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[Rétro] Le jour où Victor Wembanyama a écœuré la Lituanie

Alors que Victor Wembanyama fêtera ce vendredi soir sa première sélection avec l'équipe de France en Lituanie, le néo-Bleu a déjà croisé la route de la sélection balte. C'était lors du quart de finale de la Coupe du Monde U19 en 2021 et il avait été monumental à Riga. Retour sur cette rencontre marquante dans son jeune parcours.
[Rétro] Le jour où Victor Wembanyama a écœuré la Lituanie
Crédit photo : FIBA

Pour sa toute première sélection avec les A, dans sa ville natale de Panevezys, Mantas Rubstacivius reverra peut-être danser des fantômes de Riga vendredi soir quand il apercevra Victor Wembanyama se dresser de nouveau sur sa route. Il y a 490 jours, le jeune arrière avait une balle de demi-finale de Coupe du Monde entre les mains, le géant français devant lui : à 45 secondes du buzzer final, alors que tout restait à faire (69-69), l’ancien joueur du Zalgiris Kaunas a provoqué un switch pour se retrouver face au prodige tricolore, a tenté de le déborder par la droite avant de monter au cercle main gauche. Pour, évidemment, se faire attraper par Wemby, auteur d’un contre d’anthologie pour préserver les chances de qualification des Bleuets.

À l’époque, Victor Wembanyama était bien sûr connu de tous les spécialistes, déjà programmé pour devenir n°1 de la draft en 2023, mais n’était absolument pas entouré de la frénésie actuelle, véritablement née à Las Vegas le mois dernier. Ainsi, pour ce quart de finale contre la Lituanie, l’immense Riga Arena (qui accueillera la phase finale de l’EuroBasket 2025) sonnait très creux, seulement peuplée d’une centaine de spectateurs, en majorité des scouts NBA, et d’une petite dizaine de journalistes, dont deux représentants de BeBasket.

« Si je veux un jour dominer en NBA, il va falloir que je sois un leader.
Cette Coupe du Monde U19 me permet de grandir à ce niveau-là »

Il faut dire, aussi, que si le potentiel du joueur était déjà effrayant, ses flashs au plus haut-niveau n’avaient pas encore été extrêmement nombreux. Il y eut, bien sûr, son premier match avec le Pôle France, dans l’antre du Havre, où il avait marché sur le STB (22 points, 10 rebonds et 7 contres) et permis à l’INSEP de briser une série de 28 défaites de rang en NM1. Il y eut, aussi, ce printemps plutôt abouti avec Nanterre 92, ponctué par un double-double contre Orléans (14 points et 10 rebonds) – son premier en Betclic ÉLITE – mais pas encore une domination continue. Logique, à seulement 17 ans… Mais du coup, cette Coupe du Monde U19, dont il était le troisième joueur le plus jeune, représentait un bon moyen de visualiser concrètement ses progrès.

Strazel – Wembanyama, duo gagnant pour les Bleuets (photo : FIBA)

Et on a vu ! Sur Youtube, une vidéo de la FIBA compilant ses meilleures actions du premier tour est répertoriée comme « Victor Wembanyama coming out party ! » Ce que l’on pourrait traduire comme le moment où il s’est véritablement révélé. Pourtant, ses quatre premiers matchs, évidemment convaincants dans l’ensemble (13,8 points à 43%, 8,8 rebonds et 3,8 contres), pouvaient encore être étiquetés par une certaine irrégularité, ou du moins par un manque d’efficacité avec un 6/18 aux tirs cumulé sur ses deux sorties pré-Lituanie, et par une difficulté récurrente avec les fautes. Soit un apprentissage permanent au cours de cette semaine lettone. « Même si je suis plus jeune, je peux être un leader ici », nous avait-il dit. « Je peux apprendre comment assumer plus de responsabilités. Si je veux un jour dominer en NBA, il va falloir que je sois un leader. Alors jouer cette Coupe du Monde U19 me permet de grandir à ce niveau-là. Je vois cela comme une opportunité de reproduire cette expérience à une échelle professionnelle à l’avenir. »

ITW Victor Wembanyama : « Je ne me rends pas pleinement compte de mon statut »

De fait, au cours de ce quart de finale contre la Lituanie, Victor Wembanyama a livré l’un de ses deux-chefs d’œuvre de Riga. « Une performance qui fera date dans l’histoire de sa jeune carrière », avions-nous alors écrit dans le résumé d’après-match. Après avoir démarré la rencontre par un alley-oop en 15 secondes avec Matthew Strazel, celui qui venait alors de signer avec l’ASVEL avait livré 32 minutes éblouissantes (20 points à 10/16, 6 rebonds, 2 passes décisives pour 28 d’évaluation. Au cours d’un match parti en prolongation, son +/- fut de +12, le meilleur des Bleuets. « Il avait été énorme », se souvient le sélectionneur Frédéric Crapez. Tout juste pourra-t-on lui reprocher une chose : le fait d’être allé effleurer le floater de Matthew Strazel au buzzer, ensuite refusé par les arbitres alors que l’affaire se jouait au dixième de seconde. « J’ai l’impression qu’elle rentrait, et Victor aussi », avait ensuite confié le meneur monégasque, dans la foulée de la qualification. « Il se dit qu’elle rentrait sans même qu’il la touche. C’est après le buzzer donc c’est logique que cela ait été refusé : si cela avait été dans l’autre sens, on aurait gueulé aussi. » Cependant, avec du recul, Frédéric Crapez l’assure : « Le panier était valable, il restait un dixième. »

« Avec les tripes et la tête », les Bleuets terrassent la Lituanie à l’issue d’un match fou !

