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À la découverte du Franco-Suisse Paul Gravet, champion et MVP des Finales avec Genève

Formé à Nantes et joueur du championnat suisse depuis près de 10 ans, Paul Gravet s’est installé comme l’un des visages du basket helvète. De nationalité franco-suisse, JFL, ancien international U20 avec la Suisse, multiple champion de Suisse, plus de 30 matchs européens au compteur… Rencontre avec Paul Gravet, récent champion de Suisse avec Genève et MVP des Finales.
À la découverte du Franco-Suisse Paul Gravet, champion et MVP des Finales avec Genève
Crédit photo : Lions de Genève

À l’inverse du voisin belge, le championnat suisse est assez méconnu du grand public en France. Pourtant cette saison, on a eu l’occasion de découvrir un club helvétique en FIBA Europe Cup, le Fribourg Olympic qui a défié Cholet. De plus, cette saison c’est un club francophone qui a remporté le championnat : les Lions de Genève.

10 ans après, voilà les Lions sur le trône et c’est l’occasion qu’on a choisie pour vous présenter Paul Gravet. L’arrière de Genève, franco-suisse, joueur formé localement (JFL) est un joueur référencé et multi-titré du championnat local. Il nous parle de son expérience en confédération helvétique.

Paul, tu as été sacré champion de Suisse fin mai avec les Lions de Genève. Ça faisait dix ans que ce n’était pas arrivé pour ce club, il y a donc eu beaucoup d’ambiance, comment tu te sens actuellement par rapport à ça ?

Là, on commence un peu à retomber. On réalise ce qu’on a fait, ça faisait 10 ans que le club n’avait pas gagné le titre. Et puis, ça faisait 6 ans de suite que Fribourg était Champion de Suisse, c’est un petit exploit qu’on a réussi contre une équipe qui a disputé la FIBA Europe Cup (Fribourg a été éliminé en quarts contre le PAOK ; NDLR). Forcément, les avoir détrônés après tant d’années c’est incroyable, même si on se savait aussi forts il y a une fierté.

Au début de la saison est-ce que, toi et l’équipe, vous pensiez à un tel dénouement ? Finalement, vous terminez avec le championnat et la coupe en poche, on peut dire que les objectifs sont accomplis ?

Au début de la saison, on a pris les choses petit à petit, on venait d’avoir un nouveau coach (Patrick Pembele, NDLR), un nouveau dirigeant et de nouveaux joueurs étrangers. Les seuls qui sont restés étaient les joueurs suisses mais on savait qu’on avait de la qualité et qu’il y avait quelque chose à jouer. En face, Fribourg venait de tout rafler et gardait le même effectif, on savait qu’ils étaient favoris pour le triplé (Championnat, Coupe de Suisse et Coupe de la Ligue, NDLR). De notre côté, on a compris qu’on était capable de chercher le championnat, on a grimpé en confiance au fur et à mesure que la saison avançait.

Finir la série et remporter le championnat à domicile, lors du match 4, ça doit faire quelque chose non ?

Oui c’était vraiment un bon moment, les supporters attendaient ça depuis longtemps. C’était incroyable, le public nous a vraiment poussé tout au long du match. Et puis, pouvoir soulever la coupe avec eux, c’était génial.

« MVP, ça récompense tout le travail » 

On va parler un peu de l’adversaire, Fribourg. Vous les avez battus seulement une fois en saison régulière et vous avez perdu contre eux en finale de la Coupe de la Ligue. Comment est-ce que vous avez réussi à rebondir pour gagner les Finales 3 victoires à 1 ?

Oui, on les a battus seulement une fois avant les Finales, c’était en Coupe de Suisse. C’est l’un des matchs les plus importants de notre saison mais ils nous ont battus juste après en finale de la Coupe de la Ligue, en février. C’est là qu’on s’est dit qu’on était plus proches d’eux que ce que les gens ne le pensaient, on aurait pu chercher cette première coupe. Ça nous a motivés et ça a été le tournant de la saison, on a travaillé dur et on est allés chercher la Coupe de Suisse (contre Neuchâtel ; NDLR). Ça nous a lancé pour la fin du championnat et pour les playoffs, la défaite a vraiment réussi à souder le groupe.

