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Dans le rétro avec Victor Samnick : « Vu d’où je venais, c’était inimaginable d’être champion, j’en ai pleuré »

Originaire du Cameroun, Victor Samnick (2,01 m, 41 ans) a transité par l’université de Georgetown avant de réaliser une grande carrière en Pro A. Double champion de France avec le SLUC Nancy (2008 et 2011), vainqueur de la Semaine des As 2010 avec l’ASVEL, quadruple All-Star, il a exercé en LNB entre 2003 et 2019, de Bourg-en-Bresse à Paris, avant d’aller boucler la boucle à Horsarrieu en NM2 la saison dernière. Désormais retraité, le Franco-Camerounais a accepté de revenir avec nous sur son parcours, son expérience et ses projets actuels.

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Ici avec Roanne en 2012, Victor Samnick a passé 13 saisons en LNB
(photo : Olivier Fusy)

Cela fait maintenant deux ans que vous avez quitté le monde du basket professionnel. Est-ce que ça vous manque, surtout en ce moment avec la pandémie ?

Oui, ça me manque parce qu’il y a la convivialité, il y a le jeu, la passion du jeu. C’est assez compliqué, on ne peut même pas jouer, même pas coacher, il y a tout ça qui rentre en compte donc non, ce n’est pas évident.

Au début de votre carrière, vous avez défendu pendant quatre ans les couleurs du célèbre programme universitaire des Hoyas de Georgetown, où des grands joueurs NBA comme Patrick Ewing, Alonzo Mourning, Dikembe Mutombo ou Allen Iverson ont joué. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

Ça m’a vraiment permis de grandir en tant qu’homme, ça m’a permis de me préparer au monde professionnel. J’étais loin de la maison, je n’avais pas mes amis autour de moi, partir du Cameroun sans parler la langue quoi. Ce n’est pas évident de s’imposer et prendre de la place aux Etats-Unis. Ça m’a permis de pouvoir pousser les études aussi en même temps, ça m’a aidé à gérer au niveau du stress en fait. Oui il y avait beaucoup de concurrence mais de toute façon quand tu joues au basket la concurrence c’est tous les jours, tous les entraînements, c’est au niveau du temps de jeu, c’est la performance. Et en NCAA, il y a aussi les études qui vont avec donc l’un ne va pas sans l’autre. Donc je pense que ça, ça m’a énormément aidé en tant qu’homme. C’était plus facile de jouer en professionnel que d’être étudiant.

Si vous devez vous remémorer votre carrière, qu’est-ce qui vous marque sur vos deux décennies dans le circuit professionnel ?

Il y a tellement de beaux évènements, avec d’abord l’essai à Bourg-en-Bresse en 2003. Je n’avais pas de contrat, je sortais de la fac, on m’a appelé et on m’a dit : « Tu as deux entraînements et un match et si tu valides, tu as ton premier contrat. » C’était assez spécial pour moi, j’avais tout à prouver puisque personne ne me connaissait en France. Si je me rappelle de ce moment, c’est parce que j’ai mis un gros dunk sur le match d’essai et la salle a crié « Victor !!! » et juste après le match, ils m’ont sorti le contrat. Bourg-en-Bresse m’a donné cette chance-là. Ensuite, je peux parler de Paris où j’ai été meilleur marqueur français (14,9 points de moyenne en 2005/06). J’étais en mode personne ne m’arrête. Et il y a Nancy qui m’a permis d’être champion, on a joué contre des grosses équipes qui étaient en EuroLeague. Bercy, aussi, c’était incroyable parce que c’est un seul match et tu dois être prêt, il n’y a pas de seconde chance. Je me rappelle le premier titre à Nancy (en 2008), j’ai pleuré. D’où je viens, c’était inimaginable d’être champion et de soulever un trophée. Toutes les peines, les obstacles, les sacrifices que j’ai pu traverser, les larmes ont de suite coulées, je prenais tout le monde dans les bras, je ne comprenais même pas pourquoi (rires). On donne la joie au public, à la ville, c’est quelque chose qui est au-dessus de nous en fait.

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En 2003/04, impressionnant duo de rookies à Bourg avec Tariq Kirksay
(photo : JL Bourg)

Qu’est-ce que vous faites maintenant que vous avez arrêté de jouer ?

Je coache et je suis dans l’accompagnement pour les parents et leurs enfants en sport études. J’organise des évènements où on les apprend à se mettre en avant, la diction, la présentation pour être éventuellement sportif.

Vous avez des projets à ce niveau prochainement ?

