres : je me rappelle que Boris Diaw, Antoine Rigaudeau et Tony Parker venaient me donner des conseils et me dire ce qui allait ou pas après les matchs. Avec eux, tout est beaucoup plus juste et plus carré. D’autant plus pour moi qui était un peu un renard de la raquette et qui arrivait à me placer là où il le fallait, je remarquais que le ballon arrivait un peu tout seul. » Séduit par son profil, Claude Bergeaud lui accorde une quinzaine de minutes de moyenne par match. « Sa rentabilité m’avait marqué », confie le manager de Boulazac. « Il allait gratter les rebonds offensifs, il avait un très haut pourcentage de réussite aux tirs car il ne forçait pas. » En clair, Jérôme Schmitt montre exactement ce que le staff avait envie de voir. Conscient que son salut passera par l’intensité, il tente de marquer les esprits par ce biais-là. « Je rentrais toujours à 200% », souligne-t-il. « J’étais un role player, on n’allait pas me donner la balle pour marquer. Il fallait que je défende, fasse des bons écrans pour aider mes coéquipiers et faire bonne usage de la balle. Je respectais ce que l’on me disait de faire, c’est peut-être ce qui a fait ma force. »

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C’est grâce à son engagement que Jérôme Schmitt a su se frayer un chemin jusqu’à la liste des 12
(photo : FIBA)

Et ce qui devait arriver arriva : après la blessure de Vincent Masingue et le retour surprise de Frédéric Weis, Claude Marquis fut écarté de la sélection finale au profit de Jérôme Schmitt. « La polyvalence de Jérôme a prévalu », justifie Claude Bergeaud. « Il pouvait jouer 4 et 5, contrairement à Claude n’était que 5. C’était aussi un garçon très opportuniste dans le jeu, toujours dans la course et capable de créer des surnombres. Dans un rôle de quatrième intérieur, c’est ce qui nous allait le mieux. Il faisait preuve de beaucoup de sacrifice et de dévouement pour l’équipe. » Le conte de fées continue pour l’ancien mini-poussin du SSC Ohneinheim qui peine malgré tout à réaliser l’incroyable accomplissement qu’il vivait à l’époque. « En retraçant le fil de l’histoire, je me rends compte que je ne saisissais pas la portée de tout ce qui était en train d’arriver », remarque-t-il plus d’une décennie plus tard, attablé dans une brasserie du centre-ville de Montpellier. « J’étais pris dans la machine. C’est un peu nul de dire ça mais limite, ça m’aurait suffi si on m’avait dit « bon ben merci pour tout Jérôme, t’as fait ce qu’il fallait mais tu peux rentrer chez toi maintenant ». » Débarassé de ces « semaines d’incertitude », il vit la fin de la préparation comme dans un rêve avec une place dans le cinq de départ de l’équipe de France contre la Turquie dans le temple de Beaublanc puis 14 points en 15 minutes à Milan face à l’Italie.

Au Pionir, le début des choses sérieuses  :
« J’étais même limite étonné de jouer encore »

Quatorze ans après, du premier tour de l’EuroBasket 2005, le basket français n’a pas conservé beaucoup d’images en tête. Et pour cause… « Ce n’était pas la fête », synthétise Jérôme Schmitt. « Les anciens tenaient un peu la baraque. C’était une année de transition entre la génération Sydney, sur la fin, et la génération Parker, avec beaucoup d’ambitions. Ce n’est pas qu’il y avait des tensions mais tu sentais qu’il y avait des différences de génération ». Une victoire contre la Bosnie-Herzégovine (79-62) en guise de cache-misère, intercalée entre deux claques administrées par la Grèce (50-64) et la Slovénie (58-68). Paradoxalement, les Bleus souffraient du second titre NBA de Tony Parker. « Il est arrivé crâmé après les playoffs et on l’a payé », relate Claude Bergeaud. L’ex-meneur des Spurs a connu les pires soirées de sa carrière dans le mythique Pionir avec un niveau de jeu abyssal : 1/10 contre la Bosnie et pire encore, 1/12 le lendemain face à des Slovènes qui n’en demandaient pas tant. Surtout que ce soir-là, Boris Diaw – par ailleurs exceptionnel lors de cet EuroBasket – se fendait d’un affreux 0/11 sur la ligne de réparation. Bref, du jamais-vu. Et jamais revu.

