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ITW Jaylen Hoard : « L’envie de prouver que j’ai ma place en NBA »

NBA - Jaylen Hoard, confiné à Chicago (Illinois) dans la maison de son parain James Wade, coach du Sky (WNBA) actuellement en France avec sa femme et son fils à Lattes (Hérault), Jaylen Hoard trouve le temps long.

Confiné à Chicago (Illinois) dans la maison de son parain James Wade, coach du Sky (WNBA) actuellement en France avec sa femme et son fils à Lattes (Hérault), Jaylen Hoard trouve le temps long. Le jeune homme, qui va fêter son passage à l’âge adulte (21 ans) tout seul ce lundi 30 mars, attend comme tout le monde d’en savoir plus sur la suite de la saison 2019/20, suspendue à cause du coronavirus. Lui aimerait retrouver ses frères et soeurs sur la côte méditerranéenne mais il est tenu de rester aux Etats-Unis au cas où les activités basket reprennent.

A défaut, il continue de s’entretenir et se divertit tout seul, comme il le peut. « Je fais des pompes, abdos, mais je ne peux pas faire de basket », regrette-t-il, alors qu’en regardant par la fenêtre il aperçoit un épais manteau neigeux. Dans son esprit passe en revue les images de sa première saison professionnelle, partagée entre la NBA et la G-League. Non drafté en début d’été dernier après une seule saison NCAA du côté de Wake Forest (13,1 points à 45,8% de réussite aux tirs, 7,6 rebonds, 1,5 passe décisive, 0,6 contre, 0,6 interception et 2,5 balles perdues en 30 minutes), il a été engagé par les Portland Trail Blazers via un two-way contract. Après avoir effectué la Summer League NBA de Las Vegas, il a passé tout l’été puis l’ensemble de la présaison avec la franchise de l’Oregon. Avant de faire de même avec les Texas Legends, à Frisco (Texas). Ensuite, il a alterné entre les deux équipes durant cinq mois.

« Après notre premier match en G-League, Portland nous a rappelé avec Moses Brown (l’autre rookie en two-way contract) à ce moment-là car on a eu beaucoup de blessés cette saison. Donc on a fait beaucoup d’aller-retours, du coup j’ai pu souvent jouer, que ce soit en NBA et en G-League. Le fait d’avoir pu alterner les deux, ça m’a fait beaucoup de bien. »

« L’objectif n’était pas que je sois avec Portland autant de temps »

La bonne nouvelle pour lui est qu’il ait pu s’exprimer au niveau professionnel tout en emmagasinant une vraie expérience NBA, puisqu’il a quasiment atteint le nombre maximum de jours (38 ou 39 selon ses comptes sur 45 possibles) que son contrat lui permet de passer avec la franchise.

« Je n’étais pas surpris car je crois en mes capacités. L’objectif n’était pas que je sois avec Portland autant de temps. C’est dur à dire, car c’est à cause des blessures, mais j’ai eu un coup de chance d’avoir pu avoir eu cette opportunité. »

L’opportunité de côtoyer des superstars « les pieds sur terre », à savoir Damian Lillard et C.J. McCollum, bien installés en leaders de la franchise.

« Dès le camp de présaison,  »Dame » et C.J. faisaient en sorte de vraiment nous aider les rookies. Ils nous parlaient sur le côté et dès qu’il y avait des temps-morts, ils nous donnaient des conseils. Je pense que ce sont deux des superstars les plus humbles de la ligue. Ils sont vraiment approchables, on peut leur parler quand on veut, on peut rigoler avec eux. Ils m’ont mis à l’aise dès le début. »

« Le leadership de Carmelo Anthony est incroyable »

Dans la foulée, une autre superstar a rejoint l’équipe : Carmelo Anthony.

« J’ai eu une bonne relation avec Melo, dès le premier jour. J’étais surpris de son leadership car je ne l’avais jamais côtoyé de près. Il est incroyable. C’est qu’il est arrivé, c’est comme s’il faisait partie de l’équipe depuis le début. C’était vraiment un leader, il était vocal. A chaque fois que j’entrais dans les matchs, même pour le garbage time, il me donnait des conseils, sur le jeu et sur la mentalité à avoir. »

Une action résume l’état d’esprit du double champion olympique, parfois décrié dans les médias.

« Le soir où il est devenu le 18e meilleur marqueur de l’histoire de la NBA (devant Alex English, NDLR), lors d’une victoire à Chicago (le 26 novembre dernier), on lui a donné la balle de match dans le vestiaire. Mais comme je venais de marquer mon premier panier en NBA, il me l’a donné à moi donc c’était cool. »

Au total, Jaylen Hoard est entré à 13 reprises en NBA, avec un temps de jeu moyen de 9 minutes. Il a notamment eu une période à responsabilités mi-janvier, avec trois matchs à 17 minutes ou plus.

