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La grande interview de Mathis Dossou-Yovo, avant ses premiers pas chez les Bleus : « Je ne m’estime pas chanceux, mais privilégié ! »

À 25 ans, Mathis Dossou-Yovo s’apprête à découvrir l’équipe de France lors de la première fenêtre internationale de qualification au Mondial 2027. L’intérieur de Nanterre, sixième meilleur marqueur de Betclic ÉLITE, se livre sur son très bon début de saison après une année tumultueuse passée entre l’Allemagne et la France. Et il ne manque pas de déclarer son amour pour le maillot bleu, avant d’affronter la Belgique, le 28 novembre, puis la Finlande, le 1er décembre. Entretien.
La grande interview de Mathis Dossou-Yovo, avant ses premiers pas chez les Bleus : « Je ne m’estime pas chanceux, mais privilégié ! »

Mathis Dossou-Yovo va fêter ses premières sélections en équipe de France

Crédit photo : Julie Dumélié

Mathis Dossou-Yovo (2,06 m, 25 ans) trépigne. À la même période, l’an dernier, il commençait à comprendre que la saison à venir serait – jusqu’alors – la plus mouvementée de sa carrière. Le polyvalent intérieur n’a rien effacé de son départ à Oldenburg (Allemagne) frustrant, de sa fin de saison au plus haut niveau européen avec Paris, et encore moins de son nouveau chapitre entamé avec brio à Nanterre.

Désormais, il est en passe de devenir international avec l’équipe de France A, six ans après avoir représenté son pays pour la dernière fois en sélection jeunes – lors du Mondial U19 en 2019, achevé à la 3e place. Dans son appartement du centre-ville nanterrien, où il nous a reçus en fin de semaine dernière, le Castelroussin apparaît motivé, parfois souriant mais toujours serein, avant de toucher du doigt son « rêve » tricolore.

Mathis, vous êtes convoqué pour la première fois en équipe de France. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Ça a toujours été un objectif. C’est sûrement le cas pour beaucoup de basketteurs mais pour moi… c’était vraiment un rêve. Je me suis toujours vu porter ce maillot, si j’avais le niveau pour et l’opportunité. Je suis content et excité, et j’ai envie de m’installer en équipe de France sur le long terme, montrer que je peux apporter dans un rôle différent. Servir la France, donner le meilleur de moi-même : je l’ai toujours eu en tête.

Pas de pression pour votre première avec les Bleus ?

Il n’y a pas de stress, j’ai envie d’amener le meilleur Mathis possible là-bas. Forcément, tu as envie que tout se passe bien, tu t’y prépares, tu y penses souvent. Quand tu apprends que tu es convoqué, il faut que tu restes concentré sur ta saison, parce que la priorité jusque-là, c’est le club. Mais tu as hâte. Hâte que les jours passent, hâte d’y être. 

« C’est Julien Mahé (coach de la Belgique, ndlr) qui me l’a annoncé en premier »

Mathis Dossou-Yovo, à propos de sa première sélection

Qu’attendez-vous de cette première fenêtre ?

Il faut envoyer un message, dès le début. Bien qu’on soit plusieurs à être sélectionné pour la première fois (avec Gérald Ayayi, Killian Tillie, Lionel Gaudoux), il faut qu’on montre qu’on est présent et prêt à tout envoyer. D’autant qu’on s’attend à des matchs costauds face à la Belgique (28 novembre) et la Finlande (1er décembre), ce ne sera pas de la rigolade.

Mathis Dossou-Yovo (au centre) et Lionel Gaudoux font partie des nouvelles têtes chez les Bleus. (Charlotte Geoffray/Élan Chalon)

Vous n’êtes effectivement pas le seul à débuter en équipe de France. Il y a beaucoup de joueurs qui poussent pour faire leur entrée chez les Bleus, notamment à l’intérieur. Comment l’appréhendez-vous ?

On se connaît tous, on sait qu’il y a énormément de qualité sur les postes intérieurs en France. Après, je ne me compare pas avec les autres. Quand on m’a sélectionné, je n’ai pas immédiatement regardé qui ne l’a pas été, je me suis simplement dit : « c’est moi et moi-même, c’est un honneur et j’ai envie de donner raison aux gens qui m’ont sélectionné ». Je veux montrer que ma place est là. La concurrence est rude, et je trouve ça bien aussi. C’est un peu le luxe d’un pays comme la France : ça regorge de talents et le boulot de sélectionneur n’est pas facile. Si demain, il y a une autre fenêtre et que je ne suis pas sélectionné, d’un côté je me dirai qu’il faut que je continue à bosser pour être à nouveau pris, mais de l’autre je serai à fond derrière les gars, parce que je les apprécie et je veux voir la France réussir.

