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De la Liga Endesa à la Nationale 1 : les secrets de la signature de Valentin Bigote au Havre

Avez-vous vu la photo ornant notre article de dimanche après-midi ? Défendu par Fabien Causeur et Tristan Vukcevic, Valentin Bigote attaquait alors le cercle du Real Madrid, lors d’une rencontre au WiZink Center le 7 novembre dernier. D’ici quelques jours, son prochain match sera dans la salle Kervaric du CEP Lorient. « Ah, du coup, ce sera là-bas ? », s’exclame-t-il. « Je n’avais pas vu le calendrier. Mais je sais que ça va être dur, mon frère y a joué, je vais pouvoir lui en parler. C’est sûr que ça va faire un changement énorme. La salle de Bilbao fait 10 000 places donc oui, je risque de voir la différence. »

Car en pleine saison, alors qu’il était loin de décevoir sous les couleurs du club basque dont il était le deuxième meilleur marqueur derrière l’ex-Laker Andrew Goudelock, Valentin Bigote a choisi de quitter le meilleur championnat d’Europe, la Liga Endesa, pour aller jouer en Nationale 1. Comme pressenti depuis plusieurs jours, le STB vient d’officialiser sa signature jusqu’à la fin de la saison. « Forcément que ça va surprendre énormément de gens, que beaucoup ne vont pas comprendre », souffle-t-il. « Mais le principal est que je sois bien dans mon choix. »

Déjà tout proche l’été dernier

Pour saisir les raisons de cette décision surprenante, il faut d’abord se tourner vers la présidence du club normand, co-assumée par Rudy Sévi depuis l’année dernière. Conseiller en gestion de patrimoine dans le civil, ce derrnier travaillait avec le Nordiste depuis 2013. « On a une relation qui va au delà de la simple relation conseiller – client », indique le dirigeant de Saint-Thomas, qui planchait sur le dossier Bigote depuis février 2021. À l’époque, après une saison inégale au Mans, tant dans son rendement que son utilisation par Elric Delord, l’ancien shooteur de Dijon avait déjà été très proche de se laisser convaincre par le contrat de cinq ans mis sur la table par Le Havre. « Il y avait un accord, sauf si une opportunité à l’étranger se présentait », assure Sévi. Celle-ci a fini par arriver, à Bilbao. « C’était compliqué de lui dire qu’il avait tort d’aller affronter le Real Madrid ou le Barça. » Surtout que le Grand-Synthois évoquait depuis des années son envie d’aller découvrir la Liga Endesa. « Jouer en Espagne, ça a toujours été un rêve. »

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À Bilbao, Bigote a pu évoluer avec son cousin par alliance, Jonathan Rousselle
(photo : ACB Photo / A. Arrizabalaga)

Alors pourquoi y mettre fin prématurément, alors que tout semblait plutôt bien se dérouler sportivement ? Passé tout proche de la relégation l’an dernier (17e sur 19), le Surna Bilbao est actuellement 10e du championnat, avec un bilan équilibré (10v-10d). Du haut de ses 11,4 unités de moyenne, Valentin Bigote n’était pas étranger à cette bonne dynamique, lui qui a notamment enchaîné dix matchs à minimum 10 points entre le 31 octobre et le 23 janvier. Outre une pointe à 21 unités à Murcie, le sniper nordiste a brillé contre quelques grosses écuries ibériques : 15 points à Badalone, 19 à Valence, 16 contre Vitoria ou Gran Canaria… « J’ai eu des responsabilités, comme prévu, j’ai eu la confiance du coach », confirme-t-il. « C’est juste que ça se passait un peu moins bien récemment. » Une pointe de mal du pays, lui qui vivait pour la première fois hors des frontières françaises, et surtout un rôle dilué par les récentes signatures de l’écurie basque, qui pouvait s’appuyer sur douze joueurs. « Je me sentais moins bien. J’avais moins d’importance et pas trop de contact avec le club ou le coach. Peut-être que j’avais un peu plus besoin de cela. C’est différent d’être à l’étranger, j’avais envie de revenir en France. Plutôt que de signer l’année prochaine au Havre, autant signer maintenant et tenter de vivre une montée. »

« Quand Adrien Moerman te dit qu’il te veut dans son équipe… »

Une nostalgie tricolore perçue par Rudy Sévi au cours de leurs récentes conversations ? Lui jure qu’il n’y a « rien eu de spécial », pas de moment déclencheur particulier pour ce revirement de situation. « Il a eu son expérience à l’étranger mais le projet que je lui avais présenté l’an dernier lui était resté dans un coin de la tête. » Pourtant, Bigote ne s’était pas spécialement projeté en Seine-Maritime ces derniers mois. « Je n’y pensais pas en début de saison. Ça s’est fait assez rapidement, en une quinzaine de jours. »

Alors que le Grand-Synthois a toujours eu la réputation d’être une personnalité atypique dans le petit monde du basket tricolore, Rudy Sévi a surtout su appuyer là où il fallait. « Il faut connaître le personnage Bigote », acquiesce-t-il. « C’est quelqu’un avec un profil bien particulier. Il marche énormément à l’affect. Il a besoin d’être entouré, d’être soutenu, de se sentir important pour être bien dans son basket. » Tout ce qu’il n’avait plus à Bilbao, donc, où les relations avec Alex Mumbru étaient assez limitées. « Aussi, il a envie d’être au cœur d’un projet, de faire partir d’une montée. Ce qui l’a séduit, c’est notre ambition. Il sent qu’il y a quelque chose qui se passe au Havre et il se dit que c’est peut-être bien de venir redorer le blason du STB. C’est un choix du cœur, le fait de croire en notre projet et de travailler avec des personnes avec qui il a envie de bosser. » Déjà venu deux fois dans la cité d’Édouard Philippe (avec qui le club a prochainement rendez-vous pour discuter d’une rénovation des Docks Océane), Valentin Bigote a eu l’occasion de rencontrer le coach Hervé Coudray, les assistants, l’équipe dirigeante, de discuter avec les différents investisseurs du club… « Quand tu as Adrien Moerman qui te dit qu’il te veut dans son équipe, ça a peut-être plus d’impact que quand c’est Rudy Sévi », s’esclaffe ce dernier.

