ITW Youssoupha Fall : « À Vitoria, le coach compte vraiment sur moi »

Arrivé en France du Sénégal en 2012, Youssoupha Fall a passé sept ans dans l’Hexagone. Il a même obtenu la nationalité française. En France, du Mans à Strasbourg en passant par Poitiers, il a connu une progression continue. Son profil (une mobilité intéressante pour ses 2,21 m) en a toujours fait un joueur très surveillé. Après avoir remporté le titre de champion de France en 2018 avec le MSB puis avoir tourné à 19,3 d’évaluation en 23 minutes par match de Jeep ELITE la saison passée sous les couleurs de la SIG, il découvre désormais le championnat espagnol (la meilleure ligue nationale européennne) et l’EuroLeague avec la formation basque de Vitoria.

Dès l’élimination en quart de finale des playoffs 2019 contre Dijon, il a pris l’avion direction Vitoria.

« Je suis arrivé après la fin de la saison avec Strasbourg pour me soigner mon genou. Toute la saison passée, j’ai traîné un soucis de cartilage. C’est un problème qui revient temporairement, assez souvent. »

Un problème pris au sérieux par le joueur, son club et son agent, Bouna Ndiaye.

« Après être resté cinq jours à Vitoria, je suis parti en Allemagne pour soigner mon genou avec Bouna une semaine. Je suis ensuite revenu à Vitoria puis j’ai pris quelques vacances à Dakar. Ensuite, j’ai passé un mois à Dallas (lieu de résidence de Bouna Ndiaye, où il organise des camps estivaux pour les joueurs qu’il représente) où j’ai encore fait en sorte de renforcer mon genou. »

Vitoria, un autre monde

Une fois ce riche programme terminé, il a pu entamer la préparation collective avec Baskonia, le club de Vitoria, véritable institution du basketball européen depuis le début des années 1990.

« Mon intégration s’est bien passée notamment parce qu’il y a un autre Sénégalais dans l’équipe (Ilimane Diop). Les joueurs sont super sympas, ils sont tout le temps là pour m’aider, le coach est à l’écoute… Au niveau des entraînements c’est différent, on court beaucoup, il n’y a pas photo par rapport à la France. On s’entraîne une fois par jour mais on arrive à la salle à 9h, on termine vers 14h. On prend le petit-dej’ tous ensemble, ensuite on fait muscu, on s’entraîne, on fait les soins et enfin on mange à la salle. C’est très bien organisé. On a juste à penser au basket. »

Et tout ça dans un complexe d’entraînement complet situé juste en face de la salle de l’équipe première, la Fernando Buesa Arena (15 500 places).

« Les coachs sont toujours là si tu veux travailler. Ici beaucoup de préparateurs physiques, il te prend en charge. […] Il y a une belle atmosphère ici, avec de beaux complexes. Ce n’est pas une ville de jeunes, c’est tranquille, donc c’est bien pour se concentrer sur le basket. J’habite à 5 minutes de la salle. Ici, quand tu sors, les supporters deviennent fous. Ils viennent te parler. C’est cool, ça te motive. Alors oui, tu n’es pas libre de tout faire mais avec ma taille, j’ai l’habitude. »

La gestion de la frustration et l’adaptation à l’arbitrage

De quoi continuer sa formation continue. Même depuis que la saison est lancée. Ses premières sorties sont irrégulières mais il possède un vrai rôle dans le groupe, avec toujours cette capacité à être productif sur de courtes séquences (9 fautes provoquées en 14 minutes face au BC Khimki Region) mais aussi à être en difficulté dans d’autres secteurs, comme sur la ligne des lancer-francs (3/16 au total) et sur sa gestion des fautes (5 en 18 minutes à Kaunas, 5 en 13 minutes chez le Fenerbahçe).

« Dans l’ensemble, j’ai fait de bons matchs, et d’autres moins bons comme le dernier match où j’ai été exclu après deux fautes techniques contre Bilbao. Je suis en train d’apprendre le niveau. Le coach compte vraiment sur moi. Il me connaissait déjà, il a regardé mes vidéos. Il m’a observé à l’entraînement cet été. »

Quant à son avis sur la Liga Endesa, il est classique. Un point l’a marqué et semble essentiel pour lui : l’arbitrage.

