Zoé Wadoux, entre promesses et ambitions

Tout a commencé très jeune, dès ses 4 ans. Avec les garçons tout d’abord, à Boulogne-sur-Mer avant de prendre le chemin de Calais, quand filles et garçons ne pouvaient partager les mêmes parquets. Zoé avait alors 13 ans et le basket venait de prendre une vraie place dans sa vie. Jouer pour le plaisir tout d’abord et rêver pour sa vie future, il devenait un réel objectif pour la jeune joueuse qu’elle était alors. Au Pôle Espoir de Wattignies, intégré avec un an d’avance, Zoé récite déjà ses gammes et étonne de par sa maturité qui la conduise logiquement à effectuer les tests d’entrée pour rejoindre le Centre Fédéral, avec toujours ce temps d’avance : « Après mes deux années au CREPS de Wattignies, j’ai effectué les tests d’entrée pour le Centre Fédéral. Ce fut en même temps que Marine Fauthoux, Iliana Rupert ou encore Kendra Chéry ». Pas encore totalement prête, la décision est prise de repousser son entrée au Centre d’un an. Une saison que Zoé utilisait pour se parfaire chez elle, du côté de Villeneuve d’Ascq, avec les Espoirs. En 2016, le saut est fait et Zoé intègre le Centre Fédéral. Trois ans marqués par des hauts (avec les Bleues notamment), des bas (blessures) et des rencontres qui l’ont aidés à se façonner et à devenir cette joueuse si prometteuse.

Le titre avec les Bleuettes

Avec ses copines, Marine Fauthoux ou Iliana Rupert entre autres, Zoé découvrait les sélections de jeunes de l’équipe de France. En 2016 et avec (toujours) un an d’avance, elle disputait ses premières minutes avec les U16 pour une première médaille, de bronze. L’année suivante marquait celui de l’apothéose avec un titre européen acquis de la plus belle des manières. Face à la Hongrie en finale, Zoé se montrait intenable derrière l’arc et finissait la compétition dans le meilleur cinq. Avec un mondial qui suivait un an plus tard, l’occasion était belle pour confirmer les espoirs et ambitions de cette jeune génération déjà emprunte d’une rare maturité. Malgré une grosse entorse de la cheville qui l’a gêné durant de longues semaines, la jeune boulonnaise prenait part au championnat du monde. Avec un parcours qui s’arrêtait en finale face aux Etats-Unis, elle réussissait plusieurs performances de haut niveau comme face à l’Australie en demi-finale (16 points, 17 d’évaluation) ou en finale (16 points également).

La tête dans les étoiles, le retour sur terre fut pourtant brutal. Seulement quelques jours après avoir décroché cette médaille mondiale, elle subissait une opération de la cheville qui s’accompagnait de deux mois de rééducation, avant une nouvelle rechute quelques semaines plus tard : « Je reprends la saison en octobre à l’INSEP mais suite à une mauvaise réception à l’entraînement, je me retords la cheville. Cette fois, mon médecin s’aperçoit que mes ligaments extérieurs sont toujours rompus et en mars, on décide de me faire une ligamentoplastie. La conséquence, c’est que je dois faire une croix sur ma fin de saison et sur une nouvelle campagne avec l’équipe de France (U18). J’en ai alors profité pour me soigner avant d’effectuer mes retours sur les terrains à Villeneuve d’Ascq, avec Julien Zoa et Mamadou Camara ».

Retour à la maison

Entre-temps, Zoé vient de parapher son premier contrat professionnel avec Villeneuve d’Ascq, pour au minimum les deux prochaines saisons. Un retour à la maison qui ravit la jeune nordiste, soucieuse d’évoluer à domicile et devant ses proches : « Avec les blessures, ma jeune carrière n’a pas toujours été simple à gérer. Alors revenir chez moi, pouvoir jouer devant mes proches, mes amis et les savoir si proches, cela me rendait heureuse. Puis l’ESBVA était le dernier club à m’avoir formé et je voulais leur rendre la pareille dans leur choix ».

Rendre, mais aussi recevoir car pour le club de la métropole lilloise, miser sur des jeunes talents issus de la formation locale représente également un choix important. Lors de l’annonce de la signature de Zoé, son entraîneur Rachid Meziane déclarait : « La signature de Zoé Wadoux à l’ESBVA-LM est un élément important de notre projet, c’est un signal fort que nous souhaitons donner aussi à la formation issue de notre région. Elle est référencée au niveau international jeune, Zoé incarne la nouvelle dynamique que le club veut insuffler. Nous souhaitons allier l’expérience et l’enthousiasme pour le futur, elle amènera sa fraicheur et son talent ».

