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Les univers parallèles de Kevin Coronel, d’une probable relégation en NM3 à la Coupe du Monde avec le Cap-Vert !

Poste 4 de la JALT Le Mans, Kevin Coronel vit une saison cauchemar en Nationale 2, tout proche de la descente en cinquième division. Mais parallèlement, l'intérieur capverdien vit un rêve, qualifié avec l'état insulaire pour la Coupe du Monde 2023, avec déjà le plus petit pays de l'histoire de la compétition. Le Sarthois nous raconte cette formidable aventure.
Les univers parallèles de Kevin Coronel, d’une probable relégation en NM3 à la Coupe du Monde avec le Cap-Vert !
Crédit photo : DR

Trois mois pour changer d’univers. « On le chambre un peu tous les jours », glisse son coéquipier Tom Foucault. « Avec la JALT, nous sommes derniers de NM2 mais lui peut se retrouver à jouer cet été contre Rudy Gobert ou Team USA. » D’un match officiel à l’autre, Kevin Coronel (1,98 m, 31 ans) ne revivra effectivement certainement jamais une telle antinomie entre deux situations. Le 13 mai, contre Liévin, il fera ses adieux à la JALT Le Mans devant 150 à 200 spectateurs, déçus d’une saison infernale avec une probable relégation en Nationale 3 au bout du compte. Le 25 août, loin de la déprime sarthoise, l’ailier capverdien reviendra à la compétition lors de l’ouverture de la Coupe du Monde, dans les immenses arénas de Manille, Jakarta ou Okinawa. « Je ne réalise pas vraiment la différence », glisse le principal intéressé. « En fait, je ne réalise pas vraiment encore qu’on s’est qualifié. Deux jours après, j’était déjà de retour à la routine du quotidien, à l’entraînement. Mais quelqu’un va toujours venir me dire : « Oh, tu vas à la Coupe du Monde ! » Et là, je souris ! »

« Quand on compare avec des pays beaucoup plus gros
qui ne seront pas à la Coupe du Monde… »

Le 26 février, le Cap-Vert d’Edy Tavares (Real Madrid) écrit l’histoire, devenant la plus petite nation à se qualifier pour la Coupe du Monde (photo : FIBA)

De fait, dans la confidentialité lancinante de la NM2, l’histoire de Kevin Coronel détonne. Pensionnaire d’un championnat semi-professionnel, le natif de Sao Vicente a vécu un évènement historique fin février en contribuant à la qualification du Cap-Vert pour la Coupe du Monde 2023 (2 points et 2,7 rebonds en 11 minutes de moyenne sur la fenêtre internationale). Bien engagé dans sa poule (4v-3d), l’archipel de l’Atlantique est arrivé à Luanda avec l’obligation de remporter deux matchs afin de composter son billet pour l’Asie du Sud-Est. « On a gagné la première rencontre contre la Guinée (78-70) mais on a ensuite perdu contre l’Angola (67-80) », retrace le Jaltais. « Il n’y avait pas de panique, on savait que notre destin était entre nos mains. On affrontait la Côte d’Ivoire, une grosse nation africaine, vice-championne en titre. C’était le match le plus important de nos vies. » Mais vu que les coéquipiers de Vafessa Fofana étaient déjà qualifiés, ils n’ont pas certainement abordé la chose avec autant d’intensité que les Capverdiens, explosant au cours d’un deuxième quart-temps à sens unique (28-6, 79-64 au final). « La sensation après le buzzer final était incroyable », savoure celui qui défend les couleurs de sa nation depuis 2011. « C’était complètement fou, personne n’en revenait de l’avoir fait. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que l’on a ressenti. »