Oui, j’ai un évènement que j’organise fin juin, où on va entourer les enfants, les évaluer, les faire jouer. On va ramener les meilleurs sur le campus de Georgetown pour une immersion de 10 jours. Pour qu’ils aient ce processus de se mettre en avant, la visibilité, qu’ils aient des opportunités et surtout pour leur montrer que quand on n’a pas peur, les portes peuvent s’ouvrir.

Où est-ce que vous vivez actuellement ?

Je suis actuellement du côté de Paris, je suis remonté (après avoir vécu dans le Sud-Ouest, NDLR).

Qu’est-ce que vous pensez du basket de 2021 ?

Il est différent, c’est un basket qui tourne autour des arrières mais en général j’aime bien ce style de jeu là parce qu’à tous les postes on doit s’adapter. Pour moi, quand je jouais, je n’avais pas de poste finalement, j’étais 3-4 ou 5, tant qu’on me donnait du temps de jeu, meneur ou quoi j’allais jouer. J’allais être intelligent et utiliser mes forces par rapport à ces conditions-là. Le plus important aujourd’hui, c’est d’être le plus efficace sur le terrain.

Est-ce que vous suivez des championnats toujours ?

Oui, plus ou moins, je regarde un peu les matches NBA, je regarde de temps en temps la LNB mais avec la Covid, on ne pouvait pas aller voir les matches physiquement cette saison donc ça a tué un peu l’esprit.

Vous avez une équipe préférée ?

J’aime bien Roanne parce que Sylvain (Francisco) y joue et j’aime ce qu’il est en train de faire. Je suis aussi Levallois et en Pro B, c’est le SLUC Nancy bien sûr (rires).

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C’est avec le SLUC que Victor du café des sports a connu les plus belles heures de sa carrière
(photo : Vincent Janiaud)

Vous êtes originaire du Cameroun comme Joel Embiid et Pascal Siakam, est-ce que vous suivez leurs performances en NBA ?

Oui bien sûr je regarde ce qu’ils font, leur état d’esprit, ils repoussent vraiment les limites. On est tous fiers de ce qu’ils sont en train d’accomplir. Je pense que leur force, c’est qu’ils viennent de loin. Quand on vient d’Afrique, il n’y a pas structures, de centres de formation donc on a envie de tout montrer quand on arrive dans des environnements comme la NBA. Là, ils ont l’opportunité de montrer que les jeunes Africains sont capables de faire de belles choses.

Souvent on grandit en admirant quelqu’un, vous c’était qui votre idole ?

J’en avais plusieurs, c’était Penny Hardaway, Pat Ewing, Alonzo Mourning, je me voyais balèze comme eux quoi (rires). Michael Jordan évidemment, Magic Johnson, Shawn Kemp. C’étaient des exemples, des sources d’inspirations pour moi.

Si vous n’aviez pas été basketteur, vous auriez fait quoi ?

J’aurais été dans la finance vu que c’est les études que j’ai fait aux Etats-Unis.

Quel est le joueur le plus fort contre qui vous avez joué ?

Franchement, Mirza Teleteovic en EuroLeague. Il avait tout, il faisait tout : le mec fait 2,10 m, baraqué comme un robot, il tire à 2 mètres derrière la ligne à 3-points. Efficace, je n’arrive pas à décrire, que ce soit au poste, à l’intérieur, il avait une lecture de jeu, une adresse à 3-points… Il était d’un calme avec un petit sourire à chaque fois moqueur (rires) sans vraiment exagérer mais vraiment trop fort, trop fort. A chaque fois que je défendais sur lui, il mettait le panier et je lui disais « tough shot » (tir difficile). Mais physiquement, il me rendait au moins 12 kilos, il était mobile, athlétique, adroit, altruiste, très, très polyvalent…

Vous vous souvenez d’un joueur qui parlait beaucoup sur un terrain ?

En général, les gens, ils ne faisaient pas du trashtalk avec moi parce qu’ils allaient me réveiller. Je n’ai jamais connu de gars qui m’ont fait du trashalk. Même Blake Schilb avec moi, il était très cool et a toujours été sympa. J’ai rarement eu des gars qui me manquaient de respect. Parce que si tu me tentais, tu me voyais. Je pourrais dire un Steed Tchicamboud ou un Stephen Brun à la limite mais sinon non, les gens ne m’ont pas trop testé, avec moi ça ne passait pas. Ce n’est pas ce genre de choses qui m’affecte, ça t’affecte quand tu ne peux pas répondre après.

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Avec Antibes, son dernier club en Pro A, en 2015/16 pour l’un de ses 344 matchs dans l’élite
(photo : Sébastien Grasset)

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