« Le premier match où j’ai eu beaucoup de temps de jeu, c’était chez les Minnesota Timberwolves. Ca a enchaîné. Je trouve que ça c’est bien passé. Même dans le temps limité que j’ai eu, j’ai pu montrer ce que je pouvais faire. J’étais solide en attaque, agressif et présent en défense, notamment au rebond. Les coachs et mes coéquipiers étaient contents. J’ai pu saisir l’opportunité qui m’était donnée suite à une période de blessures et d’échanges. »

Sa présence au rebond, reconnue en NCAA, s’est confirmée en NBA. Il en a notamment pris 7 en 10 minutes contre Golden State. « C’est quelque chose que je fais depuis que je suis petit. A n’importe quel niveau, je sais que je peux apporter ça. » Son évolution physique (gain de poids et dureté) l’a aidé à ce niveau.

« Maintenant je ne suis plus à la fac, je n’ai plus cours. Donc j’ai beaucoup de moments libres supplémentaires, que je mets à profit pour m’entraîner. Outre la musculation, j’ai aussi pu bosser mon tir et faire des séances techniques. Ca m’a permis de bien évoluer cette saison. Physiquement, je suis plus dur, car j’ai pris beaucoup de poids. Je le sens sur le terrain que la muscu m’a beaucoup aidé. Je suis plus à l’aise, je l’ai vraiment ressenti quand j’ai du défendre sur les frères Lopez (de Milwaukee). »

« La vitesse à laquelle les joueurs NBA évoluent est incroyable »

L’intégration en NBA est d’autant plus rapide que la franchise est aux petits soins pour soigner ses joueurs. Même si Jaylen Hoard en avait conscience, intégrer cet univers reste particulier.

« La seule chose qu’on te demande vraiment de faire, c’est de jouer au basket, de t’améliorer. Tout le reste est fait pour toi. Quand tu arrives à la salle, tu peux manger de tout. Les infrastructures sont incroyables et toujours ouvertes. Tu peux toujours t’entraîner, même à une heure du matin. Il y a des coachs et du staff médical toujours disponibles. Ca m’a marqué. »

Mais pas autant que le jeu.

« La première fois que je me suis entraîné, j’ai trouvé incroyable la vitesse à laquelle les joueurs NBA évoluent. Mes deux/trois premiers entraînements, c’était compliqué. Au niveau de la lecture du jeu, quand je voyais quelqu’un d’ouvert, je faisais la passe mais c’était déjà trop tard. La vitesse n’avait vraiment rien à voir avec la NCAA ou même quand je jouais en Nationale 1 en France (avec le Centre Fédéral). »

Poste 3/4 de grande taille et athlétique, Jaylen Hoard a croisé plusieurs modèles potentiels cette saison.

« J’ai défendu sur Giannis (Antetokounmpo) à domicile. C’était compliqué. Je trouve que j’avais fait une bonne défense mais il s’est retourné et a juste fait un petit fadeaway. C’est rentré. Sa polyvalence est un bon exemple pour moi. Autrement, j’apprécie observer Paul George, Melo, Kawhi (Leonard), Jimmy Butler… J’aime vraiment leur style de jeu. George, Leonard et Butler sont des  »two-way players », ils jouent bien en attaque et en défense. Ils sont athlétiques, ils peuvent shooter aussi. Toutes ces qualités là, je dois les avoir à terme. »

Outre son expérience NBA, le fils des anciens joueurs professionnels Antwon Hoard et Katia Foucade a eu beaucoup de responsabilités avec les Texas Legends en G-League. Mais l’adaptation n’a pas été si simple, au vu de la distance entre Portland et Frisco. Les Blazers sont en effet la seule franchise NBA, avec Denver, à ne pas avoir de franchise de G-League directement affiliée.

« Au début c’était un peu dur. Mine de rien, les déplacements pèsent dans les jambes. Il y a aussi deux heures de décalage horaire entre Portland et Dallas (Frisco est situé dans la banlieue nord de Dallas, NDLR). C’est clair que si ton équipe de G-League est dans la même ville, ou juste à côté, c’est plus facile. Adam Mokoka par exemple a un appartement à Chicago car les deux équipes sont plus place. Pour nous, les déplacements étaient plus contraignants mais ça a quand même pu fonctionner. Le plus difficile était de changer de systèmes de jeu. D’abord tu apprends des systèmes avec Portland. Puis ensuite tu apprends ceux de Texas. Ensuite on te demande de revenir et tu dois te souvenir des systèmes des Blazers… Même si tu ne joues pas beaucoup, tu dois quand même les connaître par coeur. Car à n’importe quel moment tu peux entrer dans le match et Dame quand il annonce quelque chose, il faut être prêt. Au début c’était un peu dur mais au final je me suis adapté. »

A tel point qu’il a réalisé une belle saison, tournant à 16,2 points à 51,8% de réussite aux tirs, 6,9 rebonds et 1,8 passe décisive en moins de 28 minutes. Avec quelques cartons (trois matchs entre 30 et 34 points).

