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ASVEL : Affaire Jackson – Mitrovic, une logique période de turbulences

Jusqu’ici, la saison 2019/20 de l’ASVEL était idyllique. Le groupe rhodanien a réussi des débuts inespérés en EuroLeague (8 victoires sur les 16 premières journées), au point de rêver de playoffs, et est longtemps resté invaincu en Jeep ELITE. Sauf que la digestion de ce calendrier, intenable ou presque, a fini par user les organismes et les esprits. Surtout, la réalité du niveau de l’EuroLeague a fini par frapper l’équipe de Zvezdan Mitrovic. La chance a semblé tourner le soir du 10 janvier et la réception de l’Etoile Rouge de Belgrade, les locaux s’inclinant 83 à 80 après avoir compté jusqu’à 20 points d’avance en première mi-temps.

L’ASVEL, et c’est logique dans un championnat de France dense où tout le monde veut faire un coup contre le représentant national en EuroLeague, a fini par perdre en Jeep ELITE. D’abord au Mans, le 23 décembre. Puis le 5 janvier à Monaco. Et enfin ce dimanche 9 février, pour la première fois de la saison à domicile en championnat de France, contre les Metropolitans 92.

Une période tendue mais tout reste à faire

Ce dimanche a été une journée difficile pour le club. La parution d’une entrevue d’Edwin Jackson donnée au journal local Le Progrès est venue perturber l’entité juste avant la rencontre. Ce dernier, en grosse difficulté en EuroLeague (5,8 points à 27% de réussite aux tirs, dont 9,8% à 3-points), n’a pas caché ses frustrations au sujet de son utilisation, ainsi que celle de son meilleur ami, le meneur Antoine Diot. Le natif de Pau a également critiqué le jeu offensif proposé par son équipe sur la scène européenne, réfutant la justification d’une absence de talent dans le groupe. Une sortie qui a engendré bon nombre de critiques à son encontre, lui dont la forte personnalité controversée et les performances irrégulières ne font pas l’unanimité. Après la rencontre, perdue de 10 points (69-79), le président délégué Gaëtan Muller a reconnu les tensions et annoncé que les problèmes seraient réglés « en famille », soit en interne.

Si l’ASVEL est en difficulté à l’heure actuelle, cette période n’est pas surprenante. Outre l’enchaînement des matchs et notamment des nombreux déplacements, il faut rappeler que le capitaine Charles Kahudi manque à l’appel à cause d’une blessure à la cheville et que plusieurs joueurs, Tonye Jekiri en tête, n’ont plus la fraîcheur du début de saison. Le bilan en EuroLeague (9 victoires et 14 défaites) reste largement supérieur aux attentes compte tenu du budget (un salaire maximal à 280 000 euros la saison). L’équipe se retrouve à égalité en tête de la Jeep ELITE avec Monaco et Dijon, avec 19 victoires et 3 défaites. Tout reste à faire pour aller chercher la première place de la saison régulière et, quoi qu’il en soit, le titre se jouera en playoffs. Une victoire à la Leaders Cup ce dimanche 16 février mettrait fin à cette période difficile.

Toutefois, les propos critiques d’Edwin Jackson et sa non-convocation pour le match en retour ont certainement laissé des traces indélébiles au sein du groupe. On se rappelle que suite à une altercation avec son entraîneur en février 2019, Alexis Ajinça avait été coupé. En sera-t-il de même pour Edwin Jackson ? Si cela serait surprenant au vue compte-tenu de son passé marquant avec l’ASVEL et de son contrat, courant sur quatre ans, un départ resterait comme un acte fort, afin de faire passer au-dessus de tout l’institution et légitimer un peu plus Zvezdan Mitrovic.

Mitrovic a lui aussi droit à sa part de critiques

Si la qualité de son travail est reconnue dans tous les milieux, Zvezdan Mitrovic a également eu droit à un passage sous le feu des critiques ces dernières semaines. Peu adepte du dialogue avec ses joueurs (alors qu’il se montre par exemple agréable avec la presse), comme il l’a avoué dans l’épisode qui lui a été consacré dans la série sur la saison de l’ASVEL, le Monténégrin est resté fidèle à ses principes : il n’accorde aucun passe droit à aucun joueur, quelque soit leur statut. Si on ne peut qu’applaudir la cohérence, cette absence de dialogue peut parfois tendre les individus en période difficile. Par ailleurs, il a aussi cumulé les expulsions depuis le début d’année 2020 (deux en EuroLeague et une en Jeep ELITE). Enfin, la répartition du temps de jeu sur les matchs européens, en vue de se concentrer sur l’objectif initial (conserver le titre du championnat de France), a été questionnée par divers observateurs. Son bilan (les titres, les victoires en EuroLeague mais aussi la responsabilisation des jeunes, comme Théo Maledon et Matthew Strazel) reste excellent au vue des forces en présence et remettre en cause la place de « coach Z » serait une erreur. Cela n’empêche pas les remarques ponctuelles.

