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Où en est le basket britannique ? Le journaliste Mark Woods nous répond

« Le basket progresse partout et quand on ne vient pas avec la bonne attitude, nous n’avons pas de marge. » La phrase est signée Vincent Collet. Lundi soir, après la large défaite de l’équipe de France dans le dernier match de qualification à l’EuroBasket 2022, le sélectionneur a rappelé que le basketball est un sport qui n’a de cesse de progresser partout dans le monde. La Grande-Bretagne l’a encore démontrée. Déjà qualifiés alors qu’ils n’avaient joué qu’une rencontre à domicile en six matches, les joueurs d’outre-Manche ont dominé les Français de la tête et des épaules. Et si le système de qualification n’avantage pas les nations qui sont privées de leurs joueurs EuroLeague et NBA, les Français comme les Monténégrins (un peu moins les Allemands) disposaient tout de même de nombreux joueurs évoluant en EuroCup, BCL et des championnats référencés, au contraire des Britanniques.

Le basketball n’est pas le sport national au Royaume-Uni, on le sait. Mais petit à petit, elle trouve sa place dans le basketball européen, du moins dans les compétitions internationales. Si elle ne peut plus compter sur les ambassadeurs NBA (Luol Deng, Ben Gordon ou même Joel Freeland, Pops Mensah-Bonsu…) du début de la décennie, si son championnat national n’a pas l’attractivité qu’il possédait dans les années 80 lorsque des investisseurs locaux faisaient venir de forts joueurs américains, l’équipe nationale parvient à tirer son épingle du jeu. Ainsi, depuis qu’elle réunit l’Angleterre, l’Ecosse et le Pays de Galles – et non pas les Nord Irlandais… qui jouent avec l’Irlande, comme en rugby -, en 2006, elle n’a manqué qu’une fois l’Euro, en 2015. Une belle réussite pour ce pays qui ne peut pas s’appuyer sur une fédération structurée, elle qui compte moins de 50 000 licenciés selon les derniers chiffres dévoilés en 2018 (33 000 en Angleterre, plus de 8 000 en Ecosse et près de 2 000 au Pays de Galles). Car pour jouer en club en Angleterre, Ecosse, Pays de Galles et même en Irlande (en République d’Irlande comme en Irlande du Nord), il faut faire preuve de persévérance et donc de passion. Pour s’entraîner dans les rares salles multisports du pays, il faut payer.

C’est le cas de Mark Woods, référence journaliste sur la balle orange outre-Manche. Pour pouvoir pratiquer en intérieur, il doit faire de la route et mettre la main à la poche. Lui et ses amis basketteurs doivent payer 90£ (105€) à chaque fois qu’il sréservent un créneau d’entraînement. Le manque d’infrastructures, les difficultés d’accès à la pratique, le manque d’entraîneurs salariés et donc formés expliquent sans doute les difficultés structurelles du basketball britannique, qui fait face à l’énorme concurrence du football notamment. Mais malgré tout, ce basket parvient à progresser.

Mark Woods, qui écrit notamment sur MVP247.com, revient avec nous sur l’évolution du basketball britannique ces dernières années :

Même si elle n’a joué qu’un match à domicile, l’équipe nationale britannique s’est qualifiée pour l’EuroBasket dans un groupe difficile.

Cela a été une excellente campagne de qualification pour la Grande-Bretagne pour atteindre l’EuroBasket 2022, surtout que le coach Nate Reinking (également coach de Canton, en G-League) était indisponible pour la plupart des rencontres, et que la sélection ne compte actuellement pas de joueur en EuroLeague ni même d’EuroCup. Ce qui a été impressionnant est comment l’équipe a joué ensemble, surtout en défense, avec des joueurs comme Ovie Soko et Luke Nelson qui ont démontré qu’ils peuvent peut-être prétendre à jouer dans de meilleurs clubs en Europe.

