Vincent Collet : « On les a mis dans des situations beaucoup plus difficiles »
Vincent Collet et Victor Wembanya après la victoire de l’équipe de France contre le Brésil
Un début de match compliqué (15-27, 12′) puis une réaction, démarrée par une défense de fer. Tel est le fil conducteur du premier match de l’équipe de France au tournoi olympique 2024, remporté 78 à 66 contre le Brésil ce samedi 27 juillet. Peu après la rencontre, le sélectionneur Vincent Collet est revenu sur ce succès, qui permet aux Bleus de lancer leur tournoi de manière positive.
Vincent, vous avez remporté ce premier match contre le Brésil. Êtes-vous soulagé de ce premier résultat ?
(Je suis) Forcément un peu soulagé et malgré tout aussi, satisfait. Parce que d’expérience je sais que les premiers matchs de n’importe quel tournoi sont toujours un peu spéciaux. Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte, pas seulement le niveau des équipes, mais aussi la tension inhérente à ce premier match justement, surtout pour une équipe comme la nôtre qui était dans l’obligation absolue de s’imposer par rapport aux objectifs qui sont les nôtres. On avait beaucoup de pression sur ce match-là.
Est-ce que ça explique le début de match difficile ?
En partie, clairement. C’est forcément une partie de l’explication : tu ne peux pas prendre 27 points dans les 10 premières minutes, et seulement 18 dans les 20 suivantes s’il n’y a pas autre chose que le basket. On était un peu inhibés, même dans les intentions défensives, qu’on avaient pourtant. On a pas été capables dans le premier quart-temps de monter autant en pression qu’on voulait, on était un peu loin, on les a laissés faire plusieurs fois des choses dont on savait que s’ils avaient ce confort-là, ils étaient susceptibles de les réussir souvent. Après, ça a été beaucoup moins le cas, on les a mis dans des situations beaucoup plus difficiles, et comme par hasard, ça s’est mieux passé.
Comment vous avez opéré le changement au milieu du deuxième quart-temps, à -12 ? Nico (Batum) en défense sur le meneur ?
Ça a été une chose, mais au delà de ça, ça a été le fait de changer beaucoup (sur les écrans porteurs). On a mis Nico sur le meneur car comme on savait qu’on allait switcher, ça permettait qu’ils ne puissent même pas utiliser les mismatchs puisque Nico ne souffrait pas sur le mismatch poste bas. Et on savait que nos grands étaient capables de vraiment gêner (Marcelinho) Huertas et Yago Santos sur le un contre un.
Globalement, Nicolas Batum a réalisé un excellent match. Avec une grosse défense comme vous l’avez évoqué, mais aussi 19 points. A tel point qu’il joue 34 minutes.
Quelque part, je ne pensais pas qu’il jouerait autant, par contre on savait qu’il jouerait certainement beaucoup. Quand on fait l’analyse des sept matchs de prépa, si on compte le scrimmage contre le Canada, il était souvent dans les cinq qui performaient le plus. C’est notre joueur qui met du liant, (c’est un) facilitateur. Ce soir en plus il a mis des points, et ce qui n’est pas toujours systématique même si je lui demande d’être plus agressif qu’il ne peut l’être en NBA. Mais bon je ne m’attends pas à ce que Nico marque autant à chaque sortie, par contre on sait qu’il a beaucoup d’importance dans le relationnel de passe, même s’il en a envoyé une ou deux dans les décors. Mais à côté de ça il donne des ballons parce que je pense que dans ce qu’on a fait de bien ce soir, c’est de les impacter à l’intérieur.
On a réussi enfin à rapprocher Victor beaucoup plus près et on a vu son niveau d’efficacité dès qu’on arrive à le servir près du cercle, il est quand même très difficile à arrêter. Donc ça doit marquer nos esprits pour qu’on continue à avancer dans cette direction. On l’a fait un peu moins bien en deuxième mi-temps, on lui a donné la balle en poste bas mais trop excentré, en long post up, et il est moins à l’aise donc il est obligé de dribbler plus et il faut essayer de la lui amener encore plus près.
Vous faites 6 interceptions dans le troisième quart-temps, ce qui est remarquable. C’est l’équipe de France que vous voulez voir ?
