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Les matchs en clair, la diffusion de la Pro B, l’OTT… Michel Mimran détaille le plan de la LNB

Nommé Directeur général de la Ligue Nationale de Basket en décembre 2019, Michel Mimran a été le principal instigateur du retour du basketball en clair à la télévision et surtout de son arrivée complète sur une plateforme OTT (over the top, diffusé sans la participation d’un opérateur traditionnel). Alors que cette dernière est en place depuis une semaine, que la diffusion de la Pro B va démarrer ce dimanche, il répond à nos questions.

 

Vous avez lancé votre nouvelle plateforme OTT il y a une semaine. On peut y voir ou revoir tous les matchs non diffusés par L’Equipe et Sport en France. Pourquoi avoir créé cette plateforme et quand vous est venue l’idée ?
 
On a commencé à travailler sur cette plateforme juste avant le confinement, ce qui a été bénéfique car on avait lancé les bases et les contacts avec d’éventuels prestataires avant le confinement. Le confinement ne nous a pas été totalement nuisible sur l’avancée du projet. Si on n’avait pas eu cette idée juste avant, je pense qu’on aurait commencé à bosser dessus en mai et qu’elle n’aurait jamais été prête à temps pour la saison 2020/21.
 
Nous pressentions bien que la négociation du futur contrat télévisuel allait être compliqué. Et ça, c’était avant la COVID-19. Notre relation avec notre diffuseur de l’époque et les contacts qu’on avait avec d’autres diffuseurs nous amenaient à penser que les années de vache grasse étaient passées et que beaucoup de télévisions payantes n’avaient plus les mêmes ambitions et les mêmes moyens que ce qu’elles avaient eu auparavant. Et donc, sans vouloir insulter l’avenir, bien qu’on ait continué nos négociations avec deux chaînes payantes, on s’est dit qu’il fallait également préparer le passage en clair. A supposer qu’un diffuseur n’accepte pas des fenêtres en clair à la télé, il fallait dans ce cas au moins réserver des matchs en digital pour pouvoir diffuser en clair les matchs qui n’auraient pas été télévisés. Une chaîne payante peut refuser que vous diffusiez des matchs, même si ce n’est pas ceux qu’elle voulait diffuser. Sur une journée, elle va en diffuser deux ou trois et peut refuser que vous diffusiez en clair un des six autres. C’est très possible car elle peut se dire que si les gens ont du basket gratuit ailleurs, ils ne vont pas s’abonner. Comme nous on voulait à tout prix commencer à aller vers plus de visibilité du basket, on a commencé à travailler sur l’idée de l’OTT.

La COVID-19 est passée là-dessus et a rendu les négociations (avec les chaînes) beaucoup plus compliquées. Par réduction de moyens pour certains et en raison de la COVID-19 pour les autres, les négociations n’ont pas abouti. Et donc, la stratégie en clair est forcément devenue la meilleure alternative. Quitte à avoir nos recettes qui diminuaient considérablement, autant offrir un maximum de visibilité à nos partenaires.

« On a déjà atteint 20 000 inscrits sur la plateforme OTT »

 

Qu’est ce qu’a donné le premier week-end de matchs sur la plateforme OTT en termes de visibilité ?
 
On a énormément de statistiques sur l’OTT. Après moins d’une semaine de lancement (entrevue réalisée jeudi après-midi), on a déjà atteint les 20 000 inscrits. Il était difficile de définir un objectif car nous devons bâtir une audience. En télé c’est pareil, on n’atteind pas son maximum d’audience à la première diffusion. Le vendredi soir (jour du lancement), on avait 13 000 inscrits sur la plateforme, le samedi on en avait 2 000 de plus et encore 2 000 de plus le dimanche. Et mercredi d’autres se sont inscrits car Orléans jouait à Strasbourg. Pour les clubs qui ont été diffusés ce week-end à la télévision, la conquête sur l’OTT est très faible pour leurs fans. Le premier match où leur équipe ne sera pas diffusée autrement que l’OTT, on verra voir affluer les fans de ce club-là – surtout s’il joue à l’extérieur – parce que ce sera pour eux le seul moyen de voir leur match. On va donc bâtir l’audience de l’OTT match après match, déjà parce qu’on va communiquer, parce que le produit se stabilise, que sa notoriété se développe et que le calendrier fait que les fans arriveront au fur et à mesure.
 
