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« Le fantasme » Marseille : peut-il y avoir plus que de simples délocalisations occasionnelles de Fos-Provence ?

Depuis 1962, c’est morne plaine à Marseille. Quasiment 60 ans qu’il n’y a pas eu de basket de haut-niveau dans la deuxième ville de France. Bastion des années 1940/50 − avec l’UAM (championne de France en 1948 dans le sillage du légendaire Frenc Nemeth) devenue l’OM Basket, qui survivra en première division jusqu’en 1954, avant un dernier chant du cygne du SMUC entre 1960 et 1962 −, la cité phocéenne est désormais un désert de la balle orange (ou une « forêt vierge » comme le dit le président du SMUC, Carlos Cardoso, en raison de son immense potentiel inexploité). Et ce même au niveau structurel, tant les playgrounds sont presque inexistants, mais toujours bondés, et les gymnases vétustes.

Implanter un grand club à Marseille est l’un des plus vieux serpents de mer du basket français. Didier Rose et Robert-Louis Dreyfus avaient exploré ensemble cette possibilité mais la fameuse chimère de l’OM Basket ne fut jamais aussi proche de devenir réalité qu’en 2002 avec deux possibilités concrètes : l’absorption des droits sportifs de Montpellier, alors en détresse financière, où Pape Diouf conseillera au patron de l’OM, Christophe Bouchet, de dire non lors du dernier appel avec les dirigeants héraultais (Alain Weisz nous avait raconté cette histoire ici) ou les négociations sérieuses menées par Bernard Coron, président de la JL Bourg en conflit avec sa municipalité, et Éric Di Meco, adjoint aux sports de la ville de Marseille, pour vendre les droits sportifs du club bressan. Une possibilité qui avait obtenue l’aval d’Yvan Mainini et René Le Goff, respectivement à la tête de la FFBB et de la LNB, avant que la mairie de Bourg-en-Bresse ne décide de sauver la JL en installant Jean-Luc Tissot dans le fauteuil de président.

Fos, l’occasion manquée des wild-cards

Depuis,  plus rien sous le soleil, ou presque, si ce n’est la douce époque des wild-cards entre 2012 et 2014. Sous l’impulsion d’Antony Thiodet, cheville ouvrière du projet de Fos-sur-Mer, et d’Alain Béral, le président de la ligue ayant initialement grandement poussé le dossier méridional en faisant notamment le tour des élus locaux, le FOPB avait candidaté à deux reprises mais était finalement resté sur le carreau, pour sa plus grande incompréhension. « Honnêtement, à l’époque, on a plus eu l’impression de s’être fait avoir qu’autre chose », disait le manager Mohamed Sy l’année dernière à Basket Le Mag.  L’envie était pourtant grande de se délocaliser progressivement vers Marseille, de grands noms avaient intégré le comité directeur fosséen comme Marshall Glickman (ex-directeur exécutif des Portland TrailBlazers) mais Antony Thiodet avait fini par se lasser en 2015 du flou politique entourant le club. À l’époque, celui-ci avait été renommé Provence Basket, enlevant ainsi toute référence à Fos de son nom, ce qui avait eu le don d’ulcérer la municipalité qui avait ensuite exprimé son mécontentement par une large baisse de son enveloppe financière, pourtant la principale source de recettes du club.

Après ce fiasco, un juste milieu a été trouvé sous l’appellation de Fos-Provence Basket. Désormais pensionnaire de Betclic ÉLITE après de longues années passées à se casser les dents en playoffs de Pro B, le club reste plus que jamais lié à la commune de Fos-sur-Mer, dépendant des subventions municipales, et un déménagement vers Marseille n’est plus à l’ordre du jour. Cela dit, les BYers ont conservé un vestige de cette époque des wild-cards : la délocalisation de plusieurs matchs par saison au Palais des Sports, habitude instaurée lors de la saison 2012/13. Un excellent moyen de se faire connaître localement, nous explique le président fosséen, William Raffa.

« On s’appelle Fos-Provence. Quand on joue à Marseille, le terme de Provence prend toute sa dimension. Mais jouer à Marseille ne veut pas dire qu’on est le club de Marseille, le club des Marseillais. C’est une caisse de résonnance pour la notoriété et la visibilité du club. C’est important pour que tous que Provençaux et les Sudistes sachent qu’on existe. La réalité est qu’on souffre encore de ce point de vue-là. Fos est notre rampe de lancement pour rayonner sur toute la métropole et Marseille est une sorte d’élément booster pour aller encore plus haut et se faire connaître encore plus. Il ne faut pas se cacher qu’il y a un côté business en venant à Marseille. On fait deux fois plus de spectateurs qu’à Fos et cela donne des recettes qui sont supérieures. Et venir ici, c’est cohérent avec ce que nous sommes, le seul club basket pro de la Provence. Jouer à Marseille incarne l’appellation de Fos-Provence. »

