ITW Roman Domon, de Gravelines à la NCAA : « Murray State, c’est vraiment pour l’aspect sportif »

Bronzé à l’EuroBasket U20, Roman Domon a été élu dans le meilleur cinq de la compétition
L’EuroBasket U20 est désormais terminé depuis plusieurs jours. Tu étais l’un des cadres du groupe, fort de ton titre dans la catégorie l’an passé. Qu’est-ce que tu retiens de cette troisième participation ?
Je n’en retiens que du positif. Il y a beaucoup de gens qui ne nous voyaient pas aller aussi loin dans la compétition. Notre groupe était vraiment bien, on aimait tous être les uns avec les autres. On est quand même tous déçus d’avoir perdu en demi-finale. Notre objectif, c’était quand même de regagner l’or, mais on a su rebondir le lendemain et gagner le bronze. On ne repart pas les mains vides de cet EuroBasket, donc on est quand même contents.
Cette année, vous repartez avec la médaille de bronze. Selon toi, qu’est-ce qui vous a manqué pour aller chercher le triplé ?
Je pense qu’on a manqué de constance. On n’a pas su être bons dans les bons moments. Par exemple, contre la Lituanie, on fait une première mi-temps moyenne et on n’arrive pas à se reprendre au retour des vestiaires, pendant environ dix minutes. C’est trop long pour gagner un match, surtout une demi-finale. Moi le premier, j’aurais dû plus faire ressortir ce côté leader, il fallait que quelqu’un prenne les choses en main. Ça n’a pas été fait, et malheureusement, dans une compétition comme celle-là, ça se paye cash. Revenir de dix points dans une demi-finale, c’est trop dur.
« Incroyable de jouer en pro aussi rapidement avec le BCM »
Sur le plan individuel, tu as su faire valoir ta polyvalence tout au long de la compétition, en t’imposant comme l’un des piliers de l’équipe. Tu termines avec des moyennes de 12,6 points, 6,1 rebonds, 3,3 passes décisives et 1,4 interception, ce qui t’a valu une place dans le cinq majeur du tournoi. Que ressens-tu après avoir obtenu cette distinction pour ta troisième, et peut-être dernière, expérience sous le maillot des équipes de France jeunes ?
Ça montre la progression. Quand je suis arrivé en équipe de France, j’étais le petit nouveau que personne ne connaissait et que personne ne regardait forcément. Pour moi, c’était un objectif de ramener l’or et le sacre de MVP. Mon but était d’obtenir toutes les distinctions, le cinq majeur du tournoi en faisait partie. Je parle sur le plan individuel, mais évidemment, ça passe après le collectif. Par rapport à ma première campagne, j’ai fait preuve de beaucoup plus d’assurance et de leadership.
Tes statistiques n’ont cessé de progresser au fil de tes participations : 5,4 points en U18 en 2023, 11,3 en U20 en 2024 et 12,6 cette année. Comment expliques-tu cette montée en puissance ?
Dans un premier temps, mon rôle a changé, j’étais plus le leader. L’année dernière, il y avait aussi de gros joueurs, mais mon rôle était différent. Cette année, je savais qu’il allait être plus important. J’ai également su montrer énormément de polyvalence. Je pense que c’est comme ça que j’aime jouer : avec le ballon, avoir plus souvent la balle, pouvoir créer pour les autres et pour moi aussi. C’est surtout ça que je voulais montrer. Beaucoup disaient que j’étais plus un poste 3/4 plutôt qu’un 2/3, et je voulais montrer que j’étais plus à l’aise à la création.
Comment tu as abordé ce nouveau rôle de leader ?
J’avais hâte d’avoir des responsabilités et de prendre du plaisir avec les gars aussi. Quand je suis dans un rôle de leader, je prends du plaisir à jouer avec tout le monde et j’essaye d’emmener tout le monde avec moi. Être le leader d’une équipe de France, ce n’est pas rien, et c’est un honneur. Je voulais tout donner pour l’équipe.
Tu n’as pas évolué aux côtés de tes coéquipiers phares de la génération 2005 ou même de ceux vus l’an passé en U20 comme Mohamed Diawara. Leur absence a-t-elle contribué à ton impact et à ton affirmation, sur et en dehors du terrain ?
Non, j’espère quand même que même s’ils avaient été là, j’aurais eu du leadership. J’aurais quand même voulu avoir ce rôle de leader, parce qu’il en faut. Je pense que j’étais prêt à l’assumer plus cette année que l’année dernière. J’ai énormément progressé pour l’avoir. S’ils avaient été là, j’aurais tout donné pour l’être, avec eux bien sûr.
« En France, j’avais du mal à montrer mon vrai jeu »
Cette compétition marque aussi la fin d’une saison très particulière pour toi. C’était ta dernière année en France avant de partir de l’autre côté de l’Atlantique pour rejoindre Murray State. Quel bilan tires-tu de cette saison ?
Beaucoup de positif. Ce n’est jamais facile de faire une première saison en pro, surtout dans le championnat français, qui est l’un des plus durs en Europe. J’ai acquis beaucoup d’expérience, notamment la dureté. C’était incroyable de pouvoir jouer en pro aussi rapidement et de pouvoir montrer autant de choses. Après voilà, je n’ai pas eu les libertés que j’aurais aimé avoir, je jouais moins avec la balle.
Tu vas donc quitter le BCM, ton club formateur, avec qui tu as connu tes premiers pas en équipe de France, remporté le titre de champion de France U18 en 2023 et signé ton premier contrat professionnel. Que ressens-tu à l’idée de prendre ton envol et de quitter Gravelines ?
Ça me fait bizarre. Parce que ça faisait longtemps que j’étais à Gravelines, six ans je crois. Je pense avoir fait beaucoup de choses dans cette ville, notamment avec le titre de champion de France U18 en 2023. Avec notre génération, je pense qu’on a énormément aimé cette expérience. Gravelines aussi doit sûrement être très content de notre passage. On était un peu comme une famille. Ça va faire bizarre de quitter cette famille, mais c’est pour des objectifs plus élevés, et ça va me faire du bien de partir.

