« On était inconnus » : des cadets d’Antibes à l’Euro, la folle histoire de Cordinier et Luwawu-Cabarrot
Ils ont été formés ensemble à Antibes. Ils sont meilleurs amis dans la vie, témoins de mariage respectifs. Ce jeudi, pour la première fois, Isaïa Cordinier et Timothé Luwawu-Cabarrot abordent ensemble une compétition internationale sous le maillot de l'équipe de France. Une étape marquante dans leur riche histoire commune.
Isaïa Cordinier et Timothé Luwawu-Cabarrot se connaissent depuis l’été 2011
Crédit photo : Armand Lenoir / FFBB
Jamais très loin des éclats de rire qui se sont multipliés dans le coin d’un salon de l’hôtel des Bleus à Katowice, Julien Guérineau, l’attaché de presse de l’équipe de France, interpelle Isaïa Cordinier et Timothé Luwawu-Cabarrot à la fin de l’interview. « J’ai cru que vous alliez verser une larme à un moment donné », leur lance-t-il. « Ah, c’était pas loin », les entend-on répondre simultanément.
Pendant une vingtaine de minutes, les deux enfants des Sharks d’Antibes ont retracé près de 14 ans d’amitié. Une aventure commune qui les a emmenés de la salle Salusse-Santoni jusqu’au Barclays Center de Brooklyn, en passant par le Flunch d’Antibes et le compte Facebook caché de Cordinier, pour finir témoins de mariages respectifs.
Désormais, on pourra ajouter Katowice à leur album de souvenirs. L’austère cité de Silésie, dans le sud de la Pologne, s’apprête à devenir le théâtre d’un rêve insoupçonné : disputer une compétition internationale ensemble sous le maillot de l’équipe de France.
Isaïa et Timothé, votre ancien coach antibois Christian Corderas est allé fouiller dans les archives. Du coup, j’ai une petite photo à vous montrer…
Saison 2011/12 à Antibes, des tous jeunes Cordinier et Luwawu-Cabarrot (photo : Romain Robini)
(Les deux éclatent de rire)
Isaïa Cordinier : Ah le bâtard !
Timothé Luwawu-Cabarrot : (il rigole) Zay, moi je pense que c’est deux personnes différentes. Perso, je suis venu préparé quand même… Je suis plus costaud
IC : (il coupe) Moi, je dis qu’il y a un gars frais…
TLC : Oui, le n°9, il est frais !
IC : … Et un gars moyen. Je te laisse dire qui, je te laisse faire ton choix (Timothé rigole). Mais c’est mon avis.
TLC : Y’a surtout un mec qui a la même couleur que le maillot !
IC : (il éclate de rire) Mais il me rafale de ouf ! J’avais passé un mauvais été gros !
Cette photo, c’était la première fois que vous jouiez ensemble ?
IC : Oui, première fois ! Moi, j’étais cadet première année.
TLC : Ah oui, c’est vrai.
IC : Ça, c’était quand Tim se faisait virer de l’entraînement.
TLC : C’était il y a longtemps ça (ils rigolent)…
« À l’époque, il n’avait pas le niveau ! »
Du coup, est-ce que ces deux-là pouvaient s’imaginer un jour se retrouver coéquipiers sous le maillot bleu pour la même compétition internationale ?
IC : Ah non, ce n’était même pas un sujet.
TLC : Pas du tout, ce n’était pas la question. Déjà, devenir pro, c’était une bonne chose.
IC : Exactement.
TLC : Après, les objectifs sont venus au fur et à mesure de notre carrière, quand on a grandi.
IC : Pour remettre les choses dans leur contexte, à l’époque, je n’avais eu que deux offres de centre de formation : Antibes et Pau-Orthez.
TLC : Et moi, je n’étais pas sûr de rester sur la deuxième année.
C’est-à-dire ? Vous vouliez partir ou Antibes ne souhaitait pas vous conserver ?
TLC : Les deux. Ils n’étaient pas sûrs de me garder et moi, je voulais m’en aller. La première année ne s’était pas bien passée. Je n’avais pas joué une seule fois de la saison avec les cadets France, j’avais été relégué en région toute l’année. C’était assez frustrant. Pour tout dire, je ne faisais même pas les entraînements avec les cadets France donc je voulais partir ! J’avais exploré pas mal de possibilités : les États-Unis ou ailleurs en France. Je me souviens avoir fait des tests à Chalon, avoir eu des contacts avec Vichy…
Cette photo, c’est votre première rencontre donc ?
TLC : Non, ce n’est pas ça la première rencontre !
IC : C’était quand on était au Pôle Espoirs.
TLC : Non plus !
