[L’œil de coach Soares] En défense, qui « coûte » combien chez les Bleus ?
Après les trois premiers matchs de l'équipe de France à l'EuroBasket, notre coach-consultant Guillaume Soares se penche sur l'efficacité individuelle défensive des 12 Bleus.
L’équipe de France possède le 14e Defensive Efficiency et le 16e Defensive Ratio de l’Euro
Crédit photo : Julie Dumélié
Réputée pour sa capacité à défendre dur et bien, l’équipe de France n’est pourtant aujourd’hui classée que 14ème (sur 24 équipes au total) au « Defensive efficiency », avec 1,04 point encaissé par possession défendue, et 16ème au « Defensive ratio », avec 85,8 points encaissés sur 100 possessions.
À titre de comparaison, la Grèce domine le défensive ratio (62,5 points pour 100 possessions) et l’Espagne est en tête à la Defensive efficiency (0,87), suivi de très près par les… Israéliens (0,89)
En analysant de plus près chaque possession défensive sur les trois premiers matchs, on peut ainsi définir quels joueurs sont les plus impliqués dans les points encaissés.
Une analyse objective…
Cette analyse est généralement effectuée par l’ensemble des staffs des équipes professionnelles à la suite de chacun de leur match. Il est en effet important de mettre en corrélation l’apport offensif d’un joueur avec ce qu’il peut « coûter » en défense.
Il n’est pas ici question de pointer du doigt certains joueurs mais simplement d’analyser chaque situation de tirs des adversaires et de définir les responsabilités de chacun avec le plus d’objectivité possible.
… Avec toutefois une touche de subjectivité
En effet, lors de cette analyse, il faut faire certains choix. Chaque coach pourra définir par lui-même les critères qui impliquent, ou non, certains joueurs dans les paniers encaissés. Par exemple, lors d’une situation de pick and roll, deux joueurs sont directement impliqués sur le porteur de balle mais les trois autres ont également des rôles bien précis et peuvent (ou non) être mis en cause. Ainsi, une part d’analyse personnelle est à souligner.
Aussi, nous ne connaissons par l’ensemble des principes défensifs et des options prises par le staff de l’équipe de France. Il est donc possible que certaines situations impliquent une part de stratégie définie en amont et difficilement perceptible.
Enfin, certains joueurs sont particulièrement missionnés sur les meilleurs attaquants adverses (Coulibaly, Cordinier notamment), d’autres sont utilisés à un poste qui n’est pas le leur (Luwawu en 4, Yabusele en 5), ce qui doit également être pris en considération.
L’analyse
En s’intéressant à ces chiffres, cela confirme que Bilal Coulibaly et Sylvain Francisco sont vraiment des éléments essentiels du dispositif défensif.
En plus d’avoir un vrai rôle en attaque, Bilal doit également s’occuper des meilleurs joueurs adverses et il se montre efficace des deux côtés du terrain avec un temps de jeu conséquent.
On remarque aussi que nos deux postes 5 ont de très bons ratios, ce qui est rassurant par rapport à notre défense de pick and roll.
Guerschon Yabusele semble le plus en difficulté dans son rôle complexe de poste 4-5, tout comme Timothé Luwawu-Cabarrot qui fait le « sale » boulot en défense pour permettre le small-ball en attaque.
Théo Maledon et Elie Okobo profitent de leur très bon match défensif contre la Belgique pour montrer de belles moyennes, même s’ils ont été plus en difficulté sur les deux derniers matchs.
On notera également la régularité d’Isaïa Cordinier (qui, lui aussi, a été beaucoup missionné sur Doncic et Avdija), toujours aussi impeccable et solide défensivement, malgré un temps de jeu plus limité.
Enfin, le classement de Risacher semble sévère au vu de l’ensemble de ses prestations, mais il est surtout pénalisé par des fautes (de jeunesse ?) qui ont coûté des lancers-francs aux Bleus en fin de quart temps.
Qui est Guillaume Soares ?
Ancien joueur de niveau NM3 – Prénationale (avec quatre apparitions en NM1 en 2008), reconverti dans le coaching depuis, Guillaume Soares (35 ans) était à la tête des U18 du Stade Marseillais la saison dernière après quatre années passées dans un rôle d’assistant-coach au sein du monde professionnel.
Il a successivement secondé Sébastien Cherasse à Andrézieux-Bouthéon (NM1), Dounia Issa à Pont-de-Chéruy (NM1), Guillaume Vizade à Vichy (ÉLITE 2) et David Morabito à Blois (Betclic ÉLITE). En parallèle, il est également professeur des écoles.
Pour le troisième été consécutif, après la Coupe du Monde 2023 et les Jeux Olympiques 2024, l’entraîneur stéphanois tiendra des chroniques tactiques sur BeBasket autour des matchs de l’équipe de France pendant l’EuroBasket 2025.
Guillaume Soares a fini la saison 2023/24 sur le banc de l’ADA Blois (photo : Virginie Lapeyronie)
Alexandre Lacoste est arrivé sur BeBasket en 2011, lorsque le site se prénommait encore Catch & Shoot. Amateur de portraits et de reportages, généralement au plus près des équipes de France lors des compétitions internationales, il aime chercher des angles originaux et des sujets qui vont au-delà du simple résultat sportif.
cela semble argumenter que si Nadir ne met pas un point en attaque, il vaut mieux le sortir vu ce qu'il nous coûte en défense! Même sans les chiffres, c'est l'impression visuelle que tout le monde a eu.
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ryosanada
Ca confirme que Sylvain Francisco pour l'instant fait un sacré boulot défensif. Il met une bonne pression sur le porteur de ballon et fait l'effort de passer au dessus des écrans. Pour peu qu'il fasse plus de matchs offensifs comme ceux contre la Belgique et surtout la Slovénie sur la suite du tournoi, il peut vraiment être le gamechanger de l'équipe. Quand ton top playmaker est aussi un de tes meilleurs défenseurs, c'est beaucoup plus simple de construire ton équipe.
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