Pourquoi avoir choisi de rejoindre Murray State ? Qu’est-ce qui t’a séduit dans leur programme ?
Je voulais partir en NCAA. Pour moi, c’était un objectif de me rapprocher de la NBA en quelque sorte, et d’avoir plus de radars sur moi. En France, je voyais que j’avais plus de mal à montrer mon vrai jeu. Je voulais un endroit où je pourrais plus m’exprimer. Murray State était à fond sur moi, et j’ai directement senti que j’allais faire partie de leur projet. Je pense que c’est surtout ça qui m’a fait aller là-bas.
👏Big congrats to Racers newcomer, Roman Domon of France 🇫🇷. Earned a spot on the FIBA U20 @EuroBasket All-Tournament Team‼️#GoRacers 🏇 pic.twitter.com/tIuzqLq8XM
— Murray State MBB (@RacersHoops) July 21, 2025
Les départs de jeunes joueurs vers la NCAA font parfois débat. Certains évoquent des motivations principalement financières. De ton côté, qu’est-ce qui t’a poussé à faire ce choix ?
Moi, c’était vraiment pour l’aspect sportif. Financièrement, j’ose espérer que je gagnerai de l’argent dans ma carrière un jour. J’aurais pu gagner beaucoup plus dans d’autres universités. Mais dès que le projet de Murray State a été mis en place, j’ai su que je voulais jouer là-bas. En NCAA, ce n’est pas facile de jouer directement quand tu es freshman, mais le plus important pour moi, c’était d’avoir un rôle. Je sais que certains y vont principalement pour ça, mais ce n’était pas ma priorité.
Tu ne caches pas ton ambition de rejoindre un jour la NBA ou l’EuroLeague. Quelles sont, selon toi, les étapes ou les axes de progression pour atteindre cet objectif ? Et penses-tu que Murray State soit le bon endroit pour y parvenir ?
Je pense que ce sont les deux meilleurs championnats au monde, donc j’ai forcément envie d’y jouer. Mais c’est sûr qu’en termes de progression, j’ai encore tout à prouver. Il faut que je devienne élite partout. Je ne suis pas encore élite en termes de scoring, de rebonds, de défense ou encore de playmaking. Pour devenir le meilleur, il faut être élite partout, et j’ai envie de le devenir le plus rapidement possible. À Murray State, si je continue à jouer mon jeu et si je parviens à trouver ma place rapidement, je pense que je serai très content.









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