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[On y était] L’inoxydable Tim Blue bat son record de points en France à 41 ans : « Un plaisir d’être capable de jouer à mon âge ! »

Alors qu'il a fêté son 41e anniversaire l'été dernier, Tim Blue arpente toujours les parquets de Nationale 2 avec Golfe-Juan. La légende des Sharks d'Antibes a même établi son nouveau record offensif français samedi avec 36 points sur le parquet de La Ravoire. On y était.
[On y était] L’inoxydable Tim Blue bat son record de points en France à 41 ans : « Un plaisir d’être capable de jouer à mon âge ! »

Tim Blue s’est fendu de 36 points sur le parquet de La Ravoire le week-end dernier

Crédit photo : Cécile Thomas

Dans le recoin d’une salle sans charme de la périphérie de Chambéry, un spectateur écarquille les yeux quand on lui annonce l’âge du joueur dont il ne cesse de vanter les mérites à son voisin. « Noooon, il a 41 ans ?! Impossible… »

Eh oui Monsieur, l’homme qui donne la leçon à votre équipe fétiche — « il est trop fort le n°1 jaune ! » — est bien quadragénaire et dispose d’un CV long comme le bras pour de la Nationale 2 (trois fois sélectionné pour le All-Star Game LNB, MVP du mois de novembre 2016 en Pro A, 142 matchs en Betclic ÉLITE, champion de Pro B 2013, double MVP de la finale des playoffs de Pro B).

« Tout aurait pu se terminer d’un coup pour moi… »

Et à vrai dire, même si l’on sait que Tim Blue, puisque c’est évidemment de lui dont il s’agit, évolue depuis 2021 à Golfe-Juan, on aurait pu aussi se demander ce qu’il faisait là, en le voyant débarquer, reconnaissable à ses éternelles dreadlocks, par une porte dérobée de la salle municipale de La Ravoire à 1h15 du coup d’envoi. À quel point faut-il aimer le basket pour continuer à s’infliger, à 41 ans, des trajets de 7h en bus pour venir ensuite jouer des coudes dans les raquettes ultra-physiques de Nationale 2 ?!

Bandeau, dreadlocks et main gauche sûre : le style reste le même pour Tim Blue en NM2 (photo : Cécile Thomas)

« C’est parce que j’adore toujours autant jouer », souffle le Floridien, qui a abandonné l’échauffement collectif de ses coéquipiers le temps de dix minutes, pour répondre à nos questions. « Je le fais par amour du jeu, c’est tellement un plaisir. Même si je n’étais pas là, je pense que je serais en train de continuer à jouer, sur un playground ou ailleurs… »

Peut-être est-il aussi plus facile de vouloir étirer sa longévité au maximum après avoir cru, par deux fois, être contraint de raccrocher les baskets. « Je sais que tout aurait pu se terminer d’un coup pour moi… » En décembre 2017, Tim Blue, alors à Antibes, avait craint d’être contraint à stopper subitement sa carrière lorsqu’un accident vasculaire cérébral, suivi d’une paralysie partielle et d’une dizaine de jours à l’hôpital, l’avait frappé à l’entraînement. Puis, quand en 2020, après son départ des Sharks, son esprit avait dérivé loin du basket, refusant toutes les autres offres. « Je ne jouais pas, je ne regardais plus un match. Physiquement, je savais que je pouvais continuer mais mentalement, pas du tout. C’est cette année off qui m’a permis de récupérer mon amour pour le jeu. » 

Antibes ou l’Ukraine :
la décision qui a tout changé

Une passion qu’il exprime donc désormais au sein de son académie, où il distille son savoir aux jeunes azuréens, et sur les parquets de quatrième division, après avoir pourtant longuement tergiversé au moment de devoir répondre à l’offre de Golfe-Juan en 2021. « Au début, j’étais très hésitant. Je voyais que c’était de la NM2, je me demandais si c’était une bonne idée. » 

Spoiler : ça en était une. « Il m’a fallu un peu de temps pour m’adapter mais au final, le niveau est parfait pour moi. Ça me permet de continuer à jouer, sans la même pression qu’en pro. » Tout en restant vivre dans une région où il s’est implanté depuis 2012, lorsqu’il avait dû trancher entre la proposition de l’Olympique d’Antibes Juan-les-Pins (Pro B) et une offre ukrainienne très largement supérieure. « C’est marrant, j’en reparlais avec ma femme l’autre jour. C’est une décision qui a complètement bouleversé notre vie : qui aurait pu croire cela à l’époque ?! » 

Leader d’Antibes entre 2012 et 2020, Tim Blue est une légende des Sharks (photo : Sébastien Grasset)

De fait, au début, Tim Blue n’était pas parti pour s’installer aussi longtemps chez les Sharks. Après des années rookies partagées entre les Pays-Bas et la Finlande, il voulait simplement retrouver un climat digne de sa Floride natale et permettre à sa femme, Muriel, rencontrée en Hollande, de se rapprocher de sa famille (gestionnaire des cafés Malongo), basée à Nice.

