Laurent Legname tance le professionnalisme de ses joueurs : « Je me suis trompé sur certaines personnes »
Mercredi soir, tout juste défaite par Venise en ouverture de l’EuroCup (62-73), la JL Bourg a peut-être trouvé son meilleur avocat en la personne de Walter De Raffaele. « C’est une très bonne équipe. Mais comme chaque nouveau groupe, ils ont besoin de temps pour grandir ensemble et assimiler la philosophie de leur nouvel entraîneur », a souligné le coach vénitien. « C’est tout un processus mais aujourd’hui, les gens n’ont plus de patience et veulent tout, tout de suite. » Sauf qu’après deux mois de travail en commun, Laurent Legname lui-même commence à s’interroger sur la capacité de son groupe à se hisser au niveau attendu.
« En première mi-temps, notre défense a plutôt bien tenu le choc avec seulement 34 points encaissés, même si je pense que l’on aurait pu mieux faire. Après, peut-être que certains ne peuvent pas mieux faire. Je commence à me poser la question. Peut-être que certains n’ont pas envie de se faire mal et ne peuvent pas mieux faire. En attaque, nous avons été catastrophiques au niveau de l’adresse, malgré des bons shoots dans le jeu. Puis on démarre mal la seconde mi-temps en terme d’intensité défensive, on laisse Venise s’installer avec 16 points d’avance. Quelques joueurs ont eu une réaction d’orgueil : on monte un peu la défense, on met un peu plus de rythme en attaque mais malheureusement, je n’ai pu compter que sur deux ou trois joueurs donc c’était insuffisant. À ce niveau, il faut de l’agressivité et de l’intensité. Ce soir, seulement deux ou trois joueurs en ont fait preuve. Tout le reste, non. »
« Beaucoup n’ont pas compris ce qu’est un basketteur de haut-niveau »
Convaincu par le projet burgien en partie en raison de l’EuroCup, Laurent Legname a vécu une première amère dans la seconde coupe européenne. Pourtant, hormis l’accident de samedi dernier contre Nanterre, sa philosophie défensive de Laurent Legname semble être déjà bien assimilée. Mais c’est de l’autre côté que le bât blesse… Heureusement, d’ailleurs, qu’il y a un savoir-faire défensif tant la note aurait pu être salée. À la mi-temps, la JL était encore dans le match (26-34) alors que sa première période avait été d’une faiblesse inouïe en attaque : 6 minutes et 36 secondes dans le moindre panier dans le jeu, seulement deux tirs convertis dans le deuxième quart-temps, un taux de réussite effrayant de 19% à deux points (4/21)… Cela n’avait certes jamais atteint de telles proportions jusque-là cette saison mais ce problème commence à devenir récurrent avec seulement 69 points de moyenne lors des cinq premières sorties officielles. Où, effectivement, la blessure de C.J. Harris, censé endosser le costume de leader offensif laissé vacant par Danilo Andjusic, fait très mal…
« Il nous manque du talent, déjà », pointe Laurent Legname. « Certains joueurs ne sont pas au niveau escomptés. C.J. Harris nous manque beaucoup, Max (Courby) aussi. Et d’autres qui devraient être présents au niveau où on les attend ne sont pas là. Ce que je constate, c’est que certains n’ont peut-être pas compris le niveau de l’EuroCup. Parler, dire qu’on veut gagner, c’est bien beau mais avant, il y a des actions à faire sur le terrain pour exister. La parole n’a jamais fait gagner un match. »
Une première soirée compliquée en EuroCup pour Laurent Legname, particulièrement déçu après la rencontre
(photo : Jacques Cormarèche)
Mais à en croire l’ancien patron de Hyères-Toulon, le problème n’est pas que sportif. Au cours d’une conférence de presse plus offensive que le reste de la soirée, et qui pourrait un effet à double tranchant sur le groupe (soit une remobilisation générale, soit…), Laurent Legname a fustigé le comportement d’une partie de ses joueurs. « C’est un problème d’attitude », a-t-il dit au micro de l’EuroCup, avant de préciser sa pensée quelques minutes plus tard, dénonçant des carences en terme de préparation invisible chez certains qui ne seraient pas investis à 100% au quotidien dans la cause basket.
« Je suis déçu par le comportement de certains. Je ne m’attendais pas à ça. Je peux accepter qu’on loupe des paniers mais ne pas être totalement concerné, ne pas vivre sa vie 100% basket quand on a la chance de faire ce métier, de faire l’EuroCup et d’être soutenu par un club qui est très bien… Il y en a qui n’ont pas conscience de ça, qui ne sont pas dans la vraie vie. Selon moi, il y en a beaucoup qui n’ont pas compris ce qu’est un basketteur de haut-niveau qui veut exister en EuroCup et jouer le haut du championnat. Je découvre et je me suis trompé sur certaines personnes. Pas au niveau basket, mais ça manque de professionnalisme, de détermination. Je suis vraiment déçu. Ils sont dans une situation trop confortable Oui, on a un beau métier, des beaux salaires mais on n’est pas dans la vraie vie. À un moment, il y a des contraintes à avoir. Il faut rendre des comptes aux gens qui nous soutiennent et aux partenaires. La moindre des choses, c’est d’être focus à 200% et de se donner à fond sur le terrain comme des combattants. On va faire avec, je vais me battre et s’il faut en laisser de côté, j’en laisserai de côté. Enfin, tant que je serai là… Si c’est moi qu’on doit laisser de côté, on me laissera de côté. Je vais avancer avec mes valeurs, avec ce que je crois et ce qui a fait ma réussite depuis 9 ans. S’ils ont atteint les limites de ma patience ? Oui, oui… Pas par rapport au basket mais par rapport à ces valeurs-là… »
Williams et Pelos cloués au banc en seconde mi-temps
Sans surprise, les deux plus gros temps de jeu de mercredi ont été deux soldats historiques de Laurent Legname : Rasheed Sulaimon (38 minutes), l’instigateur de la révolte malgré une soirée compliquée en terme d’adresse (1/8 à la mi-temps, 11 points à 5/17 au final), et Axel Julien (33 minutes), pourtant très loin de sa folle soirée nanterrienne (5 points à 2/9, 7 passes décisives et 4 balles perdues).
Quant à savoir qui pourraient être concernés par ces propos… Ils sont vraisemblablement nombreux mais JaCorey Williams est un nom évident. Sur le parquet, du moins. Sans préjuger de son attitude hors-terrain, l’ancien leader de Trento est aussi actif que brouillon lorsqu’il est en jeu (6 rebonds en seulement 12 minutes, mais 2 points à 1/4 et 3 balles perdues). Preuve du peu de crédit accordé, la révélation 2020/21 de Lega n’a pris part qu’à quatre minutes de la deuxième mi-temps… Tout comme Pierre Pelos, l’un des rares à apporter une étincelle en attaque (10 points à 3/6 et 5 rebonds) mais en grande difficulté défensive, coupable sur l’entame ratée de seconde période, et qui n’a ensuite disputé que 150 secondes de toute la fin de match. Il est encore un peu tôt pour parler de moment décisif mais cette conférence de presse pourrait déjà être un tournant de la saison bressane. Rendez-vous samedi au Portel pour en tirer les premiers enseignements.
Pierre Pelos n’a quasiment pas été utilisé de la seconde mi-temps
(photo : Jacques Cormarèche)
À Bourg-en-Bresse,
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