Une séquence inoubliable dans le money-time

Peu importe au final, et même tant mieux, puisque cela a emmené la rencontre en prolongation : cinq minutes supplémentaires qui ont permis à Victor Wembanyama d’asseoir sa domination absolue. Au cours du money-time, le Francilien a pris le dessus sur les Baltes à travers une séquence inoubliable : trois fois d’affilée, les Lituaniens ont cherché l’isolation face à lui ; trois fois d’affilée, ils se sont fait contrer. Et ce fut à chaque fois avec des joueurs différents : Mantas Rubstavicius donc, mais aussi Augustas Marciulonis (fils du légendaire Sarunas), qui avait stoppé son dribble au niveau de la ligne des lancers-francs à +3 pour la Lituanie à 80 secondes du buzzer final, puis Motiejus Krivas, scotché sur la planche lors de la deuxième possession de la prolongation après avoir été décalé par Marciulonis. À voir la réaction de l’actuel étudiant de Saint-Mary’s après ce troisième contre, stupéfait avec les deux mains autour de la tête, Wembanyama avait définitivement pris le dessus mentalement sur toute l’attaque lituanienne. « C’est clairement lui qui change le match », admettait Matthew Strazel, meilleur marqueur du jour (23 points). « On le sait, on le connait, il est là pour ça. Il fait des choses incroyables. » Mais l’on pourra alors se demander pourquoi avoir cherché constamment à l’attaquer lui, malgré son immense capacité de dissuasion. « Il avait quatre fautes et ils voulaient faire tomber la cinquième », se remémore Frédéric Crapez. « C’était bien joué de leur part mais heureusement pour nous, Victor a réussi à rester sur le terrain. » Pour finalement permettre aux Bleuets d’arracher ce match, « avec les tripes et la tête » dixit Matthew Strazel, prélude essentiel à la première finale mondiale de leur histoire. Un thriller de 45 minutes qui s’impose encore parmi les matchs fondateurs dans l’ascension extraordinaire du phénomène Wembanyama.

En zone mixte avec Victor Wembanyama :
« J’ai rarement vécu autant d’émotions sur un match »

Victor, vous êtes en demi-finale de la Coupe du Monde après un combat épique contre une très belle équipe de Lituanie. Comment te sens-tu ?

Franchement… Ça avait beau ne pas être une finale et ne pas nous mener directement à un titre j’ai rarement vécu autant d’émotions sur un match dans toute ma vie. C’était tellement éprouvant (il souffle). On s’est vraiment battu collectivement jusqu’au bout. L’équipe a tellement rayonné dans ce match, et particulièrement dans cette prolongation, que ça ne peut que nous propulser vers le haut.

On a vu encore une fois aujourd’hui que c’est votre intensité défensive qui vous a permis de rester dans le match quand c’était plus compliqué d’un point de vue offensif…

Tout à fait. On a eu une préparation très courte en fait. Plusieurs joueurs, dont moi, ont fait moins de deux semaines de prépa. On doit se reposer sur les valeurs de l’équipe de France, notamment sur l’intensité défensive. Comme on a ça dans les veines, on s’en sort bien ! On voit qu’au fur et à mesure des matchs, on trouve différents moyens et différentes tactiques pour que l’adversaire ait le tir le plus difficile. Ça s’est d’autant plus vu sur un match comme celui-là, avec de très bons choix de la part des joueurs et du coach.

On se rappelle de votre money-time très difficile dans la gestion contre l’Espagne lors du premier tour. Aujourd’hui, c’était une nouvelle fin de match serrée et vous avez su trouver les solutions…

Pour moi, il n’y a aucun doute que c’est grâce à notre défaite contre l’Espagne qu’on a pu gagner aujourd’hui. Honnêtement, on a beaucoup appris, et moi particulièrement, face à l’Espagne. Je pense que cela m’a beaucoup aidé à mieux gérer cette fin de match.

L’oeil de Frédéric Crapez sur l’évolution de Victor Wembanyama

« Je ne suis pas surpris. Il a tellement de qualités que je pense qu’il va battre beaucoup de records. Il est évidemment meilleur aujourd’hui qu’il y a un an et demi et il va sans cesse continuer de progresser parce qu’il a envie, parce qu’il aime ça, parce qu’il est motivé, intelligent. À l’époque, sa maturité m’avait frappé, sa faculté d’être capable de prendre du recul sur les choses, sur tout ce qui lui arrive. Quand on n’a que 18 ans, ça ne doit pas être évident toutes ces sollicitations, tout ce qu’on attend de vous, toute cette pression. Et je trouve qu’il s’en sort très bien, aussi car il est bien entouré. C’est bien qu’il continue sa progression auprès de Vincent (Collet) afin qu’il arrive dans les meilleures aptitudes en NBA. J’espère que son corps sera prêt pour une saison NBA. Mais le talent, il l’a. Il respire le basket, c’est un joueur hors-normes, comme on n’a jamais vu. Je suis très heureux pour lui. D’avoir à un moment donné croisé son chemin, ça restera top, une expérience enrichissante et ô combien gratifiante. »

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