Cela met aussi en avant les problèmes liés au nouveau calendrier FIBA, avec le fait que les pays détenant des joueurs NBA et EuroLeague sont désavantagés. Dans ce groupe, si la France, l’Allemagne et le Monténégro avaient pu réunir leurs meilleurs talents, cela aurait pu être très différent à la fin. Mais pour la Grande-Bretagne, c’est un cadeau qui est accepté avec plaisir.

Maintenant, il semble normal de retrouver les Britanniques à l’Euro. Pensez-vous que l’équipe nationale est entrée dans une nouvelle ère il y a une dizaine d’années, avec les Luol Deng, Joel Freeland etc. ?

Cette ère a démarré en 2006 quand, au lieu d’avoir l’Angleterre, l’Ecosse et les Pays de Galles qui jouaient de leur côté, une Grande-Bretagne unie a été établie. Je pense que c’est à ce moment qu’il y a eu un vrai investissement sur l’équipe nationale, celui qu’il manquait jusqu’ici. C’est devenu nettement plus professionnel et, pour l’équipe masculine, le crédit revient essentiellement à Chris Finch et Nick Nurse (l’actuel coach des Toronto Raptors, NDLR) pour avoir mené ce projet jusqu’aux Jeux olympiques 2012. La partie de la Fédération qui était responsable de l’équipe nationale a connu des problèmes budgetaires dans la décennie écoulée, avec des perturbations régulières dans la gestion des écoles nationales et des problèmes politiques. Mais certainement, les équipes nationales britanniques sont devenues plus importantes dans ce sport.

Contrairement à la sélection nationale des Jeux olympiques 2012, vous n’avez pas de superstars mais un nombre importants de joueurs solides comme Myles Hesson, Ovie Soko, Tarik Phillip, Gabriel Olaseni… Comment le basket britannique forme ses joueurs ?

C’est très varié. Hesson est le meilleur exemple d’un jeune qui vient du système britannique, d’abord dans son club local de Birmingham, puis en BBL et maintenant à l’étranger, en Europe. Il représente une « success story ». Soko, comme beaucoup de joueurs britanniques, est allé aux Etats-Unis au lycée puis à l’Université. Cela reste un challenge pour la Grande-Bretagne : comment dupliquer le système de la France et de l’Espagne où beaucoup de talents peuvent devenir des joueurs de haut-niveau sans quitter leur pays. Il y a un système d’académie qui se développe et la British Basketball League progresse. Mais pas au point d’être une alternative intéressante face à l’option de partir aux Etats-Unis. Quant à Phillip, il est né et a grandi aux Etats-Unis, donc il n’est pas du tout passé par le système britannique.


L’ancien Orléanais Gabriel Olaseni fait partie des meilleurs joueurs britanniques actuels (photo : FIBA)

Est-ce qu’OG Anunoby (joueur des Toronto Raptors en NBA) est appelé à aider l’équipe dans le futur ? Il est né à Londres mais a grandi dans le Missouri.

C’est une « fake news ». Pour lui avoir demandé, il n’a pas de passeport britannique et, étant donné que la Grande-Bretagne n’applique pas le droit du sol, je ne vois pas pour quelles raisons il deviendrait un citoyen britannique et jouerait de plus pour la Grande-Bretagne. S’il est né à Londres, c’est parce que sa famille, qui est nigériane, y a travaillé avant de déménager aux Etats-Unis quand il avait 4 ans.

Quoi qu’il en soit, le futur semble prometteur. L’équipe nationale U20 a fini 10e e l’EuroBasket en 2018 avant d’atteindre les quarts de finale en 2019 en éliminant la Serbie en 8e de finale.

On a de bons jeunes joueurs – le plus grand potentiel est Cam Hildreth (né en 2002, NDLR), qui joue actuellement pour Surrey Scorchers en BBL mais va rejoindre Wake Forest au cours de l’été. Ce que l’on espère c’est de voir émerger un talent NBA. Nous n’avons pas de joueur britannique dans la ligue depuis le départ à la retraite de Luol Deng et on attend avec intérêt de voir si quelqu’un est capable d’y jouer dans les dix prochaines années.

