ITW Léo Cavalière : « J’ai réfléchi à l’offre des Metropolitans mais je ne me voyais pas faire une Neymar »
Léo, c’est la première fois que je m’adresse à Léo Cavalière capitaine de l’Élan Béarnais. Je me doute que vous devez être très fier d’endosser ce rôle ?
Oui, ça été pour moi un moment magique. Je suis arrivé à Pau en minimes avec la seule intention de pouvoir un jour vivre du basket. J’étais tout jeune, je voyais des matchs, des grands joueurs et j’espérais un jour moi aussi jouer en professionnel. Mais jamais j’avais en tête d’être un jour le capitaine de ce club mythique. Quand on voit les capitaines historiques comme Didier Gadou, Fred Fauthoux ou ceux que j’ai eu la chance de connaitre tel JK Edwards ou Yannick Bokolo alors je suis très heureux de pouvoir prendre le relais.
Pour vous c’est quoi un bon capitaine ?
Une personne capable d’aider ses coéquipiers à se sentir le mieux possible dès qu’il rentre dans la salle. J’essaie d’investir tout le monde, de parler à tout le monde, d’être le lien entre le staff et le groupe, les dirigeants et le groupe. Je suis une personne qui se bat sur le terrain alors je tente d’inculquer ces valeurs à mes coéquipiers et je souhaite que l’on porte les couleurs béarnaises le plus haut possible. Mon rôle c’est d’être celui qui amène l’équipe vers ses objectifs. Ce n’est pas simple, je vais faire des erreurs, connaître des moments compliqués mais je sais aussi que je vais vivre de très beaux moments.
Comment Laurent Vila vous a annoncé que vous serez le nouveau capitaine ?
J’ai parlé avec le coach lors d’un entretien et je lui ai dit que s’il le voulait je me sentais prêt. Il pouvait y avoir une recrue qui arrivait avec des facultés de leader et qui aurait pu aussi prétendre à être capitaine, mais j’avais envie d’endosser le rôle, je me suis senti prêt. J’ai tout d’abord été élu capitaine de la pré-saison, une sorte de CDD. Puis nommé pour toute la saison. Je remercie pour cette confiance et j’espère ne décevoir personne.
L’envie d’être le leader de cette équipe
Pensez-vous un jour être le capitaine de l’Élan Béarnais ?
Comme je l’ai déjà dit, je voulais tout d’abord être un joueur Pro. Pouvoir vivre de ce sport de façon continue était mon but premier. Aujourd’hui c’est le cas. Après quand tu vois que tu progresses, que tu évolues en tant que joueur mais aussi en tant qu’homme, tu te fixes des objectifs. Et celui-là en faisait partie. C’était donc à moi de tout donner pour y arriver . Quand tu arrives dans un club tu veux tout faire pour aller le plus haut possible alors ton travail paye un jour… Je suis content d’avoir eu la confiance du staff, content d’être où je suis même si ce n’est pas terminé.
Vous êtes le dernier représentant de votre génération (96-97). C’est aussi rendre hommage au copain de la formation avec qui vous avez tout gagner ?
Oui, après je suis le seul à Pau, mais pleins d’autres brillent ailleurs. Lucas Dussoulier aurait pu découvrir la Jeep Elite l’an dernier mais il a préféré rester à Quimper mais il sera un jour dans l’élite, je vois un Corentin Carne de plus en plus épanouit du côté d’Antibes, de nombreux brillent en NM1, et puis il y a Elie qui joue en NBA. Donc oui je suis content de les représenter, je suis fier d’eux et je sais qu’ils sont heureux pour moi.
Jeune, vous avez perdu votre Père. C’est aussi à votre entourage et à vos proches que vous dédiez ce nouveau statut ?
