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Dewarick Spencer, une légende en visite à Roanne et au Mans ce week-end !

Joueur mythique de l'histoire du championnat, Dee Spencer sera en France ce week-end. Le MVP 2007 va profiter de la trêve en Égypte, où il joue encore à 40 ans, pour venir assister aux rencontres de la Chorale et du MSB. Toujours désireux de venir terminer sa carrière en France, comme il le clame depuis de nombreuses années, l'Américain nous a confié quelques souvenirs de ses années tricolores.
Dewarick Spencer, une légende en visite à Roanne et au Mans ce week-end !
Crédit photo : Olivier Fusy

4 637 jours. Presque 13 ans que le plus grand joueur étranger de l’histoire de la Chorale de Roanne n’a plus remis les pieds à la Halle Vacheresse. À l’époque, le 1er juin 2010, Dewarick Spencer s’était rappelé au bon souvenir des supporters ligériens en plantant 34 points en demi-finale retour sous le maillot du Mans. Depuis, il n’était plus jamais revenu. Mais vendredi, il sera là. Alors qu’il bénéficie d’un break de plusieurs semaines avec son club égyptien d’Al Ittisalat (où il évolue depuis novembre 2020), le néo-quadragénaire (oui, ça ne rajeunit personne…) a souhaité revenir en France. Il sera ainsi honoré par la Chorale avant le match contre Fos-Provence, dont il donnera le coup d’envoi, puis, après un crochet par Paris, ira au Mans dimanche où il assistera à la rencontre contre l’ASVEL, de ses ex-coéquipiers sarthois Antoine Diot et Charles Kahudi.

« C’était Allen Iverson avec encore plus de talent »

20,6 points à 51%, 6,1 rebonds et 3,6 passes décisives : en 2006/07, Dee Spencer a livré l’une des plus belles campagnes individuelles de l’histoire du championnat (photo : Olivier Fusy)

L’histoire de Dee Spencer est celle d’un conte de fées pour la Chorale de Roanne. Celle d’un coup de recrutement quasiment sans précédent, un inconnu signé 40 000 euros et qui terminera MVP. Été 2005 : Jean-Denys Choulet passe ses vacances au camp d’Hirant Manakian à Columbus pour évaluer des centaines d’Américains. Lors d’un match contre l’équipe de France A’, un rookie issu de la minuscule fac d’Arkansas State flambe à trois points (6/7). Présent ce jour-là aussi, Jacques Monclar, alors entraîneur de Dijon, avait dit à JDC, sous le charme : « Avec lui, tu jettes la pièce en l’air ». Elle est retombée du bon côté, et s’est même transformée en un trésor inestimable. « C’était Allen Iverson avec encore plus de talent », dira Choulet quelques années plus tard.

Pourtant, la pièce est longtemps restée sur la tranche, oscillante. Dès ses premiers matchs, l’arrière aux tresses improbable démontre qu’il est un talent supérieur (28 points lors de la 2e journée contre Rouen) mais n’est pas forcément très bien dans sa peau à Roanne, malheureux jusqu’au cœur de l’hiver. Jean-Denys Choulet l’accompagne, l’assure de sa confiance – une donnée fondamentale pour qu’il s’épanouisse – et le prolonge pour une deuxième saison. Celle où il deviendra une icône. Fantasque, Dee Spencer livre pourtant l’une des plus belles campagnes individuelles de l’histoire du championnat. Quand il est chaud, il peut monter jusqu’à 47 d’évaluation (à Orléans). Quand il rate un match (5/19 au Havre), il peut tout de même planter le tir de la gagne. Incroyablement facile, d’une élégance rare, avec l’alliance entre un cross dévastateur et un poignet magique, il forme un trio inédit avec Marc Salyers et Aaron Harper, les scoreurs n°2 et 3 du championnat. Lui était… n°1, forcément. Autour d’eux, des soutiers, des ancres défensives, comme un tout jeune Marc-Antoine Pellin et la tour de contrôle Pape Badiane, pour mener la Chorale, 14e budget de Pro A, vers un improbable doublé : Semaine des As et championnat de France 2007.

D’une facilité et d’une élégance rares,
l’un des plus grands artistes de l’histoire de la Pro A

Vainqueur de la Semaine des As 2009 au Havre (photo : Olivier Fusy)

MVP du All-Star Game 2006 et MVP étranger de Pro A en 2007, Dewarick Spencer changera ensuite de dimension financière en rejoignant la Virtus Bologne. Mais malgré une campagne à plus de 18 points en EuroLeague, l’institution italienne ne goûtera guère à ses frasques et le mettra à la porte. Une réputation sur le marché européen durablement endommagé par une hygiène de vie douteuse et qui le ramènera ensuite sur le circuit français l’année suivante. Où il atterrira finalement au Mans, malgré sa volonté de revenir à Roanne, à cause d’une sombre histoire de facture de téléphone impayée, le rendant injoignable alors que Jean-Denys Choulet avait posé un ultimatum. Qu’importe au final, sa légende restera immaculée à Roanne, et il passera deux années réussies à Antarès. D’abord, certes, en manquant de se faire virer à la trêve, puis en sortant peu à peu la tête de l’eau, lorsque J.D. Jackson compris qui il était réellement, un affectif qui marche à la confiance, qui a besoin de sentir que l’équipe gravite autour de lui. Jusqu’à réaliser un nouvel exercice de MVP en 2009/10, même si le trophée officiel reviendra à Ricardo Greer, et manquer de remporter les titres possibles : auteur du doublé Semaine des As – Coupe de France en 2009, le MSB échouera en finale du championnat contre Cholet en 2010. Sauf qu’à l’issue de l’après-midi malheureuse à Bercy, il sera contrôlé positif au cannabis, triste fin de parcours pour un talent rarement vu en France. Mais vendredi et dimanche, quand Vacheresse et Antarès se lèveront pour le saluer, personne ne pensera à ça. Tout le monde se rappellera plutôt d’un inconnu devenu un Américain mythique en Pro A, d’un artiste qui a enchanté le championnat pendant quatre ans.

