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Evan Fournier : « Il faut qu’on évolue sur nos mentalités, qu’on vise l’or »

Après deux semaines de campagne en Chine, sept rencontres et des kilomètres à n’en plus compter, les Bleus étaient de retour à Paris, lundi. Si tout le monde était content de revenir avec une breloque autour du cou, les regrets étaient toujours là après avoir laissé filer une énorme opportunité de décrocher l’or, surtout après avoir battu Team USA. Élu dans le cinq majeur de la compétition, Evan Fournier dresse son bilan. Le sentiment d’inachevé, l’amertume de cette 3e place se faisait ressentir. Interview long format, sans langue de bois de l’arrière tricolore.

Presque un mois après votre départ pour la Chine, vous êtes enfin de retour en France. Content d’être rentré ?

Evan Fournier : « Enfin ! J’en pouvais plus de la Chine. Faire une compétition, c’est long. On est parti 10 jours avant le début de la Coupe du Monde pour se préparer avec le décalage horaire. Là je suis bien content d’être de retour en France. »

Vous revenez avec une médaille autour du cou, on sait que ce n’était pas celle que vous espériez, mais cela permet de clore ce championnat du monde de la meilleure des manières.

« La meilleure des manières non. Mais c’est mieux de repartir 3e que 4e. J’ai connu la 4e place au championnat d’Europe U16 – ce qui est mon pire souvenir – la 3e place en 2014 lors du Mondial en Espagne. Terminer sur une victoire est positif mais cela n’enlève pas les regrets. Cette demi-finale restera une blessure surtout quand on voit l’issue de la finale. Oui il faut donner du crédit aux Argentins, ils nous ont été supérieurs mais si on fait ce match 10 fois, pas sûr qu’on perde autant de fois. »

Vous avez au moins fêté cette médaille ?

« Ouais tranquillement. Après c’est Pékin. D’ailleurs petite déception à ce sujet. Je m’attendais à mieux de Pékin. On est parti tous ensemble dans un lounge pour prendre 2/3 verres et voilà. »

Cette médaille de bronze laisse de belles promesses pour la suite. Les Jeux Olympiques de Tokyo arrivent rapidement et chacun va de son côté prendre encore un peu plus d’expérience pour revenir encore plus fort.

« Il y a de très bonnes choses à retenir de ce championnat du monde. Bien sûr qu’on rêvait d’être champions du monde, surtout qu’il y avait de la place pour le faire. C’est pour ça que j’étais très ému après le coup de sifflet final du match pour la 3e place. Ça s’est vu sur ma tête, mais il y a énormément de positif à retenir. Comme l’a dit Vincent (Collet) c’est un groupe qui s’est créé, un groupe nouveau. On peut tirer beaucoup d’enseignements sur nous-mêmes, sur les adversaires et ça nous fera avancer. »

Un groupe nouveau avec un Evan Fournier plus responsabilisé que les années précédentes, quel bilan individuel tires-tu de ta compétition ?

« J’ai fait une compétition à l’image de l’équipe. Je suis passé à travers de la demi-finale. On a globalement fait un très bon tournoi mais j’ai mes regrets personnels. J’aurais aimé pouvoir faire plus afin de mener les gars vers cette finale. Je m’en veux oui. »

« Ce qu’a fait la FIBA c’est inacceptable, du foutage de gueule »

Les larmes sur le podium, ça vient de là ? Car tu n’es pas le seul responsable de la défaite.

« C’est un mélange de plusieurs choses. Il y a des joueurs qui ont plus de responsabilités sur le terrain. En tant que leader, tu te dois de trouver les ressources personnelles pour aider ton équipe quand elle en a le plus besoin. Je n’ai pas réussi, je m’en veux. Bien sûr que je ne suis pas le seul fautif, mais je suis un des principaux coupables. »

Evan, tu es juste à côté de l’Élysée. Il y a eu au départ de ce point presse un petit coup de gueule du président Jean-Pierre Siutat sur l’absence de soutien politique. Le président Macron s’est rendu cet été au près de l’Equipe de France de rugby pour apporter son soutien. Personne n’était présent en Chine pour représenter les Bleus. Qu’est-ce que ça t’inspires ?

« Le gros problème avec le basket en France c’est que malheureusement le championnat le plus attractif et le plus suivi c’est la NBA et que c’est difficile à suivre pour les Français. Les matchs ont lieu la nuit, aux États-Unis et les joueurs majeurs ne jouent pas en France. C’est un challenge, un dilemme, mais je trouve ça regrettable. Le basket c’est le deuxième sport collectif en France où il y a le plus de licenciés. C’est un sport où on est très performant sur la scène mondiale donc c’est regrettable. Je ne dis pas que le rugby ne mérite pas d’attention, mais nous méritons beaucoup plus. »

Est-ce qu’avec les déplacements, tu es plus fatigué que sur d’autres compétitions ?

