Les moments forts du podcast de Nicolas Lang avec Vincent Collet : confidences, regrets et leçons d’un maître du basket français

Vincent Collet a échangé pendant plus de 2 heures avec Nicolas Lang
Vincent Collet, sélectionneur emblématique de l’équipe de France (2009-2024), s’est confié longuement dans le podcast Mauvaise Lang, animé par le capitaine du Limoges CSP Nicolas Lang.
Durant plus de deux heures, il est revenu sur les grands moments de sa carrière : de ses débuts d’entraîneur au Mans à la médaille olympique de Paris, en passant par Strasbourg, Tony Parker, Victor Wembanyama et même son passage en NBA en 2024-2025 avec les Cleveland Cavaliers. Entre confidences, regrets et grandes leçons de management, l’entraîneur des Bleus a livré un témoignage dense et passionnant.
Des débuts précoces et une vocation naturelle
Originaire de Montivilliers, Vincent Collet a grandi dans une famille baignée de basket. « Je suis tombé dedans à 6 ans… Le basket, j’ai l’impression d’être né avec », raconte-t-il. Joueur « adroit mais sans qualités athlétiques », il s’oriente très tôt vers le coaching. « J’avais des cahiers où je notais ce que mes coachs me faisaient faire », se souvient-il.
Au Mans, où il débute sur le banc, il ose donner leur chance aux jeunes joueurs (Koffi, Batum, Amagou) et construit son identité d’entraîneur. Le titre de 2006 reste un souvenir fondateur : « On était cinquième en saison régulière et en playoffs tout a basculé quand j’ai lancé les jeunes dans le cinq. Derrière, ça nous a portés jusqu’au titre ».
Tony Parker, l’équipe de France et le déclic de 2011
Lorsqu’il prend en main les Bleus en 2009, Vincent Collet sait que sa relation avec Tony Parker sera déterminante. Dès leur première discussion, il fixe le ton : « Tu es un grand joueur, mais un très grand joueur, c’est celui qui rend les autres meilleurs ». Cette exigence devient une ligne de conduite.
L’Euro 2011 marque pour lui un tournant : « Après cet Euro, la culture de l’équipe n’était plus la même. On voulait toujours jouer pour les médailles ». Avec Parker, Batum, Diaw ou encore Pietrus, l’équipe de France s’installe alors dans le cercle des grandes nations.
Strasbourg : un héritage contrasté
À la SIG, Vincent Collet a façonné une équipe compétitive et une véritable identité de jeu. Mais il reste hanté par les cinq finales perdues : « C’est la tâche noire de mon passage. Même si on a construit une identité forte, les gens retiennent ça ». La finale 2017 contre Chalon reste son plus grand regret : « On avait 8 points d’avance dans le match 3, et tout s’effondre sur des tirs venus d’ailleurs ».
Ces échecs l’ont néanmoins fait progresser. Il reconnaît aujourd’hui qu’il aurait pu « mieux mettre les joueurs dans les situations favorables », signe d’une humilité qui caractérise son discours.
Des opportunités manquées à l’étranger
Dans ce podcast, Vincent Collet ne cache pas certains regrets de carrière. En 2014, il refuse l’Olimpia Milan : « J’ai pensé que ça se représenterait. Clairement une erreur ». Deux ans plus tard, il est à deux doigts de signer à l’Hapoël Jérusalem, mais recule au dernier moment : « Je voulais absolument emmener mon assistant (Pierre Tavano). Ils ne voulaient pas, donc j’ai refusé ».
Il confie aussi qu’il aurait aimé tenter l’aventure en Espagne, qu’il considère comme « le championnat le plus riche collectivement ». Mais ces occasions ne sont jamais revenues.
Wembanyama et la renaissance aux Mets 92
En 2022, alors qu’il songe à quitter les Metropolitans, Vincent Collet reçoit un appel qui change tout : celui de Victor Wembanyama. « J’étais à deux doigts d’arrêter. Puis Victor et son agent (Bouna Ndiaye) m’ont appelé. Tu ne peux pas refuser ça ».
Il raconte les débuts compliqués de la pépite : « Son premier match, il prend 28 tirs dont la moitié n’importe comment… Avec un autre joueur j’aurais interdit. Mais là, j’ai pris sur moi pour garder sa créativité ». Une décision qui résume sa philosophie : encadrer sans étouffer.
Très vite, Wembanyama impose sa domination défensive. « Sa plus grande domination, c’était en défense. Il a transformé une équipe correcte en une machine », note Vincent Collet, admiratif.
Paris 2024 : l’apothéose
Avec les Jeux olympiques de Paris, Collet a vécu ce qu’il appelle « la compétition d’une vie ». Avant le quart de finale contre le Canada, il lance à ses joueurs : « Vous n’avez pas rendez-vous avec votre image, vous avez rendez-vous avec vous-mêmes ».
La victoire passe par une défense héroïque sur Shai Gilgeous-Alexander. « Nicolas Batum fait une défense… S’il ne la fait pas, il en met 50 », insiste le coach, qui salue aussi l’apport décisif d’Isaïa Cordinier.
En finale, les Bleus s’inclinent face aux États-Unis, portés par un Stephen Curry irrésistible : « On l’a trappé, il a lâché la balle… elle lui est revenue. Avec Batum devant lui, je ne sais même pas s’il voyait le panier. Il a marqué quand même. C’est la très très grande classe ». Un moment irréel, mais aussi une frustration : « On s’est un peu grisé après un bon début (de match) ».
Une sélection pensée comme une équipe
Vincent Collet a aussi détaillé sa méthode de sélection : « On ne prend pas les 12 meilleurs, on prend une équipe ». Pour lui, la cohésion est essentielle : « Sans elle, tu ne fais rien ».
Dans une époque où la France cumule les draftés de haut rang, le fils d’André Collet rappelle également que la Draft ne fait pas tout : « Être drafté, ça ne rend pas meilleur que la semaine d’avant ». Et cite l’exemple de Matthew Strazel, qui lui n’a pas été drafté : « Sa capacité à sortir du banc à 200 % était rare ».
Le management et la parenthèse NBA
Avec le temps, Collet a fait évoluer son approche du management. « J’ai regretté de ne pas avoir travaillé plus tôt avec un préparateur mental. Mieux se connaître, ça change beaucoup ».
Son expérience aux Cleveland Cavaliers lui a aussi ouvert les yeux : « Leur préparation est impressionnante, surtout le travail individuel. Mais l’absence d’entraînements collectifs est un vrai problème pour les jeunes ».
Un entraîneur passionné, entre rigueur et créativité
Dans ses mots revient sans cesse une obsession : faire progresser ses joueurs. Il note d’ailleurs un élément essentiel dans le basket moderne : « Aujourd’hui, la prise d’information est capitale… Avant, on pouvait lire le journal avant de shooter. Ce temps-là est fini ».
Son credo reste d’équilibrer rigueur et liberté, comme il l’a fait avec Wembanyama : « Je voulais garder sa créativité, même si c’était parfois difficile à accepter ». Une méthode moins verticale qu’à ses débuts qu’il aimerait pouvoir remettre en place en club, idéalement dans un projet européen, lui qui rêve toujours de conduire une équipe d’EuroLeague.


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