Une fracture entre les joueurs et le staff aux JO ? « Absolument pas le cas » selon Diaw, Yabusele tempère ses propos

Non, tout le staff technique n’avait pas lâché l’affaire aux JO : Guerschon Yabusele a nuancé ses propos polémiques
Il a fallu attendre douze minutes d’interview de Guerschon Yabusele mais la question fatidique a fini par surgir… « Il fallait qu’on en parle après tout ce qui s’est passé », a souri l’intérieur des New York Knicks, auteur d’une sortie médiatique fracassante le week-end dernier au micro du Roommates Show, un podcast animé par ses deux futurs coéquipiers Jalen Brunson et Josh Hart.
Grand artisan de l’argent olympique, le natif de Dreux a défrayé la chronique en estimant que « tout le staff et quelques représentants de la Fédération ne croyaient plus en nos chances » après la lourde défaite contre l’Allemagne à la fin du premier tour (71-85). « Tout le staff technique et quelques représentants de la Fédération imaginaient que c’était terminé. Tout le monde disait : »On n’a aucune chance de battre le Canada en quart de finale ». C’était fou. Il n’y avait plus que nous, les joueurs. Et on voyait les coaches en train de chercher à blâmer les responsables. »
« Plutôt la fédération qui avait give up »
Une sortie qui peut apparaitre comme injuste à l’égard du staff technique, surtout pour l’ex-sélectionneur Vincent Collet qui avait été encensé par ses joueurs en zone mixte après la qualification pour les demi-finales. « C’est la victoire de Vincent », clamait le capitaine Nicolas Batum dans les coursives de Bercy. « Vincent nous a vraiment fait un discours de bonhomme avant le match : ça nous a galvanisés », ajoutait Evan Fournier dans des propos d’autant plus forts qu’ils suivaient sa forte critique du projet de jeu du technicien normand. « Il nous motivait depuis deux jours. »
« Je ne dirais pas que le staff ne croyait plus en nous », a souligné Frank Ntilikina ce mardi. « C‘est plus une question de gestion pendant le tournoi, de la part du staff, et le fait de vouloir créer une réaction. »
En revanche, lors des 72 heures séparant les matchs de l’Allemagne et du Canada, les joueurs se sont bien ligués contre la fédération, personnifiée par l’ex-président Jean-Pierre Siutat qui était venu tancer l’équipe après le premier tour et a vu tous les joueurs quitter la salle après ses mots. « Au-delà du staff, on a surtout senti que c’était la fédération qui avait give up (abandonné, ndlr), qui n’était vraiment plus dans le même état d’esprit que nous », a ainsi corroboré Isaïa Cordinier.
« Pas le message que je voulais envoyer »
Au final, c’est presque l’Azuréen qui en a le plus dit ce mardi, pointant le plus précisément la cible du courroux des Bleus, puisque Guerschon Yabusele est lui revenu sur ses propos évoquant une fracture entre le joueur et le staff. « Ça a été pris dans un contexte différent », a-t-il re-contextualisé. « C’était pour expliquer qu’on était seuls contre tous, du point de vue des médias aussi ou des fans. Certains pensaient que c’était déjà fini. C’était plus dans ce sens que j’ai dit les choses plutôt que de pointer du doigt telle ou telle personne. Il n’y avait rien de personnel. Vous vous doutez bien qu’il y a beaucoup de gens du staff technique, même du staff médical, qui étaient avec nous, qui nous ont accompagné tout le temps et ont tout fait pour nous. Mes propos sont partis dans un sens quand ils sont sortis mais je ne voulais pas forcément que ce soit ressorti comme ça. J’en ai déjà parlé avec certaines personnes du staff. Je voulais vraiment que les gens comprennent que je n’étais pas en train de dire que tout était cassé, qu’on ne se parlait pas, qu’on s’évitait. Ce n’était pas le message que je voulais envoyer. »

Alors quel était le message ? Plutôt le vieux ressort de « nous contre le reste du monde », comme l’assure l’intérieur aux 52 sélections. « Il y avait beaucoup de gens avec nous, attention, mais nous, les douze joueurs, avons tous eu ce ressenti de seuls contre tous. Mais ce n’était pas une personne en particulier qui sortait du lot. On avait senti, nous les joueurs, qu’on était médiatiquement enterrés avant de jouer le Canada. Quelques fans aussi se disaient aussi que l’on n’avait aucune chance. C’est ce qui nous a donné notre force et notre énergie. »
La remise en question de Boris Diaw
Reste que ses mots, « mal placés » ou non, ont secoué jusqu’au sommet de la fédération, avec une remise en question publique du manager Boris Diaw, qui a cependant tenu à défendre son ancien staff technique. « Il y a plusieurs choses là-dedans, c’est une question très intéressante », a souligné le champion NBA 2014. « Ce sont des choses qui ont été vécues de manière différente. Il n’y avait absolument pas un manque de confiance de la part du staff technique. Mais ce qui est très intéressant de relever là-dedans, c’est la perception du joueur et comment il a ressenti les choses à ce moment-là. Au vu du traitement médiatique après la phase de poule, il a peut-être voulu exprimer le fait de se sentir seul contre le reste du monde. Mais je le prends personnellement car cette perception-là, de ne pas se sentir soutenu, ne reflétait pas la réalité. Je ferai en sorte de travailler là-dessus, bien sûr », a promis l’homme aux 247 sélections, arrivé dans l’encadrement de la sélection au début de l’année 2019.

Averti des propos de son general manager, Guerschon Yabusele l’a cependant absous de toutes récriminations. « Ce n’est pas du tout de sa faute à lui. Boris nous a accompagnés, nous a aidés dans beaucoup de choses. On a eu des réunions. Je sais très bien qu’il était derrière nous. »
Avant une ultime prophétie aux allures de nouveau capitaine des Bleus… « Dans tous les cas, avec ce nouveau groupe, on va essayer de créer quelque chose d’assez différent et qu’on soit vraiment tous connectés, qu’il n’y ait pas d’ego et qu’on soit tous sur la même longueur d’onde. » Et s’il faut repasser par le vieux schéma du « seul contre tous » pour aller chercher le résultat espéré, autant y inclure le staff cette fois…
Propos recueillis à l’INSEP,


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