Antoine Wallez raconte la montée inattendue de Quimper : « Un scénario de fou ! »

L’émotion d’Antoine Wallez vendredi dernier à Pierre-Bénite : il était là lors de la descente des Béliers en 2023, il est toujours là pour la remontée deux ans plus tard !
Quimper l’a fait ! Deux ans après être descendus de Pro B en NM1, les Béliers retrouvent le deuxième niveau français, au terme d’une dernière semaine de championnat à suspense. Largués par Le Havre à deux journées de la fin, les Bretons ont gagné leurs deux derniers matchs, tandis que le STB trébuchait sur l’ultime marche.
Vendredi 9 mai, les planètes se sont alignées, pour récompenser « une excellente saison de bout en bout », comme la décrit Antoine Wallez (2,05 m, 28 ans).
Tout juste redescendu de son nuage, l’intérieur quimpérois revient sur les émotions qui l’ont traversé pendant cette soirée puis pendant un weekend de fête ; alors que leur saison n’est pas encore achevée. Suite à une réforme du championnat, le club promu d’office doit malgré tout passer par les playoffs, qu’il compte « jouer vraiment », contrairement à ce qu’ont laissé suggérer les Bretons en début de semaine…
Antoine, si on vous avait dit lundi dernier, quand vous aviez deux victoires de retard, que vous seriez promus directement en Pro B en fin de semaine, qu’auriez-vous répondu ?
Je n’y aurais pas vraiment cru. Deux semaines avant, on perdait à domicile face au Havre, et une semaine avant on perdait à Mulhouse. On avait encore une chance, si Challans faisait tomber Le Havre et que gagnions à Lyon. Dans notre tête, on était plutôt parti sur le fait de jouer les playoffs jusqu’au 22 mai. Alors monter directement le vendredi suivant à LyonSO, c’est un scénario de fou !
Comment vous êtes-vous remobilisés après ces deux défaites ?
Ça s’est fait naturellement à l’entraînement. On n’a pas eu le temps de cogiter ni d’appréhender. Personnellement, c’est la première année où je suis dans une équipe dans laquelle perdre deux ou trois matchs consécutifs n’impacte pas sa dynamique et sa volonté de gagner. Tout était fluide à l’entraînement. Mais je n’étais pas surpris, c’était le cas toute la saison. Tant qu’elle n’était pas finie, on y croyait.
« J’ai discrètement demandé le score du Havre à l’intendant »
Il paraît que les discours dans les vestiaires étaient corsés, salés selon le président…
C’était des discours compréhensibles. Tout le club avait l’ambition de remonter en Pro B cette année. Les dirigeants sont venus nous dire les choses, comme il le fallait. Ils nous ont dit que tout le club était avec nous et croyait en nous, qu’il ne fallait pas lâcher, ne pas se laisser distraire par l’extérieur. Que les comptes seront faits à la fin. Et à la fin… ils sont plutôt bons (il rit) !
Tout ce chemin jusqu’à la montée vendredi soir, comment avez-vous vécu cette soirée ?
Dans nos têtes, on était programmé pour jouer les play-offs, car on pensait que Le Havre allait l’emporter chez eux contre Challans. Ils n’avaient pas perdu un seul match à domicile, alors pourquoi perdraient-ils le dernier ? On a abordé notre match en voulant le gagner pour finir premier ou deuxième et avoir l’avantage du terrain. Mais par curiosité, à la mi-temps, j’ai discrètement demandé à un intendant ce que faisait Le Havre. J’avais ce besoin de savoir. Il m’a dit qu’ils étaient menés de 11 points. Dans ma tête, je me suis dit : « Il y a un truc à faire ! »

Comment avez-vous appris ensuite votre montée ?