« Dès que l’on parle de Marseille, tout le monde est au garde-à-vous »

Fessé par l’AS Monaco (56-94) devant un nombre record de spectateurs dimanche dernier au Palais des Sports (3 500), Fos-Provence se produira encore à deux reprises cette saison dans l’enceinte jouxtant le Stade Vélodrome : le 29 mars contre Dijon puis le 19 avril face à Limoges. La réception de la JL Bourg le 8 janvier était initialement également prévue à Marseille mais a été annulée suite à une décision du Palais des Sports. Alors y-a-t-il une volonté réelle d’aller plus loin que ces quelques délocalisations occasionnelles, entre 3 et 6 par année en moyenne ?

« C’est un sujet compliqué », répond William Raffa. « Ça fait pas mal d’années qu’il y a des discussions à ce propos… Les volontés politiques sont la clef d’entrée mais il y a aussi la réalité économique et le sens que l’on veut donner à une éventuelle histoire. On n’en est pas là. Mais je comprends la question : Marseille fait fantasmer tout le monde, la LNB y compris. À Paris, dès que l’on parle de Marseille, tout le monde est au garde-à-vous tellement cette ville fait fanstasmer. À la Ligue Nationale de Basket, si on était Marseille Basket plutôt que Fos-Provence, on serait traité traité différemment et j’assume de le dire. Or, Marseille est en Provence donc nous pouvons être le club des Fosséens, de tout l’Étang de Berre, des Marseillais et des Provençaux. Il faut que l’on voit grand. On peut être le club des Marseillais mais pas un club marseillais. »

« L’OM cannibalise beaucoup de médias et de passions » :
le désert marseillais…

De plus, cela fait plusieurs années que Fos-Provence indique surtout vouloir se doter d’une dimension métropolitaine (en référence à la métropole Aix-Marseille-Provence et ses 92 communes) plutôt que strictement marseillaise. Toutefois, par exemple, une délocalisation à Aix-en-Provence « n’est pas dans les radars en raison du coût d’exploitation trop élevé », de l’Arena du Pays d’Aix, salle ultra-moderne de 6 000 à 8 500 places, terre d’accueil du PAUC, l’équipe de handball. Dommage tant l’autre ville du département semble plus ouverte à une pluralité sportive que Marseille avec la cohabitation de plusieurs clubs d’élite (handball, water-polo, volley féminin), en plus de la Pro D2 en rugby. À comparer avec la cité phocéenne où seul le Cercle des Nageurs, l’autre institution sportive de la ville, survit dans l’ombre de l’Olympique de Marseille. Aucun sport indoor n’a jamais su s’installer à côté de ce géant dévorant (même si les Spartiates, club de deuxième division de hockey sur glace, peuvent se targuer d’avoir attirer 3 800 personnes à deux reprises cette année) : le volley a été retrogradé en Nationale 2 en 2009 après une seule année d’ambition Pro A, tandis que l’OM Vitrolles Handball reste érigé en triste exemple phare. Sous l’égide de Jean-Claude Tapie, frère de Bernard, son existence fut certes (avec des stars comme Jackson Richardson et des trophées, dont un titre européen) mais plus qu’éphémre, avec un dépôt de bilan au bout de cinq ans, en 1996. À l’aube de 2022, la place pour un sport de salle reste donc vacante, mais y-a-t-il seulement un espace à prendre ?

« S’il y a de la place à côté de l’OM ? La preuve que oui avec le PAUC ou Provence Rugby à Aix-en-Provence. Certes, Fos est plutôt décalé par rapport aux principales villes de la métropole mais on peut quand même rayonner dans tout l’étang de Berre Ouest. Mais aujourd’hui, il est vrai que c’est compliqué de se faire une place dans Marseille même. L’OM cannibalise beaucoup de médias et de passions. Après, le basket peut avoir son rôle à jouer. Moi, le premier, je suis fou de foot et de l’OM mais avec tous les débordements que l’on peut y voir actuellement… Je pense que le basket est capable de drainer cette même passion lorsqu’on voit les pays de l’Est par exemple. Marseille a un côté street, urbain, où l’on peut avoir notre carte à jouer. »

« Une carte à jouer », certes, mais vraisemblablement pas au-delà de simples délocalisations, à visée promotionnelle, pour Fos-Provence. Le club phare à Marseille reste donc le SMUC dont le co-président Mickaël Piétrus a fait état l’année dernière de son ambition Betclic ÉLITE à l’horizon 2030. Un an plus tard, le Stade Marseillais n’est pas beaucoup plus avancé : à la mi-saison, il se bat surtout pour survivre en Nationale 2 (3v-9d)…

À Marseille,

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