Par exemple, le jour du clasico de Ligue 1 entre Paris et l’OM, vous avez toujours énormément d’inscrits, à l’époque sur Canal+ et probablement désormais sur Mediapro. Les gens se disent qu’à un moment où un autre ils vont s’inscrire, et pour beaucoup, c’est à ce moment-là. 20 000, c’est une très, très bonne performance mais c’est rien à côté de ce qu’on aura après quelques mois.
 
Quelle a été l’audience de L’Equipe pour le premier match diffusé, entre Dijon et l’ASVEL le 25 septembre ?
 
Nous avons commencé très fort sur L’Equipe avec un premier match qui était Dijon – ASVEL, avec d’ailleurs un scénario de match très propice au spectacle. On a très rapidement dépassé les 250 000 téléspectateurs, et on a fini dans les dernières minutes avec plus de 350 000 téléspectateurs. Quand est-ce qu’un match de basket de championnat a fait plus de 300 000 téléspectateurs ? Est-ce que c’est au XXIe siècle ? Je ne suis pas certain.

C’est une belle performance pour L’Equipe. Ce que j’apprécie dans ce que m’a dit Jérôme Saporito qui est mon interlocuteur à L’Équipe, c’est que c’est une audience prometteuse. S’il m’avait dit que c’est extraordinaire, je me serais dit qu’il fallait qu’on s’attende à ça comme maximum. Mais pas du tout !

Cette moyenne de 250 000 téléspectateurs, on va essayer de la faire progresser. Mais pourquoi on va la faire progresser ? Car le lundi soir qui sera le soir de prédilection pour L’Equipe est un bien meilleur jour pour regarder du sport que le vendredi ou samedi. Il n’y a pas de concurrence sur le sport mais vous ne sortez pas le lundi soir. Le dimanche soir, ce n’est pas pour rien que le grand match de Canal+ était à 21h. C’est parce que les gens sortent le week-end mais le dimanche soir tout le monde est à la maison. Comme le lundi soir. Ce n’est pas un jour génial pour les clubs, je le sais, c’est un effort qu’on leur demande de consentir, mais pour les téléspectateurs c’est un très bon soir. Il n’y a pas énormément d’autres sollicitations. On commence ce lundi (12 octobre) avec Strasbourg – Limoges. On ne va pas dès lundi exploser les compteurs. Il faut que les gens se réhabituent au feuilleton de la Jeep ELITE, il faut qu’ils sachent que dorénavant le lundi soir il y a un match de basket à la télé.

les-matchs-en-clair--la-diffusion-de-la-pro-b--l-ott----michel-mimran-detaille-le-plan-de-la-lnb1602246698.jpegLe Dijonnais David Holston face au Villeurbannais Norris Cole, lors du premier match diffusé sur la chaine L’Équipe cette saison (photo : Foxaep).

 

À titre de comparaison, quelles étaient les moyennes d’audience sur RMC Sport ces dernières saisons ?
 
Je ne les communique pas car j’ai beaucoup d’informations contradictoires. Ce n’est pas comme si je recevais tous les lundis matins le contenu des audiences. Les chaînes cryptées n’ont pas le même fonctionnement que celles en clair mais je peux vous dire qu’il aurait fallu quelques matchs pour que RMC atteigne le volume d’audience qu’a fait L’Equipe dès son premier soir. Le choix du tout payant posait un problème en termes de visibilité.
 
« J’ai senti une impatience des fans pour connaître le diffuseur télé »
 
La nouvelle du tout en clair a été bien accueillie, c’est quelque chose qui était demandé depuis longtemps. Il ne faut pas se mentir, la LNB n’était pas habituée à un tel enthousiasme de la part des fans et des acteurs du basket français. Cela crée-t-il une certaine forme de pression pour que le service soit à la hauteur ?
 
