ITW Sylvain Francisco : « J’ai montré que je peux apporter énormément de choses à l’équipe de France »

Sylvain Francisco a gagné sa place dans les 12 grâce à un visage séduisant lors de la double confrontation contre l’Espagne
Véritable satisfaction de la préparation des Bleus, l’énergique meneur de Zalgiris Kaunas Sylvain Francisco (1,85 m, 27 ans) a été retenu par Frédéric Fauthoux pour l’EuroBasket 2025, deux ans après sa dernière grande compétition, la Coupe du Monde 2023.
Pour BeBasket, le meneur de 27 ans revient sur son “soulagement” de faire partie de “l’aventure”, mais aussi sur son évolution dans son jeu comme dans son rôle, alors qu’il est désormais l’un des plus âgés de l’équipe de France.
« Soulagé d’être dans les 12 ! »
Sylvain, quelle a été votre réaction en apprenant que vous faites partie des 12 sélectionnés pour l’EuroBasket ?
Je le vis bien, je suis très content, soulagé même. Mais je reste les pieds sur terre parce qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, et beaucoup de choses à accomplir. Ça fait énormément plaisir de faire partie des 12 et de continuer, ou plutôt commencer réellement l’aventure avec ces gars.
Vous avez “dynamité” le jeu français lors de chacune de vos apparitions en prépa. Y avait-il un surplus de motivation chez vous ?
Bien sûr ! J’ai essayé de proposer le même jeu qu’à Zalgiris en EuroLeague. Le ramener ici en équipe de France est un plus, à mon avis. Ça fait du bien à l’équipe, et à moi aussi. Ramener de l’énergie, c’est vraiment ma qualité première.
Était-ce une revanche par rapport aux compétitions ou fenêtres auxquelles vous n’aviez pas participé par le passé ?
Le passé, c’est du passé ; j’en ai appris beaucoup de choses mais je vais vers l’avant. Il n’y a pas vraiment de revanche, plutôt une progression. Chaque jour, chaque mois, chaque année, on grandit de l’intérieur comme de l’extérieur, et on prend de l’expérience. C’est ce qui m’a permis de faire tout ce que j’ai pu faire. Aujourd’hui, j’ai montré que je peux jouer avec l’équipe de France, et que je peux lui apporter énormément de choses.
« Si j’ai eu peur après ma blessure ?
Honnêtement, oui »
Avec le forfait de Vincent Poirier, vous êtes paradoxalement l’un des plus âgés ; comment vous situez-vous au sein de ce groupe France ?
(rire) Je ne remarque pas vraiment car on est tous très compatibles au sein de l’équipe. On rigole. Des fois, je me dis que je n’ai pas 27 ans (rire). Mais ça fait du bien d’être là, faire partie des “vieux”, et de donner des messages aux jeunes tout en apportant de l’expérience.
Est-ce plaisant de prendre ce rôle de leader en Bleu également ?
Bien sûr ! Je l’avais à Zalgiris, pourquoi pas le ramener ici. J’ai passé un cap à Kaunas. Après l’Allemagne, j’ai vraiment dominé une équipe d’EuroLeague et eu les clés. C’est ce qui m’a permis de progresser avec le coach Trinchieri, et de m’évaluer avec beaucoup de dureté. L’énergie en attaque, en défense, la création pour moi comme pour les coéquipiers : je sais que je suis quelqu’un qui peut peser dans la balance et changer beaucoup de choses.
Après, je pense que l’on est beaucoup à vouloir être leader, mais il n’y a pas d’ego. ça vient naturellement ; si l’un ou l’autre est leader, ça ne va pas changer les choses : on va tous se supporter les uns les autres et aller de l’avant.
Quelle est votre relation avec le Zalgiris justement, durant ce rassemblement ?
Ils me suivent tout le temps, à chaque fois depuis le début. Ils m’envoient des messages, sont vraiment contents que je fasse partie de l’équipe. Ils étaient aussi très soucieux de l’état de mon épaule, après ma mauvaise chute contre le Monténégro. Mais c’était plus de peur que de mal. Ils ont été rassurés.
Aviez-vous craint pour la suite de la prépa après votre choc à l’épaule en tout début de rassemblement, lors du premier match amical ? Que cela vous fasse perdre des points ?
Honnêtement, oui. Je suis vraiment mal retombé dans le deuxième quart-temps face au Monténégro, mais dans l’instant je ne m’en étais vraiment pas rendu compte. C’est à froid, quand j’ai regardé la vidéo, que j’ai vu. Je suis tombé sur l’épaule mais c’est la clavicule qui a finalement tout pris. C’était insupportable, c’était extrêmement dur de dormir, de lever le bras. On m’a annoncé que j’allais être out pendant dix jours. Cela me posait problème car connaissant mon corps, je savais que je pouvais revenir plus tôt. Mais contre le Monténégro, passé cette chute, je ne pouvais plus shooter. Cela me bloquait.
Au bout de quatre jours, avant le match contre la Grande-Bretagne, j’ai pu commencer à shooter, avoir des mouvements même si c’était un peu dur pour moi. Aujourd’hui ça va beaucoup mieux, même si je sens encore des petites séquelles de temps en temps.