IC : Ah oui, la sélection, j’avais oublié !
TLC : Voilà, c’était quand on était en sélection région PACA U15. On venait avec tous les gars d’Antibes au sein d’un groupe qui se connaissait depuis quelques temps : il y avait les mecs du HTV, d’Antibes et quelques autres au milieu, de Lorgues ou ailleurs. On se regroupait depuis des années en sélection. Cette fois, c’était à Fréjus. On arrive et on voit un gamin tout maigre… (Isaïa se met à rigoler) Avec une touffe, un bandeau et un style…
IC : J’avais pas de bandeau, t’abuses. J’avais juste le sponge (manchon sur le bras).
TLC : Et on se dit : « Mais c’est qui celui-là ?! » On n’était pas du tout prévenus. On le voit s’échauffer tout seul pour s’entraîner avec nous. C’était ça notre première rencontre. Mais du coup, je laisse Isaïa en parler.
IC : En fait, je revenais de Martinique. J’avais été pris au Pôle un an en avance là-bas, j’étais un benjamin avec les U15. En revenant en métropole, dans la même logique, ils voulaient me tester avec la sélection U15, avec les deuxièmes années alors que j’étais en première année. Mais… (il rigole)
TLC : Zay, à l’époque, il n’avait pas le niveau.
IC : Ah, la claque ! La claque. Même physiquement, je n’étais pas au niveau.
TLC : Il était tout maigre. La photo, c’est deux ans après par exemple ! Il avait déjà pris un peu de gabarit là.
IC : Même mon père, qui d’habitude me pousse, m’a dit à la fin : « Isaïa, t’inquiètes pas, t’avais rien à faire là ! » (ils éclatent de rire) Sur le niveau basket, j’avais pris une gifle de fou.
TLC : Donc voilà, c’était ça notre première rencontre.
Deuxième année antiboise pour le duo des Bleus, n°14 et n°9 (photo : Romain Robini)
Ensuite, quand vous jouez ensemble, comment votre amitié se développe-t-elle ?
TLC : C’était naturel. Isaïa était au CREPS et moi en externat. Je dormais chez moi mais j’allais tous les après-midi au CREPS. Il a tout de suite été impliqué dans l’équipe cadets France…
IC : Il faut dire que ce groupe était spécial aussi. De ce groupe du centre de formation, on est quatre – cinq à être restés frères.
TLC : Par exemple, quand je me suis marié, trois de mes témoins venaient de cette équipe.
Dont Isaïa du coup…
TLC : Dont Isaïa.
IC : Et vice-versa. La même chose pour moi !
« Nos meilleures années basket »
Quels souvenirs gardez-vous de ces années antiboises ?
IC : Ce qu’on se dit souvent, c’est que c’était nos meilleures années de basket. C’est difficile à expliquer, c’était juste trop bien. Ce sont des souvenirs qui resteront à jamais, une vibe. On a joué avec nos meilleurs amis, nos frères.
TLC : Avec insouciance…
IC : En plus, on avait la chance d’être performants et de gagner beaucoup de matchs.
TLC : De fou, on était vraiment forts ! Chaque année, on avait des résultats.
IC : Le seul remord, c’est qu’on n’a pas eu de titre. Pas de regrets, car on a tout donné, mais ça aurait été encore mieux avec. Sur la première année, on avait perdu en demi-finale de Coupe de France contre l’ASVEL. On s’était fait voler, je le dis haut et fort. Il y avait 20 fautes à 3 à la mi-temps. Tu ne te souviens pas de ça ?
TLC : Non, pas du tout… Mais je me souviens qu’on avait fait plein de trucs.
IC : Final Four à chaque fois. (Coupe de France) U20, on gagne aussi, mais je ne le compte pas vraiment comme un titre. C’était la première année des U20, il n’y avait que des U18, sauf trois vrais U20 qui jouaient en N2. Mais le niveau n’était pas ouf, c’était différent.
TLC : On a quand même gagné à Bercy !
IC : C’est vrai mais je ne le compte pas celui-là. J’aurais voulu gagner avec les U18 ou les U21.
Les U20 d’Antibes-Le Cannet ont remporté la Coupe de France U20 en 2013 (photo : Bellenger / IS / FFBB)
J’ai une autre photo à vous montrer…
26 janvier 2013, premier déplacement pro ensemble à Saint-Vallier (photo : Christian Corderas)
IC : Ah, c’était le premier game pro ! Ah putain, les gueules !
TLC : C’était où ça ?
IC : À Saint-Vallier. C’est la première qu’on fait un match pro ensemble (première fois ensemble en déplacement en réalité, ndlr).