On a passé un printemps qui a été consacré à la gestion de la crise de la COVID-19. Il ne nous a pas échappé qu’on est entré en difficulté avec RMC, qui ne nous a d’ailleurs toujours pas payé la deuxième échéance du contrat de la saison 2019/20. À ce jour, RMC nous doit 5 millions d’euros. C’est très important pour la Ligue. Le printemps a été consacré à gérer une situation compliquée, notamment sur le plan télévisuel. A la sortie du confinement, on a commencé à préparer qui sera notre diffuseur en 2020/21. Je peux vous dire qu’il n’y a pas eu une semaine qui s’est passée sans que je reçoive des questions de journalistes pour savoir où on en était du futur contrat télé. Je sentais une impatience. On a commencé à sentir la même impatience pendant l’été de la part des fans, qui s’est transformée en véritable colère à la fin de l’été.
 
Pourquoi avoir attendu pour l’annoncer, car cela négociait encore avec d’autres diffuseurs ?

Bien sûr ! Tout a été ralenti. Et puis surtout, ça ne sert à rien de faire des annonces si vous devez en faire tous les deux jours. On avait décidé de les concentrer sur une semaine, avec trois événements, pour annoncer ce que j’appelle le « pacte de diffusion » : la diffusion en clair, la diffusion de la Pro B et la diffusion de l’OTT. Dans les premiers jours de septembre, la pression était intenable sur les réseaux sociaux. Même de la part des clubs. Nous, nous savions très bien vers où nous allions. Il manquait quelques signatures, il fallait qu’on soit certain. Ça ne se fait pas comme ça. Il fallait savoir comment financer les budgets de production, pour l’OTT il fallait financer la captation, les commentaires… Je savais quand nous devions être prêts. Entre fin août et le moment où on a annoncé ça, c’était difficile. Il y a quelqu’un qui m’a écrit :  »Mais c’est extraordinaire, pourquoi vous ne l’avez pas dit avant, pourquoi avoir accepté de vous laisser insulter ? » Ce n’est pas parce que des gens m’agressent sur les réseaux que je vais changer ma communication. Je comprends l’impatience des gens. La seule chose, c’est que quand je sentais cette impatience, il fallait que notre réponse soit à la hauteur. C’est ce qu’on se disait avec Alain Béral (président de la LNB) et Jean-Pierre Siutat (le président de la FFBB) :  »Oui on va arriver avec une très belle réponse mais on la fera au bon moment. »

« Personne ne peut oublier que c’est un énorme cadeau »

Pour revenir à la question, est-ce que cela donne une pression cet enthousiasme ? Oui et non ! Il faut qu’on soit à la hauteur mais en même, c’est un immense cadeau qu’on fait à tout le monde : c’est gratuit. Je veux bien que les gens soient exigeants mais personne ne peut oublier que c’est un énorme cadeau qu’on fait au basket. J’accepterai toutes les remarques et toutes leurs exigences, j’espère simplement qu’ils n’oublieront pas qu’on ne leur demande pas un euro, même pour l’OTT.

 
Concernant les critiques, l’une de celle qui revient le plus souvent concerne la qualité des images sur la plateforme OTT mais aussi sur Sport en France puisque pour les rencontres de Pro B, c’est le système Keemotion qui sera utilisé pour les images. Il était question d’une amélioration des images Keemotion.
 
Keemotion a amélioré la qualité de ses installations dans la plupart des salles, mais pas toutes. Certaines, en raison des zones d’alerte COVID, ne sont pas accessibles. Les techniciens viennent de Belgique et quelques zones, comme Monaco qui est un territoire spécifique, sont difficiles d’accès pour eux. Pour les salles de Pro B qui n’ont pas encore ces installations, il n’y aura pas de diffusion sur Sport en France. Pour la Jeep ELITE, les images des rencontres diffusées sur Sport en France seront produites par des équipes de télévision.
 
Un match de Jeep ELITE sur la plateforme OTT, ce sont des images Keemotion. Normalement, à une ou deux exceptions près, toutes les salles de Jeep ELITE sont dorénavant équipées par le nouveau système Keemotion. On peut aussi avoir le problème de connexion, il faut de la fibre et il reste encore quelques salles à équiper.
 
Combien coûte la production d’un match de basket sur L’Équipe, Sport en France ou en Keemotion ?
 