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Devant Dimos Dikoudis, le seul tir tenté par Schmitt lors du premier tour. Raté.
(photo : FIBA)

Logiquement, avec le début des choses sérieuses, le Bressan voit son temps de jeu diminuer. De ses quinze minutes habituelles lors des matchs amicaux, il passe à 6, 4 et 0 dès l’entame du premier tour (pour seulement 2 points face à la Bosnie-Herzégovine). « Mais j’étais même limite étonné de jouer encore », nuance-t-il. Troisième pivot des Bleus, Schmitt engrange toutefois une inestimable dose d’expérience au contact de deux big men référencés : Cyril Julian et Frédéric Weis. « Chacun savait ce qu’il avait à faire donc cela se passait super bien entre nous. Humainement, ce sont des mecs géniaux qui jouent pour l’équipe. Avec Antoine Rigaudeau, ils ont réussi à faire que chacun n’ait pas envie de tirer la couverture à lui. Ils n’avaient plus rien à jouer individuellement mais qu’une envie : repartir avec une médaille. Qu’ils marquent 2 ou 20 points, ce n’était pas l’important pour eux. »

Des bruits de singe avant l’exploit contre la Serbie

Sauf que ce bonheur menaçait de n’être qu’éphémère : après ce premier tour raté, l’équipe de France est envoyée à l’échafaud, appelée à défier la terrible Serbie-Monténégro, championne du monde en titre, devant son public. L’échafaud, ou plutôt une mission commando loin de l’agitation belgradoise, à Novi Sad. « Forcément qu’on était convaincu que c’était possible », soutient Jérôme Schmitt. « On essayait d’oublier chaque match et de toujours penser au prochain. Même si c’était en Serbie contre la Serbie, il ne fallait pas qu’on perde à ce moment-là. Nous étions prêts à le faire. » À cet instant, ils étaient bien les seuls à y croire. Mais l’un des plus beaux exploits de l’histoire du basket tricolore trouve également peut-être bien sa genèse dans la stupidité de certains autochtones. « Quand on entre sur le terrain pour s’échauffer, je suis avec les frères Piétrus et on entend des bruits de singe qui tombent des tribunes », révèle Jérôme Schmitt. « Flo Piétrus, ça l’a tué. Je ne sais pas s’il s’en rappelle mais ça les a surexcités. Je me souviens qu’ils étaient survoltés à la mi-temps alors qu’on était à -9. Flo criait : « Tout le monde se réveille ! On ne peut pas perdre ici, c’est hors de question ! » » Avec cinq points dans les 30 premières secondes de la deuxième mi-temps, entamée à 35-44, Antoine Rigaudeau relance les débats dès le retour des vestiaires. L’histoire est en marche. Malgré le soutien d’une « salle en folie », les hommes de Zeljko Obradovic se cassent les dents sur la défense de zone concoctée par Claude Bergeaud dans le dernier quart-temps. L’exploit (victoire 74-71) porte la patte du technicien occitan qui a su convaincre Tony Parker de sortir du banc afin de retrouver du piquant. « Il a été monstrueux sur la fin de compétition dans son rôle de 6e homme », savoure-t-il. Auteur de 2 points à 1/2 et 2 rebonds en 4 minutes contre la Serbie-Monténégro, Jérôme Schmitt acquiesce. « Cela a libéré l’équipe. Tony est entré dans un autre rôle et cela convenait peut-être finalement à tout le monde. Ça s’est débloqué, tout est parti à partir de ce moment-là. »