Parmi les autres « jeunes pousses » de l’équipe professionnelle, on trouve notamment Lisa Berkani ou encore Stacy Montabord. Mais miser sur la jeunesse peut aussi comporter son lot de risques et d’incertitudes. Le début de saison de la formation lilloise (5 défaites lors des 6 première rencontres) l’atteste : « Nous n’avons pas connu la saison la plus facile. Nous visions une meilleure place au classement mais notre intégration dans le projet de jeu mettait du temps à se mettre en place ». Au moment de l’interruption de la saison 2019/20, Villeneuve d’Ascq occupait le huitième rang au classement, preuve que les progrès se faisaient ressentir sur les parquets : « Notre effectif est aussi composé de joueuses expérimentées, qui connaissent le haut niveau. Travailler quotidiennement avec K.B. Sharp, Mame-Mari Sy-Diop ou Jo Gomis te permet d’apprendre. Que ce soit en match ou à l’entraînement, elles vont souvent venir discuter avec toi, te corriger. Toi, si tu enregistres et tu appliques leurs conseils, tu progresses et c’est ce que j’ai réussi à faire ». Au point de sortir satisfaite de sa première saison professionnelle (2,2 points de moyenne en 13 matchs) ? « Je suis mitigée. J’ai progressé, c’est vrai, mais je n’ai pas connu le temps de jeu que je souhaitais avoir. Je me suis beaucoup frustré à cause de cela et en quelque sorte, je suis rentrée dans un mauvais cercle. Je n’arrivais pas à montrer de quoi j’étais capable, je me frustrais encore plus et ainsi de suite ».

Pour sortir de cette spirale négative, Zoé s’est rapprochée de Julien Zoa, son mentor en quelque sorte, rencontré quelques années plus tôt lors d’un camp, organisé par Nando De Colo : « Déjà à l’époque, il cherchait à me faire progresser, à me pousser dans mes limites et hors de ma zone de confiance. Quand je n’allais pas bien cette saison, nous nous sommes beaucoup entretenus au téléphone. J’en ai pleuré, mais il m’a toujours dit de continuer à travailler, de ne pas lâcher ».

Alors que la saison devrait prochainement toucher à sa fin, « une décision logique, il est important de protéger la santé de tous », Zoé pense déjà à son avenir, proche mais aussi lointain : « La saison prochaine, j’espère qu’on jouera l’EuroCup avec mon club. Cela me permettrait peut-être d’engranger plus de minutes en Ligue tout en me donnant l’occasion de vivre une première expérience européenne », avant de vivre sa vie à l’étranger ? « Oui, c’est un objectif, mais pas tout de suite. En tout cas, si l’opportunité se présente un jour, j’aimerais le faire ».

Et puis, il y aura les JO…

Tokyo 2021, l’espoir, Paris 2024, l’objectif

Décision prise par le CIO, les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont été déplacés à 2021. L’occasion de décrocher un ticket et ses premières sélections avec les A trotte dans la tête de Zoé : « Je veux jouer en A. Même si au départ c’est pour un camp d’entrainement, je serais tellement heureuse d’y prendre part ». Parmi sa génération qui a décroché l’or européen en U16 puis l’argent mondial en U17, Marine Fauthoux et Iliana Rupert ont déjà effectué leurs débuts avec la tunique bleue sur les épaules : « Ce sont des amies proches donc je suis vraiment fière pour elles. Ça me donne l’envie de travailler encore plus dur pour les rejoindre. Et puis, on s’est dit que tout ce qu’on a réalisé avec les jeunes, on doit maintenant le faire avec les A, ensemble ».

Et lorsque le débat se recentre sur les JO, l’ambition sonne à nouveau : « Avec ce report, j’ai un an de plus pour travailler et espérer décrocher un ticket. C’est un espoir que j’ai et que je nourris. Mais mon réel objectif, c’est bien 2024. Jouer à domicile, il n’y aurait pas d’égal ».

Pour s’en donner les moyens, Zoé ne lésine pas sur les moyens. En plus de sa saison et ses entraînements en club, elle parfait son jeu avec Mamadou Camara et Julien Zoa durant l’été : « On travaille sur tellement de situations de jeu. Mon point fort reste le tir extérieur, mais avec Julien, on améliore mon aisance avec le ballon ou ma défense aussi par exemple. On peut voir certaines vidéos de ces sessions de travail circuler sur Internet, mais cela représente entre trois et quatre heures par jour, dans des conditions parfois compliquées. Mentalement, ils me poussent à bout et quand tu termines tes séances, tu sens que tu as accompli quelque chose, que tu progresses ». En sorte, se donner les moyens de tenir ses promesses et réaliser ses ambitions.

Etudiante en psycho

Le basket est donc omniprésent chez Zoé, que ce soit en pleine saison (logique) ou l’été. Elle n’en oublie pas que le sport de haut-niveau reste un milieu complexe dont il est bon d’en sortir de temps à autres. Pour s’y échapper, elle poursuit ses études, en psychologie, même si le rythme important de sa première saison professionnelle a ralenti son cursus : « J’ai commencé une licence de psychologie. Je suivais les cours au début mais au fur et à mesure que la saison avançait, je trouvais moins de temps. J’ai donc mis mon année en stand-by pour l’instant et reprendrai à la rentrée car cela me manque. Grâce à cela, j’arrive à me dire qu’il y a autre chose que le basket dans la vie. Je relativise bien plus les petites choses, comme sortir d’un entraînement contrariée parce que je ne me suis pas trouvée bonne. Je participe également activement à la vie associative, c’est important pour moi ».

Sa route vers Paris est en tout cas tracée, il ne lui reste qu’à l’emprunter.

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Rédaction Bebasket

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