Les matchs en clair, la diffusion de la Pro B, l’OTT… Michel Mimran détaille le plan de la LNB

Nommé Directeur général de la Ligue Nationale de Basket en décembre 2019, Michel Mimran a été le principal instigateur du retour du basketball en clair à la télévision et surtout de son arrivée complète sur une plateforme OTT (over the top, diffusé sans la participation d’un opérateur traditionnel). Alors que cette dernière est en place depuis une semaine, que la diffusion de la Pro B va démarrer ce dimanche, il répond à nos questions.
La COVID-19 est passée là-dessus et a rendu les négociations (avec les chaînes) beaucoup plus compliquées. Par réduction de moyens pour certains et en raison de la COVID-19 pour les autres, les négociations n’ont pas abouti. Et donc, la stratégie en clair est forcément devenue la meilleure alternative. Quitte à avoir nos recettes qui diminuaient considérablement, autant offrir un maximum de visibilité à nos partenaires.
« On a déjà atteint 20 000 inscrits sur la plateforme OTT »
C’est une belle performance pour L’Equipe. Ce que j’apprécie dans ce que m’a dit Jérôme Saporito qui est mon interlocuteur à L’Équipe, c’est que c’est une audience prometteuse. S’il m’avait dit que c’est extraordinaire, je me serais dit qu’il fallait qu’on s’attende à ça comme maximum. Mais pas du tout !
Cette moyenne de 250 000 téléspectateurs, on va essayer de la faire progresser. Mais pourquoi on va la faire progresser ? Car le lundi soir qui sera le soir de prédilection pour L’Equipe est un bien meilleur jour pour regarder du sport que le vendredi ou samedi. Il n’y a pas de concurrence sur le sport mais vous ne sortez pas le lundi soir. Le dimanche soir, ce n’est pas pour rien que le grand match de Canal+ était à 21h. C’est parce que les gens sortent le week-end mais le dimanche soir tout le monde est à la maison. Comme le lundi soir. Ce n’est pas un jour génial pour les clubs, je le sais, c’est un effort qu’on leur demande de consentir, mais pour les téléspectateurs c’est un très bon soir. Il n’y a pas énormément d’autres sollicitations. On commence ce lundi (12 octobre) avec Strasbourg – Limoges. On ne va pas dès lundi exploser les compteurs. Il faut que les gens se réhabituent au feuilleton de la Jeep ELITE, il faut qu’ils sachent que dorénavant le lundi soir il y a un match de basket à la télé.
Le Dijonnais David Holston face au Villeurbannais Norris Cole, lors du premier match diffusé sur la chaine L’Équipe cette saison (photo : Foxaep).
Bien sûr ! Tout a été ralenti. Et puis surtout, ça ne sert à rien de faire des annonces si vous devez en faire tous les deux jours. On avait décidé de les concentrer sur une semaine, avec trois événements, pour annoncer ce que j’appelle le « pacte de diffusion » : la diffusion en clair, la diffusion de la Pro B et la diffusion de l’OTT. Dans les premiers jours de septembre, la pression était intenable sur les réseaux sociaux. Même de la part des clubs. Nous, nous savions très bien vers où nous allions. Il manquait quelques signatures, il fallait qu’on soit certain. Ça ne se fait pas comme ça. Il fallait savoir comment financer les budgets de production, pour l’OTT il fallait financer la captation, les commentaires… Je savais quand nous devions être prêts. Entre fin août et le moment où on a annoncé ça, c’était difficile. Il y a quelqu’un qui m’a écrit : »Mais c’est extraordinaire, pourquoi vous ne l’avez pas dit avant, pourquoi avoir accepté de vous laisser insulter ? » Ce n’est pas parce que des gens m’agressent sur les réseaux que je vais changer ma communication. Je comprends l’impatience des gens. La seule chose, c’est que quand je sentais cette impatience, il fallait que notre réponse soit à la hauteur. C’est ce qu’on se disait avec Alain Béral (président de la LNB) et Jean-Pierre Siutat (le président de la FFBB) : »Oui on va arriver avec une très belle réponse mais on la fera au bon moment. »
« Personne ne peut oublier que c’est un énorme cadeau »
Pour revenir à la question, est-ce que cela donne une pression cet enthousiasme ? Oui et non ! Il faut qu’on soit à la hauteur mais en même, c’est un immense cadeau qu’on fait à tout le monde : c’est gratuit. Je veux bien que les gens soient exigeants mais personne ne peut oublier que c’est un énorme cadeau qu’on fait au basket. J’accepterai toutes les remarques et toutes leurs exigences, j’espère simplement qu’ils n’oublieront pas qu’on ne leur demande pas un euro, même pour l’OTT.
Sur certains sports, ils peuvent nécessiter plus de 40 caméras. Quand vous êtes un professionnel de la production et que vous allez produire un spectacle avec cinq caméras, vous savez que vous êtes dans des coûts maîtrisés. Le coût d’un match Keemotion ne se calcule pas comme ça car c’est un système installé et une fois qu’il est installé on ne divise pas par le nombre de matchs. C’est un coût constant. Le coût pour nous, c’était l’amélioration du système dans toutes les salles LNB. Ça ça se chiffre en centaines de milliers d’euros évidemment.
C’est vrai qu’on voudrait que les gens soient un peu plus indulgents qu’ils ne le sont. Les gens sont habitués, ils n’ont pas besoin d’être indulgents parce qu’un service est gratuit. Quand vous allez sur une application sur votre téléphone, vous ne pouvez pas tolérer qu’elle ne marche pas. C’est pareil pour la télé, globalement c’est gratuit, la moindre des choses c’est que ça soit de bon niveau. On a fait un énorme effort dans une période compliquée, dans laquelle nos finances ont considérablement diminué. Malgré tout, on a mis en place ce système-là, très ambitieux, et donc maintenant on va commencer à se consacrer à son amélioration et à la correction des détails défectueux. Les commentaires ne sont pas tous défectueux mais certains sont moins satisfaisants que d’autres. Alors on va changer les commentateurs. On va en former. On va voir si c’est juste une question de mise en jambes et on va voir comment ils vont s’améliorer. Très rapidement, on espère que l’on va voir monter la notation de nos commentateurs. L’un après l’autre, on va dire, lui il est bon, lui il doit être formé etc.

