Sasa Obradovic – Frédéric Fauthoux, suite et fin : « Il n’y a pas lieu d’avoir une polémique »

Sasa Obradovic et l’AS Monaco mènent 2-1 contre la JL Bourg
Il y aura bien des choses sur lesquels ils ne seront jamais d’accord. « J’ai revu le match et je l’ai analysé avec mes assistants : je n’ai vraiment pas compris pourquoi les gens se sont plaints », affirmait Sasa Obradovic en début d’après-midi, dans les salons de l’hôtel de l’AS Monaco. Deux heures plus tard, écho opposé dans la bouche de Frédéric Fauthoux. « J’ai regardé attentivement le deuxième quart-temps et il y a eu pas mal d’erreurs d’arbitrage », maintenait le technicien burgien, frustré mais magnanime envers le trio d’officiels du Match 3 (81-85). « Comme il y en aura jeudi, comme je ferai des erreurs de coaching, comme les joueurs feront des erreurs ! Ça fait partie du jeu. »
« Je peux comprendre qu’il ait parlé avec les tripes plutôt que la tête »

Cependant, sur le fond de l’affaire, les deux entraîneurs sont sur la même longueur d’onde. « Il n’y a pas lieu d’avoir une polémique là-dessus », avance Freddy Fauthoux. « Ces choses-là ne devraient pas être le centre de l’attention », reprend Sasa Obradovic. C’est pourtant bien le Monégasque qui a placé l’affaire l’affaire de lui-même sur la place publique en conférence de presse mardi, embrayant tout seul sur le comportement de son homologue en dénonçant des propos « honteux, injustes et irrespectueux ». À savoir la petite phrase glissée à Matthew Strazel sur le chemin des vestiaires à la mi-temps : « Vous payez pour les arbitres aussi ? ».
Dans la matinée, les deux hommes ont échangé par textos interposés. « Fred m’a écrit pour m’expliquer le fond de sa pensée », indique Obradovic. « Il y a une ligne jaune à ne pas franchir. Je peux comprendre les émotions du moment, le fait qu’il ait parlé avec ses tripes plutôt qu’avec sa tête. Il n’y a pas de problème entre nous. » Un apaisement immédiat, grâce à une relation cordiale entre les deux, pourtant née d’un premier… incident en janvier 2020 lors d’un Boulogne-Levallois – Monaco (80-71). Alors que le match était gagné, Frédéric Fauthoux avait pris un temps-mort à 5 secondes de la fin, déclenchant l’ire d’Obradovic qui avait quitté le parquet fou de rage, refusant de serrer la main au staff adverse. « C’est un grand manque de respect, tout le monde sait que cela ne se fait pas ; entre collègues, on ne peut pas accepter ça, c’est une honte », tonnait-il alors dans les colonnes de L’Équipe. Un épisode dont il a lui-même convoqué le souvenir mercredi. « Mais on s’était rapproché ensuite et on s’était mis à communiquer », expliquait-il. « Maintenant, on s’écrit toujours pour se féliciter de nos accomplissements respectifs. »
« C’était juste une réaction de frustration à la mi-temps ! »

D’où l’étonnement de Frédéric Fauthoux, un peu pris de court en conférence de presse mardi face aux critiques de son collègue. « Ça m’a vachement surpris », a-t-il évoqué mercredi, avec plus de recul. « Je ne sais pas comment on lui a relaté la scène mais c’était juste une réaction de frustration à la mi-temps, où je croise deux gars avec qui j’ai une relation d’affection (Matthew Strazel et Élie Okobo) et je balance ça avec humour, comme j’aurais pu balancer n’importe quoi. Je ne vais pas vraiment croire des trucs comme ça. J’ai d’abord été étonné puis ce matin, ça m’a fait sourire. J’espère que la presse, ce n’est pas que ça maintenant… J’ai de très bonnes relations avec Sasa, on a échangé aujourd’hui, il n’y a pas de souci, tout va super bien. On a deux caractères chauds, il a très envie de gagner et moi aussi. Cela ne nous empêchera d’aller boire un coup après la soirée. Sujet plus que clos de mon côté. »
Mais sujet peut-être aussi délibérément placé sur la place publique par Sasa Obradovic comme contre-feu d’une série où l’AS Monaco est embêtée pour la première fois en playoffs depuis juin 2022 ? Après onze victoires d’affilée en phases finales, la Roca Team a perdu son invincibilité samedi puis a été poussée dans ses retranchements mardi. « J’aurais préféré que l’on ne parle que du terrain car on a vu un très grand match de basket », clame Frédéric Fauthoux. « Monaco a mis une vraie intensité d’EuroLeague mais on a répondu présent. » Car la sortie du Serbe ne va surtout qu’attiser les braises d’une salle déjà chauffée à blanc par le dénouement de mardi, accompagnant les acteurs aux vestiaires sous les sons de « Monaco protégé ! » ou « Arbitres corrompus ! » « Le basket n’est pas sujet à ce genre de polémiques et aux crispations dans les gymnases », tempère le Palois, se lançant dans un rapprochement « extrême » avec la bagarre entre supporters de l’Olympique Lyonnais et du Paris Saint-Germain aux abords d’un péage d’autoroute. « Gardons le bon esprit qui règne dans nos salles ! » Mais quelque soit l’hostilité de l’accueil d’Ékinox, on ne s’inquiètera de toute façon pas trop pour une équipe monégasque sortie victorieuse, il y a moins d’un mois, d’un Match 4 brûlant chez le Fenerbahçe Istanbul, partie dans le chaos d’un début d’échauffourée avec le public. Même si la légende locale raconte bien qu’Aymeric Jeanneau avait quitté un jour le hangar de la rue Amédée-Mercier avec une petite gifle d’un spectateur…
À Bourg-en-Bresse,


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