Arena à Strasbourg : où en est-on ?

Par Maxime Jambois, à Strasbourg,
La première note d’intention du projet date de 2015 et depuis, on peut dire que les dirigeants de la SIG Strasbourg n’ont pas chômé, même si les travaux n’ont toujours pas commencé. Pourtant, dans le quartier d’affaires du Wacken en pleine mutation et où tout se modernise énormément, l’actuel bloc de béton désuet dans lequel se trouve la salle se doit de changer, sous peine de faire sérieusement tâche à quelques dizaines de mètres du magnifique Parlement Européen, ainsi que des sièges flambant neufs d’Adidas ou de la Banque Crédit Mutuel. Retour sur l’évolution du concept et explications de ce qui coince.
A l’époque, la SIG Strasbourg avait émis l’idée d’agrandir l’actuel Rhenus Sport (6 166 places) en le transformant en une aréna moderne, afin de se donner les moyens d’atteindre les 10 millions de budget à l’horizon 2020, pour tenter de se rapprocher du top 20 européen. En 2017, ce projet novateur fut présenté officiellement pour la première fois et le permis de construire a été déposé en décembre 2018.
Première version présentée de l’Arena (visuel : Nogha Consulting)
Fin 2019 où en et-on ?
Une première mouture du projet, faisait état d’un coût de 30 millions HT, pour que le Rhenus Sport passe à 8 071 places avec extension possible par la suite à 10 000 places. A ce moment, la SIG estimait être capable d’autofinancer le projet seule, sans aucune aide publique. Novateur, mais finalement trop ambitieux par rapport à certaines réalités qui se sont imposées au club.
Pèle-mêle, des surcoûts liés aux normes de sécurité devenues absolument drastiques suite aux attentats en France, des frais divers engagés pour les études faites pour rendre le projet possible, ainsi que la soumission à la taxe foncière (350 000 euros annuels) que la SIG Strasbourg pensait pouvoir éviter.
Actuellement, le coût estimé pour ce projet, qui comporterait également 6 000 mètres carrés de commerces ouverts quotidiennement et lucratifs pour le club via leurs loyers (salle de sport, épicerie bio, escape game et bien entendu restaurants et boutiques ont été évoqués), est évalué à 40 millions HT, dont 17 millions seraient finalement à la charge des collectivités.
Quatre banques ont été sollicitées pour l’emprunt de 13 millions du club (8 millions d’emprunts supplémentaires étant à la charge des commerces implantés) et les quatre ont donné leur accord. La caisse des dépôts a également validé et s’est même portée actionnaire du projet. Le Credit Mutuel a quant à lui choisi de donner son nom à la future arena, qui s’appellerait (si elle voit le jour) Credit Mutuel Forum, en échange d’environ 500 000 euros par an sur une durée de 15 ans.
Le volet juridique extrêmement complexe car un tel projet n’avait jamais été mené auparavant, a aussi vu l’approbation du préfet, tant au niveau du droit français qu’européen. Enfin, trois des quatre collectivités sollicitées ont voté les subventions nécessaires (la ville de Strasbourg, le département et la région).
Ce qui coince !
Seule une collectivité bloque actuellement le projet : l’Eurométropole de Strasbourg. C’est elle qui est propriétaire de l’actuel Rhenus Sport, qui céderait sa gestion à la SIG Strasbourg via un bail emphytéotique de 50 ans en échange d’un loyer modeste, mais aussi qui garantirait l’emprunt du club à hauteur de 50%, soit 6,5 millions d’euros.
Mais alors pourquoi l’Eurométropole ne valide pas, alors que tous les autres acteurs du projet l’ont fait ? Son président, Robert Herrmann, accessoirement adjoint au maire de Strasbourg Roland Ries (fervent supporter du projet), estime qu’en l’état, trop peu de garanties sont données par la SIG, notamment en raison de loyers perçus de la part des futurs commerces implantés, estimés de façon trop optimistes. Certains à Strasbourg, voient aussi là-dedans un côté très politique, qui consisterait pour Robert Herrmann à régler quelques comptes avec le maire de Strasbourg Roland Ries, avec qui il entretient une forme de rivalité historique. Mais ce n’est pas le débat, donc nous ne nous attarderons pas sur ce point.
Entre espoir et crainte à court et moyen terme
En toute fin de semaine dernière, le président de la SIG Strasbourg Martial Bellon, a été entendu par un très large panel d’élus de l’Eurométropole (une centaine) pour présenter le projet tel qu’il est aujourd’hui. La subvention sera à l’ordre du prochain conseil de l’Eurométropole fin novembre, et celle-ci devrait être validée sous conditions, notamment celle de respecter le projet tel qu’il est présenté dans sa forme actuelle, sans plus y apporter de modifications.
Pour le club, un échec du projet pourrait avoir un impact néfaste à court comme à moyen terme, en raison des sommes déjà engagées pour payer les architectes, les juristes, etc. (plusieurs millions d’euros). C’est Robert Fedida, membre du directoire et président du conseil de surveillance du club qui a évoqué cela. De plus, l’engagement des quatre banques sollicitées prend fin d’ici environ 2 mois, donc le vote de la subvention de l’Eurométropole et son acceptation de se porter garante du projet urge pour la SIG Strasbourg ! A noter qu’en cas de refus, le maire de Strasbourg exigerait le transfert de propriété du Rhenus Sport de l’Eurométropole à la ville, afin que ccete dernière se porte garante du projet et qu’il puisse être lancé à l’horizon de l’automne 2020, selon les prédictions les plus ambitieuses du club.
Cela amènerait une livraison probablement au mieux pour la saison 2023/24, ce que l’on souhaite à la SIG Strasbourg, afin de récompenser son audace d’innover, en sollicitant le moins possible financièrement les collectivités publiques !
Version non contractuelle du projet actuel (visuel : Chabanne + Partenaires / Architecte)
Qui a écrit ce papier ?
Rédaction BebasketBEBASKET
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