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Ici face à Gran Canaria, Valentin Bigote est attendu ce lundi soir au Havre
(photo : A. Arrizabalaga)

Lassé par la Betclic ÉLITE ?

Reste le nœud du problème : pourquoi la Nationale 1 ? Toujours à 12 points de moyenne au cours de ses trois saisons dans la Sarthe, Valentin Bigote aurait pu évoluer dans n’importe quel club français. « J’avais déjà vécu la Pro A et la Pro B », tente-t-il d’expliquer. « Avec l’Espagne, j’ai fait ce que je voulais faire. Je n’avais pas envie de revenir en Betclic ÉLITE car je connais et je n’en avais pas forcément envie. C’est un choix différent. » Il faut donc sûrement plus se tourner vers Rudy Sévi pour connaître les raisons de sa lassitude vis-à-vis du haut niveau français. « Le système Betclic ÉLITE, avec tous ses Américains, est quelque chose qui le bottait moins que par le passé, il était un peu arrivé au bout du bout. » Des propos confirmés à demi-mots par le joueur. « Dans certains clubs de Betclic ÉLITE, nous sommes parfois vus différemment en tant que joueur français. C’est aussi pour cela que j’ai saisi l’opportunité de partir en Espagne : pour être vu comme un joueur étranger et avoir un rôle d’étranger. »

Ce qu’il risque aussi d’avoir au Havre où ses aptitudes vont forcément le placer au centre de l’équation sportive. Sur le long-terme ? Pour l’instant, Bigote a juste signé pour quatre mois, « au minimum syndical » précise le club. Mais la volonté de travailler ensembler sur plusieurs saisons est partagée et une prolongation sera la priorité des deux camps l’été prochain. « Il vient pour aider le club et si on pouvait se rattraper ensuite et lui rendre ce qu’il nous aura donné, ce sera très bien. » Ce qui se ressent aussi au travers du discours de l’ancien Nantais est l’envie de se forger un palmarès, de vivre une vraie aventure collective. Après onze années de professionnalisme, il n’a toujours rien gagné et cela commence visiblement à devenir un poids. « Je n’ai jamais eu de titre, jamais eu l’opportunité de vivre une montée. J’aimerais connaître cela. » Un désir clamé à plusieurs reprises au cours de notre discussion. « S’ils ont fini premier de leur poule, c’est qu’il y a une vraie possibilité de monter, même si ça va être dur. J’espère apporter un plus à l’équipe. »

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Avec Gravelines, Nancy, Dijon et Le Mans, Bigote a fait le tour de la question en Betclic ÉLITE
(photo : Sébastien Grasset)

Avec Valentin Bigote dans ses rangs, le STB Le Havre va se placer en épouvantail de la deuxième phase. Pour autant, s’il a terminé la Poule B en tête (19v-7d), le club normand ne va pas attaquer sa seconde partie de championnat en tête, devancé par Angers (22v-4d) et Poitiers (21v-5d). « Je ne regrette rien, je ne reproche rien mais aujourd’hui, la question est : sommes-nous plus forts avec Valentin Bigote que sans », interroge Rudy Sévi. « Nous en avons discuté avec notre cellule de recrutement, nous nous sommes demandés si son arrivée n’allait pas apporter du négatif ou déstabiliser l’équipe mais nous en sommes vite arrivés à la conclusion qu’on ne pouvait pas laisser passer un joueur comme ça. » Et pour cause, il est légitime de se demander si nous n’avons pas ici affaire à la plus grosse signature de l’histoire contemporaine de la Nationale 1. Des gros CV sont déjà venus fouler les parquets de troisième division mais tous étaient alors en pré-retraite, comme Mykal Riley cette saison, Stéphane Lauvergne ou Dusan Kecman. « Un joueur de ce calibre en pleine force de l’âge, je ne sais pas s’il y a déjà eu un tel transfert en NM1 », avance le co-président de Saint-Thomas. Seule une signature pourrait être comparable : celle de Derrick Obasohan, ex-meilleur marqueur de Pro A, alors âgé de 32 ans, avec l’AS Monaco en 2013. « Passer de l’Espagne où tout se déroulait plutôt bien à la Nationale 1, bien sûr que les gens ne s’y attendaient pas du tout », préfère en rire le principal intéressé. « Même Bilbao, je ne pense pas qu’ils s’y attendaient. Mais c’est parce que personne ne me connait réellement, ni ma personnalité. J’ai pensé que c’était le meilleur choix et je suis vraiment content. » Au moins a-t-il pu se préparer récemment, en visionnant les derniers matchs havrais contre Mulhouse ou Golbey-Épinal. Toujours est-il que le changement de décor risque d’être brutal… « Peut-être que ça va lui faire drôle », sourit Rudy Sévi. « Il sait que Lorient, ce n’est pas le WiZink Center du Real Madrid. » Mais Valentin Bigote n’a jamais voulu faire comme les autres…

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