Oui clairement. Je dirais qu’à partir du début du deuxième quart-temps, en termes d’intensité, être dans les lignes de passe, défendre haut et avoir beaucoup d’activité, on était là. Et on voit dans les shifts (aides positionnelles avec les bras) on en a beaucoup, et en particulier à partir du milieu de deuxième quart-temps, alors qu’on en avait très peu au début.
Vous commettez par contre 19 balles perdues. Quelles sont les explications ?
Oui il y en a déjà des individuelles. La passe que tente Nico sur (Isaïa) Cordinier il lui en avait parlé au temps-mort avant, ce n’est pas le système mais ça peut arriver. Et en deuxième mi-temps, il y en a 4 ou 5 : la passe dans le dos d’Andrew Albicy, une autre en contre-attaque… Il y en a 5 ou 6 qui sont des responsabilités individuelles où il faut que nos joueurs aient un peu plus de lucidité pour être plus secure. On va continuer à insister car c’est vital. Ce nombre de balles perdues, contre un adversaire plus fort, on ne passe pas.
Vous avez utilisé vos 12 joueurs dans le premier quart d’heure. Est-ce parce que vous cherchez encore une hiérarchie ou c’est juste l’histoire du match ?
Ça veut dire plusieurs choses. Notamment que l’on a une équipe plutôt complète, ce qui n’est pas le cas de toutes les équipes dans le tournoi. J’ai beaucoup aimé ce qu’a pu faire Cordinier ce soir, même (Andrew) Albicy sur certaines séquences, (Frank) Ntilikina. C’est pour ça qu’on utilise tout le monde, car on veut déjà maintenir un niveau d’intensité qui soit fort et surtout jouer le jeu qu’on souhaite. C’est pour ça que j’ai pas remis les attaquants (Nando De Colo, Evan Fournier) en début de quatrième (quart-temps), parce que c’était la défense qui nous tenait et qu’en plus, en attaque, c’était le jeu intérieur qui nous tenait donc c’est pour ça qu’on a fait ces choix-là, mais on peut très bien changer dans le prochain match. On va essayer d’utiliser nos ressources en fonction de l’adversaire en fonction de l’adversaire, des moments, et espérer que ça nous permette d’avance dans le tournoi.
Quelle est la priorité sur le prochain match ? C’est encore de faire diminuer le nombre de pertes de balle ?
Oui, mais ce sera toujours important : l’objectif c’est de descendre en dessous de 12, c’est assez fondamental. Mais pas seulement : c’est de s’adapter à l’adversité. On va jouer contre une équipe qui joue up tempo, qui court de partout, avec des meneurs qui sont des feu follets. Et donc ils difficiles parfois à contrôler. On sait que Rui Hachimura et Watanabe – même si Hachimura était en souffrance aujourd’hui – ont quand même une vraie capacité de tir, donc il faudra aussi qu’on laisse très peu d’espaces pour cette équipe-là. C’est une équipe qui s’appuie pas beaucoup sur le jeu intérieur, donc il faudra que nos intérieurs soient capables d’aller défendre au large pour ne pas laisser d’espace à cette équipe. Après il faudra, un peu comme aujourd’hui, qu’on appuie là où on est dominants, c’est à dire dedans.
Un mot sur l’ambiance sur ce premier match…
Exceptionnelle. Et puis la salle est tellement belle, je trouve que la façon dont elle a été… C’est vraiment incroyable, et puis ça fait chaud au cœur. Même déjà quand on est rentrés une heure avant, on sentait que quelque chose de spécial allait se passer, et c’est formidable. Pour moi, en termes d’émotions, c’est fantastique, et puis le fait d’avoir gagné nous pousse à continuer pour en profiter encore plus.
Une telle atmosphère et un tel enjeu, cela provoque du stress.
Bien sûr que l’on ressent du stress, mais c’est acceptable. C’est notamment grâce à l’expérience. Ce qu’on essaye de manager, c’est de rendre les joueurs concentrés sur les conditions pour avoir du succès. Le résultat sera la conséquence de ce qu’on a fait avant sur la durée. Maintenant, on a du temps pour travailler et s’améliorer pas juste gagner les matches. Bien sûr on doit battre le Japon et essayer de battre l’Allemagne, mais cela ne suffira pas si on ne progresse pas en même temps.
A Villeneuve d’Ascq,
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