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Klemen Prepelic : « Limoges a été un tournant dans ma vie et ma carrière »

Treize mois après le contre de Nicolas Batum, Klemen Prepelic et la Slovénie retrouvent l'équipe de France ce mercredi à Cologne. Le sniper slovène évoque ses souvenirs de la Pro A.
Klemen Prepelic : « Limoges a été un tournant dans ma vie et ma carrière »
Crédit photo : Sébastien Grasset

L’histoire de Klemen Prepelic est intimement liée à la France. Il y a joué deux ans au cours de sa carrière professionnelle, à l’époque où il remportait le titre de champion d’Europe avec la Slovénie. Mais surtout, son destin personnel a failli basculer face aux Bleus. Le 5 août 2021, l’ancien arrière de Limoges et Levallois est littéralement passé à deux doigts de devenir une icône nationale en Slovénie. Dans les toutes dernières secondes, il a cru avoir réussi à s’ouvrir le chemin du panier afin d’envoyer son pays en finale des Jeux Olympiques mais Nicolas Batum a surgi par derrière pour écraser la gonfle sur la planche et signer la plus grande action de l’histoire du basket français.

398 jours après Saitama, Klemen Prepelic retrouve l’équipe de France, certes privée de son bourreau, ce mercredi après-midi. Dans les colonnes du Basket Le Mag actuellement en vente, Klemen Prepelic a accepté de revenir sur cet instant de légende.

« J’étais persuadé d’avoir passé Batum. Il n’y a que très peu de joueurs au monde qui auraient pu faire ce contre. Malheureusement pour nous, il en faisait partie. […] J’ai déjà revu sûrement cette action autour de 1 000 fois. Ça ne s’est joué à rien du tout : il n’y avait même pas une seconde pour réaliser ce qui se passait et prendre une décision. Donc oui, bien sûr que je l’ai déjà revu mais si je commence à me laisser hanté par cette action, ça pourrait devenir angoissant . Je ne veux pas me dire : « Qu’est-ce que j’aurais pu faire à la place ? » C’est un coup à sombrer mentalement, peut-être jusqu’à tomber en dépression. Certains joueurs pourraient tomber en dépression à cause d’une telle action. Ce n’est pas mon cas, je ne serai jamais comme cela : je veux toujours avoir le dernier ballon entre mes mains, peu importe les conséquences. Un jour, je serai fier de cette action. »

L’entretien de Klemen Prepelic intégralement consacré au contre de Nicolas Batum
est disponible en kiosques ou à la vente ici

La détresse de Prepelic après le contre de Batum en demi-finale des JO (photo : FIBA)

Depuis son passage en France, Klemen Prepelic a complètement changé de statut. À l’époque de sa signature à Limoges, en 2016, il était une recrue sympathique pour un club privé de Coupe d’Europe, mais loin d’être une star. Arrivé en provenance d’Oldenbourg, il avait alors divisé Beaublanc pendant toute sa saison au CSP : les fans de l’attaquant racé d’une part, les détracteurs de la tête brûlée de l’autre. Mais l’été suivant avait mis tout le monde d’accord… Le natif de Maribor avait été le héros du sacre slovène à Istanbul, comblant les blessures de Goran Dragic et Luka Doncic pour signer un dernier quart-temps monstrueux en finale contre la Serbie (93-85).

« Cet été-là, j’étais la troisième option offensive derrière Goran et Luka. Il y avait beaucoup de pick and roll pour moi, beaucoup de systèmes qui m’étaient destinés. Quand ils sont sortis, j’ai voulu prendre mes responsabilités. J’ai scoré deux – trois paniers très difficiles, j’ai provoqué des fautes. Mais tout le monde a été bon dans ce money-time. On a prouvé qu’on était une équipe au-delà de Goran et Luka. Mes paniers ? En fait, je n’ai aucune pression dans ces moments-là. Je ne pense pas à ce qui peut arriver. Ce n’est que du sport, c’est la plus petite pression qu’on peut avoir dans nos vies. Il y a des choses beaucoup plus difficiles dans la vie qu’un match de basket. On essaye juste de profiter, c’est quelque chose que Luka nous a donné. Il est si jeune mais il nous a appris à vraiment profiter du fait de jouer au basket. »

Petite anomalie à l’époque : après son money-time à 7 unités et sa finale à 20 points, Klemen Prepelic était revenu en Pro A, du côté de Levallois. Simplement une question de timing : heureusement pour eux, les Metropolitans 92 avaient mis le grappin sur le sniper slovène avant le début de l’EuroBasket. Séduits par ses performances, le Real Madrid et d’autres mastodontes continentaux s’étaient penchés sur le dossier au cours de la compétition. Mais personne n’était allé racheter son contrat avec le club francilien, laissant Prepelic vivre une deuxième saison en Pro A équivalente à la première (15,4 points à 38%, 2,8 rebonds et 3 passes décisives, contre 15,8 points à 41%, 2,7 rebonds et 3,7 passes décisives). L’actuel shooteur de Valence s’est remémoré son passage en LNB.

