ITW – Soprano Szelazek, pour l’amour du jeu et de ses racines : « Jouer en Pologne était une chance »

Soprano Szelazek revient d’une saison contrastée en Pologne, le pays d’origine de sa mère.
L’été dernier, Henri-Soprano Mboungolo-Mounanga s’était engagé pour une saison au Slask Wroclaw, en Pologne. Un choix “qui fait sens avec mon histoire”, pour l’arrière formé à l’INSEP, qui venait de changer son nom pour ‘Szelazek’, celui de sa mère d’origine polonaise tragiquement disparue après un long combat contre la maladie.
Aujourd’hui revenu en France où il souhaite poursuivre sa carrière, Soprano Szelazek (1,98 m, 19 ans) évoque pour BeBasket cette “chance” d’avoir pu jouer quelques mois dans le pays de sa mère, comme un nouvel hommage ; mais aussi ses ambitions pour la suite, avec “l’équipe de France A en grand objectif”.
Il y a un an, vous quittiez le Centre fédéral pour lancer votre carrière professionnelle pour Wroclaw, ville du basket en Pologne, le pays de votre mère malheureusement disparue. Pourquoi ce choix à ce moment précis ?
Ce qui m’a attiré d’abord, c’est le fait de pouvoir y jouer en tant que joueur local, ayant la nationalité polonaise. En Pologne, la nationalité suffit, pas besoin d’y passer cinq années comme ce peut être le cas en France. J’ai vu une bonne opportunité car le club joue la Champions League, et est en première division. J’ai vu une bonne chance de me développer et de prendre de l’expérience sur un terrain inconnu. Partir jouer là-bas était une chance.
Aviez-vous d’autres offres l’été dernier ?
Oui. Un peu comme tout le monde en ce moment, j’ai eu des offres des États-Unis, que j’ai envisagées un temps car elles arrivent très tôt, bien avant celles du marché européen. Mais ce n’était pas ce que je cherchais à ce moment-là, ni maintenant où je veux me confronter à des professionnels en France notamment. J’avais aussi eu des offres en France en Pro B, qui m’intéressaient beaucoup, et que je considérerais encore plus cette année.
Et puis il y a eu Wroclaw, qui était pour moi une très belle opportunité à ce moment-là de ma vie. J’ai changé de nom par rapport à ma mère, avec qui j’ai grandi et qui est aujourd’hui décédée. Je voyais une certaine logique dans le fait de porter son nom et de jouer dans son pays d’origine. Ce n’est pas un nouveau départ, ça fait simplement sens avec mon histoire.
« Mon histoire a touché les fans,
qui étaient là pour me soutenir »
L’adaptation s’est-elle trouvée facilitée/plus facile par ces attaches et la maîtrise de la langue ?
Totalement ! Le fait de parler polonais m’a grandement aidé pour m’entendre avec les joueurs, les dirigeants et même les gens en Pologne. Le fait de lire, écrire m’a rapproché des autres. Les Américains de l’équipe n’en croyaient pas leurs yeux (rire) ! Même à la fin de l’année ! J’ai été très bien accueilli, je ne pouvais pas imaginer mieux. Au-delà de la barrière de la langue qui n’a pas existé, mon histoire a vraiment touché les fans, qui étaient là pour me pousser. Les dirigeants étaient aussi conquis.
Pouvez-vous nous parler de la vie en Pologne, et du basket qui y est pratiqué ?
Honnêtement j’ai eu beaucoup de chance en atterrissant à Wroclaw. La ville est belle, dynamique, à des années-lumière de certaines équipes basées dans des coins perdus. Sportivement, je dirais que le basket polonais est moins physique qu’en France. C’est la chose qui m’a le plus étonné. Mais ce déficit est compensé pour beaucoup de stratégie, de ruse même.
Quel était l’ambition, le rôle auquel vous aspiriez au moment de signer ?
En arrivant là-bas, je voulais jouer les premiers rôles afin de joueur l’Eurocup l’année suivante. J’ai signé avec un statut de jeune prospect, qui devait faire ses preuves, ce que j’ai fait en parvenant à intégrer le cinq majeur. Mais il y a eu des problèmes en interne par la suite…
« Je n’imaginais pas cela pour ma première année pro »
Justement, vous avez peu joué en seconde partie de saison, était-ce un choix du coach ?
