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De la NFL à la Pro B : Marcus Santos-Silva, l’incroyable histoire d’un rookie hors normes

Pro B - Débarqué à la fin de l’été en tant que dernière pièce du puzzle lillois, Marcus Santos-Silva a rapidement tiré son épingle du jeu dans l'antichambre. Pourtant, l’intérieur américain dispute sa première saison de basket au niveau professionnel, après un an de football américain, en NFL. Récit.
De la NFL à la Pro B : Marcus Santos-Silva, l’incroyable histoire d’un rookie hors normes
Crédit photo : Cleveland Browns et Antoine Bodelet

C’est l’histoire d’un rookie pas comme les autres. L’histoire d’un jeune homme de 26 ans, né à Boston, fan incontestable des Celtics, mais qui n’a jamais mis les pieds au TD Garden. Cette histoire, c’est aussi celle d’un sportif depuis le plus jeune âge, qui a rapidement retrouvé sa place dans le basket après un an de football américain. Un récit intrigant, qui vient s’ajouter à ces belles histoires que seule la Pro B sait mettre en lumière, au fil des années.

Incipit d’un parcours détonnant

Dix heures et demie, l’heure à laquelle est fixé le rendez-vous. Marcus Santos-Silva franchit la porte du palais Saint-Sauveur. Casquette des « Red Giants » sur la tête et sac de l’université de Texas Tech sur le dos, le colosse balaie du regard le parquet, où il effectuera son work-out directement après l’interview. Après quelques salutations, il s’installe sur une table haute, entrelace ses doigts, et se replonge dans ses souvenirs. « Mon père m’a très vite mis au sport, avec mes frères. Je jouais au football américain, j’adorais ça, je voulais devenir joueur pro ». Et puis, une poussée de croissance fulgurante a contraint Marcus Santos-Silva à revoir ses plans. « Quand je suis arrivé en 8th grade (l’équivalent de la quatrième en France, ndlr), mon coach m’a placé en ligne offensive. Je ne voulais pas jouer à ce poste. J’ai tout de même continué jusqu’à ma première année de lycée, mais je me suis lassé ». L’étudiant du Massachussetts change de cap : direction le basket, un sport où il allait pouvoir s’exprimer plus librement, et pour lequel il se passionnait. Il se souvient d’une discussion qu’il a eue avec son père, au moment de faire ce choix : « il m’avait beaucoup poussé à jouer au football, je n’avais pas envie de tout gâcher. Mais quand je lui ai parlé du basket, il avait confiance. Il m’a mis en tête qu’on allait atteindre le haut niveau ». Et il ne s’est pas trompé.

Ascension en NCAA

En 2017, Marcus Santos-Silva rejoint l’université de Virginie (VCU), en NCAA. La première année, il apprend la rigueur auprès de ses coachs : « Ils m’ont fait comprendre comment jouer dur, multiplier les efforts ». Plongé dans un environnement dans lequel il se sent bien – et où il rencontrera notamment sa petite-amie –, le jeune homme se fait un nom en trois saisons (de 3 points et 3 rebonds par match en 2017-2018 à 13 points et 9 rebonds en 2019-2020). Cette montée en puissance lui permet de rejoindre la prestigieuse université de Texas Tech, à l’été 2020. S’il espère pouvoir rallier la NBA au terme de son aventure texane, Santos-Silva s’aperçoit progressivement qu’il n’y parviendra pas : « Pendant ma dernière année NCAA, je jouais 9 minutes et j’avais 3 points de moyenne, j’étais loin de pouvoir y prétendre. C’était différent de VCU, où j’étais titulaire à chaque match. Mais j’ai appris à jouer contre des joueurs plus talentueux et athlétiques que moi, et surtout à trouver mon rôle ». Par tous les moyens, le natif de Boston cherche à peser sur les rencontres, à apporter à son équipe. « J’ai notamment développé ma défense, que j’avais un peu délaissée pendant mes premières années universitaires. Et honnêtement, j’y ai pris beaucoup de plaisir ».