Qui vous a appris votre convocation ?

C’est Pascal Donnadieu et Julien Mahé qui me l’ont dit. Ils m’ont convoqué et me l’ont appris la veille de la parution de la liste. Pascal a demandé à Julien de me l’annoncer, parce que nous avons cette histoire commune, on a vécu beaucoup de choses ensemble. Il a été honoré de me l’apprendre et j’étais très content que ce soit lui qui me le dise aussi. Ce qui est encore plus drôle, c’est que ma première sélection se fera contre la Belgique, pour la première de Julien Mahé en tant que sélectionneur.

« Faire un bon début de saison, c’est facile. Mais dans la durée… »

Mathis Dossou-Yovo, à propos de la place de co-leader de Nanterre à la trêve

Vous en avez parlé dans le vestiaire ? Vous vous êtes chambrés là-dessus ?

 

On ne se chambre pas parce qu’on sait que c’est important pour lui comme pour moi. Aussi proches qu’on puisse être, on ne se fera aucun cadeau quand ce sera le moment. Lui comme moi, on fera tout pour gagner, aucune hésitation là-dessus.

Vous avez justement retrouvé Julien Mahé à Nanterre cette année, c’est avec lui que vous vous étiez révélé à Saint-Quentin. À quel point a-t-il pesé dans votre décision de rejoindre le club cet été ?

Je voulais une situation avec une compétition européenne, c’était mon objectif. Mais la saison dernière a été un peu compliquée… (il marque une pause) Quand Julien m’a proposé de retravailler avec lui, je l’ai tout de suite mis en priorité parce que je savais comment il bossait, ce qu’il attendait de moi et ça allait me permettre de me montrer sous mon meilleur jour. Ce qui est bien avec la relation qu’on a, c’est que ce n’est pas le genre de coach – et tout le monde le sait, je pense – qui va faire des différences de traitement entre les gens. À la limite, il va même peut-être se montrer plus dur avec moi, et c’est ce que je recherchais. La manière dont on s’apprécie se transmet dans le « comment je vais pouvoir te pousser au maximum pour que tu sois le meilleur homme, le meilleur joueur ? ». J’avais besoin de ça, de progresser, travailler, retrouver de la confiance, du rythme.

Julien Mahé – Mathis Dossou-Yovo, un duo qui fonctionne bien (photo : Julie Dumélié)

Et ça fonctionne bien cette saison, puisque Nanterre est co-leader de Betclic ÉLITE, avec 7 victoires en 9 matchs…

On a de très bons joueurs et l’équipe a du caractère. À Cholet, on est à -15 à la mi-temps, à l’extérieur et on revient (76-78, le 14 novembre). C’est une victoire qui soude une équipe. Ça reflète vraiment notre état d’esprit, on est toujours prêt à se battre et j’espère que ça va nous porter loin. Après, je suis conscient que c’est encore long. Je pense que c’est facile de faire un bon début de saison, beaucoup peuvent le faire. Mais dans la durée, c’est plus compliqué. On a déjà vu des équipes en perdre 10 d’affilée. Donc, est-ce qu’il faut se contenter d’un bilan de 7-2 au début ? Je n’ai pas envie de me focus sur ça.

Vous attendiez-vous tout de même à un tel début de saison ?

Quand tu donnes tout, que tu t’entraînes dur tous les jours, tu n’es pas surpris de gagner le match. Évidemment, on en a perdu et on en perdra d’autres, mais notre mentalité c’est de prendre chaque match, chaque équipe avec le même sérieux et le même engagement. On ne veut pas voir sur le long terme. On ne triche pas, on est dur les uns avec les autres donc on n’est pas surpris de ce bilan-là parce qu’on sait de quoi on est capable. Dire qu’on a des objectifs… Non, ce n’est vraiment pas le cas, on veut gagner le maximum de rencontres, faire le moins d’erreurs et après on verra à la mi-saison, si on est à la Leaders Cup, puis en playoffs ou en play-in… 

« J’ai l’impression d’être un chantier permanent ! Mais ça me fait kiffer, au quotidien, j’adore travailler. »

Mathis Dossou-Yovo

À titre individuel, vous êtes 6e meilleur marqueur du championnat, meilleur marqueur et rebondeur de votre équipe. Vous semblez au top de votre forme…

Non, je ne pense pas. J’ai encore beaucoup de points à travailler techniquement, tactiquement, physiquement.