« On voudrait que les gens soient un peu plus indulgents »
C’est moins simple en effet que lorsque vous avez un gros plan sur les paniers, c’est certain. Un dunk par Keemotion est moins spectaculaire qu’un dunk filmé par les deux caméras de L’Équipe sur le même panier. Il faut qu’on utilise les meilleures images que l’on a et puis il faut qu’on prenne les images exploitables que l’on a. On est déjà tellement mieux qu’on l’était pas le passé. Mais oui, il faut qu’on arrive à améliorer la qualité des vidéos que l’on a pour les réseaux sociaux.
Avec Keemotion, parfois les images sont exploitables, parfois on est un peu en déficit d’images que l’on peut mettre dans une story Instagram. C’est un nouveau challenge, on progresse. Sur nos réseaux sociaux, il se passe beaucoup de choses. On a un responsable digital et on a engagé un community manager. On a deux personnes maintenant dont le digital est l’absolue priorité.
« L’OTT est commercialisable »
Ça, L’Équipe vous l’a dit ou c’est juste un constat ?

Pas tout de suite. Ce sont surtout des adresses qui vont nous aider à bâtir une relation avec ces fans. Les informer des diffusions. Et puis, évidemment, l’OTT est commercialisable. Elle peut être parrainée, nos sponsors sont présents déjà dessus… L’audience se monétise, est-ce que les adresses courriels se monétisent ? De nos jours, ce n’est pas ça qui compte. Nous sommes la marque et nous avons besoin des courriels pour avoir une relation avec nos fans, même si nous l’avons surtout avec les réseaux sociaux.
« La différence de niveau entre la Jeep ELITE et la Pro B est beaucoup plus réduite qu’entre la Ligue 1 et la Ligue 2 »
La deuxième raison, c’est que la Pro B sera sur Keemotion. Les images, c’est la LNB qui les fournit. Sport en France n’a plus qu’à les commenter. C’est un sacré bon deal. Ce n’est qu’ensuite, quand on a avancé sur notre pacte de diffusion, qu’on s’est dit qu’avec le fait que L’Equipe ne prenne qu’un match avec certitude, celui du lundi. Mais vu qu’on allait vers le tout clair, on a proposé à Sport en France d’avoir un match de Jeep ELITE par semaine s’il s’engageait à prendre en charge la production. Ils ne pouvaient pas dire non !
Qui a écrit ce papier ?
Rédaction BebasketBEBASKET
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