La NFL, l’opportunité d’une vie

« À la fin de la saison, le coach de football de Texas Tech m’appelle. Il voulait que je rejoigne l’équipe de football américain et que je fasse une sixième année universitaire ». Seulement, à tout juste 25 ans, Marcus Santos-Silva souhaite lancer sa carrière de sportif. « Le coach m’a dit que certaines équipes NFL avaient un œil sur moi. J’ai vécu une belle première expérience dans le basket, alors je me suis dit : « pourquoi pas tester autre chose ? » ». Santos-Silva rechausse les crampons et rêve de s’installer durablement dans la plus grande ligue sportive américaine. En guise de modèle, son ancien coéquipier à VCU, Mo-Alie Cox, devenu footballeur professionnel et aujourd’hui starter en NFL. « J’avais la même corpulence que lui et un profil assez similaire, sauf que j’étais un peu plus jeune.» Le 2 mai 2022, Marcus Santos-Silva s’engage chez les Browns de Cleveland. Il y dispute deux matchs de présaison, prenant part à 12 snaps (le départ d’une phase de jeu, ndlr). Une expérience qui durera jusqu’à la mi-août, où il sera coupé. Le tight end (poste au football américain) continue de s’entraîner en NFL. « Pendant cette période, je ne pensais qu’au football américain. J’ai vécu cette épreuve à fond, pour n’avoir aucun regret », raconte l’ancien joueur de VCU. Il travaille avec deux équipes pendant l’automne avant de rejoindre la XFL, ligue mineure, en janvier 2023, à San Antonio. Coupé en mars, il reprend alors le chemin du basket : « J’avais dit à ma famille que je me donnais un an, et que si ça ne fonctionnait pas, je revenais au basket. Je suis très heureux d’avoir saisi cette opportunité, très peu de gens peuvent dire qu’ils ont eu un contrat en NFL. »

« Tout ce qu’il me fallait, c’était une chance »

Santos-Silva a disputé deux matchs de présaison en NFL (photo : Joshua Gunter / Cleveland Browns)

Pour revenir au basket, Santos-Silva sait qu’il va devoir travailler dur. « Je n’ai pas touché à la balle orange pendant presque un an. Je n’étais pas spécialement inquiet quant aux fondamentaux et au toucher, je savais qu’ils allaient revenir. Le plus dur était de retrouver une forme optimale pour jouer au basket ». De mars à août, le Bostonien ne ménage pas ses efforts : « je ne pouvais plus sauter, mes genoux me faisaient mal, j’étais fatigué rapidement… Le basket demande beaucoup d’efforts fractionnés et ça n’a pas été facile ». Passé de 127 à 110 kilos en à peine six mois, l’intérieur retrouve progressivement sa « basketball shape », et souhaite prouver qu’il est toujours au niveau. Après une apparition remarquée à The Basketball Tournament (TBT) – un grand tournoi organisé chaque été aux États-Unis, depuis 2014, réunissant des stars de la NBA et mettant en jeu 1 million de dollars –, où il inscrit 10 points et prend 11 rebonds, Santos-Silva reçoit deux offres en Europe. Une à Lille, l’autre en première division portugaise. « Tout ce qu’il me fallait, c’était une chance. Je voulais batailler, j’avais envie de jouer ».

Conseillé par Clarence Nadolny

Attiré par la France depuis de nombreuses années et conseillé, entre autres, par son ex-coéquipier à Texas Tech et ami, Clarence Nadolny (aujourd’hui joueur de Rouen), le pivot choisit Lille. « Beaucoup m’ont parlé du basket en France et de la Pro B, en me disant que c’était un championnat relevé, qui m’ouvrirait beaucoup de portes si j’y dominais. Je suis chanceux d’être tombé ici ».

Pour sa première année loin des États-Unis, Marcus Santos-Silva se plait dans une ville qui ne le dépayse pas tant : « J’ai toujours eu envie de découvrir la France, ça tombait bien. Lille me rappelle un peu Boston parfois, on est dans une grande ville, il y a toujours quelque chose à faire ». S’il avait un peu d’appréhension quant à l’éloignement avec ses proches, l’ancien pensionnaire de NCAA semble s’être rapidement acclimaté sur le plan sportif : « Mes anciens coéquipiers m’avaient prévenu que ma première année en Europe allait être compliquée. Les toutes premières semaines l’ont été, je ne connaissais pas mes partenaires ni mon environnement. Mais après quelque temps, finalement, c’est un peu comme si j’étais à la maison ». Aujourd’hui, le rookie retrouve ses automatismes acquis à l’université : « J’essaie de faire ce qu’on me demande, et je veux montrer que je peux avoir un vrai impact en attaque comme en défense ». Il n’omet pas, pour autant, de faire son autocritique : « Je suis plutôt satisfait de mes premiers matchs, mais je dois être plus régulier, notamment en défense. Je sais que je peux jouer encore mieux ».

