Cinq ans plus tard, à quel niveau évoluent les ex-pensionnaires du championnat Espoirs ?
Le championnat Espoirs fait toujours débat en France. Ses détracteurs n’hésitent pas à donner leur vision de ce que devrait être pour eux la fameuse « dernière marche » pour passer des championnats jeunes aux championnats professionnel. Entre ceux qui sont partisans de voir les jeunes intégrer plus rapidement le circuit professionnel sénior, sans forme de transition entre le championnat U18 ELITE et les championnats séniors, quitte à descendre dans les divisions, et ceux qui estiment que les équipes espoirs (U21) devraient, à la manière de ce qui se fait pour les centres de formation dans le basketball féminin français et pour ceux attenant aux équipes de Pro B, être intégrés en Nationale 2 masculine ou Nationale 3, beaucoup remettent en cause l’existence de ce championnat propre.
Toutefois, pour livrer une analyse complète, il nous manque parfois des données chiffrées. L’internaute Alexis Laniesse (à qui il faut tirer un coup de chapeau pour son travail) s’est penché sur le sujet. « Je ne trouvais pas de statistiques sur le taux de conversion de joueurs espoirs en joueurs professionnels ou semi-pro », nous a-t-il expliqué.
Pour réaliser sa recherche, il a comptabilisé tous les joueurs ayant évolué en Espoirs entre 2011 et 2015 et a noté à quel niveau ils évoluaient un minimum de cinq ans plus tard. 60% d’entre eux sont encore dans le circuit, de la NBA à la Nationale 3 masculine (cinquième division française). « Il est possible que certains d’entre eux évoluent dans d’autres championnats dont je ne disposais pas des bases de données (Asie, Moyen-Orient, Afrique, championnats mineurs européens…) », précise-t-il.
Voici les résultats de cette recherche (on vous conseille de cliquer sur les hyper-liens afin de profiter des fonctionnalités interactives de Tableau Public) :
- Utilisation (minutes par match) et performances (évaluation par match) des joueurs en Championnat Espoirs durant cette période (2011/12, 2012/13, 2013/14 et 2014/15).
- Situations et performances (points par match) en NM2 et NM3 sur la saison 2019/20 des joueurs ayant évolué en championnat Espoirs entre 2011 et 2015
Un tiers des ex-Espoirs dans le circuit professionnel
Parmi les nombreux joueurs passés par le championnat Espoirs durant les quatre saisons analysées (2011/12 à 2014/15), on constate qu’un tiers d’entre eux sont parvenus à s’installer dans un championnat professionnel, allant de la NBA à la Nationale 1 masculine. 15,4% évoluent au sein des 48 équipes de Nationale 2 masculine, ce qui constitue le niveau le plus représenté, devant la NM1 (13,2%, pour 27 équipes) et la NM3 (12,9%, pour 144 équipes).
Rappelons que les places au plus haut-niveau sont chères et qu’il est évident que tous les Espoirs (180 joueurs utilisés par les 18 équipes en 2019/20, 242 en 2011/12) d’une même génération n’ont pas leur place à ce niveau. En Jeep ELITE par exemple, 81 joueurs français ont été utilisés, dont 5 évoluant parallèlement en Espoirs. En Pro B, les équipes étant limitées à 4 étrangers, ils ont été plus nombreux (104) alors que la division compte le même nombre d’équipes (18).
Ainsi, on peut constater que des joueurs ayant profité du championnat Espoirs comme compétition pour se développer sont parvenus à atteindre le plus haut-niveau international. Lors de la dernière Coupe du Monde masculine, dix (Andrew Albicy, Frank Ntilikina, Nando De Colo, Paul Lacombe, Axel Toupane, Nicolas Batum, Amath M’Baye, Rudy Gobert, Vincent Poirier et Mathias Lessort) des douze joueurs de l’équipe de France étaient passés par ce niveau, même si certains d’entre eux n’y sont restés que très peu de temps étant donné leur précocité. Les deux autres, Evan Fournier et Louis Labeyrie, ont démarré leur carrière en Pro B, à la sortie du Centre Fédéral à 16 ans pour le premier et via le centre de formation de Fos-sur-Mer pour le second.
Le double-projet pas toujours évident
Bien évidemment, ce n’est pas leur passage dans ce championnat qui explique leur brillante carrière. Mais force est de constater qu’ils n’ont pas semblé freinés par ce passage en U21, parfois doublé à une participation aux matchs de l’équipe professionnelle. Toutefois, ce constat aurait pu être le même si leur équipe U21 évoluait en Nationale 2 ou Nationale 3.
Par ailleurs, il reste la question : où sont passés les 40% de joueurs présents dans la catégorie « autres » ? Certains ont arrêté le basketball, par choix ou pour se concentrer sur leurs études, d’autres évoluent dans un championnat de niveau inférieur. Ancien espoir de premier plan (16,3 points par match en 2014/15), Geoffrey Delarboulas a par exemple fait le choix de disputer une saison en Prénationale chez lui (au ROC Basketball) en 2016/17 tout en assurant ses études supérieures, avant de partir les poursuivre à l’étranger. S’il est finalement revenu dans le circuit (13,1 points par match avec le SMUC dans la poule A de NM2 en 2019/20), ce choix de priviligier les études, parfois difficilemment compatible avec un cursus espoir (à lire ou relire : Maxime Abah, international français, espoir strasbourgeois et étudiant en médecine), est le cas de certains joueurs. Le fait que certains centres de formation soient éloignés des centres urbains où sont concentrés les universités ou que certains d’entre eux ne donnent pas une grande importance aux études reste un problème majeur du système de formation français. Néanmoins, avec le développement des cours en ligne, de nombreux outils vont permettre de le régler. Mais là n’est pas le sujet…
Travail de recherche et synthèse des informations par Alexis
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