« Il reste 7 points et 43 secondes… » :
la tragédie grecque

Après avoir terrassé les champions du monde dans leur antre, plus rien ne semble pouvoir arrêter les Bleus. Pas même les champions d’Europe. Le quart de finale contre la Lituanie s’avère être une formalité (63-47). Étouffant les Baltes (seulement 16 points inscrits à la mi-temps), les coéquipiers de Jérôme Schmitt (1 rebond en 5 minutes) se qualifient pour le Mondial 2006, et mettent un terme à vingt ans d’absence de l’équipe de France à ce niveau. « On était sur notre nuage après la Serbie et ça a tenu contre les Lituaniens », résume le rookie de l’époque. Et pas même les Grecs, éternelle bête noire des tricolores ? On y a cru pendant 39 minutes et 13 secondes (62-55). « Que reste-t-il de ce match là ? », soupire Jérôme Schmitt, qui s’est vu accorder son plus gros temps de jeu de la compétition ce soir-là (9 minutes pour 2 points à 1/2, 3 rebonds et 3 fautes). « Il reste 7 points et 43 secondes… » Le scénario, dramatique, est connu : trois lancers-francs offerts à Nikos Zisis par Mickaël Gelabale, quatre points égarés par Tony Parker et – le pourtant si sûr – Antoine Rigaudeau sur la ligne de réparation, une remise en jeu expédiée directement en touche par TP et le coup de poignard de Dimitris Diamantidis (66-67). Une tragédie grecque, une vraie. « On était sur le banc avec Sacha Giffa et Mamoutou Diarra », grimace Schmitt. « Tu sais que tu ne vas plus jouer du match mais à une minute de la fin et +7, tu te répètes que c’est bon, ça va le faire. Le discours changeait au fil des secondes, c’était catastrophique. » Quatorze ans après, il n’y a toujours pas d’explication rationnelle à cet effondrement traumatisant. « C’est une succession de petits détails dans la dernière minute mais ça fait beaucoup. Peut-être que le syndrôme français a joué, celui de toujours se dégonfler au pire moment. Je ne sais pas si c’est un mal français mais tu remarques souvent, pas plus tard que cet été à la Coupe du Monde, que l’on fait des bons trucs et puis plus rien derrière. La fin, c’est un coup de massue. Après personnellement, si on m’avait dit avant que j’allais perdre une demi-finale de championnat d’Europe, j’aurais signé dès le début. Mais bon, c’était l’opportunité d’aller en finale contre une Allemagne qui était prenable. Tu sais que tu laisses filer la médaille d’or. Je ne sais pas si l’on aurait vraiment été champion d’Europe mais ça aurait été autre chose. »

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Schmitt livre un beau combat face à Lazaros Papadopoulos (n°14) et aux intérieurs grecs. En vain…
(photo : FIBA)

La médaille de bronze, plus qu’une simple consolation : 
« Avec une demi-bouteille de Ricard, on peut faire un bel apéro »

Heureusement, contrairement à Stockholm 2003, les Bleus parviendront à se relever de cet échec afin de mater l’Espagne lors de la petite finale. Avec du recul, l’écart contre les Navarro, Calderon, Fernandez, Reyes & Co apparaît invraisemblable : +30, 98-68 ! « Nous avons réussi à se remobiliser alors qu’eux se sont effondrés totalement », apprécie Jérôme Schmitt, auteur de 2 rebonds, 2 interceptions et 1 passe décisive en 4 minutes contre la Roja. « Certains gars ont dit dans le vestiaire qu’il était hors de question de refaire la même chose qu’en 2003, ça a contribué à ce résultat. » Pour finalement un moment historique de l’équipe de France, la première médaille européenne depuis le bronze de 1959. Même si… « La demi-finale contre la Grèce reste le moment le plus marquant », affirme l’enfant de la SIG. « J’ai l’impression que c’est que l’on retient en priorité de 2005. Il y a toujours le regret de ne pas avoir fait mieux et un sentiment d’inachevé mais la médaille a été fêtée comme il se doit quand même. » On laissera à Claude Bergeaud le sens de la formule afin de contredire son ancien protégé. « 2005, une bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ? Eh bien, avec une demi-bouteille de Ricard, on peut faire un bel apéro non ? Je crois que cette médaille fut le début de quelque chose, d’une ère où on a créé un esprit d’équipe, des règles de vie encore en vigueur. Bien sûr, on peut tout imaginer mais c’était déjà bien : si on nous avait dit avant la compétition que l’on allait remporter la médaille de bronze, personne ne l’aurait cru. »

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32 minutes de jeu pour Schmitt sur tout l’Euro : plus que Fauthoux (6), Diarra (19) et Giffa (27)
(photo : FIBA)

Au final, Jérôme Schmitt en équipe de France, c’est 16 sélections, 49 points et, surtout, une breloque. Évidemment, ses statistiques sur la compétition sont négligeables (1 point à 25% et 1,3 rebond pour 1,7 d’évaluation en 5 minutes de moyenne sur 6 matchs), mais l’Alsacien a produit ce que l’on attendait de lui. « Il a complètement répondu à mes attentes », confirme Claude Bergeaud. « Je n’attendais pas de lui qu’il fasse des stats. Son rôle était de ne pas enrayer la mécanique en mangeant du ballon. Au contraire, je voulais qu’il se mette dans les rouages de l’équipe pour que les cadres de la hiérarchie haute puissent s’exprimer. » En clair, faire le travail de l’ombre : poser les bons écrans, se sacrifier, défendre dur, apporter de l’intensité, faire bonne usage du ballon, gratter les quelques rebonds qui traînent… « Je pense avoir rempli mon rôle », ajoute Jérôme Schmitt. « J’étais limite prêt à ne pas jouer mais le coach me répétait de me tenir prêt car il avait besoin de moi. Je savais que je jouais généralement en première mi-temps, entre les deux quart-temps, afin d’aider et de faire souffler les autres. Que je joue 2, 5 ou 0 minute, j’étais là pour eux. Claude Bergeaud m’a donné un rôle défensif et je le faisais bien. D’ailleurs, je crois que c’est pour ça que j’ai joué sur toute la compétition. Même en quart de finale ou en demi-finale, je suis sur le parquet. »