Je connais les chiffres mais je ne peux pas me permettre de les communiquer. Ce que je peux dire, c’est que les sports en salle, et particulièrement le basket qui se joue sur un terrain restreint, peuvent avoir des dispositifs télés qui sont très loin du coût d’un dispositif en extérieur. Le terrain est proche, les joueurs sont proches, le terrain a des dimensions réduites… A partir de quatre caméras, vous avez déjà une très belle production. L’Equipe, sur son premier match, a mis sept caméras. Ça n’a rien à avoir avec ce qui se passe quand vous commencez à produire du football ou même du biathlon.

Sur certains sports, ils peuvent nécessiter plus de 40 caméras. Quand vous êtes un professionnel de la production et que vous allez produire un spectacle avec cinq caméras, vous savez que vous êtes dans des coûts maîtrisés. Le coût d’un match Keemotion ne se calcule pas comme ça car c’est un système installé et une fois qu’il est installé on ne divise pas par le nombre de matchs. C’est un coût constant. Le coût pour nous, c’était l’amélioration du système dans toutes les salles LNB. Ça ça se chiffre en centaines de milliers d’euros évidemment.

 
Il y a aussi le coût des commentateurs. Comment avez-vous monté une équipe ? Certains commentaires de match ont fait l’objet de critiques. Comment allez-vous améliorer ça ?
 

C’est vrai qu’on voudrait que les gens soient un peu plus indulgents qu’ils ne le sont. Les gens sont habitués, ils n’ont pas besoin d’être indulgents parce qu’un service est gratuit. Quand vous allez sur une application sur votre téléphone, vous ne pouvez pas tolérer qu’elle ne marche pas. C’est pareil pour la télé, globalement c’est gratuit, la moindre des choses c’est que ça soit de bon niveau. On a fait un énorme effort dans une période compliquée, dans laquelle nos finances ont considérablement diminué. Malgré tout, on a mis en place ce système-là, très ambitieux, et donc maintenant on va commencer à se consacrer à son amélioration et à la correction des détails défectueux. Les commentaires ne sont pas tous défectueux mais certains sont moins satisfaisants que d’autres. Alors on va changer les commentateurs. On va en former. On va voir si c’est juste une question de mise en jambes et on va voir comment ils vont s’améliorer. Très rapidement, on espère que l’on va voir monter la notation de nos commentateurs. L’un après l’autre, on va dire, lui il est bon, lui il doit être formé etc.

 
les-matchs-en-clair--la-diffusion-de-la-pro-b--l-ott----michel-mimran-detaille-le-plan-de-la-lnb1602247600.jpegToutes les rencontres de Jeep Élite et de Pro B sont désormais accessibles gratuitement sur la plateforme de la LNB (photo : Sébastien Grasset)
 

« On voudrait que les gens soient un peu plus indulgents »

 
Comment sont-ils formés justement ? Les avez-vous réunis ?
 
Pas encore. Vous avez des commentateurs qui sont parfois proches des clubs. Pour d’autres, on a travaillé avec un prestataire dont c’est le job, le commentaire sportif. Même quand un commentateur ne paraît pas bon, c’est quand même généralement des gens qui connaissent la discipline, qui savent commenter un match… Il y a des commentateurs que l’on connaissait, d’autres qui se sont présentés à nous, certains qu’un prestataire nous a proposé. Il y a des clubs qui sont très attachés à des journalistes locaux avec lesquels ils sont l’habitude de travailler. C’est ceux-là qu’on a privilégié.
 
Financièrement, c’est tenable d’avoir autant de commentateurs indemnisés chaque week-end ?
 
Il y a un peu moins de 15 matchs, car 4 ou 5 rencontres sont prises en charge par la télé. Il faut bien comprendre que les choses sont tenables quand elles sont budgétées, c’est à dire quand vous avez prévu le financement pour. Elle peut être coûteuse mais si vous l’aviez prévu, ça fonctionne. On a le financement pour les commentaires de la plateforme OTT. Mais ce n’est pas donné.
 
Quant à la qualité des images produites, elle peut vous être utile pour d’autres choses, notamment les réseaux sociaux, pour les Top 10 par exemple. Cela reste difficile d’utiliser les images Keemotion pour cela…

C’est moins simple en effet que lorsque vous avez un gros plan sur les paniers, c’est certain. Un dunk par Keemotion est moins spectaculaire qu’un dunk filmé par les deux caméras de L’Équipe sur le même panier. Il faut qu’on utilise les meilleures images que l’on a et puis il faut qu’on prenne les images exploitables que l’on a. On est déjà tellement mieux qu’on l’était pas le passé. Mais oui, il faut qu’on arrive à améliorer la qualité des vidéos que l’on a pour les réseaux sociaux.