Après la victoire, on était forcément content de notre résultat déjà, qui nous assurait la deuxième place. Mais inconsciemment, au coup de sifflet final, on a directement pensé : « Qu’est-ce qu’ils ont fait au Havre ? » Alors on a essayé de choper quelqu’un dans les tribunes pour mettre le live. Il restait 7 secondes, Le Havre avait la balle en jeu et rate son action. On s’est dit : « ça y est, c’est fait !” (il sourit)
« Quand Quimper est descendu en NM1,
je ne voulais pas partir comme un voleur ! »
Derrière forcément, il y a eu toute une fête… Racontez-nous ce weekend !
Le soir même, on a fêté tous ensemble à l’hôtel, en équipe. On a mangé ensemble, bu un verre ensemble, mais sans trop tarder. On avait un train à prendre et nous étions attendus à Quimper à 17 heures. Dès qu’on est rentré, on a été accueilli par 600 ou 700 personnes, dans une ambiance incroyable ! Toute la ville était là ! C’était une très belle fête. J’ai profité de la journée avec toute l’équipe, tous les supporters, mais je ne suis pas sorti ensuite. Quand on a un bébé qui se réveille tous les matins à 6 heures (il rit)…
Tout semblait écrit, vous montez au moment de l’inauguration de votre nouvelle salle…
La salle arrive pour notre retour en Pro B, et le club fête ses 40 ans cette saison. Nous venons de boucler comme il se doit une excellente saison sportivement, de bout en bout. Mais tout ce contexte rend l’histoire encore plus belle.
Ça me tenait à cœur car le club était en Pro B quand je suis arrivé. Malheureusement, nous sommes descendus en NM1 dès ma première saison. Lorsque Quimper m’a proposé de rester, il me restait un an de contrat et j’avais accepté car je ne voulais pas partir comme un voleur. Ça me tenait à cœur de laisser le club, si je devais partir, là où je l’avais trouvé en arrivant il y a deux ans et demi. Or, Quimper est de retour en Pro B et j’en suis fier.
Et malgré cette première place, la saison n’est pas finie. Il reste les play-offs…
Oui ! Cette réforme du championnat est assez étrange. Je ne comprends pas vraiment pourquoi une équipe assurée d’être promue doit quand même passer par les play-offs. D’autant que cela grille une place en play-offs, par rapport aux années précédentes. Mais il y a un titre au bout. On veut respecter nos adversaires. Le coach va sûrement faire jouer tout le monde, compter un peu plus sur les jeunes, mais on va vraiment jouer.
« J’aimerais rester à Quimper »
Pourtant, votre capitaine a annoncé que vous n’alliez pas les jouer pleinement…
L’instinct de compétiteur n’a pas disparu. On a repris l’entraînement mardi, et il a suffi d’un concours de tir ou d’une opposition pour voir que tout le monde veut encore gagner. Après, je pense que les temps de jeu vont être distribués, c’est même sûr. Les joueurs qui avaient 25 ou 30 minutes par match vont en avoir 20 ou 15, et les jeunes pourront être lancés. Ce serait une bonne manière de les récompenser, de les remercier de s’être entraînés et déplacés avec nous toute l’année. C’est une opportunité pour eux de jouer. Tout le monde est fatigué après une saison à plus de 40 matchs, mais on va faire la récupération et les entraînements nécessaires pour être en forme le vendredi, et éviter les blessures surtout. Si on peut passer, on passera ; sinon, on est quand même assuré de monter. On n’a rien à perdre.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
Du repos ! (rire) Plus sérieusement, je suis en fin de contrat en juin, je me concentre sur les derniers matchs avant de m’occuper de mon avenir. Je me sens très très bien cette saison. Je joue le meilleur basket de ma carrière, après avoir vécu une saison très compliquée l’an dernier, autant sur le plan professionnel que personnel. Cette montée récompense tout mon travail, toutes les personnes qui m’ont fait confiance, mais aussi ceux qui ont douté de moi. Personnellement, j’aimerais rester ici, mais il est encore tôt pour en discuter. Et collectivement, comme a dit le coach, l’objectif est d’installer Quimper en Pro B, et d’aller jouer les playoffs. La priorité est évidemment de se maintenir, mais il faut avoir des ambitions.
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