TLC : Mais on ne rentre pas. La première fois qu’on joue, c’était contre le HTV à la maison (le 23 novembre 2012) parce qu’on mène largement.
IC : On gagne de 50 points (104-54), contre Axel Julien et tout.
TLC : C’est ça, on les avait défoncés.
IC : On avait marqué à tour de rôle. C’était trop bien.
TLC : Tristan (Toneguzzo), toi et moi.
En dehors du parquet, il paraît que vous étiez un peu le feu et la glace à Antibes…
IC : On peut dire qu’il y avait un fou (Timothé rigole, ndlr) et un gars qui ne pouvait pas trop trop bouger, sinon…
TLC : Il se faisait défoncer ! (ils éclatent de rire) Ah, c’était bien drôle ça !
« Bon, on va raconter un petit truc quand même ou pas ? »
Comment ça ?
IC : C’est juste que je faisais attention. Mes parents, à l’époque, ne voulaient pas trop que je sois sur les réseaux sociaux.
TLC : Bon, Isaïa, on va raconter un petit truc quand même ou pas ?
IC : Oui, bon, mon daron il était…
TLC : Attends ! En fait, ses parents ne voulaient pas qu’il ait des réseaux sociaux. On rigolait vraiment de ça, on se foutait de lui. Parce qu’à l’époque, c’était Facebook qui montait en flèche. Ouais, on est vraiment des anciens ! On était tous sur Facebook et Zay était le seul qui n’en avait pas. Sauf qu’on l’a chauffé, on l’a chauffé et à un moment, il en a créé un (Isaïa rigole). Seulement, il l’a fait sous un alias : Zay Melo Junior (ils rigolent). À chaque fois qu’il nous faisait chier, on le menaçait : « Attention Zay, on va dire à ton daron que tu as un Facebook ! »
Zay Melo Junior au lancer en U18 (photo : Romain Robini)
Et c’est bon, il est au courant maintenant ?!
IC : Oui ! Quand je suis parti de la maison, je lui ai dit direct : « Par contre, j’avais un Facebook ! » Non, c’était marrant ça.
TLC : C’était hyper-drôle. C’était l’époque où on vivait tous à Odalys. Isaïa était en terminale, on jouait en Espoirs et on vivait tous dans un appart-hôtel qui s’appelait Odalys. Franchement, cette année-là…
IC : C’était trop bien !
TLC : C’était la meilleure année.
IC : On allait manger à Flunch (il souffle) !
TLC : On faisait tout ensemble. Tout. On arrive en finale du Trophée du Futur contre Gravelines. Même s’il n’y a pas le titre, c’était une saison achevée et complète comme s’il y avait eu un titre au bout. On s’est fait défoncer sur le premier match Espoirs à Nancy (68-89). Directement, les gens ont parlé : « Ils viennent juste de monter en Pro A, ils ont une équipe de cadets, eux ça va être facile de les jouer ! » Après ça, on a vraiment défoncé toute la ligue, tous les Espoirs, sauf Gravelines. Voire l’ASVEL et Le Mans qui étaient pas mal aussi.
IC : Sur la phase retour, on ne perd qu’un seul match et on finit deuxième du classement !
TLC : Puis on va en finale du Trophée du Futur contre Gravelines, qui n’avait pratiquement que des troisièmes années avec William Howard, Séraphin Saumont.
IC : Hugo Dumortier… Ils étaient même allés en finale du Trophée Coupe de France NM2. Ils avaient battu tout le monde. Ils avaient un vrai niveau NM1. Comme le dit Tim, par rapport au fait qu’on était promus et que personne ne nous voyait-là, c’est vrai qu’on avait fait une grosse saison. On était tout le temps ensemble, c’était juste trop bien.
[On leur montre une vidéo issue de la Draft NBA 2016]
(ils la regardent avec les yeux qui brillent)
IC : Ah ouais… Ça, c’était incroyable (long silence en regardant plusieurs fois la séquence)
Qu’est-ce que ces images représentent ?
TLC : Non mais ça, c’était vraiment dingue !
IC : C’est un de mes meilleurs souvenirs.
TLC : Ce moment… Je me souviens juste de l’accolade, de ce câlin mais ce qui se passe autour, je ne me rappelle plus en vrai. Je ne sais plus du tout ce qu’il y avait autour. Mais en vrai, quand on regarde la vidéo… (il cherche ses mots en continuant de fixer les images). C’était dingue quoi.
IC : On était à des années-lumières de penser ça quand on était à Antibes. Se faire drafter la même année, c’était fou. On se connait depuis nos 15 ans, on a progressé ensemble. On était inconnus puis on fait les équipes de France puis les premiers pas en pro puis la Draft 2016 ensemble. Le parcours, il est fou !