« Ma saison à Limoges avait été très importante. Ce fut un tournant dans ma vie et ma carrière. À l’époque, j’avais changé d’agent, pour partir avec Quique Villalobos. On cherchait un endroit où je pourrais retrouver ma confiance, où j’aurais un coach que je respecte. Évidemment, Dusko Vujosevic était l’entraîneur idoine pour cela. C’était dur bien sûr, rien n’est facile avec Dule. On s’entraînait énormément, il n’y avait qu’un match par semaine. C’était éprouvant mais cela a porté ses fruits puisque j’ai gagné l’EuroBasket l’été suivant. Ensuite, j’ai aussi apprécié mon passage à Levallois, un club familial. Freddy (Fauthoux) était un coach parfait pour moi, Sacha Giffa, Bobo (Diaw) et Flo (Piétrus) m’ont beaucoup aidé aussi. On avait un bon groupe de mecs. On a connu des hauts et des bas, le club avait quelques problèmes financiers mais on a réussi à surmonter cela. Je conseillerais à tous les joueurs européens d’aller en France, en particulier ceux des Balkans. La LNB est un bon endroit où prouver sa valeur. »

Klemen Prepelic avec Levallois en 2017/18 (photo : Sébastien Grasset)

Depuis, Klemen Prepelic a fait plus que prouver sa valeur. Meilleur scoreur de Liga Endesa en 2020 avec Badalone, dans le cercle très fermé des « 50-40-90 » (50% à deux points, 40% à trois points, 90% aux lancers-francs) l’an dernier en EuroLeague avec Valence, il est surtout actuellement l’un des joueurs majeurs d’une sélection de référence sur la scène mondiale : la Slovénie. Voir cette nation aux portes de la finale des Jeux Olympiques – et accessoirement dominer d’autres sports comme le ski ou le cyclisme, avec les phénomènes Primoz Roglic et Tadej Pogacar – est un non-sens démographique absolu : seulement 2 millions d’euros peuplent la république issue de l’ex-Yougoslavie. Alors pourquoi une telle concentration de talents, jusqu’à l’une des nouvelles perles du basket mondial ? Klemen Prepelic répond.

« C’est une histoire de mentalité, le pays est très orienté vers le sport. Mais le basket a eu beaucoup de mal pendant longtemps. On a eu d’excellentes équipes sur le papier, même meilleures que maintenant. En 2009, quand on va en demi-finale, l’équipe était énorme mais il n’y avait pas d’alchimie : il y avait toujours un mec qui voulait être plus spécial que les autres. Ça ne marche pas comme ça dans le sport collectif. On avait un blocage avec les quarts de finale. Avant 2017, on était à 1/8. C’était dur de vivre ça, extrêmement frustrant. Surtout que la seule fois où l’on a gagné, en 2009, on a perdu les deux matchs suivants pour la médaille. Il y avait un petit blocage car historiquement, on savait qu’on ne gagnait jamais ces matchs-là. Même en 2017, notre quart était notre match le plus dur ! La Lettonie revenait en permanence, on n’a jamais su tuer le match. Mais cette année-là, on avait énormément de confiance. Igor (Kokoskov) a tout changé : c’est un grand coach et un grand homme. Il nous répétait que c’était notre équipe, que la Slovénie jouait avant Igor et jouera après Igor. C’est la même chose avec Luka maintenant… Il sera probablement le meilleur joueur de notre histoire pendant très, très longtemps. Il est la clé de notre succès puisque tout devient plus facile à ses côtés. Sans lui, on ne serait pas capable de rivaliser au plus haut niveau. Il est l’un des plus grands joueurs au monde, si ce n’est le plus grand. Avec lui, on veut devenir une puissance durable du basket européen. Nous avons une énorme confiance en nous, un super groupe de mecs : sûrement la meilleure alchimie collective parmi toutes les équipes. On sait qui est notre go-to-guy, qui sont les lieutenants, qui sont les role-players. Nous sommes l’équipe qui s’amuse le plus sur le parquet, on marque 100 points par match (il rit). Tout le monde veut être dans une équipe comme ça, tout le monde préfère l’attaque à la défense. »

Mais avant de devenir « une puissance durable du basket européen », la Slovénie a une revanche à prendre sur l’équipe de France ce mercredi. Cela n’effacera rien, mais c’est une histoire de fierté…

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