Toutefois, le groupe qui traverse actuellement quelques turbulences, reste le même que celui qui a fait rêver le basket français en début de saison. La magie et la surprise des débuts en EuroLeague sont passées, la fatigue est arrivée, mais les titres restent à gagner. Le staff et les joueurs conservent tous les arguments nécessaires pour remporter la Leaders Cup et conserver le trophée de champion de France. Avec ou sans Edwin Jackson.

Les saisons sont faites de hauts et de bas comme les matchs sont divisés en temps forts et temps faibles. L’ASVEL a connu la joie des titres, en 2016 et 2019, mais aussi des saisons plus difficiles avec des joueurs et entraîneurs virés. Tony Parker était un joueur très populaire et apprécié mais parfois aussi controversé, son ambition débordante étant parfois incomprise par certains. Il en est de même pour le président.

Faire venir Edwin Jackson était-il le bon choix ?

Reste que la mise en place de son système fait elle aussi face à son lot de critiques, de la part de fans mais aussi de spécialistes. Le recrutement d’Edwin Jackson après deux saisons mitigées partagées entre les Southern Tigers (Chine), le FC Barcelone (Espagne) et Podgorica (Monténégro), n’a pas convaincu sur le plan sportif, alors qu’il semblait plus évident sur le plan humain (un Lyonnais formé au club, grand ami de TP). En début de carrière, Edwin Jackson avait lui même bien cerné son profil : « Je suis un volume shooteur », nous avait-il expliqué dans les couloirs du Palais des Sports de Pau, après un match de semaine des As 2011 où il était sorti de l’ombre au milieu d’une saison difficile. Sa carrière aura jusqu’ici confirmé ce qualificatif : ce petit ailier scoreur est performant lorsqu’il est largement responsabilisé. On l’a ainsi vu saignant comme jamais avec le rôle de star dans des équipes de milieu de tableau, à l’ASVEL en 2014/15 puis à l’Estudiantes Madrid (Espagne) en 2016/17. En revanche, ses expériences dans des grosses cylindrées (Barcelone et Malaga) ou en équipe de France, dans un rôle de second couteau cette fois, ont été moins concluantes. S’il a progressé à ce niveau au cours de sa carrière, en se montrant volontaire notamment en équipe de France, la défense n’a jamais été son fort. Un manque rédhibitoire dans le dispositif de Zvezdan Mitrovic.

Pourtant, malgré ces faits, l’ASVEL a pris le pari de l’engager jusqu’en 2023, au risque que la collaboration avec Mitrovic ne fonctionne pas. Ce dernier n’est pas au centre de la politique de recrutement comme cela peut être le cas dans certains clubs. S’il a insisté pour faire venir Tonye Jekiri, ses autres demandes concernaient souvent des joueurs trop onéreux pour les finances de l’ASVEL.

Un apprentissage pour le clan Parker

Le recrutement d’Edwin Jackson suit toutefois une logique de la politique de Tony Parker. L’ancien sportif reconverti en homme d’affaires n’a jamais caché son intention de s’entourer de proches pour faire vivre le projet de l’ASVEL. C’est ainsi que l’on retrouve dans les différents organigrammes T.J. Parker, Gaëtan Muller, Marie-Sophie Obama, Nicolas Batum, Pierre Parker… Le Normand les a intégrés un à un dans la structure. Comme pour Zvezdan Mitrovic, on ne peut reconnaître la cohérence entre les propos et les faits. Des erreurs ont été, sont et vont être commises : mais il est indéniable que cet investissement a permis de propulser le développement de l’ASVEL et du basket français avec.

Cet épisode apparaît néanmoins comme un challenge intéressant dans la montée en puissance du club. Dans un monde d’égo, où le business finit toujours par prendre le dessus sur l’humain, le jeune président (de retour à Villeurbanne ce lundi) devra trancher. Affaire à suivre…

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