Ma famille m’a toujours soutenu, aidée dans les moments compliqués de ma vie. L’année ou mon père est décédé a été très dure. J’étais blessé au genou, je ne pouvais même pas jouer. Mais j’ai reçu du réconfort et surtout j’ai tout donné pour rendre heureux ceux qui ont cru en moi. Mon père, très rarement il me disait qu’il était fier de moi, il laissait très peu paraitre ses émotions. Mais attention, je sais qu’il était au fond très fier. Ça m’a aidé à ne jamais me contenter de ce j’ai, de toujours tout faire pour m’améliorer. Avant chaque match, je regarde une photo de lui à Bercy prise le jour où je gagne la Coupe de France en Cadet. Sur cette photo on le voit souriant, heureux d’être là et content de m’avoir vu gagner. Certes aujourd’hui, il n’est pas là pour me voir capitaine, mais je sais qu’il me regarde et qu’il est fier de moi.
L’offre de Levallois l’a fait réfléchir
Il y eu de grands capitaines du côté de l’Élan. Avez-vous reçu des conseils de certains ?
Je suis en contact avec Yannick Bokolo qui est un ami. On a un groupe What’s App avec lui, Elie (Okobo), Coco (Carne), Jean Mi (Mipoka) et il nous suit vachement. Lui-même dit qu’il ne pensait pas qu’il suivrait autant le basket après sa retraite. Il nous envoie quelques mots après les matchs et moi je lui demande des choses quand j’ai des interrogations. Je lui dois un restaurant d’ailleurs car j’avais parié qu’il ne prendrait pas sa retraite cette saison et le con il l’a prise. Donc autour d’un bon repas on pourra encore plus échanger.
Dimanche, Pau affronte Boulogne-Levallois. Il y a eu une offre du club francilien pour vous cet été. Avez-vous eu envie de quitter le club ?
Je vais être honnête. J’ai réfléchi à cette éventualité. Mais tout a été réglé vite, car j’étais encore sous contrat, pas de clause de sortie mais je ne me voyais pas faire une Neymar en boudant et en refusant de m’entraîner. Je ne suis pas comme ça. Il me reste un an de contrat, on n’a pas réussi à trouver d’arrangement cet été mais je vais quand même l’honorer avec beaucoup d’envie, de détermination afin d’aider l’équipe à gagner des matchs. Mais cet été c’était flatteur et j’ai vraiment réfléchi, je ne peux pas le nier.
Donc Léo Cavalière, formé au club, amoureux de Pau, a eu envie de partir ?
Le contexte a fait qu’il y a eu une réflexion. Mais si je ne suis pas parti c’est qu’au fond de moi je me voyais encore Palois. Je pense que j’ai encore des choses à accomplir ici et j’ai envie de rendre ce que l’on m’a donné.
Rêvez-vous de partir jouer à l’étranger ?
Je n’en rêve pas mais c’est une chose qui me séduit. J’aime voyager, découvrir de nouvelles cultures et c’est vrai que jouer dans un autre championnat peut être enrichissant. J’ai quelques équipes dont je suis fan et ce serait un accomplissement de jouer pour elles. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Je suis concentré sur cette saison et j’ai envie que l’on réalise de grandes choses collectivement.
Vous êtes adoré par les fans car vous incarnez le club. Avez-vous peur des critiques si un jour Léo Cavalière annonce qu’il quitte le club ?
Je vais en décevoir c’est certain, mais je veux qu’ils comprennent que dans ta carrière tu es à la recherche du bien être sur et en dehors des terrains. Si je peux me sentir encore mieux ailleurs alors je partirais. Mais aujourd’hui, je suis bien ici. Je n’ai pas de raison de partir, j’aime ce club, j’aime les gens d’ici, la région, je ne suis pas loin de chez moi et j’ai la famille tout près. J’ai toujours eu cette envie d’être un joueur d’un seul club, mais le basket a changé et on ne va pas se mentir faire toute une carrière dans le même club c’est très rare.
Est-ce que l’Élan Béarnais est aujourd’hui en crise ?
On ne peut pas dire que nous sommes en crise. Certes on aimerait gagner plus de matchs mais nous sommes à 2 victoires et 3 défaites. L’an dernier on réalise une belle saison et on a le même bilan à la même époque. Il ne faut pas s’affoler. Il est certain que l’on va regretter certains matchs comme la défaite à Orléans. Les prochaines semaines vont être compliquées, nous devons redoubler d’efforts pour inverser la spirale de résultat, mais j’ai confiance en nous.
