Giannis Antetokounmpo, l’incroyable émotion : « Cette médaille est ma plus grande réussite ! »

Présent avec la Grèce depuis le Mondial 2014, Giannis Antetokounmpo tient enfin sa médaille !
« Can I start ? » Littéralement « je peux commencer ? » Venu en conférence de presse sans sa médaille de bronze, qu’il convoitait depuis sa première campagne internationale en 2014, Giannis Antetokounmpo n’en pouvait plus de rester sur l’estrade sans rien faire, en attendant son sélectionneur Vassilis Spanoulis.
Pourtant, pendant ensuite 20 minutes, la superstar des Milwaukee Bucks a livré une formidable conférence de presse à l’issue de la petite finale, remportée 92-89 par la Grèce contre la Finlande. La voici en intégralité.
« Encore mieux que mon titre NBA ! »
Giannis, quelle est votre réaction à cette médaille de bronze ?
Je suis très heureux pour l’équipe, pour le pays, après cette disette de 16 ans. Depuis le premier jour du training camp, nous étions très concentrés. Tout le monde a assumé ses responsabilités, tout le monde partageait cet objectif commun. Il a fallu se battre pour cette médaille car on ne mérite rien d’emblée dans la vie. Tout le monde a tout donné pendant deux mois. On attendait cette médaille depuis longtemps et c’est un soulagement que de l’avoir enfin… On a donné notre sang et notre sueur pour ce maillot, mais c’était notre moment.
"I don't like being famous, I just like basketball."
Giannis with a GOAT post-game speech. 🥹❤️#EuroBasket | #MakeYourMark pic.twitter.com/cks33sArN4
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Une médaille internationale était la dernière chose qu’il vous manquait. Quel peut être votre prochaine quête maintenant ?
Je ne sais pas, je vis dans le présent. Cette médaille, c’est quelque chose que je n’avais pas encore dans ma carrière et je suis très heureux d’y être arrivé. C’est encore mieux que mon titre NBA avec les Bucks. Évidemment que c’était un énorme accomplissement mais Milwaukee est une ville de 500 000 habitants. Là, on a rendu 12 millions de Grecs heureux, on a inspiré une nouvelle génération comme celle de Spanoulis l’a fait pour nous et comme celle de 1987 l’a fait pour eux, c’est la plus grande chose possible.
"This is probably the greatest accomplishment in my life." 🇬🇷 #EuroBasket | #MakeYourMark pic.twitter.com/vaktRBOVw5
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En ce moment, en Grèce, il y a un gamin qui est très heureux devant sa télévision et qui va se mettre en tête qu’il peut lui aussi gagner une médaille avec la Grèce, de la même façon que j’y ai cru après leur victoire contre Team USA en 2006. 20 ans plus tard, me voici sur cet estrade avec une médaille. C’est probablement la plus grande réussite de ma carrière et ça ne serait pas arrivé sans le coach Spanoulis. Il arrive à tirer le meilleur de moi, je veux être entouré de gens qui transportent de l’excellence, de gens qui ont déjà gagné…
« Je n’ai jamais rendu autant de gens heureux »
En quoi cette médaille est-elle différente des autres trophées que vous avez gagné ?
Quand j’ai gagné le MVP, ma mère était contente, mes frères aussi, mon agent peut-être. Mais quand on remporte une médaille, il y a 12 millions de personnes qui sont contentes. Je n’ai jamais rendu autant de gens heureux à la fois. Je sais qu’il y a tellement de Grecs qui sont ravis en ce moment, qui vont nous attendre à l’aéroport. Comme je l’ai dit, on donne l’idée à 12 millions de personnes que tout est possible. Il y a sûrement beaucoup d’enfants qui ont regardé ce match et qui se sont dits qu’un jour, ils seront là pour tenter de gagner une médaille d’or cette fois. Et j’en serai le plus heureux. Peut-être qu’à ce moment-là, je serai l’assistant-coach de Billy (Spanoulis). Ou en tribunes avec Diamantidis et Papaloukas pour les encourager.
Pourquoi aimez-vous, à ce point, jouer pour la Grèce ?
Chaque fois que je viens jouer avec la Grèce en été, je retombe amoureux du basket. C’est juste que j’adore la culture, j’adore notre vestiaire, j’adore mes mes coéquipiers, j’adore le fait de pouvoir parler Grec pendant 30 minutes à la fin de l’entraînement. J’adore le fait de pouvoir rattraper le temps avec Papanikoalou, Sloukas ou Larentzakis, avec qui j’étais en classe. Je ne vais pas vous mentir, j’aimerais continuer à jouer avec la Grèce. J’aimerais que l’on joue l’été prochain, plutôt qu’avoir un été off. J’adore revêtir ce maillot et représenter mon pays. C’est ce qui me rend le plus heureux.

