Rémi Giuitta (Fos) : « On a envie de re-goûter à la Jeep Elite »

La LNB a consacré un grand entretien à Rémi Giuitta qui aborde tous les sujets à dix jours de la reprise de la saison régulière. Le technicien fosséen est revenu sur le premier exercice de son club de cœur qui s’est terminé par une relégation.
« L’impression d’avoir apporté tout ce que je pouvais »
Entre les blessures, les suspensions et le manque de cohésion du groupe qui n’a que trop pu travailler au complet, Fos Provence Basket a échoué dans son opération maintien, à une victoire près. Un échec qui a plombé le moral du coach, qui a songé un temps à tout arrêter !
« De partir ailleurs, non, pas vraiment. Mais d’arrêter, oui, a-t-il confié. Avec un double sentiment. D’abord, l’impression d’avoir apporté tout ce que je pouvais proposer. D’avoir connu finalement tout ce que je souhaitais connaître avec mon club. Enfin tout, non, à l’image de Pascal Donnadieu à Nanterre, lui a connu un titre et des Coupes d’Europe… Mais déjà d’avoir connu la Jeep® ÉLITE avec Fos, quand je me replace 15 ans en arrière, c’était juste inespéré. (…) Tout ça a fait que j’ai eu envie, à un moment donné, de laisser ma place. Avec un vrai besoin de souffler aussi, après une année plus qu’éprouvante sur le plan psychologique, en ayant l’impression d’être un peu otage d’une situation et de n’avoir pas pu coacher et manager selon mes propres valeurs. De m’être un peu perdu dans des compromis pour tenter de nous sauver. À tort sans doute… Ce n’était pas une envie d’aller voir ailleurs, mais plutôt une envie de prendre un peu de recul, de décompresser, un besoin aussi de m’occuper un peu plus de ma famille que j’ai quand même pas mal délaissée au fil de ces 15 ans avec la tête dans le guidon. J’ai toujours cumulé la fonction de directeur général avec celle de coach, ce n’est pas rien et j’étais un peu lessivé mentalement comme physiquement. Ce qui m’a fait changer d’avis, c’est qu’en discutant avec le président, des joueurs qui revenaient ici ou encore certains nouveaux dirigeants, j’ai eu beaucoup de soutien et… comment dire… Tout le monde me disait que je ne devais pas me sentir comme le seul responsable de la situation d’échec. Parce que pour moi, même s’il y a plein de circonstances atténuantes, cela reste un échec.
Enfin, il m’a semblé que le club avait pris conscience de nos limites organisationnelles. Le recrutement d’un directeur général (William Raffa, ndlr) allait dans le bon sens, pour que je puisse me consacrer essentiellement à la direction sportive plutôt que de toucher à tout. Alors, à force de discussions, j’ai pris conscience que j’avais un rôle à jouer pour parvenir à structurer et pérenniser le club. Maintenant, je suis hyper motivé pour remettre le club à l’endroit, avec des valeurs que j’ai toujours défendues. C’est le challenge de cette année dite de transition. En plus, je retrouve un groupe avec beaucoup de jeunes que j’ai formés. Avec aussi, une dimension humaine qui me ressemble. Finalement, il y avait plein de raisons tout à fait valables pour replonger ! »
« Je voulais soit des joueurs que je connaissais bien, soit des spécialistes de la PRO B »
Pour ce retour dans l’antichambre de la Jeep Elite, Fos Provence Basket a bâti un roster de joueurs réputés pour la Pro B, mais aussi de joueurs qui connaissent bien la maison puisque Sullivan Hernandez, Bodian Massa (de retour de prêts) et Allan Dokossi ont été formés au club et qu’Edouard Choquet, Mohamed Hachad (qui aurait pu revenir en cours de saison dernière) et Noé-Charles Abouo ont déjà évolué en « Black&Yellow ». Enfin, les recrues qui complètent l’effectif (Lucas Hergott, Caleb Walker, Makram Ben Romdhane et Junior Mbida) sont rompus aux joutes de la Pro B.
« Je voulais m’assurer de la qualité humaine des recrues. Mais cela n’est pas nouveau, je l’ai toujours fait. Ensuite, la PRO B est une division tellement particulière, avec un jeu réellement spécifique, que j’ai voulu aussi prendre des joueurs qui la connaissent bien. Faire une équipe de Jeep® ÉLITE pour la PRO B, on l’a vu dans le passé, ça ne te donne aucune garantie. Je voulais soit des joueurs que je connaissais bien, soit des « spécialistes » de la PRO B. Cela s’est fait progressivement aussi.