Vous n’avez pas le sentiment d’avoir passé un cap ?

Ce que je fais, je me suis toujours senti capable de le faire. C’est compliqué de dire que je passe des steps. J’ai la sensation de progresser au quotidien, de prendre une dimension différente. Mais je suis un éternel insatisfait. J’ai toujours la sensation de pouvoir faire plus, de devoir faire plus, faire mieux. J’ai du mal à me dire que ce que je fais est bien, j’ai plutôt tendance à voir ce qui me manque encore.

Et que vous manque-t-il ?

Je pourrais vous citer tous les secteurs du jeu (rires). Défensivement, j’ai envie d’avoir un plus grand impact, je veux prendre plus de rebonds, faire moins d’erreurs. Plus tu te rapproches du haut niveau, plus ça se joue sur les détails. De l’autre côté, en attaque, je ne suis pas trop en réussite à l’extérieur en ce moment par exemple. Je ne suis pas du tout inquiet, je travaille tous les jours et ça va évidemment venir. Mais tactiquement… (il s’interrompt) j’ai l’impression d’être un chantier permanent ! Mais ça me fait kiffer, au quotidien, j’adore travailler, je passe du temps à la salle, j’aime le basket. Je ne vais pas râler parce qu’il y a beaucoup de travail, au contraire, c’est super excitant et j’aime me dire « qui est-ce que je serai dans 6 mois ? Dans 2 ans ? Dans 5 ans ?… ». J’ai hâte de le voir.

Mathis Dossou-Yovo brile en ce début de saison avec Nanterre (photo : Julie Dumélié)

Cette saison est arrivée au bon moment pour vous ?

Je ne sais pas, j’aime bien faire des constats sur un projet fini. Le moment où je vais pouvoir me dire ça, ce sera peut-être à la fin de saison. Peu importe ce qu’on fera, d’ailleurs. En ce moment, ça se passe bien, on donne le maximum et c’est vrai que dans mon idée, dans mon plan de carrière, c’est ce qu’il me fallait à ce moment-là. Et pour l’instant, je suis sur les bons rails.

Vous évoquiez une saison dernière « un peu plus compliquée » avec notamment un passage écourté à Oldenburg. Pourquoi ce choix de rejoindre l’Allemagne ?

Partir à l’étranger, c’est une envie, un objectif encore aujourd’hui. Malgré le fait qu’il n’y avait pas de coupe d’Europe, j’avais vraiment apprécié la manière dont Pedro Calles (l’entraîneur d’Oldenburg lors de l’arrivée de Dossou-Yovo) voulait m’utiliser, comment il voyait les choses pour moi. Je trouvais que ça pouvait être un vrai bon step, il y avait tout pour continuer de bien bosser. Le coach avait envoyé pas mal de joueurs en EuroLeague, la manière dont il jouait était beaucoup regardée par les équipes européennes, je voulais être exposé et m’intégrer dans ce système-là.

« Parfois, c’était ridicule… »

Mathis Dossou-Yovo, à propos de son utilisation en Allemagne

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?

Avant ça, je m’étais blessé avec Saint-Quentin. J’avais des ligaments rompus, un arrachement osseux, une très grosse blessure. J’avais repris au bout d’un mois pour jouer la fin de saison et les playoffs avec le SQBB, parce que j’aimais Saint-Quentin, je voulais tout donner pour le club. Je me suis arrêté trois mois et demi après. J’arrive en Allemagne sur un faux rythme et, malheureusement, eux n’ont pas vraiment pris en compte la situation dans laquelle j’étais, le fait que j’allais avoir besoin d’un peu plus de temps pour revenir. Ils m’ont fait forcer et je me suis blessé au quadriceps, une blessure musculaire de fatigue. Et quand je suis revenu, la manière dont j’étais utilisé ne correspondait pas du tout avec ce qu’il m’avait été dit : je n’avais pas de responsabilité, le jeu était totalement différent de ce qu’on m’avait présenté. On voulait partir, mais le coach a été coupé.

Mais ça ne s’est pas amélioré avec le changement d’entraîneur ?