Dee Spencer :
« Roanne 2007, l’apogée de ma carrière »

« Je serai de retour en fin de semaine ! Ça fait un moment que je voulais venir, mais je n’avais jamais eu l’occasion de le faire. Et là, après autant d’années, c’est enfin possible. Je suis heureux de revenir dans ces endroits où j’ai joué, de revoir des figures connues dans les tribunes, de voir à quel points les enfants de l’époque ont grandi, de revivre cette ambiance. Ça va être émouvant.

« Vu d’où je viens, je n’étais pas censé réussir »

Alors à Bologne, Dee Spencer avec l’écharpe du titre choralien en 2007/08 (photo : Olivier Fusy)

Roanne, c’est là où tout a démarré pour moi. C’est la Chorale qui m’a donné une chance de lancer ma carrière. J’en suis extrêmement reconnaissant au club et à Jean-Denys Choulet, surtout que 18 ans après, je suis toujours en train de jouer. Vu d’où je viens (il a grandi dans un environnement marqué par la pauvreté et la violence dans l’Alabama, ndlr), je n’étais pas censé réussir. Mais Jean-Denys a parié sur moi après un camp dans l’Ohio et ça a été une bénédiction. C’est une expérience qui a changé ma vie. J’ai tellement appris en France. La saison 2006/07, ça a été le sommet de ma carrière. Mon apogée. C’était mon tout premier titre ! Je n’avais jamais gagné avant, même au collège, même au lycée. Je vais chérir ce moment jusqu’à la fin de mes jours. Jean-Denys a une faculté incroyable pour repérer le talent. Il a embauché trois joueurs pratiquement inconnus (avec Harper et Salyers), qui avaient faim, qui avaient envie de prouver leur valeur. Et on a su offrir un titre à la ville de Roanne ! Je continue à parler avec Marco (Pellin) de temps à autre, avec Modibo (Niakaté) surtout.

Après Roanne, Le Mans a été l’autre club qui m’a placé sur la carte. Comme Jean-Denys, J.D. Jackson a été l’un des coachs les plus importants dans ma carrière. Au MSB, j’ai aussi pu m’exprimer comme je le voulais, m’épanouir et montrer ce que je savais faire. Le Mans m’a donné la liberté d’être le vrai Dee. Et regardez-moi, 13 ans après mon départ, je suis encore dans le circuit ! J’aime tellement ce jeu que je continue. Le basket est ancré en moi, je ne peux pas y renoncer. J’ai fait ça toute ma vie et c’est grâce à la Chorale et à la France que j’ai pu en faire mon métier. Si vous parlez de Dee Spencer, vous êtes obligé de commencer en évoquant la France.

« Terminer en France, ce serait la plus belle fin possible »

Dee Spencer à Bercy, la veille de la finale de Pro A en 2007 (photo : Olivier Fusy)

Le Dee Spencer d’aujourd’hui est complètement différent de celui qui vivait à Roanne. C’était un gamin à l’époque ! 22 ans seulement… J’en ai pratiquement 41 maintenant (il rit). J’ai deux enfants, une fille, qui est presque adulte, et un garçon. J’ai vraiment dû grandir et gagner en maturité pour leur montrer quelque chose de différent. Quant au basket, je joue en Égypte. C’est complètement différent mais je suis heureux d’être capable de continuer à évoluer à haut-niveau à 40 ans. Au cours des deux dernières saisons, on a accompli de belles choses. Pas aussi spéciales qu’à Roanne évidemment, mais on s’est battu pour le titre (ses highlights d’une pointe à 30 points en playoffs ici, ndlr). Peut-être que ce sera ma dernière année là toutefois. Je ne voulais pas terminer ma carrière sans avoir une chance de retourner à Roanne et au Mans. À la base, je voulais absolument revenir jouer en France pour finir ma carrière mais je ne suis pas sûr que ce sera possible. Alors à défaut, venir voir deux matchs, ce sera déjà pas mal. Après, je veux encore jouer ! Je n’ai plus évolué en Europe depuis 2011 mais je voulais toujours découvrir quelque chose de nouveau, explorer le monde. Le basket m’a emmené aux quatre coins de la planète (Liban, Chine, Iran, Venezuela, Corée du Sud, Égypte), ce que je n’aurais jamais pu faire sinon. J’ai pu me faire connaître dans différents pays. Mais j’adorerais revenir en France. Ce serait la plus belle fin possible ! »

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