« J’ai vraiment honte de notre prestation » : la JDA Dijon punie par Fos-Provence

« Keep push », criait Iggy Mockevicius à ses coéquipiers lors d’un temps-mort du troisième quart-temps, alors que l’écart était en train de se creuser (63-48, 25e minute). « Continuez de pousser », littéralement, malgré l’anglais approximatif, révélateur de l’esprit du soir d’une équipe de Fos-Provence peut-être incrédule de se retrouver aussi dominante face à un pensionnaire du Top 4. De fait, les BYers ont vraiment continué de pousser, jusqu’à présenter une avance incroyable à la fin du troisième quart-temps (80-53, 30e minute) ! « Je suis très fier et très satisfait du résultat et de la manière », savourait Rémi Giuitta, pour une fois comblé cette année. « Je pense que c’est notre match le plus abouti de la saison, et de loin. Il n’y a pas grand chose à jeter. »

Le duo Kromah – Massa marche sur la JDA

Effectivement, pour une équipe qui avait habitué ses supporters à quelques indigentes copies offensives cette saison, elle la pire attaque de Betclic ÉLITE, ce fut un inhabituel festival ce mardi. « À se demander qui était quatrième et qui était dernier », soupirait Nenad Markovic, particulièrement remonté face à la prestation des siens. En sous-agressivité face à l’intensité des sept Fosséens disponibles (13 fautes à 3 à la mi-temps, 22 lancers-francs tirés à 4, sans qu’il n’y ait de réel scandale arbitrage), les Bourguignons ont laissé la lanterne rouge dérouler son jeu. « Ils ont complètement déjoué nos plans », regrettait Charles Galliou. « On a pu voir toutes nos erreurs défensives qui nous coûtent beaucoup de points. » Soit pratiquement 100 unités concédées face à une équipe qui n’avait jamais fait mieux que 85 cette saison, et qui n’avait dépassé que deux fois la barre des 75 points depuis le début de l’année 2022 !

Massa au dunk, Kromah qui exulte : le symbole de la soirée
(photo : Sébastien Grasset)

Pour ce faire, Fos-Provence a pilonné à l’intérieur, gavant Bodian Massa de ballons. Rarement vu aussi complet (22 points à 8/11, 9 rebonds et 4 passes décisives), le pivot originaire du quartier de La Gavotte Peyret, à Septèmes-les-Vallons, s’est montré sous son meilleur jour devant le public marseillais, signant son record offensif en carrière. Un lieutenant de luxe derrière un Lasan Kromah intenable, plus qu’à la hauteur de son statut de All-Star (30 points à 10/14, 4 rebonds, 5 passes décisives et 2 interceptions pour 37 d’évaluation). « Grâce à Dieu, j’ai eu la chance de réussir quelques tirs », souriait l’ailier libérien, surtout ravi de la performance collective. « Ce soir, on a montré un visage différent. Avec de l’agressivité, de la volonté défensive, de l’exécution offensive, de l’énergie. Quand on voit ce qu’on est capable de le faire, il faut qu’on soit capable de le répéter à tous les matchs. » Où l’on soulignera également l’apport des trois recrues, toutes passées par Le Mans : Deishuan Booker (14 points à 3/7 et 6 passes décisives), D.J. Stephens (23 points à 7/12 et 7 rebonds) et Egidijus Mockevicius (5 rebonds en 7 minutes)… Soit une fondation intéressante pour le sprint final, alors que l’urgence comptable commençait à se faire de plus en plus ressentir à l’approche de la fin de saison. Certes toujours dernier, Fos-Provence n’est au moins pas décroché et remonte à la hauteur de Champagne Basket avec 7 victoires en 24 rencontres.

« Notre pire match de la saison »

Confortablement installé dans la première moitié de classement depuis son redressement hivernal, les enjeux ne sont pas les mêmes pour Dijon, pour qui on plaidera la thèse de l’accident. Certainement émoussés par l’enchaînement des rencontres, à l’image d’un David Holston aux chiffres en trompe-l’œil (17 points à 6/7 et 6 passes décisives), les Bourguignons n’ont pas su reproduire la même révolte que vendredi à Reims, où leur première mi-temps en dilettante avait été suivie d’une forte réaction après la pause (de 48 à 27 points encaissés). « Je n’ai vraiment pas d’explications », lâchait Nenad Markovic, les dents serrés. « C’est de loin notre pire match de la saison. J’ai vraiment honte de la façon dont on a joué, je ne sais pas quoi dire. C’était une rencontre horrible du début à la fin. » Sans rythme, sans agressivité, sans les bonnes attitudes, sans fond de jeu collectif, sans assise défensive, avec toujours cet éternel problème du second meneur qui ne convainc pas (5 points à 2/7 en 10 minutes pour Terrell Gomez), la JDA a été punie et réalise une très mauvaise opération dans sa quête de Top 4. Tout juste pourra-t-elle se satisfaire d’avoir évité une vraie humiliation au cours d’un quatrième quart-temps bâclé par les Fosséens (17-26). « Un peu trop tard mais c’était la moindre des choses de se battre un peu pour ne pas perdre de 30 points, vous ne croyez pas ?! », s’agaçait le technicien bosnien. La dernière fois que Dijon a été battu de la sorte (54-88 contre Bourg-en-Bresse le 29 janvier), ils ont répliqué par une série de six succès en sept rencontres. À eux de tirer les leçons de cette déroute marseillaise, surtout avant un match crucial contre l’Élan Béarnais ce week-end, pour en faire une sortie utile pour la suite et non une tâche sur le bilan de leur saison.

Le dépit de David Holston face au non-match dijonnais
(photo : Sébastien Grasset)

À Marseille,