Est-ce compliqué d’être le capitaine d’une équipe en difficulté ?
C’est particulier, j’aurais aimé que mes débuts en tant que capitaine soient un peu mieux, mais c’est comme ça. Ça forge un peu. Yannick n’arrête pas de me le dire. C’est dans ces moments que je deviens un vrai capitaine et je pense que ces moments me seront bénéfiques par la suite.
Quand vous lisez que cette équipe manque de caractère, cela doit vous blesser vous qui êtes une personne très combative ?
C’est un peu frustrant. Mais j’ai compris que le caractère que j’ai tout le monde ne peut pas l’avoir. Tout le monde ne peut pas être comme moi. Il y a beaucoup de joueurs plus forts que moi techniquement et si ils avaient en plus mon envie alors ils seraient des monstres. Mais je pense que ce n’est pas inné. Sans être prétentieux, je pense que j’ai en moi ce supplément d’âme et c’est l’une de mes forces. Mais je ne peux pas reprocher à mes coéquipiers de ne pas l’avoir, ce n’est pas possible.Si tu ne l’as pas en toi, alors tu as d’autres qualités qui peuvent servir à l’équipe. Alors après tu peux avoir un sursaut d’orgueil et je pense que ça nous ferait du bien, mais tu ne peux pas trop en demander si c’est contre nature.
Vous sentez-vous plus respecté par vos adversaires ?
Je l’ai senti un peu plus déjà cet été quand il y a eu l’approche de certains clubs. Avec les arbitres du fait de mon statut de capitaine j’ai aussi une autre relation. Par rapport à mes adversaires je ne le calcule pas trop. Je ne me dis pas quand je rentre sur le terrain est-ce que lui en face me respecte ou alors est-ce qu’il me prend au sérieux. Si le mec a envie de me respecter alors tant mieux, si ce n’est pas le cas alors ça ne change rien. Moi je veux juste gagner quand je rentre sur le parquet.
L’ envie de retrouver la forme de l’an dernier
L’an dernier vous tourniez à 8 points et 6 rebonds par match. Aujourd’hui, votre rendement est largement inférieur (2,6 points et 2,6 rebonds). C’est dû à quoi ?
Je pense que j’ai plus de mal à trouver mes marques dans cette équipe. Il y a une alchimie qui est longue à se mettre en place. C’est normal car l’équipe a complètement changé par rapport à l’an passé. J’ai toujours pensé à l’équipe d’abord. Et cela s’est amplifié avec mon rôle de capitaine. Le principal c’est de gagner des matchs et ce n’est pas le cas en ce moment donc je le prends aussi pour moi et je sais que je dois faire plus. J’aimerais pouvoir me retrouver encore plus dans cette équipe. Je suis en retrait, c’est vrai. Lors du dernier match en BCL j’ai pu tenter un peu plus en attaque, mais il y a eu du déchet. Je dois trouver le juste milieu.
Les départs de Vitalis Chikoko, Mickey McConnell et Donta Smith ont affaibli l’équipe mais aussi vos statistiques ?
Je ne sais plus quel rappeur dit que c’est quand tu perds quelque chose que tu te rends compte de l’importance qu’elle avait. C’est un peu bateau mais c’est réel. Je me rends compte que l’an dernier j’étais dans un système de jeu privilégié. On avait un poste 3 (Smith) qui dirigeait le jeu magnifiquement, on avait Chikoko qui monopolisait vachement les défenses et on avait lui et moi une forte relation que j’espère vite trouver avec mes coéquipiers et Mickey qui dès son arrivée a su se fondre dans le groupe. Je pense que c’est des choses que l’on peut atteindre cette saison, mais ça prend du temps.
De Jong et Mbod’j ne sont pas Vitalis Chikoko. C’est à eux de s’adapter à toi ou à toi de s’adapter à eux ?
Non je ne demande à personne de s’adapter à moi. Je pense que aucun joueur ne doit s’adapter à un autre. C’est collectif. Moi je dois retrouver mon agressivité des deux côtés du terrain. J’espère que j’aurais les opportunités que j’avais l’an dernier. Mais si ce n’est pas le cas et que nous avons un De Jong qui marque plus à 3 points et un Mbod’j qui prend plus de rebonds alors je serais heureux car ça voudrait dire que l’équipe gagne. C’est ça le plus important.