« La meilleure ambiance
que j’ai connue au sein d’un groupe »
Vous avez conclu la préparation en France par un très bon match à Bercy face à l’Espagne, les sentiments devaient être décuplés…
J’ai l’habitude de jouer dans des ambiances assez chaudes (rire) ! Je ne sais pas depuis combien de temps je n’avais pas vu ça, mais avoir une ambiance pareille à Bercy, c’est incroyable. Il y a eu la cérémonie pour les joueurs à 200 sélections, mais aussi pour Nando De Colo et Nicolas Batum qui viennent de raccrocher en Bleu ; c’était un plus de motivation pour ramener la victoire, qui plus est contre les Espagnols. On a vraiment aimé !
Est-ce que la perspective de briller à Paris, en tant que Parisien, a joué dans votre approche du match ?
Sûr ! Ça motive encore plus car les amis, la famille sont là. Avoir tout le monde te motive et t’ajoute une pression positive. L’adrénaline était bien là. Je suis tellement concentré que je n’ai pas encore ouvert mon téléphone. Je sais que quand je fais un bon match, les réseaux explosent (rire).
Comment avez-vous vécu la décision de se séparer de Nadir Hifi, votre ami dans la vie ?
Il a annoncé la nouvelle dimanche matin devant tout le monde. Forcément, ça fait mal. Personne n’aimerait être à sa place. Tout le monde serait déçu si cela avait été nous. Il n’y avait pas de bon ou mauvais choix. Tout le monde était performant. Connaissant Nadir, je sais que ça va le motiver. Il va avoir une grosse saison à venir à Paris. Cela doit le motiver, il est passé par tellement de choses que cela ne doit pas l’éteindre. Je vais aller le voir avant qu’il ne parte pour parler avec lui. Certains joueurs ont besoin de ça, et avec l’expérience et le vécu, je ne peux pas faire l’hypocrite et ne plus le calculer. Surtout qu’on a une relation en dehors du basket.
« Avec Freddy Fauthoux,
notre relation s’était éteinte pendant un temps »
Comment vit le groupe au quotidien ?
Franchement, le groupe vit tellement bien que personne ne s’y attendait. On mange ensemble, on se pose ensemble, on joue au Uno, on écoute de la musique, on discute… Tout le monde est content d’être les uns avec les autres. La cohésion d’équipe sur le terrain part de notre relation naturelle en dehors. C’est la meilleure ambiance que j’ai connue au sein d’un groupe.
Quelle relation entretenez-vous avec le sélectionneur, qui est aussi celui qui vous avait lancé en professionnel il y a quelques années, comme beaucoup d’autres joueurs de l’équipe ?
Avec lui, c’était incroyable. C’est lui qui m’a lancé dans le bain du monde professionnel car il voyait et croyait en mon potentiel. Il me disait de jouer mon jeu, de faire ce que je savais faire ; j’avais une bonne relation avec lui en tant que rookie. L’avoir des années après est un plus, cela fait du bien. Après Levallois, notre relation s’était éteinte pendant un temps, jusqu’au moment où j’étais à Roanne et lui à l’ASVEL. On a renoué un lien.
Quand il m’a appelé pendant des fenêtres pour m’expliquer certaines choses, cela m’a fait vraiment plaisir de reparler avec lui parce qu’on avait perdu ça. Il y avait eu un malentendu, on a renoué le lien malgré le fait qu’il m’appelait pour m’annoncer qu’il ne prenait pas sur la prochaine fenêtre. Mais il te dit les choses, honnête, humain. En tant que joueur, tu en as vraiment besoin. Et puis je comprenais son choix, car mes “concurrents” comme Matthew ou Théo faisaient vraiment le travail. J’étais déçu mais je l’ai bien pris car il est chaleureux.
Quasiment tout le monde dans l’équipe l’a eu dans sa carrière. C’est le genre de coach dont tu as besoin à la tête de l’équipe de France. Il est vraiment proche des joueurs, il te dit les choses.

Propos recueillis à Paris,









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