Sélectionnée à l’Euro U18, Inès Zounia veut « marquer l’histoire du basket féminin »

Inès Zounia découvre l’Equipe de France à l’occasion de l’Euro U18, alors qu’elle a vécu deux grosses blessures sur les deux dernières années.
À 18 ans, Ines Zounia (1,77 m, 18 ans) a déjà connu les bas et les hauts d’une carrière. L’arrière a lancé sa première compétition officielle avec l’Équipe de France, qui a parfaitement réussi ses débuts à l’Euro U18 en Espagne face à Israël samedi 5 juillet (78-53).
Pourtant, l’arrière française en partance pour les États-Unis a vécu deux dernières saisons difficiles, marquées par deux graves blessures. Plus forte que jamais, elle évoque ce long parcours pour revenir « dans la course » mais aussi ses ambitions avec les jeunes Bleues à l’Euro, avant de s’envoler pour Grand Canyon.
Comment vous sentez-vous au moment d’aborder la phase de poules de l’Euro ?
Ça va plutôt bien, j’étais super excitée de rentrer dans le vif du sujet. J’avais trop hâte ! On a fait un petit tournoi juste avant l’Euro pour finir de se préparer, avec trois victoires en trois matchs notamment face à l’Espagne ! C’était très serré face aux Espagnoles, qui font partie des meilleures équipes en Europe. On arrive motivé comme jamais, on a bien vu l’évolution depuis le début de notre stage, un mois avant la compétition.
Qu’est-ce qui fait la force de cette équipe de France ?
Déjà, sa cohésion. Ce n’est pas le cas tout le temps, mais toutes les joueuses s’entendent bien sur comment en-dehors des terrains. Dans ce petit groupe, tout le monde est sérieux, travaille beaucoup, et on a trouvé notre identité. Notre force réside surtout dans la défense et la relance rapide.
« Je regardais les copines chaque année à la télé :
c’était à mon tour »
Comment vous sentez-vous en tant que « nouvelle » au sein de ce groupe qui a déjà gagné l’Euro U16 en 2023 ?
Très bien ! Je connais la plupart des filles de par l’INSEP ou bien par le biais des clubs. Cela n’a pas été compliqué de s’intégrer, d’autant plus qu’elles sont toutes très sympas. Elles m’ont vite intégré. Niveau basket, je retrouve mon jeu, sans me prendre la tête. Je joue comme je sais faire, avec mes qualités.
Si on vous avait dit en début de saison dernière que vous seriez sélectionnée en Équipe de France U18, après tous les pépins physiques que vous avez rencontrés ; y auriez-vous cru ?
Sans mentir : oui, j’y aurais cru. J’ai eu deux grosses blessures, mais dès que j’ai repris le basket, l’EDF a été mon objectif ultime. Avoir un but comme celui-ci après la saison passée m’a vraiment aidé cette année. Je m’entraînais pour y arriver. L’Euro était un objectif important pour moi, cela m’a donné encore plus de motivation. Je regardais les copines chaque année à la télé : c’était à mon tour.
« Ces blessures étaient un mal pour un bien finalement »
Est-ce que ces blessures ont changé quelque chose chez vous ?
Avec ces épreuves, j’ai découvert une autre Inès. Une Inès résiliente, sereine, très très patiente. J’ai aussi beaucoup pris en maturité : j’étais déjà une joueuse à responsabilités, leadeuse, mais cela m’a permis de développer mon tir car j’allais un peu moins au contact dans la raquette lorsque j’ai repris. Maintenant je peux sanctionner de près pour de loin. Ces blessures étaient un mal pour un bien finalement.
Étant tenante du titre, on peut imaginer que les ambitions et les attentes de l’Équipe sont élevées. Quels objectifs vous êtes-vous fixées entre joueuses, ou avec le staff ?