De la vétuste salle Amédée Mercier à l’immense Beogradska Arena, du duo Steeve Essart – Pierric Poupet à l’association Antoine Rigaudeau – Tony Parker, des joutes de la Pro A à l’enjeu d’une demi-finale de championnat d’Europe, de l’anonymat de la JL Bourg à la médiatisation d’un EuroBasket : Jérôme Schmitt a véritablement découvert un autre monde au cours de cette quinzaine serbo-monténégrine. « Tout était différent, à commencer par le niveau. En Pro A, tu pouvais te tromper sur un placement mais le masquer quand même. Là-bas, ça faisait tâche. L’ambiance n’était pas la même aussi, surtout que le public serbe était derrière nous après notre victoire contre eux. Les infrastructures m’ont également marqué. La salle faisait presque 20 000 places ! Mes coéquipiers étaient habitués à cela mais pour moi, c’était un autre univers par rapport au hangar de Bourg où tu sors du terrain et marche sur les spectateurs », plaisante-t-il.

En 4X3 dans le métro parisien

Accueilli comme un héros par le public bressan lors de la première journée du championnat 2005/06 contre le Cholet Basket de… Claude Marquis, Jérôme Schmitt a mis un certain temps avant de redescendre de son nuage. En quelques mois, il a enchaîné la meilleure saison de sa carrière en Pro A (10,7 points à 63% et 6,1 rebonds pour 14 d’évaluation), l’épopée de la JL Bourg jusqu’en finale de la Semaine des As 2006, son mariage (où, cette fois, il était vraiment présent à la cérémonie !), des distinctions en pagaille (médaille de la ville de Bourg-en-Bresse, élu sportif alsacien de l’année devant Thierry Omeyer). Et même le sommet de la médiatisation, ce que pratiquement aucun autre basketteur français n’a connu : la campagne de publicité De Fursac, et ses moyens démesurés. Presque tout Paris a pu se demander qui était ce « Monsieur Tout le Monde », en costume sombre et chemise blanche, à côté de Tony Parker. « On voit les stars du basket français et c’est qui le mec à côté ? », se marre-t-il. « Un jour, un copain qui habite Paris m’appelle et me dit : « Je suis dans ma voiture et il y a un bus devant moi avec ta photo devant. » Je lui dis « Mais qu’est ce que tu me racontes ? ». C’est là que je me rends compte qu’il y a eu une bonne diffusion. » C’est le moins que l’on puisse dire : avec également Antoine Rigaudeau et Boris Diaw, les affiches De Fursac se sont déployées sur 4 000 panneaux publicitaires, 2 250 bus, 450 abribus, 500 emplacements dans le métro, un quai entier de la station Opéra, dans la presse nationale (L’Équipe, Le Point, L’Express…), et même au cinéma et à la télévision. « C’était encore une surprise, je ne m’attendais pas du tout à ce que ça ait cette ampleur. Certes, on avait fait un shooting à Beaublanc mais je ne savais pas du tout ce que ça allait donner. Une fois, on était à Paris et je descends dans le métro : tu te vois en 4 mètres sur 3, c’est énorme, impossible de ne pas faire une photo devant ! »


L’une des deux affiches de la campagne De Fursac. Sur l’autre, Diaw remplace Rigaudeau

L’état de grâce se terminera le 29 avril 2006 : à Clermont-Ferrand, Jérôme Schmitt se casse le poignet gauche et ne reviendra pas de la saison. Son aventure en équipe de France ne connaîtra pas de deuxième chapitre puisque, victime d’une concurrence accrue, il n’est pas appelé pour la préparation du Mondial 2006. « Un peu décevant » étant donné qu’il se « préparait à être sélectionné » et, cette fois, n’avait pas pris de vacances en conséquence. Mais pas de quoi ternir la formidable aventure de 2005. La suite sera plus douloureuse : après « un échec collectif et individuel » à Gravelines-Dunkerque (2006/08), l’ancien burgien parvient un temps à se relancer à l’Élan Chalon avant de se retrouver sur le flanc pour une hernie discale. Il tentera de revenir, en vain, pendant deux ans et sera contraint de mettre un terme prématurée à sa carrière en 2011, à l’âge de 29 ans.

