Monumentale ASVEL : le champion d’Europe tombe à l’Astroballe !

Tout doucement, cela commence à devenir irrationnel. Bêtement, on se disait que le CSKA Moscou, du haut de son statut de champion d’Europe, serait l’équipe qui mettrait un terme au grand frisson des soirées européennes de l’Astroballe. Surtout que l’ASVEL se présentait face à l’armada russe avec un duo de meneurs composé d’un Américain en grande souffrance et de celui qui l’avait mis sur le banc une semaine plus tôt, un rookie de 17 ans. Mais non. Rien n’y a fait. Même le talent de Mike James. Même l’activité des tours jumelles Voigtmann et Vorontsevich. Même la blessure de Matthew Strazel. Même la disette offensive de plus de quatre minutes dans le dernier acte (de 58-57 à 58-62). Même les coups de sifflets intempestifs de l’arbitre allemande Anne Panther à l’encontre d’Edwin Jackson à l’entame du money-time. À 91 secondes du buzzer final, le CSKA Moscou était sur orbitre (62-66). Mais c’est toujours le grand vertige à Villeurbanne.
Le retour en grâce de Jordan Taylor
« On accomplit des miracles », soufflait Zvezdan Mitrovic en conférence de presse, le teint encore rougi par l’émotion de la plus grande victoire de sa carrière. « N’importe quel connaisseur de basket sait ce que représente le CSKA Moscou par rapport à l’ASVEL. Il est difficile d’expliquer comment nous avons pu l’emporter mais je peux citer trois facteurs : le cœur, les efforts et le public. » La recette miracle pour renverser le club de l’Armée Rouge ? Non, il a également fallu un shoot insensé de Jordan Taylor à 13 secondes de la sirène afin de parachever l’exploit (67-66, score final). Un coup de folie, un vrai, de la part de l’ancien Limougeaud, qui, tel un Rihards Lomasz excité comme un Balte se mesurant à la puissance russe (15 points en 13 minutes), a su trouver un nouvel élan (14 points à 3/10 et 7 passes décisives pour 18 d’évaluation) dix jours après avoir touché le fond contre Vitoria. « Sauf que ce n’était pas un bon tir », souriait Mitrovic après coup. « C’était illogique de le prendre si tôt dans la possession. Mais il l’a senti et surtout, il l’a mis. Du coup, on ne peut rien lui dire. »
Ceux qui voudront tempérer la portée de cet exploit villeurbannais mettront en avant les nombreuses blessures ayant frappé le camp moscovite (Will Clyburn, Daniel Hackett, Joel Bolomboy…). Mais quand ce dernier s’abîme le genou la veille de la rencontre, le club russe fait sortir du bois le gros CV qui n’était pas prévu : Kosta Koufos et ses 723 matchs NBA. À comparer avec la pénurie de meneurs côté Villeurbanne, les moyens sont tout autres.
La meilleure attaque tenue à 66 points : l’ASVEL sort les barbelés
Alors oui, le CSKA a proposé quelques séquences indignes d’un champion d’Europe, telles ces six balles perdues en sept possessions au milieu du deuxième quart-temps, au moment où l’ASVEL lui faisait comprendre par un 12-0 (de 17-21 à 29-21) qu’elle défendrait chère son invincibilité. Oui, les choix de Mike James ont parfois été douteux, particulièrement dans les tous derniers instants. Malgré tout, l’équipe de Dimitris Itoudis a eu de multiples occasions de tuer la rencontre. « Mais nous avons raté beaucoup trop de lancers-francs (11/20) et de tirs complètement ouverts », pestait l’ancien disciple de Zeljko Obradovic. « Cela nous coûte très cher au final. »
Peu importe, finalement. Peu importe que le CSKA Moscou aurait pu, ou dû, l’emporter. L’histoire retiendra qu’après le Real Madrid à Strasbourg en 2015, le vainqueur de l’EuroLeague a encore trébuché sur le sol français. Pour avoir eu le dernier mot face à la désormais ex-meilleure attaque de la compétition (dorénavant devancée par le Khimki), malgré un taux de réussite catastrophique de 35% à deux points (11/31), l’ASVEL a dû faire preuve d’un remarquable engagement défensif. Mais pas que… C’est aussi la victoire de la solidarité pour Villeurbanne. La victoire de l’acharnement à aller contester tous les rebonds (36-36 au final). La victoire de l’impact athlétique… « Avec aussi un petit peu d’intelligence », tenait à ajouter le malicieux Mitrovic. Peut-être un peu de tout cela. Mais surtout, une victoire pour la légende.
À Villeurbanne,
Qui a écrit ce papier ?
Alexandre LacosteBEBASKET
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