« J’étais satisfait pour la plupart des mes rencontres mais il y a quelques matchs où je trouve que j’aurais pu mieux jouer. Mais c’est un peu à tous les niveaux ça. Je pense avoir fait une bonne saison. »

Cet ailier de formation a surtout été utilisé au poste 4, comme en NCAA.

« Même si je jouais poste 4, comparé à l’université, c’était plus espacé. En étant 4, je posais des écrans mais je jouais quand même beaucoup plus à l’aile qu’en NCAA. J’attaquais beaucoup de face, de temps en temps je pouvais jouer les post-up (dos au panier). Trouver le juste milieu, ça m’a beaucoup aidé à progresser mais aussi à pouvoir montrer ce que j’étais capable de faire. »

Quant au jeu collectif, souvent décrié de la G-League, il confirme qu’il n’est pas égoïste que cela.

« J’avais entendu beaucoup de choses négatives par rapport à cette ligue. Mon expérience a été bonne. La franchise des Texas Legends est bien organisée. Même si la plupart des joueurs voulaient se montrer, je trouve que collectivement on jouait plutôt ensemble. On avait des systèmes comme en NBA, le spacing était bon aussi. Au niveau de l’opposition, leurs choix de Draft ne jouaient pas beaucoup. Donc on jouait contre des joueurs qui soit ont été draftés, soit étaient en NBA et voulaient y retourner. Donc le niveau de jeu était bon. »

« Ne pas être drafté me donne encore plus envie de prouver que j’ai ma place en NBA »

Croiser ces joueurs draftés, ce qui n’avait pas été son cas en juin dernier, lui a permis de se tester. Avec un supplément de motivation à chaque fois.

« Même si en soit le jeu est un sport d’équipe, à chaque fois qu’un joueur drafté l’an passé était face à moi, j’avais envie de montrer que je méritais d’être drafté en étant aussi fort que lui, voire meilleur. Je trouve que c’est ce que j’ai fait tout au long de la saison. »

Quant à sa non sélection lors de la Draft NBA en 2019, il assure qu’elle lui donne un supplément de motivation.

« Je m’en souviens encore et je pense que ça va rester dans ma tête tout au long de ma carrière. Mais ça va me donner un  »chip on my shoulder » (expression anglaise visant à exprimer un esprit de revanche). Ca va m’aider à avoir faim, l’envie de vraiment prouver que j’ai ma place en NBA et que j’aurais du être drafté. »

Méconnu mais ambitieux, il rêve d’équipe de France

Pour l’avenir, l’ancien jeune de Liévin ou Castelnau-le-Lez espère intégrer pleinement une rotation NBA. Et si possible Portland, où il se sent très bien, au basket comme dans la vie. « On n’a pas parlé de l’année prochaine mais j’ai l’envie est de signer avec eux. » Si possible à plein temps. Pour cela, il doit être plus consistant. « Je pense que je dois surtout être plus régulier à 3-points (22% à 3-points en G-League cette saison, comme en NCAA en 2018/19). Dès que j’aurais fait ça, en continuant à peaufiner le reste de mon jeu, je pense que ça sera bon pour m’intégrer dans une rotation. » Faire sa place en NBA lui permettra peut-être de réaliser un autre objectif : intégrer l’équipe de France A. Le report des Jeux olympiques de Tokyo en 2021 pourrait lui permettre de continuer à progresser et surtout de se montrer. « Ca m’a donne un peu le temps de bosser pour mon jeu, physiquement. Faire la préparation était un objectif pour moi. »

En attendant, Jaylen Hoard espère pouvoir retrouver sa famille en France. Lui qui a pu voir sa soeur, Anaia, membre de l’équipe de Wake Forest, qui est venue lui rendre visite pour Noël. A Portland, ils ont pu assouvir leurs envies de grand air en randonnant dans les alentours de la « ville des Roses », de la Côte Pacifique aux cascades de Multnomah. Juste avant, il a aussi pu croiser ses compatriotes de sa génération (Darel Poirier, Adam Mokoka et Sekou Doumbouya) lors du Winter Showcase à Las Vegas (Nevada) du 19 au 22 décembre. Sans oublier Frank Ntilikina, qu’il connaît bien, croisé lors d’un match NBA, ou Nicolas Batum, qui a longtemps travaillé avec sa mère. « On a pu parler, c’était sympa. Surtout qu’il a joué à Portland. » Avant une petite séance de trash-talking de la part du vétéran après un panier avec la faute. Pas de quoi remettre en cause l’humilité naturelle de ce garçon à fort potentiel, dont l’explosion au très haut-niveau est attendue dans les toutes prochaines années.

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