Il ne faut surtout pas oublier l’équipe nationale féminine, qui a atteint la demi-finale de l’Euro en 2019.

C’est un superbe groupe avec un magnifique esprit d’équipe et un excellent coach en la personne de Chema Buceta (technicien espagnol et psychologue sportif, NDLR). Ce qui est décevant et qu’elles auraient du se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo mais elles ont réalisé l’un de leurs pires matches de ces dernières années contre la Corée-du-Sud au TQO 2020. Elles ont connu une situation similaire face à la Biélorussie en janvier et manqueront ainsi l’EuroBasket 2021. Temi Fagbenle (joueuse du Lynx de Minnesota en WNBA, NDLR) reste un talent de premier ordre mais une bonne partie de la génération qui a participé aux JO 2012 et a atteint la demi-finale de l’Euro 2019, et notamment l’ancienne Berruyère Jo Leedham, va prendre sa retraite. Ce que l’on ne sait pas encore c’est si la prochaine génération peut faire aussi bien. Ce sera difficile.


Jo Leedham lors de la demi-finale de l’EuroBasket 2019, contre la France de ses anciennes coéquipières Marine Johannès et Endy Miyem (photo : FIBA)

Le plus gros problème du basketball britannique semble toujours le même : le niveau de son championnat national, la BBL. Beaucoup de jeunes quittent le pays pour aller aux Etats-Unis. Et quand ils passent professionnels, ils jouent à l’étranger. Les London Lions essayent d’intégrer la BCL. Pensez-vous que la BBL progresse ?

La BBL a grandement progressé ces cinq dernières années. Le niveau de jeu est sous-estimé. Financièrement, c’est plus stable. Mais les clubs n’ont pas les infrastructures qu’il y en France avec les U18 qui passent ensuite Espoirs puis professionnels. Ce n’est pas bien pour la formation et la ligue en elle-même.

Cependant, plus de moyens devraient bientôt arriver. Il y a un bon contrat télé avec Sky Sports (qui annonce des audiences à 30 000 téléspectateurs par matches diffusés, NDLR) maintenant. Même si la campagne européen des Londons Lions s’est arrêtée dès le départ (défaite 77-73 au tour préliminaire de la BCL contre le Neptunas Klaipeda), ils ont de l’ambition – et des moyens – pour de nouveau tenter l’aventure l’année prochaine. Les 2-3 prochaines années seront crucialles pour que la BBL s’établisse en tant que championnat de moyen calibre en Europe.


Byron Mullens, américano-britannique, fait partie des anciens joueurs NBA des London Lions (photo : FIBA)

Quand est-il des techniciens britanniques ? Sur ces fenêtres de qualification, c’est le méconnu Marc Steutel qui a mené son groupe à l’Euro. Qui est-il ?

Steutel a fait du très bon boulot avec la Grande-Bretagne étant donné les difficultés à manager une équipe sans son coach (Nate Reinking) qui exerce en G-League durant la saison. Son emploi se trouve en English regional second division, soit la troisième division britannique. Clairement, il a du talent. Mais il permet de mettre en évidence le manque d’opportunités pour les coachs britanniques d’accéder à un bon salaire et faire grandir leurs carrières. Il n’a reçu d’une offre en BBL puis l’équipe s’est désengagée avant même qu’il ne démarre. J’espère qu’il va recevoir les reconnaissances et va pouvoir un coach principal afin de développer ses compétences.


Marc Steutel, habituel assistant, a mené la Grande-Bretagne à la qualification à l’Euro 2022 (photo : FIBA)

Quelques noms d’internationaux britanniques actuels :

  • Dan Clark, Real Canoe (Espagne)
  • Myles Hesson, Elan Chalon (France)
  • Luke Nelson, Gottingen (Allemagne)
  • Teddy Okereafor, Bristol Flyers (Grande-Bretagne)
  • Gabe Olaseni, Buyukcekmece (Turquie)
  • Tarik Phillip, Tofas Bursa (Turquie)
  • Ovie Soko, Le Mans (France)

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