Timothé Luwawu, arrivé à Antibes en 2006 à 11 ans, 343 matchs NBA, 78 d’EuroLeague et deux médailles internationales au compteur (photo : Romain Robini)
Faire une compétition ensemble avec les Bleus, est-ce la même intensité ?
TLC : Non, ce n’est pas la même intensité. Mais c’est juste que j’ai fait deux campagnes il y a quelques années (JO 2021 et Euro 2022), lui a fait les deux suivantes (Coupe du Monde 2023 et JO 2024). Seulement, ce n’était pas ensemble. Là, ça semble simplement juste qu’on fasse celle-ci ensemble. Du coup, l’intensité de la draft, elle sera égalée quand on aura là le titre.
IC : Parce que la draft, c’est un moment stressant. Il y a de l’enjeu et tout.
TLC : Sur la vidéo, il y a tout qui redescend en fait.
IC : Maintenant, avec les Bleus, c’est plus un soulagement. Après quatre ans séparés, on se dit qu’on a enfin la chance de la faire ensemble. Mais la vidéo de la draft, c’était différent. Je ne sais pas comment expliquer… On était jeunes, c’est le rêve de la NBA.
TLC : Je pense, en fait, qu’il n’y aura jamais vraiment rien qui sera à ce niveau-là. Car c’est juste un rêve en fait. Tu en rêves mais jamais, tu te dis que c’est possible. À l’époque, jamais on n’y avait pensé.
IC : Deux ans avant ça, avant que je fasse mon premier championnat d’Europe U18 et que j’arrive sur les mock-draft, on n’en parlait même pas. Puis ça s’est passé comme ça… (il claque les doigts) En deux ans, boum, on se retrouve dans les mock-draft, dans le couloir à New York et on se dit qu’on l’a fait. Là, ça fait 5-6 ans qu’on est proches de l’équipe de France, qu’on veut ça. C’est un peu différent.
TLC : C’était attendu.
IC : Voilà, c’est ça. L’équipe de France était un vrai objectif individuel pour tous les deux. La faire enfin ensemble est une chance qu’on savoure de ouf. Mais la Draft, c’était un rêve qui ne semblait même pas palpable. C’est ça qui est différent. Tu vois ?
« Une gentille tête de con… »
Comment présenteriez-vous l’homme derrière le basketteur ?
IC : (Timothé rigole déjà) Une gentille tête de con, que je kiffe et que j’adore plus que tout. Il a ce petit côté mauvais caractère qui le rend très attachant.
TLC : Je dirais juste que c’est mon frère. Dans 10 ans, 40 ans, 50 ans, je sais qu’on sera toujours proches, géographiquement ou dans le cœur, et qu’on continuera à parler. Isaïa, c’est une gentillesse à 100%, quelqu’un d’honnête. Aujourd’hui, surtout dans notre monde, ça se fait de plus en plus rare. C’est ce qui le rend plus unique.
Quel regard portez-vous sur vos carrières respectives ?
TLC : De la fierté, déjà. De la fierté de faire partie de ses amis et de faire partie des gens qui ont été avec lui au tout début. Fierté pour lui car ça a été… (il s’interrompt) Je répète à tout le monde que personne n’aurait pu arriver à ce niveau-là avec ses genoux, avec ce qui lui est arrivé. C’est un accomplissement ! Il y en a beaucoup qui auraient arrêté ou qui se contenteraient de la Pro B. Le fait d’être arrivé en équipe de France et en EuroLeague, c’est énorme. Personne d’autre ne l’a fait !
IC : Résilience, c’est un mot qui convient à nous deux. On a eu des chemins différents mais on arrive à la Draft au même moment. J’ai dû repartir en Europe, traverser mes problèmes. A contrario, Tim est resté en NBA : on ne lui a jamais donné sa chance mais il y a quand même passé six ans. C’est une force mentale de dingue. Ça veut dire qu’il repartait de zéro chaque saison, il devait toujours re-prouver en permanence. Même après les JO de Tokyo où il montre à tout le monde que c’est un vrai joueur NBA : il revient, il doit repasser par une case (contrat non-garanti à Atlanta), re-prouver, etc. Avoir duré autant de temps en NBA sans jamais vraiment qu’on ne lui ait donné sa chance, ça prouve la force du joueur et la force de caractère. Et pareil, quand il revient en Europe… Milan, il redescend un peu à l’ASVEL pour rebondir à Baskonia. Depuis qu’on est jeunes, on n’a pas forcément cru en nous, mis à part Christian (Corderas). On a toujours dû prouver, peu importe où on allait, qu’on méritait nos places au plus haut niveau. On a enfin la chance de le faire ensemble, d’avoir des grands objectifs ensemble. D’où le mot « résilience ».