Meilleur rebondeur de Pro B

Marcus Santos-Silva fait parler ses qualités physiques en Pro B (photo : Antoine Bodelet)

Numéro un au classement des rebondeurs et des contreurs, ainsi que numéro trois à l’évaluation, Marcus Santos-Silva est dominant en Pro B depuis son arrivée. En saison régulière, il tourne à 12,2 points, 10,3 rebonds, 1,7 interceptions et 2 contres par match, pour 19,3 d’évaluation moyenne. Mais au-delà de ses statistiques, il tient à faire passer le succès du Lille Métropole Basket avant tout. « On a commencé fort. Mon objectif, c’est de gagner. Gagner le plus possible. Lille n’était pas si loin de la montée l’an dernier, il faut qu’on continue sur cette voie. Si ce n’est pas notre objectif, à quoi ça sert de jouer ? », clame-t-il dans un léger sourire. Vanté pour son efficacité et sa capacité à faire jouer ses coéquipiers par son coach Maxime Bézin, le big man américain se satisfait du rôle qui lui est confié : « Quand je suis arrivé, je tenais à installer une relation de confiance avec mes coéquipiers. Je voulais qu’ils comprennent que je suis un joueur d’équipe, que j’aime aller scorer mais également trouver des bonnes positions de tirs pour eux ». Une bonne entente qui lui permet de s’épanouir dans un plan de jeu qui lui correspond parfaitement : « Le coach connaît mon jeu et je comprends ce qu’il veut. J’aime beaucoup sa façon de voir les choses et sa manière de travailler. En défense, il veut qu’on joue dur et vite, et en attaque, on essaie toujours de faire tourner le ballon, j’aime beaucoup ça ». Très appliqué et impliqué dans la réussite de son équipe, le meilleur rebondeur du championnat espère maintenant retrouver le goût de la victoire avec Lille, qui reste sur quatre revers consécutifs. « Je veux qu’on réussisse à casser cette série de défaites, malgré les blessures. Chaque match compte. On doit retrouver une bonne dynamique pour rester dans la zone des playoffs, parce que je sais qu’au complet, on est une équipe très dangereuse ». En bilan neutre après 12 journées de championnat (6v-6d), Lille voudra se relancer dans le derby du Nord, à Denain, ce vendredi.

L’oeil de Maxime Bézin, son entraîneur

« J’ai pris le temps de regarder plus de 150 profils cet été, parce qu’il ne manquait plus qu’un joueur, et la dernière pièce du puzzle était extrêmement importante. On voulait trouver le profil qui allait matcher, un rebondeur capable de faire jouer les autres. On ne savait pas si on réussirait à trouver un fort scoreur, mais c’était un bonus. Quand on a vu Marcus, on savait qu’il correspondait à nos critères.

Maxime Bézin, célébrant la victoire du LMB face à La Rochelle avec Marcus Santos-Silva, le 27 octobre (photo : Antoine Bodelet).

En venant ici, lui savait qu’il allait bénéficier d’une exposition importante et qu’il pourrait se mettre en valeur. Marcus, comme d’autres avant lui, était un pari. Un pari qui s’est avéré payant. Avec Marcos Suka-Umu, il représente parfaitement l’état d’esprit que je veux incarner : il aime partager la balle, prendra le nombre de tirs qu’on lui donne sans forcer, et ses responsabilités si je lui demande. C’est ce type de joueurs que j’aime pour encadrer les jeunes qui ont besoin de faire leurs preuves, et ceux qui ont une revanche à prendre. Il y a toujours un risque quand on fait des paris, s’il n’avait pas performé, vous m’auriez dit « comment avez-vous fait pour vous planter autant ? » (rires). C’est une question de feeling, et on a eu la chance d’avoir plutôt eu de très bons feelings ces dernières années. »

À Lille,

Commentaires


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benoit
Merci de nous faire découvrir ce joeur
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mick7142
Bel article qui valorise un jeune, bravo à Antoine Bodelet qui va réitérer je pense......Merci !
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