Najib Chajiddine, l’arbitre français à la finale mondiale du World Tour 3×3 à Bahreïn : « J’ai juste envie d’être à la hauteur »

Najib Chajiddine est présent sur la finale du World Tour 3×3, à Manama
Najib Chajiddine aborde cette finale mondiale du World Tour 3×3 avec une belle excitation. Désigné pour la deuxième année consécutive, l’arbitre français poursuit une ascension rare dans une discipline où l’intensité, la pression financière et l’exigence permanente façonnent une élite très réduite. De Kermoysan à Bahreïn, en passant par Paris 2024, son parcours raconte autant l’essor du 3×3 français que la structuration de l’arbitrage tricolore.
Arbitrer une finale mondiale : « un moment particulier »
Najib Chajiddine démarre sa compétition à Bahreïn avec une grande motivation pour ce rendez-vous majeur. Comme il nous l’explique, il « arrive avec beaucoup de respect pour l’événement et beaucoup d’envie. La finale mondiale, c’est un moment particulier : tout le monde est au maximum, les joueurs, les staffs, et nous aussi. Un an après ma première désignation, j’ai juste envie d’être à la hauteur, de rester concentré et de profiter de ce privilège. Ce sont des rendez-vous qui rappellent pourquoi on fait tout ça. »
De Paris 2024 à Bahreïn : ce que changent les Jeux
Présent sur les Jeux Olympiques de Paris 2024, il garde de cette expérience un souvenir fort et fondateur. Il explique que cette parenthèse a changé sa manière d’aborder son métier : « Les Jeux changent quelque chose, forcément. Humainement, c’est une immense leçon : tu apprends à gérer des émotions très fortes, à rester calme quand l’environnement te pousse dans l’excès. Professionnellement, ça m’a donné encore plus d’exigence. Et je le dis souvent : si j’ai pu vivre ça, c’est parce qu’il y a eu beaucoup de soutien derrière. On ne va pas aux Jeux tout seul. »
Une sélection olympique reçue sur téléphone, un souvenir intact
Le Finistérien se souvient parfaitement du moment où il a appris sa sélection pour Paris 2024. Un instant suspendu qu’il décrit avec beaucoup de sincérité : « Sur le coup, j’ai juste fixé mon téléphone quelques secondes. Tu réalises, puis tu penses au chemin parcouru, aux sacrifices, aux gens qui t’ont aidé. C’est un moment très fort. Ensuite tu redescends vite, parce qu’il faut se préparer. Une sélection olympique, c’est beau, mais c’est aussi une responsabilité immense. »
Entrer dans la liste A de la FIBA, un processus progressif
Interrogé sur la concurrence en Europe et sur sa place parmi les meilleurs arbitres mondiaux, Najib Chajiddine souligne que cette progression se fait par étapes, sans certitude. Comme il l’explique : « Ce n’est pas quelque chose qui se réalise d’un coup. Ce sont des signes : une grande compétition bien gérée, un retour positif, une confiance qui grandit. À un moment tu sens que tu es dans la conversation. Mais je reste convaincu qu’à ce niveau-là, rien n’est garanti. Il faut être régulier, discipliné, et surtout fiable dans les moments importants, sûr et en dehors du terrain. »

Rebondir après une blessure : un retour construit à plusieurs
Blessé en décembre 2023 juste avant de devenir le premier arbitre français désigné sur la finale mondiale, le Breton a vécu un moment difficile. Il raconte combien l’accompagnement médical a été essentiel dans sa reconstruction : « Ça a été un vrai coup dur… Le Dr Escourou a été déterminant… Et puis il y a eu le Dr Jacolot, de Quimper elle aussi. Elle m’a aidé avec des mots simples, mais justes… Ces deux-là ont joué un rôle énorme dans mon retour. »
La pression unique du 3×3, liée aux prize money
Dans un sport où l’intensité ne redescend jamais, l’arbitre français décrit une pression différente du 5×5, notamment en raison des enjeux financiers. Najib Chajiddine l’explique clairement : « Je remarque que la pression est beaucoup plus forte. Les joueurs jouent pour des dizaines de milliers d’euros… La tension liée aux prize money est réelle, mais nous, on doit rester complètement en dehors de ça. Notre rôle ne change pas : protéger le jeu, protéger les joueurs, et rester fidèles aux règles et à notre ligne. »
Quimper, le pôle espoirs, puis l’équilibre 5×5 – 3×3
Revenu à ses débuts, il rappelle l’importance du pôle espoirs d’arbitrage Bretagne dans sa formation, mais aussi de son club d’origine. Comme il le dit : « Le pôle espoirs d’arbitrage Bretagne est un socle… Mais mes bases viennent aussi de Quimper. »
Il explique également son choix d’évoluer cette saison en ELITE 2 pour stabiliser son calendrier : « Depuis deux saisons, les dates du 5×5 et les dates du 3×3 se chevauchent beaucoup… Heureusement, la FFBB me soutient. »
Montrer la voie à la nouvelle génération
Désormais installé dans l’élite du 3×3, il espère inspirer les plus jeunes arbitres français et leur transmettre un modèle d’exigence. Il résume son état d’esprit ainsi : « Je cherche à leur transmettre le fait de rester eux-mêmes, de ne pas sauter les étapes et d’être exigeants dans chaque détail… Arriver au sommet est très difficile, mais le plus difficile est de rester au sommet. »
Des ambitions fortes pour le 3×3 français
Observateur privilégié de l’évolution du 3×3 tricolore, il se montre optimiste pour les équipes de France comme pour l’arbitrage. Selon lui : « Je vois clairement nos deux équipes qualifiées et en capacité d’aller chercher une médaille à Los Angeles… L’avenir s’annonce très prometteur. »
Kermoysan, un apprentissage qui dépasse le sport
Enfin, Najib Chajiddine rappelle que ses racines – à Kermoysan, juste à côté de Quimper – jouent encore un rôle majeur dans son approche humaine du métier. « Kermoysan m’a appris à m’adapter, à écouter, à gérer des situations variées… Sans le savoir, ça m’a donné des compétences essentielles pour arbitrer… Dans chaque “top” compétition où j’officie, Kermoysan n’est jamais loin. »
A Manama, à 7 000 kilomètres de son Finistère natal, Najib Chajiddine tentera encore de ponctuer sa saison 2025 de 3×3 de la meilleure des manières.






















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