D’autant plus que cet exploit revêtait une portée historique : depuis la création du Mondial, en 1950, jamais un pays aussi peu peuplé ne s’était qualifié pour la Coupe du Monde ! Avec ses 572 000 habitants, le Cap-Vert a subtilisé cet honneur au Monténégro (620 000 habitants). « 500 000 capverdiens, ce n’est rien du tout », sourit Kevin Coronel. « Quand on compare avec des pays beaucoup plus gros mais qui n’y seront pas, comme l’Argentine, c’est dingue. Tout le monde va voir le drapeau du Cap-Vert sur le site de la FIBA et va se demander ce que c’est maintenant. » Un résultat exceptionnel qui découle évidemment d’une alchimie remarquable (« On est une vraie équipe, sur et en dehors du terrain »), mais qui a aussi été permis par le plus grand basketteur de l’histoire du pays : Walter Tavares, le pivot du Real Madrid. Vu à l’AfroBasket 2013, à 21 ans, le double meilleur défenseur de l’EuroLeague n’est ensuite plus revenu avant l’édition 2021 du championnat d’Afrique, bouclée à la quatrième place, déjà un accomplissement en soi. En février, alors qu’il affrontait le Zalgiris Kaunas le jeudi soir en EuroLeague, le géant a financé lui-même un voyage de 12 heures entre Madrid et Luanda afin d’être présent pour le tournoi qualificatif, quitte à rater le premier match contre la Guinée. « Cela symbolise notre joie d’être ensemble et notre fierté de jouer pour notre pays », souligne Kevin Coronel. « Edy est une vraie inspiration pour tout le monde au Cap-Vert. Il est très humble et travaille dur tous les jours : il mérite tout ce qui lui arrive. »

Un fiasco total avec la JALT

Kevin Coronel sort d’un match à 19 points ce week-end à Laval, sa troisième meilleure performance offensive de la saison avec la JALT Le Mans (photo : Xavier Sarrat)

En revanche, puisqu’il n’y est pas retourné depuis, difficile pour le Sarthois d’évoquer l’impact de cet exploit sur sa terre natale. D’autant plus que le basket n’y est traditionnellement pas un gros sport, au contraire du football. « Mais on a reçu plein de messages sur les réseaux sociaux », tempère-t-il. ‘On verra cet été quand on démarrera la préparation. » D’ici là, Kevin Coronel devra terminer son chemin de croix avec la JALT Le Mans, surprenant dernier de la Poule C de Nationale 2 (4v-18d). Un véritable fiasco notamment du à un conflit entre les dirigeants et l’ex-entraîneur Quentin Wadoux, ayant entraîné l’arrêt médical du Nordiste et l’absence d’un vrai coach pendant quatre mois, que le seul Philippe Vallejo n’a pas pu combler en intérim. « De bons joueurs ne forment pas forcément une bonne équipe et on a connu beaucoup trop de problèmes hors terrain », souffle Coronel, qui a lui réussi à se relancer après une année sans jouer (12,3 points de moyenne). Passé pendant quatre ans par la première division portugaise puis par Tarragone (D3 espagnole) en 2020/21, le Capverdien avait opté pour la JALT afin de redémarrer sa carrière. « Pour la NM2, c’est un poste 4 sympa », indique Tom Foucault. « C’est un ailier-fort shooteur et athlétique. Il est capable de mettre des contres et des dunks mais sa force reste le shoot à trois points. En dehors des parquets, c’est un mec jovial, toujours souriant. C’est un bon gars. »

Pour les Jaltais, l’espoir de se maintenir est pratiquement inexistant. Il faudrait que l’équipe sarthoise remporte ses quatre derniers matchs et que Val-de-Seine n’en gagne aucun. Autant dire que ces ultimes rencontres contre Wasquehal, Vanves, Gravenchon et Liévin ne serviront plus à grand chose, si ce n’est à Kevin Coronel de continuer à reprendre du rythme avant une opposition bien plus corsée à la fin de l’été. « Sans mentir, je veux affronter les meilleurs là-bas », lâche-t-il. « Quitte à être à la Coupe du Monde, autant se mesurer aux plus gros. Alors pourquoi pas les États-Unis ou la France oui ! » D’ailleurs, pas forcément besoin de prospecter de l’autre côté de l’Atlantique pour trouver ses futurs adversaires. L’un d’entre eux se trouve peut-être déjà au Mans : un duel Terry Tarpey – Kevin Coronel, cela ferait un joli derby manceau à l’autre bout du monde !

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