ITW – Basket et guerre, le quotidien de Jaylen Hoard en Israël : « Ma famille avait peur pour moi »

Jaylen Hoard évolue sous les couleurs du maccabi Tel-Aviv, qui doit jouer ses matchs d’EuroLeague en dehors des frontières israéliennes.
Présélectionné par Frédéric Fauthoux pour préparer l’EuroBasket, Jaylen Hoard (2,04 m, 26 ans) a découvert l’Euroleague la saison passée sans besoin de temps d’adaptation, l’intérieur tournant à 14,7 points à 61,6 % à 2-points, 5 rebonds et 1,3 interception en 30 minutes de moyenne. Cette initiation au plus haut niveau européen s’est toutefois faite dans un contexte particulier.
En effet, l’ancien joueur des Portland TrailBlakers, de l’Oklahoma City Thunder et de l’Hapoël Tel-Aviv évolue depuis l’été 2024 au Maccabi Tel-Aviv, club majeur en Israël, pays engagé dans une guerre multilatérale sur fond de “risque de génocide” comme le qualifie la Cour Internationale de Justice (CIJ). Au vu du contexte géopolitique et de la menace qui plane dans la région, le Maccabi doit délocaliser ses matchs à domicile d’Euroleague à Belgrade en Serbie.
Le Franco-Américain le concède, « faire autant de déplacements entre Belgrade pour les matchs d’EuroLeague ‘à domicile’, et Israël pour le championnat local, ce n’est vraiment pas idéal. Il faut s’y adapter ». Mais fort de son expérience en EuroCup avec l’Hapoël la saison précédente, Jaylen Hoard est « habitué » et « connaissait le contexte en signant au Maccabi ». Il en avait d’ailleurs « fait abstraction » en 2024 en s’engageant pour une saison plus une en option, étant « content que l’opportunité de jouer en EuroLeague se présente ».
« Quand il y a eu l’attaque de l’Iran,
j’ai eu une période de doute »
Malgré les intérêts prononcés par plusieurs écuries d’EuroLeague, comme Monaco, Jaylen Hoard n’avait donc plus la main sur son avenir cet été. « Les décideurs du club m’ont dit qu’ils voulaient me garder. À partir de ce moment-là, la question ne se posait même pas : je ne pouvais pas sortir du contrat. Et comme je voulais rester de toute façon, j’ai prolongé de trois saisons« . L’ancien joueur du Thunder a néanmoins hésité avant de parapher un nouveau contrat, face à l’escalade des tensions entre Israël et Iran. « Quand il y a eu l’attaque de l’Iran, j’ai eu une période de doute », se souvient-il. « Je posais plein de questions à mon agent, pour savoir ce que je devais faire. C’était une situation très particulière, qui a même fait arrêter le championnat prématurément. Puis ça s’est stabilisé ».
« Heureux », Jaylen Hoard a « trouvé le train de vie idéal » en Israël. Sportivement d’abord, où il se « plaît au Maccabi. Je me sens bien avec le coach, les fans, et même à Tel-Aviv. Avoir une saison en EuroLeague m’a donné beaucoup de confiance, cela m’a montré que je pouvais jouer à ce niveau et continuer à progresser. Prolonger était le bon choix ». Mais aussi dans son quotidien, qui n’a d’ailleurs « pas été modifié par la guerre, hormis pour les déplacements en avion jusqu’à Belgrade. Mais j’aime voyager, et cela soude l’équipe encore plus. Le contexte est certes très particulier, pourtant on n’y ressent rien. La militarisation n’est pas plus marquée que ça. Tel-Aviv est une ville incroyable, où le quotidien est resté simple ».
« On a la sensation d’être dans une bulle, d’être à part »
Plusieurs anciens coéquipiers n’ont pas été du même avis, notamment les Américains, qui ont « été dissuadés par le contexte. Saben Lee avait été signé mais ne voulait pas venir en Israël et a été coupé. Il y a aussi eu Jordan Loyd, qui est reparti après deux matchs car il a eu peur pour sa famille après l’attaque de l’Iran ».
Si Jaylen Hoard comprend, il ne partage pas ces inquiétudes, que ressentent aussi ses proches restés en France. « On a la sensation d’être dans une bulle, d’être à part. Quand il y a des attaques, il y a le dôme de fer pour nous protéger. On ne ressent rien, limite on n’entend même pas. Ma famille avait peur pour moi mais, je leur ai donné des updates de la situation en temps réel. C’est dangereux certes, mais si c’était au point de ne plus pouvoir y vivre, le club ferait en sorte de me sortir du pays« .
Rentré d’Israël pour le rassemblement des Bleus « en passant par la Jordanie car les liaisons aériennes depuis Israël étaient coupées », Jaylen Hoard se concentre pleinement sur son objectif d’intégrer la sélection finale pour l’Eurobasket 2025. Il prendrait ainsi la succession de sa mère Katia Foucade, vice-championne d’Europe en 1993 avec l’équipe de France. « Quand un membre de la famille l’a vécu, cela te donne l’espoir d’en faire de même », conclut-il, plein d’ambitions.


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