Entre nous, on a décidé de prendre les ambitions les unes après les autres, étape par étape, plutôt que d’avoir un énorme but d’entrée. On a fait plusieurs réunions pour déterminer comment atteindre nos objectifs. On s’est d’abord donné l’ambition de gagner tous nos matchs de poule pour accéder aux huitièmes de finale ; puis le dernier carré, la finale, et l’or ! Mais on ne veut pas bousculer les choses, on veut valider chacune de ses étapes qui ne sont pas anodines avant de penser à la suite.
Est-ce que l’expérience de ce groupe est un atout pour garder la tête froide ?
Totalement. Le groupe a l’expérience du chemin à parcourir, alors il y a de la sérénité. On a l’avantage de savoir comment bien se préparer pour chacune des échéances, alors que les matchs vont s’enchaîner et qu’il n’y aura pas le temps de réfléchir.
Quel adversaire pourrait s’avérer être le plus redoutable de l’Euro ?
Avec les années, le niveau s’est extrêmement relevé partout en Europe. De plus en plus de nations peuvent prétendre à la finale mais comme d’habitude, l’adversaire que l’on attend le plus reste l’Espagne, avec qui la France a développé une vraie rivalité dans toutes les catégories (sourire).
Aux États-Unis,« tout est réuni pour réussir
et me permettre d’atteindre mes objectifs »
Après la compétition, vous vous envolerez pour les États-Unis, où vous avez signé dans l’Université de Grand Canyon. Qu’est-ce qui vous a motivé à franchir ce cap ?
Honnêtement, je n’y pensais pas vraiment à ce stade de ma carrière. Je ne connaissais pas vraiment ce milieu, même si les États-Unis trottaient déjà dans un coin de ma tête. J’ai découvert l’opportunité de la NCAAW grâce à mon agent, c’est un projet très intéressant pour avoir du temps de jeu, ce que je cherchais en priorité pour la saison prochaine. En France, je sais qu’il est difficile d’avoir des minutes lorsque l’on est jeune. Et cela peut se comprendre, au vu des enjeux de certains matchs. Les projets que l’on m’y proposait ne me permettaient pas de jouer énormément l’an prochain, alors que j’aurai des responsabilités aux États-Unis tout en suivant un très bon cursus scolaire. Tout est réuni pour réussir et me permettre d’atteindre mes objectifs.
Vous êtes l’une des premières femmes à vous inscrire dans cette vague de départs pour les États-Unis, qui se conjuguent pour le moment au masculin plutôt. Est-ce un phénomène qui va s’accentuer chez les féminines selon vous ?
C’est vrai qu’il n’y a pas eu énormément de Français partis aux USA jusque-là. C’était surtout lié à de la peur, et à l’inconnue totale que cela représentait à mon avis. Moi aussi j’étais dans ce cas-là : ça peut faire peur de partir à l’étranger sans savoir dans quoi on se lance ! Mais les mentalités évoluent, et les jeunes comprennent qu’il y a l’opportunité d’y faire quelque chose, d’avoir du temps de jeu.
Et puis il y a l’aspect financier, car on n’est pas forcément rémunérés en tant que jeune. À titre personnel, cela ne m’a pas du tout influencé dans mon choix. À ce moment-là de notre carrière, cela ne doit pas être ce qui nous anime le plus. Je me concentre sur ce que je veux accomplir, et le basket universitaire est une bonne étape pour continuer à me développer, notamment au dribbling pour devenir encore plus complète. J’ai vraiment hâte d’y être !
L’opportunité américaine vous permet-elle de rehausser vos ambitions ?
Forcément, cela joue inconsciemment. Ça me redonne du baume au cœur car je reviens de deux ans de blessure. Le fait qu’une fac comme Grand Canyon [invaincue en saison régulière l’an dernier, ndlr.] s’intéresse à ton profil te remet dans le process : je ne suis pas hors course pour atteindre mes objectifs.
Justement, quels sont-ils, ces objectifs ?
Mon objectif premier est de jouer en WNBA, puis d’aller en Équipe de France senior. D’une manière globale, je veux marquer l’histoire du basket féminin !






Commentaires