Avec Keemotion, parfois les images sont exploitables, parfois on est un peu en déficit d’images que l’on peut mettre dans une story Instagram. C’est un nouveau challenge, on progresse. Sur nos réseaux sociaux, il se passe beaucoup de choses. On a un responsable digital et on a engagé un community manager. On a deux personnes maintenant dont le digital est l’absolue priorité.

 
Vous parliez de budget en baisse. Qui est le plus affecté ? LNB ou les clubs, vers qui s’effectuait la redistribution ?
 
Majoritairement, cela impacte la redistribution puisque la majorité des sommes étaient redistribuées aux clubs, sur le grand marketing et notamment les droits télés. Mais comme c’était redistribué pour chaque club, ça représentait 3, 4 à 5% des budgets. Personne n’aime voir son budget amputé de 5% mais personne ne dépose le bilan pour 5% de budget en moins. Donc les clubs ont vite fait dans leur tête le rapport entre le fait de revoir du basket à la télé, des fans contents et des partenaires qui reviennent ou veulent investir, et  4-5% du budget en moins. A la fin, celui qui perd le plus en proportion, c’est la Ligue.
 

« L’OTT est commercialisable »

 
 
 
 
Cela met-il la LNB en difficulté ?
 
Bien sûr. En difficulté, mais pas en danger. On est dans une situation où elle doit bien réfléchir à n train de vie. Et surtout maintenant que ce virage est pris mettre de l’énergie sur la recherche de nouveaux sponsors, c’est évident. Attention, la question ne doit pas être de savoir si c’était payant ou si c’est clair. Même si c’était payant, c’était quoi le montant qui revenait à la Ligue ? Certains sports prennent des sommes très importantes et d’autres reçoivent des montants qui ne leur permettent pas d’avoir des trains de vie très élevés. Donc on s’est dit, si ce sont des montants qui d’une certaine façon ne vont pas beaucoup rapporter aux clubs et qui ne vont pas permettre à la Ligue de faire quoi que ce soit, autant être en clair. Ce n’est donc pas la question entre le clair et le payant mais entre quel payant et quel payant. Vous avez intérêt à choisir le payant quand vraiment ça change votre vie, quand cela fait des sommes qui permettent d’investir, développer et structurer les clubs. Mais quand ce n’est plus le cas, il vaut mieux privilégier la visibilité.
 
Du coup, quels ont été les réactions des annonceurs qui sont toujours en place, comme Jeep ?
 
J’ai reçu des courriels, ils ont été ravis des audiences, ils ont été ravis de se voir en télé avec beaucoup plus de gens… C’est mis en avant sur la chaîne, dans le numérique mais même dans le journal papier. Tout d’un coup, depuis qu’on a annoncé ça, la Jeep ELITE a une présence dans le papier plus importante qu’avant, notamment le mardi.
 

Ça, L’Équipe vous l’a dit ou c’est juste un constat ?

Non c’est juste un constat ! L’Équipe papier est totalement indépendante. Les journaux de sport ne traitent que ce que vous avez vu à la télévision. Vous ne verrez jamais quatre pages dans L’Équipe d’un événement qui n’était pas télévisé. L’Équipe va parler de la Jeep ÉLITE de plus en plus parce qu’elle sait que la Jeep ÉLITE aura de plus en plus de téléspectateurs. Elle sait que ça intéresse. La vérité c’est pourquoi lit-on L’Équipe alors que l’on connaît le résultat ? Les gens lisent le commentaire d’un événement qu’ils ont vu. J’imagine que le fait que cela soit diffusé sur une chaîne de leur groupe, ça les rend encore plus volontaires pour en parler. Mais je ne suis pas certain que ça soit ça l’élément décisif. L’élément décisif est que le basket est en train de revenir visible dans le paysage sportif.les-matchs-en-clair--la-diffusion-de-la-pro-b--l-ott----michel-mimran-detaille-le-plan-de-la-lnb1602249024.jpegMichel Mimran lors de la Leaders Cup 2020 (photo : Gabriel Pantel-Jouve).
 
