« Il n’y a aucun feu rouge » : le point complet sur la volonté de la France d’accueillir la Coupe du Monde 2031

Après les JO 2024, la génération Wembanyama espère disputer la Coupe du Monde 2031 à domicile
Après plusieurs mois de travail sous-marin, la FFBB a vu son secret de polichinelle être éventé fin août, via un article de L’Équipe : la fédération française rêve d’organiser, seule, la Coupe du Monde 2031.
Un timing accéléré, alors que le cahier des charges n’a toujours pas été publié, qui pourrait à la fois dévoiler les cartes tricolores ou forcer d’autres concurrents à sortir du bois. « C’est de la stratégie mais ce n’est pas très grave », balaye le président Jean-Pierre Hunckler, qui doit notamment composer avec les contraintes d’un budget colossal, qui rend impossible la finalisation d’un dossier sans le soutien des pouvoirs publics.
À 18 mois de l’annonce du pays hôte, la FIBA souhaitant que la fédération élue puisse assister à l’édition 2027 au Qatar en observatrice, le patron de la FFBB a effectué un point complet sur l’ébauche de candidature française.
Jean-Pierre Hunckler, où en est la FFBB dans sa volonté de candidater pour l’organisation de la Coupe du Monde 2031 ?
Il faut voir la faisabilité d’une telle organisation car c’est énorme. Pour les Jeux Olympiques, il y a 12 équipes filles et 12 équipes garçons. Une Coupe du Monde, c’est 32 équipes. En plus, l’une des philosophies que l’on m’a demandé d’intégrer dans notre étude de faisabilité est la possibilité de tout organiser dans le même pays. C’est très, très lourd.
C’est un travail que l’on mène depuis le début de l’année. J’avais rencontré la FIBA au mois de décembre, de nouveau en janvier lors des matchs NBA. Depuis mars – avril, on a travaillé sur la faisabilité, pour voir le budget que cela représentait. Dans une situation économique qui n’est pas simple, on a bien sûr sondé l’État, la Délégation interministérielle aux grands évènements sportifs que j’ai rencontré en juillet. On leur a présenté un pré-budget, pour voir. On travaille avec la FIBA sur l’évolution du cahier des charges, pour voir s’il peut y avoir une ouverture sur les partenaires privés, car tout cela pourrait faire bouger les choses. J’ai aussi sondé les partenaires privés, les chaînes de télévision qui pourraient être intéressées.
Aujourd’hui, je suis dans cette réflexion-là. Le cahier des charges va sortir en janvier 2026 pour une désignation, au plus tard, en mars 2027. Si l’on avance vraiment sur ce dossier-là, cela peut être l’opportunité de surfer pendant quatre – cinq ans sur le basket en France. Il faut savoir que la fédération est motivée à envisager des choses qui peuvent développer le basket en France.
Cela signifie-t-il qu’il est probable de voir la FFBB déposer un dossier de candidature ?
Vous savez, quand vous travaillez sur la faisabilité, c’est qu’il y a l’envie… Cela représente des heures de travail quand même.
« La FIBA regarde avec intérêt une candidature de la France »
Certes, mais l’envie ne veut pas forcément dire que c’est réalisable…
À un moment, il faut être responsable. Ce n’est pas le budget d’une Coupe du Monde de rugby, ni de football évidemment, mais on parle quand même d’un budget très important. D’un beau budget pour nous. Il faut sonder et sentir les choses. Pour ne rien vous cacher, il n’y a aucun feu rouge, de la part de personne. Ça, c’est déjà très positif. Il y a tout de même quelques feux clignotants, sur le budget ou autre, mais il s’agit plus de protéger que d’être dans le négatif. C’est à nous de travailler pour pouvoir amener ces garanties-là, au niveau de l’État ou de notre fédération.
Quels sont les premiers retours de la FIBA ?
La fédération internationale regarde avec intérêt une candidature de la France, surtout après les Jeux Olympiques qui ont été une réussite incroyable, avec une part de 10% de la billetterie pour le basket. La FIBA pense que la France est l’un des rares pays en Europe qui a la capacité d’accueillir autant de spectateurs. Le point positif est qu’on a des infrastructures que l’on n’avait pas il y a quelques années.
La FIBA est assez ouverte dans la discussion, à vouloir faciliter l’accès à une Coupe du Monde. Je rappelle quand même que la dernière édition d’un Mondial en Europe remonte à 2014, en Espagne. On a regardé quels pourraient être les continents candidats, les plus et les moins chacun. On parle de l’Australie mais il y a les Jeux Olympiques 2032 à Brisbane. À l’époque, on nous avait refusé le Mondial 2010 parce que les gens pensaient que la France obtiendrait les Jeux Olympiques 2012. Il y a tout un continent américain, qui n’est pas forcément concerné par les JO 2028 (organisés par Los Angeles). La FIBA n’a pas intérêt à ce qu’il n’y ait plus de grandes manifestations internationales en Europe. Il faut trouver des solutions. En France, on a des inconvénients que d’autres n’ont pas. Mais on a aussi des avantages que d’autres n’ont pas.
Lesquels ?
Dans n’importe quel sport, toutes les compétitions organisées par la France sont des réussites populaires. On le voit encore avec le badminton avec le championnat du monde à Paris cet été. Je dis souvent que le plus dur est d’avoir une compétition, pas de la faire. L’organiser, on sait faire. On l’a encore prouvé avec les Jeux. Dans les points qui pourraient nous amener à défendre notre dossier, il y a le fait qu’il n’y a jamais eu de Coupe du Monde de basket en France, alors qu’on fait peut-être partie des trois plus grandes fédérations mondiales.
« Assez positif mais on ne peut pas faire tout et n’importe quoi »
Et sportivement, la génération Wembanyama devrait être à son apogée en 2031…
Cela rentre effectivement en ligne de compte. C’est le rôle d’un dirigeant de offrir la possibilité à ses joueurs phares, Victor en tête, de pouvoir participer à un grand évènement inter-continental à la maison. Mais on ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Aujourd’hui, je suis assez positif dans ce qui ressort de ces quatre mois de travail. Maintenant, il faut que l’on affine et que l’on continue de discuter de manière plus précise avec la FIBA, surtout dès la parution du cahier des charges. Mais on a pu gagner beaucoup de temps en obtenant les informations dont on avait besoin : on a déjà ciblé, évalué et monté des budgets. Pour donner un seul chiffre permettant d’estimer la complexité de la chose : une Coupe du Monde, c’est 17 650 nuitées, uniquement pour les staffs et les joueurs.
Pour huit groupes de quatre équipes, faudrait-il huit villes différentes ?
Ou dans quatre villes différentes, si l’on peut… Faire tout dans la même ville, c’est compliqué. La FIBA ne souhaite pas avoir des matchs en matinée. Il faudrait donc quatre à cinq grandes salles en France, et après on a plusieurs possibilités majeures pour une phase finale : l’Arena Décathlon (Stade Pierre-Mauroy) à Lille, La Défense Arena à Nanterre ou Bercy..
Propos recueillis à Riga,








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