« La Liga c’est plus tactique, c’est vraiment différent, le public, les gens aiment tellement le basket ici. Tactiquement parlant, les joueurs sont vraiment prêts, les coachs préparent vraiment les matchs. En EuroLeague, l’arbitrage est différent, ils laissent jouer. En Liga Endesa, si tu n’es pas à domicile…. Il faut t’adapter. A Bilbao en plus, c’était un derby. »

Ce rapport avec les arbitres, parfois conflictuel, est une vraie marge de progression pour Youssoupha Fall.

« Oui, j’ai une marge de progression au niveau de ma nervosité. Je peux changer le cours d’un match dans la mesure où je peux gêner l’attaque adverse. J’ai donc besoin de rester sur le terrain, il faut que je le montre sur le terrain. Il faut que je travaille sur mon body-language. »

Une trajectoire à la Vincent Poirier ?

Nerveux sur le terrain, parfois il l’est. Youssoupha Fall est cependant un être calme, réfléchi et doté d’une analyse déjà aiguisée à tête reposée. S’il est humble, il reste toutefois honnête et ne joue pas la fausse modestie. Quand on lui parle de la saison ratée de la SIG en 2018/19, il dit ne pas être frustré car il pense avoir fourni le travail que l’on attendait de sa part.

« J’ai tout donné personnellement. Mes coéquipiers m’ont beaucoup aidé. Je n’ai rien à me reprocher. J’en ai profité pour beaucoup progresser avec Vincent Collet et Trumo Bogavac, tous les jours on travaillait avait ou après l’entraînement. »

Cette saison à la SIG, sous tension et avec deux matchs par semaine, était « une étape idéale » avant de découvrir l’EuroLeague à Vitoria. Avec peut-être la possibilité de suivre les traces de Vincent Poirier, son compatriote et précédesseur au poste 5 qui a passé deux belles saisons sur place entre 2017 et 2019.

« Mon objectif c’est d’apporter le plus possible à l’équipe. Le coach (le Croate Velimir Perasović) me fait confiance, il me fait jouer. J’essaye le plus possible. J’y vais étape par étape. Je viens d’Espoirs, je suis passé par la Pro B puis la Pro A… je n’ai pas brûlé les étapes. J’essaye de continuer comme ça. »

Lui est persuadé de pouvoir s’imposer à ce niveau grâce à son rapport taille / mobilité.

« J’ai fait un constat, pour les joueurs de ma taille, je suis super mobile. Par rapport à Walter Tavares (pivot du Real Madrid de 2,21 m), je suis plus rapide déjà. Mais je ne veux pas rester sur ça. Je me base sur mes coéquipiers que j’affronte à l’entraînement. Michael Eric (2,10 m) est rapide/explosif, Ilimane Diop (2,11 m) aussi. Si un jour je me déplace comme eux… […] A Oviedo j’ai, contre Tavares, ils nous ont battu à la fin. En première mi-temps, j’ai provoqué deux fautes je l’ai sorti du match. L’autre pivot, Jordan Mickey, m’a un peu fatigué, il était plus rapide que moi. »

L’équipe nationale : l’heure du stand-by

Quant à l’équipe nationale, il avoue ne pas y penser. Cet été, il aurait pu participer à la Coupe du Monde avec le Sénégal et la France, deux pays souhaitant l’aligner en sélection. Lui avait choisi de représenter la France. Mais le Sénégal, avec qui il a évolué en compétitions jeunes, ne l’a pas libéré et l’a même convoqué pour cette compétition. Ce dossier ne semble pour le moment pas avancer et il n’en fait pas sa priorité actuelle.

« Franchement, j’ai zéro nouvelle sur les équipes nationales, des deux côtés. J’essaye juste de me concentrer sur Vitoria. J’ai suivi la Coupe du Monde. Je suis un peu frustré mais après je me dis que si je dois faire une Coupe du Monde je le ferai. Actuellement, le plus important c’est de continuer ma progression. S’ils ont quelque chose à me dire, mon agent s’en occupe. Et je n’en parle pas dans les médias. »

Afin de « rester focus » sur les enjeux actuels : gagner avec Vitoria.

« On est un peu mal avec 1 victoire et 3 défaites en Liga Endesa et 1 victoire en 3 matchs en EuroLeague. Mais il ne s’agit due des courtes défaites. On va pouvoir régler cela. »

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Rédaction Bebasket

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