Et si jamais l’impensable se produisait en 2020 ?
Olivier Cortale comme équivalence la plus proche

Désormais devenu agent immobilier dans la région de Montpellier, Jérôme Schmitt n’a plus grand chose qui le rattache au basket. Même la médaille n’est pas fièrement exposée chez lui, simplement ressortie du fond d’un carton pour l’occasion de cet entretien. « Cela me fait réaliser qu’il faudrait que je la traite mieux », sourit-il, lui qui a récemment revu le tournoi d’Istanbul sur DVD avec ses enfants. Quatorze ans après, il reste le plus important : les souvenirs enchantés d’un été hors du commun. « Personnellement, c’était inespéré d’avoir réussi à faire partie de ça. Trois mois avant, ça ne me traversait même pas l’esprit. Revenir à Bourg-en-Bresse avec une médaille, c’était énorme ! 2005 est une année exceptionnelle qui a changé ma vie niveau notoriété, basket, confiance en moi… En deux mois, j’ai pris trois ans de basket. J’ai tellement appris là-bas. Ça a été un tremplin et j’aurais peut-être pu faire mieux sans ma blessure après. »

Il restera aussi l’image de ce sourire sur le podium, celui du médaillé le plus improbable de l’équipe de France. Et peut-être bien, tout simplement, du sélectionné le plus surprenant de l’histoire contemporaine des Bleus pour une grande compétition internationale. « Je pense que oui », en rigole-t-il, avant de conclure fièrement. « Du moins, je n’en ai pas vu d’autre depuis et je pense que c’est encore plus compliqué maintenant vu la densité du basket français. Le niveau n’est plus le même. J’ai bénéficié de ça, d’une autre époque, de blessures… Mais j’ai envie de dire qu’il ne faut pas m’enlever mon mérite : celui de m’être battu et d’avoir réussi à y arriver. »

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Des 12 bronzés de 2005, Jérôme Schmitt est le seul à n’avoir connu des sélections qu’en 2005. Mais son palmarès international est aussi beau que la plupart d’entre eux !
(photo : Bellenger/IS/FFBB)

Les temps ont effectivement changé maintenant où un quasi MVP de Jeep ÉLITE comme Paul Lacombe ne foule presque pas le parquet lors de la Coupe du Monde. Ils étaient cinq représentants de Pro A en 2005 : Frédéric Fauthoux, Mamoutou Diarra, Sacha Giffa, Cyril Julian et donc Jérôme Schmitt. Sa sélection était déjà une surprise phénoménale à l’époque, cela paraitrait presque inconcevable de retrouver un équivalent de nos jours. Un Olivier Cortale sélectionné pour les Jeux Olympiques 2020 représenterait d’ailleurs l’analogie la plus pertinente : l’âge, la trajectoire de carrière et les statistiques coïncident plus ou moins. Et même si l’histoire nous a appris à ne jamais dire jamais, cette perspective semble évidemment complètement utopique.

Peut-être d’ailleurs ne faut-il pas considérer cette aventure sous le seul prisme de Jérôme Schmitt mais plutôt à travers le sens d’un message plus global envoyé par Claude Bergeaud. « Des Jérôme Schmitt, nous en avons plein », assène l’ancien sélectionneur. « Sauf qu’il faut leur faire confiance et leur donner leur chance. C’est un garçon qui s’est bâti à la force du poignet en sortant de son Alsace natal. Il n’était pas prévu pour être un joueur de haut niveau mais il l’est devenu car certains lui ont fait confiance. Combien de fois a-t-on hésité à donner leur chance à des jeunes avant de s’apercevoir qu’ils étaient efficaces une fois sur le terrain ? » Dans ce cas-là, il faut plutôt dire : efficace et médaillé. La belle conclusion de la formidable histoire de Jérôme Schmitt. 


Retour en 2019 : l’agent immobilier le plus médaillé de Montpellier
(photo : Alexandre Lacoste)

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