Le nouveau coach m’a dit qu’il savait comment je jouais, qu’il allait m’utiliser. Et en fait, la seule chose qui a changé, c’est mon temps de jeu qui a baissé de 10 minutes. Pour aucune raison. C’est ridicule, parfois il me faisait jouer 14 minutes, je mettais 16 points et 9 rebonds, j’essayais de tout donner et au final rien ne changeait. Et on me donnait des excuses : « un coup il faut jouer comme ça, un coup on voit les choses différemment »… Donc on a pris la décision de partir. Tu ne te rends jamais vraiment compte de ce qu’est une mauvaise phase tant que tu n’y es pas confronté. Là, j’étais en plein dedans. Certains joueurs pourraient être dégoûtés, freinés par ça. Moi ça m’a donné envie de retenter. Je n’ai jamais attendu quoi que ce soit de quiconque, j’ai toujours aimé aller chercher ce que je devais avoir, ça m’a donné faim pour la suite.

Mathis Dossou-Yovo a été sacré champion de France pour la première fois de sa carrière avec le Paris Basketball. (photo : Westcoo/LNB)

Deux semaines plus tard, vous rebondissez finalement en France, avec Paris, où vous jouez l’EuroLeague…

Je ne pensais pas avoir une équipe d’EuroLeague à ce moment-là, sachant que je n’avais jamais joué de coupe d’Europe. Le coach a été clair, il y avait aussi de très bons joueurs avec moi, ils avaient besoin de rotations et mon profil pouvait les aider à atteindre les objectifs. Quand tu arrives dans une écurie comme ça en plein milieu de saison, tu ne viens pas pour jouer 20 minutes. Tu viens pour aider l’équipe à gagner et montrer que tu peux participer à cette performance collective.

« Mettre un orteil dans ce monde-là,
ça donne encore plus envie d’y retourner »

Mathis Dossou-Yovo, à propos de son expérience au Paris Basketball

Comment avez-vous perçu cet épisode, qui a duré un peu moins de 4 mois ?

C’est compliqué d’arriver dans cette situation, d’autant que Paris est une équipe qui joue très up-tempo (à un rythme supérieur à la moyenne). D’autant que je ne pouvais pas m’entraîner pour récupérer ma forme parce qu’on jouait tous les 2 ou 3 jours. Mais il n’y avait pas de frustration. Évidemment tu veux toujours plus, mais je savais à quoi m’attendre et j’ai rempli ma part du contrat. Et collectivement, c’était fou ! De très bons moments avec notamment ces deux titres (coupe de France et championnat de France) et un quart d’EuroLeague. J’y suis allé pour cette expérience, mettre un orteil dans ce monde-là, ça me donne encore plus envie d’y retourner. Parce que, cet été, je me suis rendu compte que je n’avais jamais rêvé de jouer en EuroLeague, mais de vraiment m’y installer. Je sais que j’en suis capable et que mon travail m’y amènera. Tous les jours, j’y pense. Je veux montrer, à moi-même dans un premier temps, que c’est mon niveau.

Quatre apparitions en EuroLeague pour Mathis Dossou-Yovo avec Paris (photo : Sébastien Grasset)

Ces derniers mois, vous avez finalement engrangé beaucoup d’expérience en peu de temps…

Il s’est passé beaucoup de choses et je me sens privilégié d’être là. Je fais partie des gens qui pensent que tout le monde a sa place quelque part et que même si je bosse très dur, beaucoup d’autres le font aussi. Je ne m’estime pas chanceux, parce que je pense le mériter avec le travail que je fournis, mais je me sens privilégié et honoré, et je compte vraiment en profiter à 100 %.

L’œil de Julien Mahé, son coach à Nanterre

« Je suis très heureux de le voir fêter sa première sélection en équipe de France. C’est un joli clin d’œil que je sois le sélectionneur en face, c’est marrant. Le voir arriver chez les Bleus, ça confirme que le travail paye. Il a su profiter à plein de tous ces expériences : beaucoup de positif à Saint-Quentin et un peu plus difficile la saison dernière, même si ça l’a beaucoup aidé.

J’ai retrouvé au mois d’août un joueur différent que celui que j’avais laissé un peu plus d’un an auparavant. Je l’ai trouvé plus mature, plus exigeant encore. Il a découvert l’étranger, l’EuroLeague, il a gagné un titre en étant entouré de joueurs de très haut niveau. Ça l’a fait avancer et son début de saison est remarquable. 

En tant que coach, on est là pour accompagner des joueurs. Ça fait partie des trajectoires qui font très plaisir, surtout qu’il le mérite. C’est un garçon rempli de qualités. » 

Propos recueillis à Nanterre,

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