Parlez-nous de l’état d’esprit de votre équipe…
Le niveau de concentration de l’équipe depuis le début du rassemblement était incroyable. Dès que quelqu’un faisait une erreur, on le prenait à part et on lui disait qu’il fallait faire mieux que ça. Mais l’important, c’était de savoir comment on allait réagir. C’était évident qu’on allait tomber à un moment ou à un autre : on n’était pas Michael Jordan, Kobe Bryant ou Vassilis Spanoulis (il sourit). Mais moi, je trouve toujours un moyen de me relever. Dès qu’on a perdu contre la Bosnie-Herzégovine, on a réagi sur le match. On a signé notre pire prestation contre la Turquie et on a réagi sur cette petite finale. Ça veut dire beaucoup de notre équipe, qui était incroyable. On avait un feu intérieur en nous, très difficile à éteindre.
« L’impression que mon héritage était en jeu ! »
Après la demi-finale, Alperen Sengun a dit que vous étiez un grand joueur, mais pas un bon passeur… Qu’est-ce que cela vous inspire ?
(il cherche ses mots) Je n’aime pas parler, je laisse mon jeu le faire pour moi. J’entame ma 13e saison en NBA et j’ai tout gagné. Tout. Cette médaille, c’était ce que je n’avais pas encore gagné. C’est fait. J’ai une famille incroyable, des relations incroyables. J’aime me comporter comme cela, je ne vais pas répondre à des coachs ou à des joueurs qui disent des mauvaises choses sur moi. Au final, personne ne se souviendra de ce qu’ils ont dit, on se souviendra de ma réaction. Mais vous pouvez aller voir mes highlights sur YouTube et ensuite, vous me direz si je ne suis pas un bon passeur.
De quoi allez-vous rappeler de cet EuroBasket 2025 ?
Je me souviendrai de tout, des bons comme des mauvais moments. Je me souviendrai sûrement de mon sentiment après la défaite contre la Turquie, de l’état du vestiaire à l’issue du match, mais aussi de notre réaction le lendemain. On s’est tous regardé dans les yeux et on savait ce qu’on allait faire. J’adore ça, tout le monde était sur la même longueur d’onde. D’habitude, après une telle défaite, on est mentalement affectés et on se fait de nouveau dominer sur le match d’après. Là, ce n’était pas le cas. On a toujours trouvé le moyen de réagir. On s’est relevé et on a fait le boulot pendant 39 minutes et 30 secondes, ce qui me rend très heureux.
Personnellement, je me souviendrai que j’ai vu tous les types de défense sur ces 7 matchs de l’Euro et je crois que j’ai toujours su trouver la réponse. Mais il y aura toujours des gens pour parler, pour dire que je n’ai pas assez bien fait les choses, et j’adore ça ! Ça touche mon égo. Dès que ma réputation est en jeu, je réponds. Depuis un jour et demi, j’avais l’impression que c’était mon héritage qui se jouait et j’adore ce sentiment. Car je trouve toujours un moyen. Quand j’étais un gamin et que ma famille n’avait pas d’argent, je vendais des babioles dans la rue pour aider mes parents. Quand ils étaient malades, j’ai assumé les responsabilités familiales. Quand je suis parti aux États-Unis, j’ai trouvé un moyen de faire venir mes frères et mes parents. Je trouve toujours un moyen. J’adore quand je suis par terre, que les gens doutent de moi. Aujourd’hui, je suis très heureux d’avoir gagné cette médaille. Un jour, on en reparlera avec mes enfants et je leur dirai : « Eh, vous vous souvenez du jour où j’ai gagné une médaille le jour de l’anniversaire d’Eva, ma fille ?! »
Un autre souvenir marrant, c’est qu’après le premier tour à Chypre, mon fils m’a envoyé une vidéo avec son iPad. Il m’a dit : « Giannis… euh Papa, qu’est-ce qui s’est passé ? Tu gagnes toujours un trophée (de MVP du match), ramène nous d’autres trophées à la maison ! » Je lui ai dit OK, que j’allais faire de mon mieux. Avant, je donnais tout à ma mère mais maintenant, je donne à mes enfants. Ils mettent les trophées au-dessus de leurs lits et c’est trop bien. Ça me donne l’impression de les inclure dans ce que je fais car je ne les vois pas autant que je voudrais.

Cela faisait 16 ans que la Grèce n’avait plus gagné de médaille. Avez-vous un souvenir de l’EuroBasket 2009 ?
C’est fou ! J’ai commencé le basket en 2008 et en 2009, j’avais arrêté. Je ne me rappelle pas grand chose de l’EuroBasket 2009, car je ne regardais pas. J’étais dans une ville à une heure d’Athènes à faire le marché de rue avec ma mère. Mais après, mon coach est revenu me voir pour me dire qu’il n’y avait pas moyen que j’arrête le basket, que je pouvais gagner de l’argent grâce à ça, que je pouvais aider ma famille avec le basket. Il m’a dit que son club allait me donner 300 euros par mois et trouver un travail à ma mère. J’ai repris le basket en 2010 et j’ai recommencé à suivre à ce moment-là.
Propos recueillis à Riga,









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