À l’issue de son premier contrat, c’est paradoxalement la… descente en Pro B qui l’a poussé à prolonger son aventure. « Lors de ma première saison, nous avions été champions et promus en Pro A », raconte-t-il. « Puis nous avons immédiatement fait l’ascenseur. Je voulais prouver que notre montée n’était pas un accident, c’est ce qui m’a fait rester. » Mission accomplie un an plus tard, avec un doublé Leaders Cup – playoffs de Pro B.

« On sent qu’il kiffe le basket ! »  

Alors que les Sharks se sont ensuite pérennisés en Betclic ÉLITE pendant quatre saisons, Tim Blue a lui systématiquement refusé toutes les autres offres, même plus alléchantes financièrement, privilégiant toujours son bonheur sudiste. De quoi pousser Antibes à hisser son n°4 aux cintres de l’AzurArena. « Un vrai cadeau, rare pour un joueur américain en Europe, un super honneur qu’on m’a fait », savoure-t-il.

Retour au jeu, à ce samedi 27 septembre à La Ravoire. Le long trajet en bus et le décrassage manqué ne perturbent visiblement pas l’inusable intérieur de l’Azurea, qui fait la totale aux Savoyards, pourtant invaincus jusque-là (69-77). Feinte d’épaule, main gauche létale, fade-aways, moves multiples sous le cercle, dos ou face au jeu, et même un peu de trash-talk lorsqu’il intime au banc local de se taire : la recette reste la même que lors de ses grandes années LNB !

« Je ne suis pas surpris », explique son nouveau coéquipier, Arthur Rozenfeld« Il a une grosse panoplie offensive. Son QI basket et sa technique lui permettent de continuer à pérenniser sa présence sur les terrains. On sent qu’il kiffe le basket, il ne manque pas un entraînement. Je pense que ce n’est pas son dernier carton de la saison ! » 

Basketteur, jusqu’à quel âge ? 

Pas le dernier carton, peut-être, mais tout de même le plus imposant de ses 386 matchs officiels disputés en France, avec 36 points, à l’ombre du Mont-Granier. Son record toutes divisions confondues, Betclic ÉLITE (33 contre l’Élan Béarnais en 2018), Pro B (31 face à Saint-Vallier en 2012) ou NM2 (34 à Lons-le-Saunier en septembre 2023), à quelques encablures de son career high établi en Finlande en janvier 2012 (41 unités) ! De quoi faire de lui, à 41 ans, le meilleur marqueur de la Poule A après trois petits matchs (24,3 points de moyenne, contre 16,2 l’an dernier).

Célébration imagée pour Tim Blue après un gros shoot dans le money-time à La Ravoire (photo : Cécile Thomas)

« Pour moi, c’est un défi tous les week-ends de montrer pourquoi j’ai fait cette carrière-là et que je peux continuer à performer à cet âge », sourit-il. Jusqu’à quand ? « Je n’en ai aucune idée, tant que mon corps sera bien », évacue-t-il un instant, avant de tracer une ligne d’horizon.

« Quand je vois Wayne Morris (Rognonas) continuer à jouer dans notre poule à 47 ans (né le 31 octobre 1977), je me dis que c’est peut-être possible… Mais on verra. Pour le moment, j’en profite vraiment, c’est juste un plaisir d’être capable de jouer à mon âge. » Au moins, l’an prochain, s’il choisit de repartir pour une sixième saison à Golfe-Juan, il n’y aura plus de surprise pour le public de La Ravoire : oui, Tim Blue aura alors 42 ans.

À La Ravoire, 

Image Alexandre Lacoste
Alexandre Lacoste est arrivé sur BeBasket en 2011, lorsque le site se prénommait encore Catch & Shoot. Amateur de portraits et de reportages, généralement au plus près des équipes de France lors des compétitions internationales, il aime chercher des angles originaux et des sujets qui vont au-delà du simple résultat sportif.
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