Mo Hachad devait venir déjà l’an passé, quand on a pris Yannis Athinaiou. Il n’avait pas pu se libérer malheureusement. Là, il était naturel qu’il revienne. Junior Mbida, c’est un joueur que je connais depuis longtemps. Pour moi, même s’il a 29 ans, il a encore une vraie marge de progression, y compris en attaque. On va tenter de faire en sorte qu’il prenne encore plus de responsabilités offensives parce qu’il a en lui les qualités pour ça. Caleb Walker, il m’avait frappé, quand il était à Évreux. Parce qu’il avait été le seul joueur à parvenir à contenir Aaron Broussard, une bombe physique, qu’aucun arrière dans la division ne parvenait vraiment à arrêter. Idem la saison suivante face à Abouo, dont le profil est pourtant différent. Cela m’avait impressionné. Et comme j’aime avoir un arrière avec un gros impact physique et que je connaissais un peu l’homme, je n’ai pas hésité une seconde. Noé (Abouo), cela s’est fait tardivement parce qu’il était à la Coupe du Monde. Je connais le joueur par cœur. J’avais un peu attendu sur ce dernier poste pour avoir une idée précise des complémentarités. C’est un joueur capable de jouer 3 ou 2, avec un réel impact physique et de l’adresse. Lucas (Hergott), c’était l’idée d’essayer d’impliquer des jeunes joueurs à potentiel pour les aider à poursuivre leur développement. Grâce à Saint-Chamond, il a déjà pu démontrer toutes ses qualités et on va essayer de compléter sa formation et de l’accompagner dans sa progression.
Pour Ben Romdhane enfin, on cherchait un joueur capable d’apporter un peu plus de sens du jeu, de rendre les autres meilleurs aussi. Lui, c’est un technicien. Entre Hernandez, Massa et Mbida, je pense qu’on avait déjà un niveau d’impact athlétique et de verticalité suffisant. Mais on manquait un peu d’expérience, de qualité de passes, que Kirksay ou Pelos pouvaient m’apporter dans le passé quand je les utilisais en 4. Makran devrait nous apporter cela ».
« Tout le monde avance caché »
Difficile pour le coach provençal de se projeter sur la saison à venir vis à vis de la concurrence et alors qu’il n’y aura qu’une seule montée, pour le vainqueur des playoffs…
« Je pense que l’ambition est là chez certains. On ne va pas me faire croire que Nancy et d’autres n’ont pas l’ambition de monter ! Paris ? Quand on recrute Amara (Sy) et Nobel (Boungou-Colo), ou qu’on manque de peu de faire revenir Schaffartzik, ce n’est pas pour jouer le maintien !
Tout le monde avance caché, mais je pense qu’il y a une réelle volonté d’aller dans l’élite chez beaucoup d’équipes. Nous, ce ne sera pas un drame de ne pas monter cette saison, mais il est évident qu’on a envie de re-goûter à la Jeep® ÉLITE. Quand ? Avec quels moyens ? On verra bien. On s‘est rendu compte l’an dernier qu’il ne faut pas y aller la fleur au fusil. Donc on veut structurer avant toute chose. Mais avec des playoffs, en deux manches gagnantes, c’est compliqué de se projeter.
Alors déjà, l’objectif est d’être dans le Top 8, ce qui va être compliqué parce que j’ai bien l’impression que, cette saison, je ne vois aucune équipe faible. Même les clubs qui ont peu de moyens financiers, comme Aix-Maurienne qu’on vient de jouer, ont bien recruté et ont pas mal de talents. Quimper a bâti une super équipe. Souffel(weyersheim), on connaît le basket de Stéphane Eberlin, avec une grosse défense et beaucoup d’impact, ça va être très dur de gagner chez eux. Gries Oberhoffen, de par le basket qu’ils produisent depuis deux ans, ils seront dans le coup je pense.
Sincèrement, je ne vois pas d’équipe résolument inférieure sur la ligne de départ. Pas d’épouvantail non plus, même si Paris, si la mayonnaise prend, pourrait éventuellement être au-dessus. C’est un championnat super homogène qui va rendre les places en playoffs très, très chères. Ce qui est compliqué pour faire des pronostics, c’est qu’avec un seul renfort US, les équipes sont beaucoup plus homogènes. Enlever un Américain, c’est tout sauf neutre ! Cela va diluer les responsabilités au sein des équipes. Et les rendre aussi un peu dépendantes de la qualité de leur choix de renfort US…
Après, beaucoup d’équipes ont des « facteurs X ». À Antibes, par exemple, Roko-Leni Ukic, s’il est en forme, c’est un joueur surdimensionné. Nancy a un sacré potentiel offensif et, les soirs où ça va rigoler, je ne vois pas qui pourra les arrêter. Paris, on en a déjà parlé. Rouen sera au rendez-vous aussi. Sincèrement, même si je connais bien la division, je serais bien incapable de dégager le Top 8 ! Tout va se jouer sur la dynamique collective et c’est très difficile à prédire. »
Fos Provence Basket va se mesurer à Antibes ce soir (20h) dans le cadre de la Leaders Cup. Puis dès la première journée de championnat (le 11 octobre), les Provençaux recevront un autre prétendant à la montée, Paris Basket.
Qui a écrit ce papier ?
Rédaction BebasketBEBASKET
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