« Trop lent, trop petit »
Y-a-t-il une qualité que vous prendriez à l’autre ?
TLC : Je dirais sa vision de jeu.
IC : Moi, vu que c’est mon shooteur, je prendrais son tir !
Des Sharks aux Bleus (photos : Sébastien Grasset)
Et du coup, qui gagne en un-contre-un ?
TLC : (directement) C’est moi. Parce qu’il est trop petit en fait ! (il éclate de rire) Il est juste trop petit.
IC : Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est juste trop lent. Il ne peut pas m’attraper. Donc c’est sûr que c’est moi. En plus, il va dribbler comme ça. Je vais lui mettre une pression et lui prendre la balle dans les mains.
TLC : Je ne ferai pas de dribble. Un dribble, et je me tourne. Dos au panier, que je sois lent ou pas…
IC : Mais t’es pas assez costaud par rapport à moi.
TLC : Pas grave, je vais tirer au-dessus de toi !
IC : Mais non ! Trop lent.
TLC : Trop petit.
IC : Trop lent.
TLC : Toujours trop petit (ils rigolent).
Match nul donc. Merci à vous…
IC : Merci pour les souvenirs !
Le regard de leur formateur antibois, Christian Corderas
« La fierté est énorme de les voir ensemble en équipe de France. C’est bateau à dire mais il n’y a pas vraiment d’autres mots pour l’exprimer. J’ai eu la chance d’être avec eux à Brooklyn pour leur draft NBA en 2016. Vivre ça à leurs côtés, c’était le firmament. C’était le rêve d’une vie professionnelle pour un formateur. Ce sont mes deux petits. La vidéo d’eux se tombant dans les bras après la Draft m’a fait pleurer. C’était fabuleux et là, c’est quelque chose qui s’y apparente. De les voir tous les deux avec le maillot bleu, c’est exceptionnel.
J’ai le souvenir des années cadets, où l’on jouait face à des équipes énormes. Mais j’ai toujours dit que nos entraînements étaient beaucoup plus forts que les matchs. Il y avait un niveau exceptionnel. Parfois, on le banalisait mais c’était juste incroyable à quel point ils étaient forts. Les deux étaient vraiment des OVNI. Je retiens la compétition sur les entraînements : ils n’acceptaient jamais de prendre !
En dehors du parquet, ce sont deux mecs exceptionnels, toujours de bonne humeur. Isaïa était quand même beaucoup plus tempéré que Timothé, un peu volcanique. Ils se complétaient bien en fait. Isaïa a un peu ce paradoxe : vachement calme et lisse dans la vie, alors qu’il dégage de l’électricité sur le terrain. De son côté, Tim amenait une espèce de rage qui nous faisait beaucoup de bien. Je lui ai toujours dit que ses défauts de jeunesse seraient ses qualités de joueur adulte. Il avait énormément confiance en lui, je l’ai poussé dans ce sens-là.
Les deux joueurs ont leur propre histoire mais qu’ils puissent vivre cette aventure ensemble, c’est fantastique. Ils ont tous les deux fait une olympiade en étant un peu le facteur X de l’équipe de France. On ne se rappelle pas assez que Timothé a été vraiment exceptionnel en 2021 à Tokyo. Une olympiade plus tard, Isaïa a refait la même chose. Aujourd’hui, j’ai l’impression que les planètes s’alignent pour qu’ils performent et nous ramènent une médaille. Qu’ils aient cette occasion, c’est la plus belle des choses pour leur histoire commune. »
Christian Corderas, quatrième à droite, avec ses deux poulains lors de la draft NBA 2016
Alexandre Lacoste est arrivé sur BeBasket en 2011, lorsque le site se prénommait encore Catch & Shoot. Amateur de portraits et de reportages, généralement au plus près des équipes de France lors des compétitions internationales, il aime chercher des angles originaux et des sujets qui vont au-delà du simple résultat sportif.
Merci bcp BeBasket pour cette très belle interview. Très sympa
Répondre
(2) J'aime
gg8v
Completement d'accord. Bravo BeBasket, super sympa de découvrir cette histoire.
Répondre
(0) J'aime
derniermot
Fantastique sujet, on regrette juste pourquoi ils n'ont jamais essayé de jouer ensemble apres Antibes. Ok, le business blablabla, m'enfin, on peut trouver des deals si on est si potes, le bonheur ne s'achete pas avec qq dollars de plus ! En tout cas formidable histoire
Commentaires