« Je n’ai jamais été fatigué comme ça. C’est pour ça que j’ai craqué à la fin aussi. Je suis épuisé, vous ne vous rendez pas compte. Entre chaque déplacement, on partait à 8h, on arrivait à 16h. On prenait 1h30 de bus, des avions de ligne avec de l’attente et encore le bus. Ce qu’a fait la FIBA c’est inacceptable, c’est du foutage de gueule. »

D’autant plus avec certaines inégalités de traitement entre les équipes.

« En plus. Au moment de défier les États-Unis, ils font 60 km et nous 1200. Un truc invraisemblable, c’était n’importe quoi. C’est vraiment un manque de respect pour les joueurs ce qu’ils ont fait. »

« Manger un McDo, du foie gras, boire du vin, se faire plaisir »

Le programme jusqu’au training camp ça sera repos j’imagine ?

« Ah oui repos complet (rire). Je vais me reposer, profiter de Paris pendant 10 jours et m’y remettre petit à petit quand je serais à Orlando. Pour ma part je serai déjà en forme et il va falloir surtout que je fasse attention à la récupération. Saturation psychologique ? Quand t’es dans une telle compétition, tu es à un stade de concentration extrême pendant deux semaines. Tu manges, vis, penses basket. Là je veux relâcher prise. C’est débile mais manger un McDo, du foie gras, boire du vin, se faire plaisir. Ce sont des petits plaisirs que je ne me fais pas au quotidien. »

C’est une satisfaction d’être dans le 5 majeur de la compétition ?

Ouais c’est cool. Si on avait gagné, j’aurais été MVP. Après je n’étais pas venu là pour ça. Ça vient naturellement, les joueurs récompensés ils le sont par leur résultat collectif.

Des joueurs en particulier t’ont impressionnés ?

(Il réfléchit) Scola, ce qu’il nous a fait à son âge c’est impressionnant. C’est des gars comme ça qui te donnent envie de jouer longtemps au basket et te montrent que tu peux rester performant tout en étant vieux.

Est-ce que ta réaction après la petite finale, ce n’est pas un ras-le-bol de la lose à la française par rapport aux Espagnols par exemple qui sont performants ?

« Je pense que j’étais juste déçu. Je suis comme ça, je ne sais pas faire semblant. Je ne suis pas dans le paraître. Cette médaille je n’avais pas envie de la mettre autour du cou, j’ai fait un effort pour la garder deux secondes. Voilà, je suis comme ça. Je suis un compétiteur, je vis dans ce milieu-là depuis que je suis gamin. À la maison, je n’ai jamais entendu que 3e c’était bien. Je pense qu’il faut qu’on évolue sur nos mentalités, qu’on arrête de se contenter de certaines places et qu’il faut qu’on vise l’or. Même si aux JO les Américains ramènent leur meilleure équipe, il faut qu’on vise l’or. Tu ne peux pas démarrer une compétition sans vouloir la gagner. Ce n’est pas que dans le sport. Toi quand tu es journaliste tu veux faire le meilleur papier possible. Il faut qu’on vise l’élite à chaque fois dans tout ce qu’on fait. »

« Une entente extraordinaire »

Donc tu vises l’or olympique à Tokyo.

« Évidemment. Tu ne fais pas une compétition pour finir 2e. Il faut être conscient de la réalité. Bien sûr que si les Américains viennent au complet ils seront favoris et que les battre sera très dur. Après c’est du sport, tout est possible sur un match. Ils sont comme nous. Il faut y aller pour gagner. »

On a beaucoup entendu parler d’une sorte de famille qui s’était créée, qu’est-ce que tu peux en dire ?

« C’est exactement ça. On a vraiment créé un groupe même si c’est dur à expliquer. On a eu une entente extraordinaire. Il y a une vraie hiérarchie avec des leaders, des soldats et des lieutenants. Ça aide, chacun est épanoui dans son rôle. Le groupe vivait extrêmement bien, même dans les moments durs. Je ne m’attendais pas à ça parce que le groupe n’avait pas de vécu. »

Par rapport au groupe, c’est aussi le travail de Vincent Collet. Qu’est-ce qui a changé chez lui ?

« Il y a eu très clairement une grosse évolution du staff et une vraie remise en question après l’Euro. Vincent Collet a beaucoup travaillé sur sa communication, sur le fonctionnement du groupe. Ca s’est ressenti et il faut les féliciter sur ça. On peut sûrement faire mieux, mais oui ils ont une grosse part de responsabilité sur cette campagne. »

Au Pavillon Gabriel (Paris, VIIIe arrondissement),

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