Anonyme en Pro B, signé par le Pana, décisif à l’Euro : « la trajectoire dingue » de Vassilis Toliopoulos

Vassilis Toliopoulos, d’une demi-finale de Pro B à une demi-finale d’EuroBasket en deux ans
Grandiose mardi face à la Lituanie en quart de finale de l’EuroBasket (17 points en 16 minutes), Vassilis Toliopoulos ne tenait pas spécialement à débriefer sa rencontre avec la presse, menée par une impressionnante horde de journalistes grecs.
Pourtant, dès le lendemain midi, le joueur se présente souriant au rendez-vous convenu à l’hôtel des joueurs. « Quand je lui ai dit que c’était pour évoquer son passage à Boulazac, son regard s’est directement illuminé », nous expliquait en amont l’attaché de presse grec, Menelaos Sevastiadis.
Car oui, Vassilis Toliopoulos a beau être l’un des leaders de la Grèce, deuxième meilleur marqueur de la sélection derrière l’inévitable Giannis Antetokounmpo aux Jeux olympiques de Paris 2024, il a transité par la Pro B il y a seulement deux ans, remplaçant médical de Martin Junakovic au printemps 2023 à Boulazac.
« Un passage un peu compliqué en Pro B «
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que tout n’a pas été particulièrement fluide dans le Périgord. « Son passage en Pro B avait été un peu compliqué », note son ex-coéquipier, Bathiste Tchouaffé. Arrivé auréolé de l’étiquette de top scoreur de l’Aris Salonique, Vassilis Toliopoulos découvrait alors le basket étranger pour la première fois. Et il s’était heurté à un mur. « À l’entraînement, on avait vu que c’était une machine, un putain de shooteur », décrit Clément Cavallo. « Mais sur son premier match à Évreux, il ne met rien ! » Un horrible 3/14 derrière la ligne majorée, la pire soirée de sa carrière à ce niveau.
Comme beaucoup d’autres joueurs rompus aux joutes européennes avant lui, Vassilis Toliopoulos s’est heurté à la dimension athlétique de la Pro B. « Quelque part, il était un peu léger pour le championnat », raconte son ancien coach, Alexandre Ménard. « C’était extrêmement physique », se souvient le principal intéressé, qui n’a jamais vraiment réussi à trouver la bonne carburation.

Arrivé trois matchs avant les playoffs, et présent jusqu’à l’élimination en demi-finales, il a présenté une adresse douteuse tout au long de sa pige (24/76, soit 32%), tournant à 8,4 points de moyenne. « Pour ceux qui ont l’habitude d’évoluer dans des championnats plus clean, d’être entouré de très bons joueurs, la Pro B peut être assez déroutante : lui n’avait peut-être pas toutes les armes pour y être », admet Alexandre Ménard, qui a cependant « beaucoup apprécié son passage car on pouvait vraiment parler basket avec lui ».
« Ce n’était pas un championnat adapté pour lui », embraye le capitaine de l’époque, Clément Cavallo. « Vassilis, c’est un poste 2 shooteur, qui a besoin d’espaces pour s’exprimer, et le jeu est vraiment compact en Pro B. Je ne suis pas sûr qu’il ait kiffé mais ça a dû l’aider ! »
Il a aidé le BBD dans son recrutement estival
On se doute bien que Toliopoulos n’a pas passé ses meilleures semaines de basketteur en Dordogne, mais il clame tout de même avoir vécu une expérience inoubliable au BBD, qui reste encore sa seule loin des frontières grecques. « C’était super, je n’en garde que de bons souvenirs », sourit-il. « J’étais venu car ma saison s’était terminée tôt, je voulais continuer à rester actif, tout en découvrant de nouveaux horizons. On m’avait dit que la Pro B était un championnat relevé, et c’était le cas. Avec ma femme, on a passé du bon temps en France. Je n’ai que de bonnes choses à dire sur le club, sur toutes les personnes rencontrés là-bas. Il n’y avait que des bons mecs dans l’équipe, joueurs et staff confondus. »
Certains avec qui il est toujours en contact ? « Oui, un peu avec Clément Cavallo et Travis Munnings. Ainsi que le coach, on s’envoie parfois des SMS de félicitations ! » Et parfois même quelques conseils scouting puisqu’il l’a renseigné sur certains pensionnaires du championnat grec, dont l’intérieur K.J. Williams, recruté en provenance du Promitheas Patras. « Alexandre Ménard était un très bon gars », ajoute-t-il. « J’ai beaucoup apprécié la façon dont il m’a traité, c’est quelqu’un de très gentil, très drôle, gros travailleur, qui veut le meilleur pour ses joueurs et son équipe. »

Un coéquipier ou un adversaire marquant ? « J’aimais beaucoup le jeu de notre meneur Nic Moore, c’était le plus talentueux. » Et un souvenir plus fort que les autres ? Passé par l’Olympiakos et l’Aris Salonique, l’international grec dit avoir surtout été frappé par… la ferveur des publics français. « Partout où on allait, je me rappelle que les salles étaient pleines, qu’il y avait une bonne ambiance. C’est quelque chose qui m’a impressionné, c’était super de voir un tel soutien. En Grèce, il n’y a pas autant de monde de façon régulière dans les salles. »
Avec seulement huit professionnels disponibles pour Boulazac, la saison s’est terminée en demi-finale, face à l’Élan Chalon (0-2), « une meilleure équipe », sur un tir décisif de Supreme Hannah, venu climatiser le Palio. « Ah, le Palio, c’était une salle incroyable », s’exclame l’Athénien. « On pourrait y accueillir un EuroBasket là-bas, vraiment ! »
Devenu une star en Grèce
Depuis une dernière performance maussade contre les Bourguignons (4 points à 1/4), Vassilis Toliopoulos a fait basculer sa carrière dans une autre dimension. Devenu un cadre de la sélection de Vassilis Spanoulis, il a été le héros inattendu de la demi-finale du TQO (17 points en 17 minutes contre la Slovénie) et a sauvé les Grecs au buzzer en République tchèque lors des qualifications. Pas en reste avec son club, il a signé deux saisons de haut niveau avec l’Aris Salonique (14,7 points et 3,2 passes décisives), qui ont fini par lui ouvrir les portes du Panathinaïkos Athènes, lui l’ancien joueur de l’Olympiakos (15 apparitions en EuroLeague dans un rôle négligeable).
« Il était en Pro B il y a deux ans et le voir signer au Panathinaïkos, c’est incroyable », se pincerait presque Bathiste Tchouaffé, « pas étonné » toutefois. « La trajectoire est dingue et méritée », applaudit Clément Cavallo.
De son côté, Vassilis Toliopoulos sourit quand on évoque le delta entre Boulazac et le Panathinaïkos. « C’est sûr que le gap est assez énorme ! Le Panathinaïkos est l’un des plus grands clubs en Europe. J’espère que Boulazac pourra atteindre le même niveau un jour mais il leur faudra du temps et du travail. »
Chaque chose en son temps, le BBD a déjà regagné sa place en Betclic ÉLITE, une nouvelle qui a franchement réjoui le Grec. « J’ai regardé quelques matchs, je suis très fier de voir qu’ils ont réussi à monter et à atteindre leur objectif ! » Lui, de son côté, en a désormais un autre bien plus élevé : devenir champion d’Europe. La quête continue ce vendredi avec l’obstacle turc d’Alperen Sengun en demi-finale, le même stade où son aventure boulazacoise s’était arrêtée il y a deux ans… Cette fois, les leçons chalonnaises auront-elles été apprises ?
À Riga,












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