Pour toi, la victoire doit avoir un goût encore plus positif puisque tu prends le titre de Champion de Suisse et aussi le MVP des Finales. Qu’est-ce que ça représente pour toi cette distinction ?

Déjà, ça fait plaisir parce que ça veut dire qu’on a gagné si je suis MVP (rires). Non vraiment, c’est bien, ça récompense le travail réalisé depuis que je suis arrivé en Suisse. Chaque année j’ai progressé peu à peu jusqu’à devenir un joueur important du championnat et ça traduit mon envie d’aider l’équipe à chercher ce titre. Ça reste une distinction individuelle donc ça ne vaut pas grand-chose mais c’est bien, ça montre que je n’ai pas travaillé pour rien.

« À Nantes, je savais que j’allais avoir un faible temps de jeu »

Si on revient en arrière, pourquoi es-tu allé t’expatrier en Suisse alors que tu as été formé en France ?

J’ai fait toute ma formation à Nantes, je suis originaire de la région nantaise et j’y ai accompli mes trois ans de contrat stagiaire. J’ai eu l’occasion de participer à des bribes de rencontre en Pro B mais quand l’Hermine m’a proposé un contrat professionnel, je savais que j’allais avoir un faible temps de jeu, j’ai choisi de partir en Suisse pour progresser. Ayant un passeport suisse, j’ai eu l’occasion de disputer l’EuroBasket U20 avec la sélection et j’ai plutôt été bon donc ils m’avaient déjà un peu repéré. C’est comme ça que j’ai signé à Genève pour deux ans avant de faire cinq ans à Fribourg puis revenir chez les Lions en 2023.

Pourquoi ce retour à Genève en 2023 ?

Je pense que j’arrivais en fin de course à Fribourg. J’y ai fait cinq années où j’ai tout gagné, je pense que j’avais fait le tour. Genève m’a bien vendu son projet et il faut croire qu’ils avaient raison avec les deux titres (rires). Ça fait du bien de pouvoir gagner dans un autre club et ça a donné raison à mon départ de Fribourg.

Quel souvenir gardes-tu de tes cinq années à Fribourg, garnies de trophées ?

Franchement c’était bien. C’était une étape que je devais passer, tous les bons joueurs suisses sont passés par là-bas. Ils venaient de faire le triplé à l’époque (en 2018 ; NDLR) et jouaient les qualifications pour la BCL alors ça m’a convaincu, je me souviens que le coach me voulait particulièrement. A Fribourg, tout le monde progresse et peut viser l’étranger, je me suis aussi senti progresser en jouant l’Europe, ça m’a permis de me développer un peu plus chaque année. En plus, c’est un club stable, les suisses restent parfois 7 à 8 ans là-bas. Pouvoir les battre c’était jouissif (rires), j’ai encore des potes là-bas, c’était cool de jouer contre eux.

« La Suisse a un championnat très hétérogène »

Tu as la nationalité Suisse, est-ce que cela a facilité ton intégration dans le championnat ?

Bien sûr parce qu’en Suisse la réglementation avec les étrangers est bien différente. Un club a le droit de posséder quatre joueurs étrangers maximum par équipe et ne peut en aligner que trois sur le terrain en même temps. C’est pour que les Suisses aient leur place dans les effectifs, c’est pour cela que mon profil de jeune local était idéal pour Genève à l’époque.

Paul Gravet avec la sélection de Suisse
Paul Gravet avec la sélection de Suisse (photo : FIBA)

Est-ce que tu pourrais nous décrire le championnat suisse ? Cela reste encore un championnat assez méconnu en France.

Déjà, il faut savoir que c’est un championnat qui est très hétérogène, il y a énormément d’écart entre le niveau des clubs. Si on compare à la France, je pense que Fribourg a le niveau pour se maintenir en Betclic ELITE, cette année ils ont joué un quart de finale de FIBA Europe Cup et, quand j’y étais, on a même eu l’occasion de disputer la Basketball Champions League (BCL). Sinon le top 4 c’est plus ou moins du niveau Pro B alors que le reste du championnat correspondrait à de la NM1 en France. C’est peu homogène, Fribourg n’a perdu qu’une fois en saison régulière cette année. Quand tu joues les derniers du classement tu sais qu’il y aura un écart de 30-40 points. Mais sinon, ça joue quand même bien au basket, il n’y a pas énormément de joueurs locaux malheureusement.