Avez-vous l’équipe de France dans un coin de la tête ?
C’est con mais avec les fenêtres et les joueurs d’Euroligue ou NBA qui ne peuvent pas venir offrent la chance à des joueurs entre guillemets de seconde zone sans être péjoratif, de porter un jour le maillot bleu. Mais je n’y pense pas, même si ce serait une étape et surtout une fierté énorme. On parlait des statistiques, je suis dans le même état d’esprit. Je ne suis pas en train de me dire, putain si je ne fais pas mes 8 points et 8 rebonds, le sélectionneur ne va pas m’appeler. J’essaie d’être le plus altruiste possible pour gagner des matchs et faire avancer mon équipe. Kyan Anderson avec qui je jouais il y a quelques saisons disait souvent « Si tu gagnes, c’est l’équipe qui gagne ». Et je pense que c’est vrai, si tu es dans une équipe qui tourne bien, alors tu es plus dans le jeu et on parle plus de toi. C’est ça le plus important.
Découvrir l’Europe avec Pau, même si ce n’est pas la grande Euroligue, c’était aussi un objectif ?
C’est une autre étape. J’ai déjà joué en Europe il y a 3 ans lors de la Fiba Europe cup, là c’est l’étape d’après avec la BCL. C’est intéressant. On a joué à Athènes, on va aller jouer à Jérusalem c’est hyper excitant c’est vrai. C’est de l’expérience en plus. L’objectif maintenant est de pouvoir continuer à jouer l’Europe mais dans les compétitions plus prestigieuses comme l’Eurocup ou l’Euroligue. C’est l’idée.
Depuis le début de la saison, le Palais des Sports n’est pas plein. C’est dommageable.
Comme tous les débuts de saison, les gens attendent de voir ce que donne l’équipe. On n’a pas eu un bon départ donc les gens ne viennent pas trop. La coupe d’Europe c’est en semaine donc c’est compliqué. C’est décevant car j’aimerais que le Palais soit plein chaque match. Car quand cette salle est pleine, elle dégage une telle force. Et toi sur le terrain te sens encore plus fort. Mais aujourd’hui je ne peux pas leur en vouloir. Après je les invite à venir voir au moins une fois et ne pas attendre que ça tourne bien pour pousser les portes du Palais des Sports.
Est-ce que l’affiche de ce week end peut faire déplacer du monde ?
Bien sûr et je l’espère car on va avoir besoin de gens pour nous aider. Le fait qu’ils soient leaders, que le coach soit le Petitou et que Vitalis et Donta reviennent peut donner des idées aux gens. Nous de toute façon on veut gagner. C’est compliqué de jouer face à des équipes qui ne perdent pas mais l’objectif c’est de le prendre. Déjà pour nous cela nous ferait le plus grand bien et aussi pour les fans. Le Palais a quelque chose de spécial et c’est dans ce genre de salle que tu peux renverser des montagnes.
Votre match-up face à Smith sera l’une des clefs du match ?
Oui jouer contre un pote c’est toujours cool. Je ne le crains pas mais je le respecte. C’est toujours frais de jouer contre tes potes. C’est un fort joueur capable de faire de grandes choses. C’est aussi un challenge pour moi de pouvoir jouer face à lui. Je le connais pour m’être entrainé avec lui un an. Je connais ses forces mais aussi ses faiblesses. Ça va être un doux mélange d’excitation et d’adaptation. Je suis vraiment content, il me tarde.
Dernière question, Léo Cavalière peut être celui qui soulèvera le 10ème titre béarnais ?
Je pense que c’est possible. C’est un rêve. C’est bête mais Didier Gadou m’en a parlé quand j’ai signé pro. Être à 9 c’est con, 10 c’est encore mieux. On aurait une étoile sur le maillot. Gagner un titre avec Pau serait un moment incroyable. Sans aucun doute dans mon top 5 des moments les plus importants de ma vie. Rien que quand j’en parle j’en souris. Ce serait énorme.
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