 
Concernant la plateforme OTT, est-ce que la récupération des informations sur les inscrits, et notamment les courriels, est monétisable auprès de potentiels annonceurs ?

Pas tout de suite. Ce sont surtout des adresses qui vont nous aider à bâtir une relation avec ces fans. Les informer des diffusions. Et puis, évidemment, l’OTT est commercialisable. Elle peut être parrainée, nos sponsors sont présents déjà dessus… L’audience se monétise, est-ce que les adresses courriels se monétisent ? De nos jours, ce n’est pas ça qui compte. Nous sommes la marque et nous avons besoin des courriels pour avoir une relation avec nos fans, même si nous l’avons surtout avec les réseaux sociaux.

 
Au sujet de la disparation d’un magazine hebdomadaire comme Buzzer, travaillez-vous sur un nouveau projet similaire ?
 
Non, ce n’est pas nous qui travaillons dessus, de même que Buzzer, c’est RMC qui travaillait dessus. La Ligue donne des droits, met en scène des droits… ce n’est pas nous qui allons organiser des émissions de télé. En revanche, on a du matériel, il y a des images qui sont diffusés en direct, il y aura la matière pour faire des émissions. Je sais que Sport en France voudrait le faire, on en parle déjà. Ils le feront quand ils décideront de le faire, probablement le dimanche ou le lundi après la journée complète de Jeep ELITE et de Pro B. Sur L’Equipe, il n’y a pas de magazine à part L’Equipe d’Estelle et L’Equipe du soir. Ils n’ont pas de magazine dédié à un sport. Je ne dis pas que pendant la Coupe du Monde (de football) ils ne pourraient pas le faire mais de toutes façons; on voit bien que ces émissions là sont avant-tout consacrées au foot.

 

« La différence de niveau entre la Jeep ELITE et la Pro B est beaucoup plus réduite qu’entre la Ligue 1 et la Ligue 2 »

 
Ce week-end marque aussi le top départ de la diffusion de la Pro B via Sport en France. Comment avoir convaincu une télévision de diffuser un match de deuxième division, ce qui est très rare en France.
 
Quand on a commencé à discuter avec Sport en France, on ne savait pas où on en était de la Jeep ELITE. A Sport en France, on leur avait dit qu’on avait un très beau championnat qui était de la Pro B, de la deuxième division. C’est un championnat d’un excellent niveau. Avec de clubs comme Blois, Nantes, Paris, Antibes, Fos-Marseille… Il y a des affiches ! Ça leur a plu parce que les gens qui regardent Sport en France connaissent le sport. L’Equipe diffuse parfois des matchs de Fédérale 1 de rugby. C’est la troisième division ! Car ce sont des mecs qui connaissent le sport, ils savent que c’est du haut-niveau et que les matchs méritent d’être regardés. J’ai parlé des gens à Sport en France qui connaissent le basket, ils savent que c’est du très bon basket. Le premier match de Pro B que j’ai vu dans le cadre de mes fonctions, c’était Paris contre Aix-Maurienne, à Bercy (à l’occasion du nouvel an chinois) juste après le match NBA. Je viens du foot, la différence de niveau entre la Jeep ELITE et la Pro B est beaucoup plus réduite qu’entre la Ligue 1 et la Ligue 2. Ça allait vite, il y avait des dunks toutes les 45 secondes… C’était très spectaculaire ! Ça en télé, ça vaut le coup d’oeil et Sport en France l’a compris.

La deuxième raison, c’est que la Pro B sera sur Keemotion. Les images, c’est la LNB qui les fournit. Sport en France n’a plus qu’à les commenter. C’est un sacré bon deal. Ce n’est qu’ensuite, quand on a avancé sur notre pacte de diffusion, qu’on s’est dit qu’avec le fait que L’Equipe ne prenne qu’un match avec certitude, celui du lundi. Mais vu qu’on allait vers le tout clair, on a proposé à Sport en France d’avoir un match de Jeep ELITE par semaine s’il s’engageait à prendre en charge la production. Ils ne pouvaient pas dire non !   

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