Ça peut s’expliquer par le fait que la Suisse n’est pas forcément un pays de basket ?

Exact, tu as peu de joueurs locaux qui arrivent à se détacher, qui sortent du lot, même si tu peux parfois assister à de grosses performances. Ils ont un bon niveau mais c’est au niveau de la formation que ça pêche. Cependant, il ne faut pas être pessimiste parce que la fédération met beaucoup de choses en place pour développer ces jeunes, il y a un nouveau président qui a été élu à la tête de la fédération et il a l’air plutôt prometteur.

Paul Gravet a réalisé une excellente finale avec Genève
Paul Gravet a réalisé une excellente finale avec Genève (photo : Lions de Genève)

A l’exception de Fribourg, les clubs sont peu structurés professionnellement. Ça se passe comment dans un club semi-professionnel ?

En effet, il n’y a que Fribourg qui a vraiment réussi à atteindre ce statut professionnel et tout ce qui l’engendre (Coupes d’Europes, infrastructures…). Pour le reste c’est plus compliqué, tu joues sur des parquets avec plusieurs lignes, ce sont souvent des salles d’écoles… C’est une réalité mais c’est parce qu’il n’y a pas énormément d’argent injecté dans l’économie du basket suisse.

C’est plus un manque de moyen qu’un manque de niveau ?

Pour moi, c’est ce manque d’infrastructures et de formation qui endommage la visibilité du championnat. Pourtant en termes de niveau, j’ai eu l’occasion de jouer contre des équipes de Pro B, que ce soit à Fribourg où à Genève, et c’était serré. On n’est pas loin d’équipes professionnelles françaises, donc le niveau sportif il tient la route, c’est surtout les infrastructures qui nous font mal. Après, avec le nouveau président, les clubs vont avoir de nouvelles salles neuves et dédiées au basket donc ça devrait améliorer la popularité du basket en Suisse.

« Peser le pour et le contre d’un retour en France » 

Y a-t-il des endroits où le basket est assez populaire en Suisse ?

Ça dépend des endroits. Dans les petites villes, tu vas avoir des clubs qui jouent dans des petites salles mais qui vont rassembler 1 000-1 500 personnes, c’est impressionnant quand tu es dans la salle. A Genève, c’est un peu moins rempli pendant la saison régulière mais pendant les playoffs c’était plein à craquer. Enfin tu as Fribourg qui a une salle de plus de 2 500 places et qui dégage une ambiance incroyable notamment pendant les playoffs et les matchs européens. C’est vraiment la capitale du basket suisse.

La salle a fait le plein en finale à Genève
La salle a fait le plein en finale à Genève (photo : Lions de Genève)

Est-ce qu’à l’avenir tu comptes rester en Suisse ou revenir en France ? Tu as un statut de JFL qui peut être très utile.

Alors, j’ai passé une très bonne saison ici avec un très bon coach (rires) donc je vais étudier la possibilité de prolonger, on arrive au bout de mon contrat. En plus l’année prochaine. On aura la BCL à Genève (les Lions ont finalement renoncé vendredi après-midi à cause du cahier des charges de la FIBA, exigeant notamment une salle de 3 000 places, ndlr), ça va donner envie au club de se professionnaliser et de poursuivre sur cette voie, c’est un projet qui m’intéresse.

Tu gardes quand même un œil de côté sur la France ?

Oui, je pense qu’il y aura des intérêts d’équipes françaises du fait que j’ai gagné le championnat et que je suis devenu un joueur référencé ici. Cela étant, il faut peser le pour et le contre, il faut aussi qu’on en parle avec ma femme et mon agent dans les prochains jours.

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter aux Lions pour l’année prochaine ?

La saison prochaine, on va accélérer la professionnalisation du club. Le titre nous a lancé sur la bonne voie et le projet à l’air excitant. Je pense que le club va vers la bonne direction et pourra encore chercher des titres, quelle que soit l’équipe qui le compose.

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