L’année a été très compliquée… J’ai connu trois coachs en une saison, ce qui m’a écarté de l’équipe petit à petit. J’étais totalement dans les plans du premier, qui voulait développer ce ‘jeune talent’ que j’étais ; mais les suivants sont arrivés dans l’urgence pour essayer de sauver le club, et ne m’ont pas calculé. Ils ne voulaient pas compter sur ‘un jeune prospect’ pour se sauver, malgré le fait que je sois hyper performant en défense.
Comment avez-vous vécu ce changement de considération en cours de saison ?
Au début, c’était très dur. Lorsque j’étais à l’INSEP, j’avais bien été formé et informé sur ce qui peut arriver dans une carrière, mais je n’imaginais pas cela pour ma première année pro. J’ai réussi à en tirer du positif grâce à mon entourage, et voir l’expérience que cela m’apporte.
« Je sais que ma défense peut m’emmener
à un très très haut niveau »
Qu’avez-vous appris de cette expérience en Pologne ?
Qu’il ne faut jamais s’arrêter de travailler, que l’on joue ou non. Quand tu comptes dans l’effectif, tu as naturellement envie de bosser ; mais cette motivation peut disparaître quand tu n’es pas ou plus dans les plans. Il ne faut pas lâcher quelle que soit la situation, car le travail d’aujourd’hui paiera demain ou après-demain. Alors j’ai travaillé, travaillé, travaillé.
Au bout de quelques mois, cela commençait à devenir dur de garder autant de rigueur, car j’étais dans l’incompréhension totale de ma situation. Je défendais extrêmement dur, je pouvais lock le meilleur attaquant adverse sans problème, mais je n’avais pas de place sur le terrain. Mon entourage m’a vraiment aidé à relativiser, car le club est dans une situation très particulière et compliquée, que je ne pouvais pas maîtriser. Je suis parti peu de temps après l’arrivée du troisième coach, en rompant mon contrat, mais sans cesser de travailler pour mon prochain chapitre. Je n’ai que 19 ans, finalement.
Aujourd’hui, vous êtes libre de tout contrat. Que recherchez-vous pour la suite de votre carrière ?
Je veux trouver du temps de jeu, idéalement en revenant en France en Élite 2. C’est le contexte idéal pour me remettre totalement dans le bain, celui que je vais prioriser. Je sais que mes qualités défensives peuvent apporter dans un effectif de professionnels, et qu’à terme elles peuvent m’emmener à un très très haut niveau. Mais je n’exclus rien à l’étranger pour autant.
« L’équipe de France A est un grand objectif pour moi »
Quelles sont vos ambitions pour la suite, à plus long terme ?
Je veux énormément progresser en y mettant toujours autant de travail. Autant sur mon tir, mes qualités offensives que mes qualités défensives car je peux encore évoluer. En ce moment, j’étudie beaucoup Andrew Nembhard de Indiana, dans sa capacité à créer de l’espace et faire tomber le défenseur au contact. Après ce que j’ai vécu, je ne veux pas me projeter plus loin pour le moment, et j’essaie de me concentrer sur le moment présent.
Un retour en équipe de France est-il dans un coin de votre tête, après avoir manqué la CDM U19 ?
J’ai pensé très tard à la Coupe du Monde U19 en vérité. J’étais concentré sur ma saison et mes entraînements. J’y ai pensé, mais c’était trop tard. Et puis j’ai fait la prépa de l’EuroBasket avec l’équipe A polonaise. Mais jouer en équipe de France A est un grand objectif pour moi. J’ai grandi avec mes gars Nolan Traoré ou encore Noah Penda, avec qui j’ai déjà vécu des grandes rencontres face aux Américains par exemple. Ce serait un rêve de pouvoir rejouer avec eux dans de grandes compétitions.
Est-ce que représenter la Pologne pourrait vous intéresser, à terme ?
Ma volonté première est de jouer avec l’équipe de France A. Tout peut se passer, car j’aime mes deux pays, j’ai les deux nationalités, et représenter la Pologne ferait aussi sens. Ça ne serait en aucun cas un choix par défaut. Mais je veux rêver de l’équipe de France A.


Commentaires